Le CSKA Moscou et la France

Opposé ce jeudi à l’Olympique Lyonnais,  pour le compte des huitièmes de finale de Ligue Europa, le CSKA Moscou a eu dans son histoire européenne récente l’occasion d’affronter d’autres clubs français. Du club de la Principauté en passant par Marseille (deux fois), le Paris Saint-Germain, Auxerre, Nancy et Lille, tous ont eu l’occasion de jouer face à l’ancien club de l’Armée rouge. Petite rétrospective.

1992/1993 – LIGUE DES CHAMPIONS | PHASE DE GROUPES

CSKA Moscou – Marseille : 1-1, 0-6

Le CSKA Moscou n’a pas eu l’occasion d’affronter des clubs français durant l’ère soviétique. Et pour cause : il n’a jamais vraiment brillé en coupe d’Europe à l’époque. Lors de la saison 1992/1993, il participe à la première Ligue des Champions de l’histoire en tant que dernier champion d’URSS (lors de la saison 1991). En « huitièmes de finale », le club moscovite réalise un exploit majeur en éliminant le FC Barcelone tenant du titre grâce à une inattendue victoire au Camp Nou après avoir pourtant concédé le nul à l’aller à Moscou (1-1) et après avoir été mené 2-0 au retour (victoire finale 3-2). N’en déplaise aux râleurs, il n’était donc pas si simple d’accéder aux phases de poule à l’époque. Le CSKA Moscou se retrouve versé dans le groupe A en compagnie des Glasgow Rangers, du FC Bruges et d’un Olympique de Marseille aux dents très longues.

Le premier match entre les deux équipes a lieu en mars 1993. L’OM a bien mieux démarré que le CSKA puisqu’il a fait match nul en Écosse (2-2) avant de battre le FC Bruges (3-0). Les Russes se sont de leur côté inclinés en Belgique (0-1) et face aux Rangers (0-1). Particularité de cette rencontre : elle a eu lieu à Bochum. Peut-être faute de stade aux normes, le CSKA a choisi de recevoir en Allemagne durant toute la durée de la phase de poules et c’est donc à Berlin qu’a lieu le premier match entre le CSKA et un club français dans l’histoire. Abedi Pelé ouvre le score pour les Marseillais avant que le « bomber » tatar Ilshat Faizulin (aucun lien de parenté avec Viktor) n’égalise. La rencontre se termine sur un match nul (1-1). Le match retour a lieu deux semaines plus tard au Stade Vélodrome et cette fois l’OM n’a pas fait pas dans le détail : victoire 6-0, avec un triplé de Franck Sauzée. Comme souvent, les victoires de l’OM version Tapie sentent le soufre. Quelques années plus tard, Jean-Jacques Eydelie, joueur du club à l’époque, assurera dans une interview à l’Équipe magazine (cité par Le Monde) que les joueurs russes ont été empoisonnés avant le match aller en Allemagne.
Le CSKA Moscou terminera dernier du groupe, l’OM finira en tête et battra le Milan AC en finale pour offrir au football français sa première (et pour l’instant unique) Ligue des Champions.

2004/2005 – LIGUE DES CHAMPIONS | PHASE DE GROUPES

CSKA Moscou – Paris Saint-Germain : 2-0, 3-1

Les années 1990 ont constitué pour le CSKA Moscou une véritable traversée du désert. Relégués au rang de figurant dans un championnat russe écrasé par le Spartak Moscou, multipliant les désillusions voire les humiliations sur la scène européenne (élimination en Ligue des Champions par les Macédoniens de Vardar en tour préliminaire de la Ligue des Champions 2003/2004), les Koni reviennent sur le devant de la scène avec un titre de champion en 2003 et une qualification, l’année suivante, pour la Ligue des Champions. C’est une première en douze ans pour le club. Pour son retour en C1, le CSKA n’est pas franchement gâté par le tirage au sort : il figure dans le groupe H aux côtés d’un FC Porto champion d’Europe, d’un Chelsea ambitieux aux poches pleines et d’un PSG vice-champion de France.

Lors de la première journée, le CSKA Moscou obtient un bon match nul au Portugal (0-0) tandis que le club parisien s’écroule à domicile face à Chelsea (0-3). Forcément, lors du match entre les deux équipes (septembre 2004), le CSKA est dans de meilleures dispositions… ce qui se confirmera puisqu’en deuxième période Semak et Vágner Love (sur penalty) marqueront pour donner la victoire au club russe (2-0). Entre temps, la situation s’inverse. Le CSKA Moscou s’incline trois fois de suite (0-2 puis 0-1 face à Chelsea et 0-1 face à Porto) et n’a plus la moindre chance d’accéder aux huitièmes de finale. Le PSG, pourtant dans une période délicate en championnat, surprend en battant Porto (2-0) puis en allant décrocher deux matchs nuls au Portugal et en Angleterre. La situation est simple au moment du match retour, qui se déroule en décembre 2004 : une victoire suffit au PSG pour passer le premier tour alors que le CSKA se voit contrait de l’emporter pour terminer troisième et aller en Coupe de l’UEFA.

