Au tournant des années 1990 le football européen s’apprête à subir une transition aussi brutale qu’intense qui verra les clubs anglais notamment profiter parfaitement de la hausse de leurs droits TV pour attirer progressivement les meilleurs joueurs de la planète à coup de millions. Mais le début des années 1990 coïncide également avec la chute de l’URSS, la création de championnats indépendants dans les différentes républiques, et ainsi la possibilité pour les joueurs soviétiques et les dirigeants de club d’aller négocier leurs premiers vrais contrats professionnels, à peine leur carrière lancée, aux 4 coins de l’Europe.

Au croisement de ces deux histoires se trouve le destin de Giorgi Kinkladze, un joueur arrivé incognito du côté de Maine Road et qui en est reparti quelques années plus tard avec l’aura des plus grands.

Le temps d’une danse pour le « Young boy from Tbilisi »

 « Kinkladze, il élimine un joueur…il s’ouvre l’espace…toujours Kinkladze…dans la surface de réparation…Quel but incroyable ! Sublime, hypnotique ! Et ça, c’est typiquement du Giorgi Kinkladze ! »

Ce 16 mars 1996, sur la pelouse de Maine Road, Giorgi Kinkladze sait qu’il ne pourra pas empêcher les citizens de subir la honte d’une relégation en seconde division en fin de saison. Mais avec ce but il offre un moment de grâce au commentateur Jon Champion et aux supporters qui l’ont vu débarquer de manière totalement anonyme un an plus tôt. Le pacte entre les fans et le « young boy from Tbilissi » est scellé, le nom du milieu géorgien accompagnera désormais les plus grandes légendes du club mancunien.

Une telle histoire parait bien improbable durant cet été 1973 où Giorgi Kinkladze vient au monde à Tbilissi. Leonid Brejnev est alors à la moitié de son règne à la tête de l’URSS, Mikheil Gorbatchev commence à peine sa carrière au Comité Central du Parti, et le Dinamo Tbilissi n’a pour l’instant remporté qu’un seul titre, celui de champion d’URSS en 1964. Durant son enfance le jeune Kinkladze aura tout le loisir d’admirer la génération dorée menée par David Kipiani remporter un nouveau championnat en 1978 avant le Saint Graal, la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe en 1981. Cela tombe bien le jeune Giorgi est doué pour le football lui aussi et rêve de prendre la relève de ses idoles. Son père Robinzon est lui aussi très heureux que son fils s’oriente vers le football, et lui concocte même des entrainements spécifiques dans la tradition bien soviétique…comme faire plusieurs fois le tour de la maison en avançant sur les genoux pour se renforcer les rotules[1], mais aussi en l’inscrivant à des cours de mtiuluri, une danse traditionnelle géorgienne, pas vraiment plus reposante pour les genoux. Afin de donner le maximum de chances à son fils de devenir joueur professionnel, son père l’inscrit ainsi dès ses 6 ans dans les sections de jeunes du Dinamo Tbilissi où il grimpe les échelons un par un.

L’année 1989 fait figure de séisme pour l’Union soviétique et le monde communiste en général. Le mur de Berlin tombe et le pouvoir de Mikhail Gorbatchev vacille de plus en plus dangereusement. Profitant des réformes mises en place par ce dernier et du souffle de liberté qui en résulte, un club d’un genre nouveau a vu le jour à Tbilissi un an plus tôt. Le Mretebi Tbilissi est en effet le premier club de l’Union soviétique créé sous un statut entièrement professionnel, contrairement aux autres institutions soviétiques où les joueurs, bien que dédiant leur vie au football, gardaient un statut amateur (cheminots au Lokomotive, membres de la police pour le Dinamo, etc). Évoluant à ce moment en équipes de jeunes du Dinamo Tbilissi, Giorgi Kinkladze saisit l’opportunité que lui offre le Mretebi de jouer au sein d’une équipe première.

C’est ainsi qu’âgé à peine de 16 ans il joue ses premiers matchs professionnels dans le tout premier championnat géorgien (de seconde division), créé à la suite de la dislocation progressive de l’URSS, un an avant la déclaration d’indépendance de la République de Géorgie. Il y joue 34 matchs et marque 8 buts. L’année suivante il est champion de deuxième division et obtient la montée dans l’élite où il réalise encore une excellente saison (30 matchs et 9 buts), attirant l’œil de son ancien club du Dinamo Tbilissi, rebaptisé alors Iberia en opposition à la connotation soviétique du mot Dinamo, qui vient débourser la somme d’un million de roubles (un peu moins de 6000€) pour faire revenir le milieu de terrain au bercail. La somme est impressionnante pour le championnat de l’époque, d’autant plus que le Mretebi conclue un partenariat lui permettant de toucher la moitié de la somme d’un futur transfert, qui sera lui faramineux. Le Dinamo Tbilissi décidera finalement de ne pas honorer le paiement, considérant que Kinkladze est issu de leur formation et que par conséquent ils ne doivent rien à personne. L’affaire ira jusque devant la Cour européenne des Droits de l’Homme qui condamnera en 2000 le Dinamo à payer la somme dûe. Trop tard pour le Mretebi miné par les frais judiciaires engagés sur la décennie et qui doit déposer le bilan un an plus tard.

