Notre dispositif spécial Coupe du Monde se met en place et cette nouvelle série d’articles va vous accompagner de manière hebdomadaire jusqu’à l’ouverture de la compétition. Chaque semaine, nous ferons le lien entre un pays qualifié pour la compétition et le pays organisateur. Ce jeudi, ce sont les relations plutôt hostiles qu’entretiennent la Pologne et la Russie qui nous intéresseront, tensions centenaires et hors football qui vont rejaillir un jour particulier de Juin 2012, lors de l’Euro en Pologne, paroxysme d’une rancoeur tenace.
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Avant de parler de ce 12 juin 2012, il nous faut brièvement parler Histoire, et pas n’importe laquelle, pour pouvoir comprendre une défiance et inimitée Polono-Russe, toujours vive et tenace.
De la République des Deux Nations à l’actuelle République Polonaise, l’Histoire commune entre la Pologne et son grand voisin Russe est semée d’embûches, d’escarmouches, de dominations, de partitions et de luttes de pouvoir sur l’Europe Centrale et Orientale. Une Histoire qui se tapisse en filigrane de centaines de milliers de morts de part et d’autres, un puits profond, insondable de rancœurs centenaires. Vouloir comprendre cette relation antagoniste telle qu’elle est toujours présente de nos jours, c’est avant tout se plonger dans des livres d’Histoire plus ou moins poussiéreux en s’intéressant au passé de nos deux protagonistes. Les Hussards polonais triomphants, grandes ailes au vent, entrant dans Moscou après la victoire de Żółkiewski à Klouchino en 1611 puis quelques temps plus tard à Smolensk (à la suite d’un siège sans pitié) sont dans l’imaginaire polonais encore bien présents, actes de bravoure farouche, mythes et images d’Épinal de la Grande Pologne victorieuse. Côté Russe, c’est la révolte du peuple Moscovite et de ses alentours qui s’en suivi, en 1612, avec la fin de l’occupation par le « Tsar » polonais post-Romanov, Ladislav IV Vasa, qui marque les mémoires et les murs de Moscou par des fresques patriotiques commémorant l’instant de cette libération. Un même événement, une même période et deux lectures, l’une polonaise, l’autre russe. Du XVIIe au XXe siècle, les deux pays n’ont cessé de se déchirer, de s’affronter et de faire couler le sang en rivières de larmes intarissables, transformant cette terre d’hiver immaculée en marécage cramoisie.
L’aigle polonais, regard sur l’Ouest, pris dans l’étau de ses deux grands et imposants voisins, aura toujours eu du mal à déployer pleinement ses ailes. Avec la Russie, il y eut quelques rapprochements au commencement pour créer un grand empire slave, une idée qui ne verra jamais le jour. Puis, au fil des siècles, c’est le grand pays de la Toundra et la Taïga qui a pris un avantage croissant dans cette région du monde, la Pologne lésée et laissée en rôle de faire-valoir, voire moins. Les trois partitions comme une trinité satanique, le panache de Kosciuscko à Racławice, l’ultime démembrement du jeune pays par le pacte Germano-Soviétique, le cynisme de l’Armée Rouge regardant Varsovie brûler sous ses yeux de l’autre côté de la Vistule en 1945, les douleurs encore vives du Communisme ou l’ignoble massacre de milliers d’officiers et de l’élite polonaise à Katyn en 1940 par le NKVD. Ces maux et douloureux événements trottent encore dans les mémoires de tous les Polonais comme sa légendaire cavalerie à l’assaut de l’Est. Des maux ayant créé une nation dans la douleur, une nation qui deviendra la Pologne d’aujourd’hui.
Le drame de Smolensk
C’est dans cette forêt entourant le petit village de Katyn non loin de Smolensk que l’Histoire Russo-Polonaise et Polono-Russe contemporaine va connaître l’un de ses derniers et tristes sursaut. Le 10 avril 2010, le Président polonais accompagné de son épouse, de militaires, de ministres et de députes s’envole à bord d’un Tu-154 en direction de Katyn pour aller commémorer la mémoire de ses martyres. La Russie et Vladimir Poutine, pour l’une des premières fois de son Histoire, décident de faire un pas en avant en prenant finalement la responsabilité de l’extermination de l’élite polonaise, solennellement et en grande pompe, près de 70 ans après le massacre. Un premier pas vers une normalisation des relations entre les deux pays, un premier pas qui va finalement devenir la dernière station d’un calvaire. Le brouillard est épais en ce 10 avril, une purée de pois, et après une tentative d’atterrissage avortée, le Tupolev présidentiel percute le sol violemment. Il n’y a aucun survivant. L’élite polonaise est une nouvelle fois décimée, la Pologne une nouvelle fois à genou.
