Nouveau jour, nouveau pays et en ligne de mire d’un long voyage en bus de Sarajevo à Zagreb le match que nous attendons le plus dans ce FootballskiTrip au Stadion Maksimir de Zagreb. Ce soir le Dinamo accueille en effet les Young Boys Berne en barrage retour de Ligue des Champions.


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Nouvelle journée, nouveau voyage en perspective…et nouveau réveil à l’aube. 4h30 du matin, on se prépare en douceur à quitter notre auberge perchée sur les hauteurs de Sarajevo pour dévaler sa colline et rejoindre la gare routière. Le temps de prendre un café et un burek, nous voilà installés dans un bus direct destination Zagreb. Direct ? Pas si sûr, car si officiellement on fait le trajet entre deux capitales des Balkans, notre chauffeur se montre assez magnanime et organise des arrêts dans à peu près tous les villages traversés, ce qui nous fait profiter une nouvelle fois des magnifiques paysages de Bosnie. On pourra regretter tout de même qu’il ne se soit pas arrêté dans le magnifique village de Krupa, dont nous avions vu le club accrocher le Zeljeznicar quelques jours auparavant, et qui compte, vérification faite … 1257 habitants !

On peut finalement tranquillement ouvrir les yeux pour l’arrivée à Zagreb, rayonnante sous un beau soleil d’août, appréciable après la grisaille montagnarde de Sarajevo et Mostar. Le temps de poser nos affaires à l’auberge, on file se sustenter de quelques sarmas et poivrons farcis, à peine dérangés par quelques énergumènes à l’accent relativement peu chantant, qui tuent leur après-midi, et la patience de la tenancière, en enchaînant des tournées de rakija à 16h de l’après-midi. Car ce soir, c’est soir de barrage de Ligue des Champions, et un petit contingent de supporters des Young Boys Berne a fait le déplacement pour encourager son équipe et espérer une qualification historique pour la phase de groupes.

© Antoine Gautier / Footballski

Nous ne traînons pas pour nous mettre en route vers le stade. Dans le tramway qui nous emmène en quelques minutes vers le stade les maillots bleus sont de sortie un peu partout, même deux heures avant le match. Devant le stade, l’ambiance est déjà saisissante, le Maksimir sera plein ce soir et des milliers de spectateurs sont déjà aux abords du stade, prenant d’assaut la boutique officielle du club ou les nombreuses buvettes. Une fois notre précieuse accréditation récupérée, direction la tribune pour une belle soirée européenne !

La première impression à l’intérieur de l’enceinte est d’ailleurs assez étonnante. Car si le stade, qui a fêté son centenaire en 1912, donne l’aspect d’un monstre de béton délabré à la télévision, il parait au final en assez bon état vu de l’intérieur, et nous rappelle que sa jauge est actuellement de « seulement » 35 000 places. Seule la tribune des Bad Blue Boys, à notre gauche, plan incliné monumentale coupé à 5m du sol nous fait dire que l’on n’aimerait pas être un des capos perchés sur le garde-corps qui commence déjà à haranguer ses troupes. De l’autre côté du stade, malheureusement, toute la tribune « virage » est fermée, laissant un parcage d’environ 400 Suisses bien seuls, alors que l’entrée des deux équipes se fait sous le fameux hymne de la Ligue des Champions. Nuée de petites lumières des téléphones portables d’un stade plein à craquer, chants des Bad Blue Boys, frissons tout simplement.

Dans une sacrée ambiance, le match démarre tambour battant. La différence est hallucinante avec les matchs du Velez Mostar ou encore de Zeljeznicar. Les deux équipes jouent vite, sont impeccables techniquement, et mettent beaucoup d’intensité. Dès la 5e minute, c’est une première tête suisse qui fait passer un petit frisson au public. Mais à peine deux minutes plus tard, suite à un très bon travail côté gauche et un centre en retrait de Dani Olmo, Hajrovic fait déjà chavirer le Maksimir, 1-0 ! Le Dinamo Zagreb est alors bien parti pour se qualifier pour la phase de groupes de la Ligue des Champions après son match nul 1-1 en Suisse.

Globalement, les Suisses ont bien du mal en ce premier quart d’heure face à l’organisation collective du Dinamo Zagreb. Seul Guillaume Hoarau, assez impressionnant dans son rôle de pivot il faut bien l’avouer, met à mal la défense zagréboise et un Kévin Théophile-Catherine qui ne le lâche pas d’une semelle. Mais progressivement le jeu s’équilibre et le Volim te Dinamo (Je t’aime Dinamo) berce les spectateurs du Maksimir pendant une dizaine de minutes sans interruption. Coup dur néanmoins pour le Dinamo suite à la sortie sur blessure de son défenseur central et capitaine macédonien Arijan Ademi dès la 30e minute. Impressionnant de vitesse et de technique le jeune latéral droit suisse Kevin Mbabu ne compte pas ses efforts pour perforer la défense zagréboise, qui parvient cependant à maintenir son avantage jusqu’à la mi-temps.

