Comme chaque été, le club de Zdravko Mamic a beaucoup dépensé. Malgré un important budget à sa disposition, le Dinamo Zagreb arrive toujours à se faire éliminer de la Coupe d’Europe par plus faible que lui, année après année. Pourquoi ? A Zagreb: chronique d’un échec annoncé.

Zagreb: chronique
La détresse de Duje Cop, meilleur buteur du championnat la saison dernière

C’était en Septembre 2010. Devant 21000 spectateurs, le Dinamo Zagreb venait de faire tomber Villareal à Maksimir 2 buts à 0. Quelques semaines plus tard, les croates iront gagner à Bruges sur le même score. L’équipe alors dirigée par Vahid Halilhodzic semblait être en adéquation avec son environnement. Les valeurs individuelles des joueurs et le budget du club étaient au même niveau. Après cela, le Dinamo Zagreb n’a plus jamais battu plus fort que lui.

Après cette campagne correcte en 2010, deux saisons d’humiliations en phase de poule de Ligue des Champions sont arrivées (11 défaites en 12 matchs et un goal average de -32). Le Dinamo s’était qualifié, certes, mais en battant Neftchi Bakou, HJK Helsinki et Malmö (2011), puis Ludogorets -qualification à la … 97ème minute-, Sheriff et Maribor (2012). La saison dernière, avant de tomber à nouveau honteusement en phase de poule d’Europa League (5 défaites en 6 matchs), le Dinamo avait éliminé Fola Esch puis de nouveau le Sheriff avant de tomber à Vienne. L’équipe, toujours aussi coûteuse, perdait de plus en plus en qualité individuelle.

Cette saison, la confrontation contre Aalborg a été fatale. Le champion danois fonctionne avec un budget de 10 millions d’euros et son équipe est évaluée à ce même prix sur Transfermarkt. De plus, on ne peut pas dire que le club ait accumulé de nombreux renforts lors de ce mercato estival. Le seul joueur acheté par les danois est suédois (c’est l’un des deux étrangers de l’effectif) et se nomme Rasmus Jönsson. Après l’expiration de son prêt la saison dernière, Aalborg a consenti à faire un effort pour l’acheter 150.000€ à Wolfsburg. Contre le Dinamo, Jönsson était blessé et ne jouait pas.

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De l’autre côté, le champion croate détient au moins deux fois le budget de son adversaire scandinave. La valeur de son équipe est estimée à 50 millions d’euros et il a dépensé près de 10 millions d’euros sur le marché des transferts cet été. Les salaires délivrés aux joueurs sont bien plus élevés que ceux d’Aalborg. Certes, le Dinamo, contrairement aux danois, vend des joueurs et encaisse quelques millions. Ainsi, suivant cette logique, nous pourrions en conclure qu’il peut se permettre de tels achats. Cependant, Aalborg collecte beaucoup plus de recettes fixes grâce aux partenaires, sponsors et investisseurs. En outre, les contrats pour les droits TV sont plus lucratifs au Danemark et la billetterie rapporte plus. Dans son joli petit stade de 14000 places nommé « Nordjyske Arena », Aalborg réalise des affluences correctes – 8500 personnes en moyenne l’an dernier -. Le Dinamo, lui, dépense plus dans l’organisation des matchs que dans la vente de billets. Son seul revenu stable vient des contribuables de la ville de Zagreb et pour le reste, les recettes viennent des ventes de joueurs ainsi que des primes versées par l’UEFA.

Sans les 2,1 millions accordés pour la participation aux play-off plus les 8,6 millions pour les groupes, le Dinamo ne s’effondrera pas financièrement car ils ont assez de réserves pour surmonter cet échec. Malgré cela, afin de ne pas se mettre dans le rouge, il faudra s’attendre à un départ des 2 joueurs ayant une grosse côte sur le marché : Brozovic et Soudani. Dans tous les cas, il est clair que tout cet argent n’a pas été investi uniquement pour gagner un nouveau championnat de Croatie.

Zagreb: chronique
Marcelo Brozovic est entré en jeu lors du match inaugural de la Coupe du Monde

Alors, avec tout cet investissement, comment le Dinamo peut-il perdre contre Aalborg ? Les raisons ne sont pas à chercher dans la tactique employée mais sur les décisions de ses dirigeants. Les choix les plus élémentaires sont pris à l’emporte-pièce, comme la sélection des joueurs ou des entraîneurs. Alors certes, nous pouvons nous demander pourquoi les lignes tactiques sont si éloignées les unes des autres, pourquoi la puissance de Soudani s’évanouit dès lors qu’il est opposé à un honnête arrière gauche, sans parler de la position d’Antolic, de l’inutilité de renforts tels que Machado et Eduardo, de l’immobilité de Simunic ou du flagrant manque de talent de Simunovic… Et ainsi de suite.

Mais il semble que tout ceci n’a pas d’incidence sur le fond du problème. Réunir une équipe de football à succès repose sur une alchimie collective. Or, le Dinamo vit depuis de nombreuses années dans une logique commerciale, en pensant que chaque départ pourrait être compensé en apportant un meilleur joueur pour le même rôle. Sauf que le remplaçant est rarement à la hauteur, et même quand c’est le cas – comme pour Soudani ou Fernandes – le joueur a tendance à vouloir faire le show tout seul. Ainsi, le problème demeure encore et encore.


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Certains danois ont beau être 5 fois moins forts que leurs homologues bleus, ils ont réussi à les abattre en ayant un plan de jeu, une tactique, un vrai entraîneur, un stade, du public, des sponsors et une vision à moyen terme. Tout ce qui manque au Dinamo.

 

Damien Goulagovitch

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