L’Histoire se répète comme un pesant refrain de Lacrimosa. La Pologne pleure. Les plaies du passé ne se referment pas, elles s’ouvrent même encore plus béantes. Une tragédie, rendez-vous une nouvelle fois tristement manqué entre les deux voisins. Les Polonais, en deuil, cherchent des explications et les causes du crash ayant conduit à la mort de leur président, à la décapitation de leur pays. La machine est relancée. La Russie pointée du doigt. Enquête bâclée ? Niet. Responsabilité de la tour de contrôle de Smolensk ? Niet. Le Tupolev Tu-154 ? Niet. La Russie nie toute implication. Mais le mal est fait dans l’opinion publique polonaise. Les rancœurs refont surface de même que les théories impliquant la Russie, jusqu’à l’hypothèse d’un nouvel assassinat de l’élite polonaise commandé par Moscou. Odeurs nauséabondes. Le NKVD, le KGB, le FSB, peu importe : le grand voisin pourrait encore être derrière cet événement tragique. Fantasme ou non, la rupture est nette. La Pologne est comme cela, ressassant sans cesse son passé douloureux, et encore plus quand on susurre « Allemagne » ou « Russie » au creux de son oreille meurtrie. Plaies ouvertes dans lesquelles l’Histoire prend un malin plaisir à y fourrer ses doigts crasseux.
Depuis, les relations ne s’améliorent pas, loin de là. L’ombre de Smolensk et de l’Histoire en trame de fond. En 2014, l’ingérence russe en Crimée ? La Pologne se renforce militairement, les médias, les politiques et polémistes courant les plateaux aux couleurs bleutées évoquent les plans de défense du territoire face à une hypothétique invasion russe, l’OTAN s’engouffre dans la brèche. Des Néo-nazis paradent le jour de l’indépendance de la Pologne en 2017 ? M. Poutine en est le responsable, cherchant à déstabiliser le pays en payant des agents pour semer le trouble nuit et jour dans les rues du doux pays de la Czarna Madonna de Czestochowa. Le refrain est limpide, un leitmotiv persiflant : la Russie est grande, la Russie est puissante, la Russie veut récupérer la Pologne, la Russie ne sera jamais une amie. Les exercices militaires dans le port de Gdansk en face de Kaliningrad se multiplient. Avec l’aide de l’état, le nombre de Polonais s’engageant dans les milices para-militaires explose, Armia Krajowa moderne prête à se défendre face a un ennemi voulant réduire à néant la souveraineté polonaise. Si tout ceci semble peut être incongru pour beaucoup, la rancœur est véritable et sous-jacente, et elle attise peurs et fantasmes.
Deux ans presque jour pour après la catastrophe de Smolensk, la rue polonaise va faire rejaillir cette flamme qui jamais ne s’éteint et qui n’attend qu’une petite braise pour se raviver. Deux ans quasiment jour pour jour. Varsovie, de nouveau champ de bataille.
Prémonition Varsovienne
En ce mois de juin 2012, les drapeaux blanc et rouge ornent les balcons, les jardins et les rues. Les gazettes font la Une sur l’événement. Dans les cafés, les bars, les piekarna, les dernières mleczarnia, on ne parle que de ça. Ça ? La Pologne s’apprête à recevoir l’Euro de football (en tandem avec l’Ukraine). La grande messe du football européen. Les quatre villes hôtes bouillonnent et leurs stades flambant neufs rutiles dans le soleil baignant le pays d’un onguent estival. Pourtant, le tirage n’a pas été clément avec le pays hôte. Dans son groupe, le A, on y trouve la Grèce et la République Tchèque, deux redoutables adversaires. Mais son troisième adversaire l’est bien plus encore. Parfois le hasard ou plutôt le Grand Horloger, comme l’aurait fait remarquer Descartes, sait choisir son instant parfait. Ce Grand Horloger ou plutôt dans notre cas précis, l’homme à la montre qui brille à côté de Gianni Infantino est Peter Schmeichel, la légende danoise. L’homme qui sans le vouloir va mettre le feu aux poudres.