Au Parc des Princes, les Parisiens partent favoris, mais ils se font surprendre par un but du capitaine Sergei Semak (28′). Fabrice Pancrate trompera le jeune Akinfeev (37′) pour égaliser et à la pause le score est de 1-1. En deuxième période, la situation devient favorable au PSG avec l’expulsion pour cumul de cartons de Deividas Šemberas (54′). Le CSKA ne se décourage pas pour autant, loin de là. Déjà buteur en première période, Semak ajoute deux autres buts (64′ puis 70′) et va offrir grâce à cet improbable triplé la victoire (3-1) à son club, au terme d’une partie terminée à dix contre dix après l’expulsion de Bernard Mendy dans les arrêts de jeu de la deuxième période.

Le PSG termine dernier du groupe et est éliminé et il lui faudra attendre huit ans et l’arrivée des Qataris pour retrouver la plus prestigieuse des compétitions européennes. Le CSKA Moscou continuera quant à lui sa route en Coupe de l’UEFA dès le moins de février. Quant à Sergei Semak, il signera au Paris Saint-Germain en janvier 2005, mais il ne convaincra pas et n’y restera qu’un an avant de retrouver la Russie et le FK Moscou.

2004/2005 – COUPE DE L’UEFA | QUARTS DE FINALE

CSKA Moscou – Auxerre : 4-0, 0-2

Reversé de la Ligue des Champions, le CSKA Moscou passe sans encombre les seizièmes (face à Benfica) puis les huitièmes de finale (face au Partizan Belgrade). En quarts de finale, il retrouve l’AJ Auxerre, un club qui a éliminé un autre club français, en l’occurrence Lille, au tour précédent. Le match aller se déroule début avril 2005 au stade du Lokomotiv, à Moscou. Le latéral Nigérian Chidi Odiah ouvre le score à la 21e minute et permet au CSKA de mener à la pause. En deuxième période, les Moscovites plieront la rencontre en moins d’un quart d’heure grâce à Sergei Ignashevich (63′ sp), Vágner Love (71′) et Rolan Gusev (77′). Avec ce large succès (4-0), les demi-finales sont déjà en vue pour les Moscovites.

Le match retour, au stade de l’Abbé-Deschamps, n’est qu’une formalité. L’ouverture du score rapide de Yann Lachuer (9′) ne perturbe pas vraiment les Russes qui se contentent de gérer. Ils encaisseront un second but, signé Bonaventure Kalou, sur penalty (78′), mais ce sera sans conséquence : le CSKA se qualifiera malgré la défaite (0-2) puis il éliminera Parme avant de battre le Sporting Portugal… à Lisbonne, en finale (3-1), offrant à la Russie sa première victoire en coupe d’Europe.


Lire aussi: CSKA Moscou, champion UEFA 2005, dix ans après que sont-ils devenus?


2005/2006 – COUPE DE L’UEFA | PHASE DE GROUPES

CSKA Moscou – Marseille : 1-2

En ce 20 octobre 2005, le CSKA Moscou s’apprête à affronter une troisième équipe française en un peu plus d’un an. Après le PSG et Auxerre, c’est l’OM qui se présente face au club moscovite. Ce dernier ne peut cette fois décemment pas ne pas être pris au sérieux. Tenant de la Coupe de l’UEFA et vainqueur de la coupe de Russie, il est sur le point de remporter le championnat et de réaliser le triplé. Du reste, le CSKA Moscou a longtemps cru pouvoir remporter la Super coupe de l’UEFA 2005, mais après avoir mené au score, il a du s’incliner face à Liverpool (1-3). À cette époque, les médias français commencent à s’intéresser au championnat de Russie : Onze Mondial lui consacre notamment un long reportage dans lequel il y est vu comme un championnat d’avenir particulièrement attractif grâce à l’argent des oligarques propriétaires des clubs. Malgré cette abondance d’éloges, il n’y aura paradoxalement aucun club russe qualifié pour la Ligue des Champions cette saison-là (ce qui ne s’est plus produit depuis).