Profitant avec plaisir d’un buffet de niveau Ligue des Champions (une première dans un FootballskTtrip), on ne se lasse pas d’observer ce stade qui ne relâche pas ses encouragements en seconde mi-temps. Malheureusement pour les Croates, Leovac, le latéral gauche, se fait enrhumer par son vis à vis et concède un pénalty, transformé par le numéro 99 des Young Boys, Guillaume Hoarau. Le Dinamo ne se laisse pas abattre et sur l’action qui suit l’engagement obtient un corner, difficilement repoussé par les Suisses, qui partent immédiatement en contre-attaque. Un long centre dans la boite, une déviation de Wüthrich qui lobe la défense et l’international français vient conclure de prêt pour le deuxième but des Young Boys, qui met un gros coup au moral des Croates et donne envie au parcage suisse de s’offrir un bon craquage de fumigène.

Le Dinamo pousse jusque dans les dernières minutes, mais commence à accuser le coup et faire de plus en plus souvent les mauvais choix. En face, les Suisses contrôlent et Hoarau vient donner un coup de main pour écarter les derniers ballons chauds de la tête devant sa surface. Cruel pour le Dinamo, mais bien joué pour une équipe suisse plaisante à voir jouer et irréprochable tactiquement, menée d’une main de maître par son coach hispano-suisse Gerardo Seoane. On retiendra quand même beaucoup de plaisir pris devant cette rencontre, en se disant que l’on a peut-être assisté au premier gros match européen de la prochaine génération des vatreni.

Il nous reste alors à profiter des derniers privilèges de notre accréditation avant de nous en retourner vers les paisibles soirées zagréboises, en allant échanger quelques mots en zone mixte avec nos deux Français de la soirée. Kévin Théophile-Catherine, dépité par l’issue de la rencontre s’arrêtera poliment quelques secondes avant d’aller ruminer ce deuxième but encaissé, tandis que Guillaume Hoarau s’arrêtera un long moment avec chaque journaliste présent, passant aussi facilement de l’allemand au français que dans un featuring avec Oli Kehrli (attention aux oreilles sensibles, on parle d’une reprise de Brassens en suisse-allemand). Demain, c’est loin, et ce sera repos ; avant notre destination finale et la Serbie.

Les notes Footballski

Standing du stade (3/5) : Inauguré en 1922 le Maksimir en a vu passer des grands matchs. Rénové en 1997 il est, comme on l’a dit dans l’article, finalement assez loin de l’image de ruine sinistre donnée à la télévision. Une belle enceinte, que l’on imagine tout de même beaucoup moins accueillante lorsque la pluie et le froid s’en mêlent, surtout dans ses immenses tribunes en plan incliné sans toit.

Disponibilité des billets (4/5) : Disponibles en boutique ou sur Internet (en anglais) l’affiche était complète quelques jours avant le match. En championnat aucun problème à venir acheter ses billets au stade puisque la jauge normale tourne autour de 10 000 spectateurs.

Tarifs (4/5) : Des prix allant de 40 (moins de 6€, en préréservation) à 100 kunas (14€). C’est plutôt bon marché pour un barrage de Ligue des Champions, sachant que les prix restent les mêmes cette saison pour les matchs d’Europa League.

Ambiance (4,5/5) : Les Bad Blue Boys sont clairement une des meilleures tribunes des Balkans. Même si des longueurs apparaissent parfois dans certains chants il n’y a pas eu un temps mort. Ça doit sonner un peu plus creux en championnat.

Risques (4/5) : Un dispositif policier conséquent sans être anxiogène. Aucune tension particulière autour du stade.

Accessibilité et transports (5/5) : Une foule de trams vous emmène en 10 minutes de l’hyper centre de Zagreb au stade Maksimir. Si comme nous vous êtes restés tard après le match et la fin des tramways, sachez que le retour se fait en une trentaine de minutes à pied.

Boissons (3/5) : Buffet niveau Ligue des Champions pour nous. Dans le reste du stade rien de plus que les standards européens chips/coca.

Quartier environnant (3/5) : Le principal intérêt du stade Maksimir est qu’il est situé à l’entrée du parc du même nom (qui a donné son nom au stade), où est situé également le zoo de Zagreb, ouvert en 1925. Sinon, le long du tram en allant vers le centre une foule de cafés et de bars ; parfait pour l’avant et l’après-match.

Antoine Gautier & Antoine Jarrige à Zagreb


Image de couverture : © GNK Dinamo Zagreb / Facebook

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