Un soir de décembre à Kiev, c’est lui qui d’un geste certain et sûr tire une boule dont il sort un bout de papier sur lequel est imprimé, en Arial de belle taille, « A3 ». Une lettre et un chiffre signifiants que la Russie se retrouvera dans le groupe de la Pologne. Dick Advocaat, alors sélectionneur de la Sbornaya, passe sa main sur son visage, certainement fébrile à l’idée d’affronter les adversaires de ce groupe pour le moins relevé. Mais ce geste ne serait-il pas une prémonition ? De plus, ce que l’entraîneur néerlandais ne sait pas encore, c’est que Pologne – Russie se jouera à Varsovie un 12 juin, jour de l’indépendance russe et… qu’avant le match, le chaos aura remplacé la kermesse.
En ouverture de la compétition, le 8 juin, dans un stade plein bardé de blanc et de rouge reprenant à l’unisson l’hymne polonais, les coéquipiers du jeune Lewandowski ont déjà hypothéqué une partie de leurs chances de qualification. Face à la Grêce, la Pologne du défensif et pétulant Smuda n’a pu, n’a su conserver son avantage. Pourtant, tout avait bien commencé en première période avec un but de la tête de Lewandowski après le premier quart d’heure puis l’expulsion de Papastathopoulos juste avant la mi-temps. La Pologne rentre aux vestiaires confiante avec son maigre avantage. Cette jeune équipe n’a pas le talent de ses illustres ainés. Perquis, Obraniak, Boenisch, Polanski : pièces rapportées d’un puzzle dont Smuda n’arrive pas a définir les coins.
En seconde période, les Grecs poussent et c’est Salpingidis qui trouve l’ouverture, cinq minutes après le retour des vestiaires, et trompe Szczesny sorti cueillir des champignons. Silence de mort. Ils sont près de 60 000 dans l’antre du Naradowy, mais ce sont les Grecs que l’on entend exulter. La Pologne est à la rue. Deuxième coup de semonce, Szczesny dans ses œuvres fauche Salpingidis bien lancé en profondeur, carton rouge pour le portier polonais et penalty pour les visiteurs. La fête est finie. Le jeune Tyton entre en jeu pour maintenir en vie l’espoir d’un peuple. Sous la pression, sa main ne tremble pas face à Karagounis, il plonge du bon côté et arrête le penalty. Le stade est en transe, ses coéquipiers le félicitent chaudement mais la Pologne passe tout près de la correctionnel. La fête à demi gâchée, Szczesny traîne sa peine comme une ombre, la Pologne aussi.
C’est donc dans une ambiance lourde de match couperet que le mardi 12 juin commence. La presse nationale, régionale, locale et sportive ne parle alors que du match face à la Russie, un match déjà capital. Théorie de l’huile sur le feu en manchette encre noire. Match sous haute tension. Moscou, Kosciuczko, Katyn, Varsovie, Smolensk, l’Euro… le cocktail est explosif, un Long Island coupé au Spirytus que l’on remuerait farouchement avec son majeur tendu.
De la kermesse au chaos
Les nuages sont éparses en ce jour de match. Il fait chaud depuis le matin, mais la température de l’air est bien moins élevée que celle que l’on ressent dans les rues de la capitale lorsque Polonais et Russes se croisent. Beaucoup de supporters Russes sont arrivés tôt dans la matinée par le premier train de Moscou. On note gentiment, dans la presse européenne, qu’un match dans un camping s’est bien passé entre campeurs russes et polonais, une victoire finale russe fêtée dans la paix, la joie et beaucoup de boisson. Jusqu’ici tout va bien donc. Les Russes interviewés dans la rue font profil bas en expliquant que s’ils sont venus, c’est avant tout pour soutenir leur équipe de football et non pour des revendications politiques et qu’il n’y a aucun souci avec les Polonais.
Mais cette ambiance bon enfant va bientôt tourner comme un mauvais vin. Dans la journée avant le match, quelques pseudo-supporters polonais se réunissent devant l’hôtel de la Sbornaya pour scander des slogans anti-russes. De leur côté, les Russes en ce jour de leur indépendance exhibent fièrement leur drapeau en scandant « Rassiya, Rassiya », parfois quelques rares slogans anti-polonais se font entendre, quelques drapeaux de l’URSS se montrent. Certains polonais présents le reçoivent comme une provocation. La guerre n’est pas déclarée mais les Polonais montent en pression. Les majeurs tendus se multiplient, les insultes aussi. Plus loin, on aperçoit au passage d’un cortège de Polonais encapuchés portant un message déployé sur une banderole comme une revendication, un acte politique, un acte militant : « (Kaczynski), un président polonais assassiné par la Russie« . Il n’en fallait pas plus, comme deux silex aiguisés d’où provient la première étincelle, la situation va s’enflammer.