Pour revenir au match qui nous intéresse, l’OM version Jean Fernandez est alors une équipe low-cost, en reconstruction. Cette équipe n’a pas réalisé un bon début de championnat et elle s’est qualifiée d’extrême justesse pour la Coupe de l’UEFA via feue la Coupe Intertoto avant de battre aux tirs au but la modeste équipe belge du Germinal Beerschot. Sur le papier, il s’agit d’une proie facile pour l’ogre moscovite. Pourtant, l’OM rentrera mieux dans le match : Lamouchi (23′) puis Niang (38′) permettront à l’OM de mener 2-0 à la pause. En début de deuxième période, Fabien Barthez douche les espoirs moscovites en repoussant un penalty du capitaine Sergei Ignashevich (49′). L’OM tiendra bon même malgré l’entrée en jeu de Vágner Love, annoncé sur le départ durant l’été, mais finalement toujours présent dans l’effectif. Le Brésilien finira néanmoins par réduire le score à dix minutes du terme, mais cela s’avérera être insuffisant. L’OM réalisera un petit exploit en l’emportant à Moscou (2-1) et démarrera idéalement sa campagne européenne. Les Olympiens finiront en tête du groupe et les Moscovites seulement quatrièmes, ce qui sera synonyme pour eux d’élimination dès le premier tour. L’OM chutera en huitièmes de finale face à un autre club russe, le Zenit Saint-Pétersbourg.

2008/2009 – COUPE DE L’UEFA | PHASE DE GROUPES

Nancy – CSKA Moscou : 3-4

2008, année du football russe. Pendant que la sélection atteint les demi-finales de l’Euro et que le Zenit Saint-Pétersbourg réalise le doublé Coupe de l’UEFA – Super coupe d’Europe, le CSKA Moscou monte lentement en puissance. Sous l’impulsion d’un Vágner Love en pleine bourre qui finira meilleur buteur du championnat (20 réalisations), le CSKA réalise une fin de championnat en boulet de canon, mais il ne terminera que deuxième derrière l’inattendu Rubin Kazan. En Coupe de l’UEFA, le CSKA Moscou se montre également à son avantage puisqu’il remporte ses trois premiers matchs de groupe sous l’impulsion de Vágner Love et du jeune Alan Dzagoev, 18 ans, face au Deportivo La Corogne (3-0), à Feyenoord (3-1) et contre le Lech Poznan (2-1). Le club moscovite doit finir sa campagne à Nancy, chez le quatrième du Championnat de France de la saison précédente. Déjà qualifié et assuré de la première place, il dispute en ce 4 décembre 2008 son dernier match de l’année. Il s’agit également du match d’adieu de l’emblématique entraîneur Valery Gazzaev, celui qui aura fait du CSKA une équipe qui compte en Europe.

Les Lorrains ouvrent rapidement le score par l’intermédiaire de Moncef Zerka (5′), mais Vágner Love égalisera (23′) avant qu’un autre brésilien, Ramón, ne donne l’avantage aux Russes (33′), leur permettant de mener à la pause. Peu après l’heure de jeu (62′), Vágner Love réalisera le doublé et mettra le CSKA sur la voie de la victoire. Nancy ne lâchera pas le morceau malgré ce coup de massue : Julien Féret (72′) puis Basile Camerling (79′) permettront à l’ancien club de Michel Platini d’égaliser. Le match nul semblait inéluctable jusqu’à un nouveau but en toute fin de rencontre (88′), signé Vágner Love, auteur d’un triplé qui ne fera que confirmer sa forme éblouissante du moment. Ce succès (4-3) arraché au terme d’un match à rebondissements permettra au CSKA Moscou de terminer en tête du groupe avec quatre victoires en autant de matchs. Le club russe éliminera ensuite Aston Villa avant de chuter en huitièmes de finale face au Shakhtar Donetsk, futur vainqueur de la compétition (1-0, 0-2). L’AS Nancy va quant à lui s’incliner lors du match suivant face à La Corogne et quittera la compétition dès le premier tour.

2011/2012 – LIGUE DES CHAMPIONS | PHASE DE GROUPES

Lille – CSKA Moscou : 2-2, 2-0

À l’heure d’affronter le LOSC champion de France en titre, le CSKA Moscou ne part vraiment pas favori. Peu en vue en championnat, le CSKA va avoir le malheur de perdre deux de ses joueurs majeurs sur blessure juste avant le coup d’envoi de la campagne européenne : le gardien et capitaine Igor Akinfeev, touché aux ligaments croisés du genou (Vladimir Gabulov, alors remplaçant au Dinamo, arrive en prêt pour le suppléer), ainsi que le meneur de jeu japonais Keisuke Honda, forfait pour l’intégralité de la phase de groupes. En face, Lille se présente confiant, emmené par un Eden Hazard plus en forme que jamais.