Alors que la majorité des supporters va se rendre vers le stade Naradowy avec l’alcool joyeux, drapeau sur le dos et enfants joyeux, en amont, c’est une guérilla urbaine. Un cortège russe entre sur le pont enjambant la Vistule emmenant au stade national, scandant comme toute la journée à tue-tête « Rassiya, Rassiya » oriflamme blanc-jaune-noir/noir-jaune-blanc, couleur de l’empire russe au vent, premier rempart.
C’est là que le plus gros de l’affrontement va avoir lieu, dans ce lieu hautement symbolique, au-dessus de la Vistule, témoin historique des différents duels polono-russes. Qui jette alors la première « pierre », synonyme de premier coup de feu sur le champ de bataille ? Pour les Polonais ce sont les Russes, provocateurs nés qui veulent faire leur loi en terrain ennemi. Pour les Russes ce sont les Polonais, agressifs qui n’ont qu’à l’idée depuis le tirage au sort de leur faire payer pour l’Histoire, pour Smolensk, pour tout. Un pétard siffle. Un Polonais charge. Le combat est engagé. La Police anti-émeute, malgré des effectifs pléthoriques, est débordé. Le décor urbain est utilisé comme projectile, de part et d’autres les coups pleuvent. Certains hooligans venus casser du Russe ou du Polonais s’en donnent à cœur joie. Lancers de bouteille contre jets de pétards, coup de poing dans la rate contre coup de pied au sol. Ça frappe, c’est violent, animal. La Police ne peut que compter les coups et s’en prendre quelques-uns par la même occasion. C’est le chaos, les images sont terribles pour le pays hôte de la compétition. L’anarchie, la violence vulgaire et crue, lac haineux qui se libèrent de tout barrage.
A cause de groupes de hooligans, de nationalistes exaltés, de pseudo supporters et d’hommes et femmes préparés à l’affrontement, la Pologne va faire les titres de la presse du Monde le lendemain mais certainement pas comme elle le souhaitait. La Police reprend le fil de la situation ; lacrymogènes qui pleuvent, canons à eau chargés, chiens d’attaque lâchés, balles en caoutchouc tirées, charges et coups de matraque vont finir par faire plier les ardeurs des plus récalcitrants. On dénombre alors une douzaine de blessés légers, et une centaine d’arrestations des deux côtés. La fête est finie.
Si l’affrontement est si violent, il est le symptôme d’une appropriation nationaliste forte des différents entre des deux pays. L’opinion publique polonaise est plutôt généralement inquiète sur les faits et gestes de son grand voisin russe mais la rancoeur latente n’est pas reprise par la majorité dans la violence. Elle s’affirme alors par une réserve et un sentiment de défiance que l’on retrouve dans les discussions ou la presse mais qui peuvent s’estomper un peu pour la majorité lors de grands rendez-vous, où les divergences sont mises de côtés l’espace d’un instant. Pour les plus extrêmes, chauffés à blanc, c’est l’inverse qui se produit et chaque coup est un acte militant, un acte patriotique.
Pour certains, ce combat est bien sûr politique. Il est l’expression d’une frange dure qui ne vit pas dans le passé mais vit encore le passé. Une frange pour qui voir des drapeaux de l’URSS ou même simplement entendre parler russe (ou étranger) en Pologne, Mater Dolorosa européenne, est une provocation suffisante pour l’affrontement. Pour d’autres, ce combat de rue est simplement un sport à part entière où la revendication est secondaire. Se préparant bien en avance dans la forêts, dans des salles de boxe, d’arts martiaux ou de musculation pour être prêt le Jour J. C’est un melting pot d’une scène encore bien vibrante que les événements et la rancœur historique pour la Russie ont fédéré.
Spasibo i do widzenia
Alors qu’en dehors du stade, la situation est restée longtemps en dehors de tout contrôle, l’atmosphère est bien plus calme dans le stade. Le public de Reprezentacja est plus familial, loin des débordements de ceux qui s’affrontent encore en dehors. Des les premières minutes, dans leur secteur, les quelques 9000 supporters russes déploient un immense tifo, chevalier bleu et rouge, bouclier et épée en avant au dessous duquel s’inscrit en anglais la phrase « This is Russia. » En réponse, les Polonais agitent fanions et drapeau distribués en tribunes et entonnent la Mazurek Dabrowskiego. Confrontation pacifique, loin du tumulte, loin de la violence des images qui vont tourner dans le monde entier.
Sur le terrain, la Pologne domine dès le coup d’envoi comme des Bialo-Czerwoni survoltés. Polanski croit ouvrir la marque mais il est signalé hors-jeu. Lewandowski du gauche envoie une volée limpide depuis les 30 mètres qui effleure la transversale. Mais c’est la Russie, par Dzagoev, qui va ouvrir la marque de la tête sur un coup franc déposé par le maestro Arshavin. En seconde période, d’un missile léché du gauche, Blaszczykowski, en capitaine gladiateur, va permettre aux Polonais de revenir à hauteur des visiteurs. Le score n’évoluera plus malgré les coups de butoirs des hussards polonais. Pologne et Russe se quittent sur un nul. Tout ça pour ça. Suivra une petite et piteuse défaite face à la République Tchèque et do widzenia pour l’hôte de la compétition.
Cet été, la « petit eau » coulera à flot
La bataille violente et rangée qui a eu lieu dans les rues de Varsovie et plus particulièrement sur le pont menant au stade Naradowy ce 12 juin 2012 est restée dans les mémoires. Plus que le parcours ou plutôt « les trois petits matchs et puis s’en va » du co-hôte de la compétition. Ces événements à la résonance mondiale ont été l’apogée footballistico-politico-historique des relations complexes et pour le moins peu amicales qu’entretiennent la Russie et la Pologne depuis des siècles.
A l’été 2016, la violence, en particulier à Marseille, a montré que les Russes étaient prêts à en découdre avec n’importe qui. Cartons… d’invitation pour la Coupe du Monde. Nous avons pu voir aussi que loin de leur pays (en France), les hooligans polonais savaient aussi répondre présents mais en petits groupes et sans le support de compatriotes alliés de circonstance comme lors de l’Euro 2016. Auront-nous un remake du 12 juin cet été ? Il est difficile de répondre exactement à cette question mais malgré la grosse rancœur que les Polonais ont pour les Russes, il est fort peu probable qu’un grand nombre de hooligans polonais se déplacent en Russie à moins que quelques matchs de la Reprezentacja aient lieu à Kaliningrad. Bien sûr, certains s’entraînent, de Krakow à Poznan et de Wroclaw à Gdansk. Ils se maintenant en forme, ils se tiennent prêts mais la méconnaissance du terrain, le voyage, le tirage au sort (Pologne et Russie ne pourront se rencontrer en phase de groupe), associés à l’ultra préparation des hooligans russes aura certainement raison des moins têtes brûlées. Des petits groupes de hools polonais mobiles oui mais certainement pas plus, à moins que… nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise. Et encore. Clubs et sélection n’ont guère la même valeur pour ces hooligans. De ce fait, nul besoin de tirer des plans sur la commette et de s’avancer tant les choses restent floues.
Quoi qu’il en soit, les supporters polonais devraient être en bon nombre en Russie, un public familial qui fera certainement le déplacement pour voir l’équipe de Pologne, outsider de la compétition avec un Lewandowski, héros des temps moderne, vaincre en Russie comme fut dans un temps lointain, une armée de hussards ailes au vent. Et en dehors du terrain, il y a certainement une bataille que même les pères de familles polonais auront a cœur de gagner face à leurs comparses russes. Celle de la водка ou plutôt de la wódka, car sur l’origine de la boisson les deux pays aiment encore se chamailler, une sorte de débat entre l’oeuf et la poule mais façon shot et alcool cristallin. Et pourtant le seul endroit où Russes et Polonais pourront se retrouver en bons amis (pour deux minutes ou toute la nuit), c’est certainement autour d’une table en bois dur et sombre, en sirotant ensemble de la « petite eau » russe et polonaise, jusqu’à plus de raison.
Od wódki rozum jest krótki – Proverbe Polonais
Mathieu Pecquenard
Image à la une : © Piotr Drabik
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