Le match aller se déroule à Villeneuve-d’Ascq le 14 septembre 2011, en ouverture. Lille domine comme jamais et ouvre logiquement le score par Moussa Sow, meilleur buteur de Ligue 1 la saison précédente, juste avant la pause (44′). Peu avant l’heure de jeu, Benoît Pedretti double la mise d’une superbe frappe (58′). La victoire lilloise semble inévitable. C’est alors que Seydou Doumbia entre en scène : l’international ivoirien, qui réalise alors la meilleure saison de sa carrière, va réduire le score (72′) avant d’égaliser en toute fin de rencontre à la suite d’une belle combinaison avec Alan Dzagoev (90′). De manière miraculeuse, le CSKA obtient le nul (2-2) dans le Nord.

Le match retour a lieu à Moscou le 22 novembre 2011. C’est l’occasion de voir un Béria faire son retour à Moscou : non pas Lavrenti, le redoutable chef du NKVD, mais Franck, arrière gauche du LOSC. La situation est serrée puisque derrière l’Inter Milan, leader du groupe (une autre époque), le CSKA Moscou et Trabzonspor comptent cinq points et le LOSC seulement deux. Les Lillois se doivent de l’emporter en Russie, ce qu’ils feront grâce à un but contre son camp de Vasili Berezutskiy (49′) et un autre de Moussa Sow (54′). Lille semble alors plus que jamais en mesure de décrocher sa place en huitièmes de finale.

Il n’en sera rien : les champions de France d’alors concéderont le nul face à Trabzonspor (0-0) pendant que le CSKA ira chercher la victoire (2-1) à Guiseppe-Meazza, face à une équipe de l’Inter déjà qualifiée et assurée de la première place. Malheureux face au LOSC, Vasili Berezutskiy va cette fois inscrire le but victorieux en fin de rencontre. Le CSKA Moscou termine deuxième du groupe et Lille dernier. En huitièmes de finale, les Russes s’écrouleront de manière logique face au Real Madrid (1-1, 1-4).

2016/2017 | Ligue des Champions | Phase de groupes

CSKA Moscou – Monaco : 1-1, 0-3

Au moment du tirage au sort des poules de cette édition 2016/2017 de la Ligue des Champions, le CSKA Moscou reste sur trois échecs consécutifs dès le premier tour dans la plus prestigieuse des compétitions européennes. Pire encore, l’ancien club de l’Armée rouge a toujours terminé à la dernière place. Cette fois tête de série grâce à son titre de champion de Russie, le CSKA tombe dans le groupe E en compagnie du Bayer Leverkusen, de Tottenham et de l’AS Monaco.

Dans ce groupe à leur portée, les Russes démarrent plutôt mal avec un match nul à Leverkusen (2-2) puis une défaite face à Tottenham (0-1) pour ce qui est le premier match des Koni dans leur nouvelle VEB Arena.

L’AS Monaco se déplace dans la capitale russe le 18 octobre 2016 dans le cadre de la troisième journée. Les Monégasques, qui montent en puissance à cette époque, arrivent en Russie avec quatre points au compteur : une victoire à Wembley face à Tottenham (2-1) et un match nul obtenu de justesse face au Bayer (1-1). Le CSKA Moscou ouvrira le score à la 34e minute grâce à Lacina Traoré, alors prêté par l’ASM. C’est une petite revanche pour l’attaquant ivoirien, souvent blessé en Principauté ou critiqué pour ses performances moyennes. Le CSKA semble se diriger vers la victoire jusqu’à ce qu’Igor Akinfeev ne se décide à perpétuer en fin de rencontre sa série de matchs de Ligue des Champions en encaissant au moins un but. À la 87e minute, Bernardo Silva égalisera et la rencontre s’achèvera sur un match nul (1-1).

Deux semaines plus tard, le 2 novembre, il y aura beaucoup moins de suspense du côté du stade Louis-II. Valère Germain ouvrira le score dès la 13e minute avant que le Tigre ne sorte de sa tanière. De retour en forme après deux saisons de galère et souvent critiqué pour son rendement en Ligue des Champions, Falcao fera parler sa classe en inscrivant un doublé (29’ puis 41’). 3-0 : le score à la mi-temps sera le score final.

Ce match sera révélateur de la suite du parcours des deux équipes : le CSKA Moscou sortira à nouveau dès le premier tour en terminant à nouveau à la dernière place cette fois-ci sans remporter le moindre match tandis que Monaco, qui brisera l’hégémonie du PSG en Ligue 1 cette saison-là, atteindra les demi-finales avant de s’incliner face à la Juventus (0-2, 1-2)

Karim Hameg


Image à la une : © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

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