Ces soucis financiers semblent bien loin de Kinkladze qui rayonne alors sous son nouveau maillot et remporte le deuxième championnat de l’histoire de la Géorgie indépendante. Si bien que pour fêter ses 19 ans il reçoit sa première cap lors d’un amical face à l’Azerbaïdjan, en compagnie d’un autre futur buteur redouté de tous les clubs européens, et surtout son ami d’enfance, Shota Arveladze. Mais les choses ne se passent pas aussi simplement dans la Géorgie de 1993, plongée depuis deux ans dans une guerre civile qui laissera le pays ruiné et déchiré. La priorité du président du Dinamo Tbilissi, Merab Jordania, est alors de sécuriser les pépites de son effectif avant qu’il ne soit trop tard, en envoyant notamment Kinkladze en test aux 4 coins de l’Europe, à Sarrebruck tout d’abord d’où il revient au bout de 6 mois. Certain du talent de son joueur, qui vient d’être élu meilleur joueur du championnat, le président le propose alors à un prix d’ami à l’Atlético Madrid, puis au Real, enfin à Boca Juniors où son profil de numéro 10 ne convainc pas totalement. Pas de quoi inquiéter Kinkladze qui continue à épater tout son monde avec sa patte gauche et plante encore 14 buts en 21 matchs. Mais son talent balle au pied peut aussi s’exprimer en sélection, notamment  lors d’un match disputé contre la Moldavie, où des scouts italiens repèrent le jeune talent, le surnommant le « Rivera de la Mer Noire », et mettent différent clubs italiens sur la piste du joueur.

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Pourtant c’est un Anglais, Francis Lee, ancien footballeur professionnel, ayant par la suite fait fortune dans le papier toilette, et qui vient tout juste d’acquérir le club de Manchester City, qui aperçoit le potentiel de Kinkladze via des extraits vidéos du match et le met en haut de la liste des joueurs qu’il souhaite attirer pour construire son effectif. Fantasque, lui-même légende du club (il détient le record du nombre de buts inscrits dans les derbys de Manchester), Lee promet de faire rêver les supporters en fêtant chaque victoire « en buvant du champagne jusqu’à s’en casser le gosier ». Nul doute que le président voit dans les arabesques et la capacité d’imagination de Kinkladze la future star de Maine Road, capable à lui seul de se faire lever les foules.

Le transfert attendra cependant un peu, à peine deux mois, le temps d’une rencontre internationale face au Pays de Galles, que la Géorgie a d’abord atomisé 5-0 à domicile. Le match retour est plus serré pour les coéquipiers de Vinnie Jones, jusqu’à l’éclair de génie, une frappe lobée des 18m qui écœure une nouvelle fois le gardien Neville Southall, qui ne s’était pas trompé à l’issue du match aller « Ils nous ont tués, et Kinkladze est encore une classe au-dessus, c’était le meilleur joueur sur le terrain sans conteste ».

 

« …And all the runs that Kinky makes are winding, and all the goals that Kinky scores are blinding… »

Ce match, ce but et le nouveau doublé coupe-championnat remporté par le Dinamo Tbilissi finiront de convaincre le président citizen qui consent à débourser 2 millions de livres pour faire venir le prodige dans son club, un record pour un joueur venu d’ex-URSS. Reste alors à convaincre ses supporters, que Kinkladze est la star attendue.

Le nouvel entraineur Alan Ball, est nommé le jour même de l’arrivée de Kinkladze. Pourtant  l’ancien coéquipier de Francis Lee en équipe d’Angleterre a déjà la même conviction que son ami : avec un tel joueur dans son effectif, l’équipe entière doit se transformer en écrin prêt à accueillir son joyau. C’est ainsi que Manchester City commence sa saison 1995-1996…en ne gagnant pas un match dans les 3 premiers mois, ne marquant que 3 buts. C’est peu dire que l’adaptation de Kinkladze n’est pas étrangère à ces résultats catastrophiques. Projeté d’un environnement familier post-soviétique à la solitude d’un hôtel de Manchester, ne parlant pas un mot d’anglais le joueur de 22 ans est quelque peu perdu. Néanmoins il retrouvera progressivement son niveau et enchaine les numéros d’artiste dans un championnat anglais dont les stars de l’époque s’appelaient certes Alan Shearer d’un côté, mais aussi Vinnie Jones. Vient le match contre Southampton à 7 journées de la fin et ce but resté dans les esprits de tous les supporters citizens. Vient également la relégation à l’issue de la dernière journée. Incapables de gagner contre Liverpool, les skyblues se retrouvent en championship, relégués à la plus mauvaise différence de buts.

Malgré tout, les prestations de Kinkladze ont attiré l’œil des plus grands clubs européens sur lui. Le Barça de Johann Cruyff, qui aligne pourtant à l’époque Luis Figo, Gheorge Hagi et Robert Prosinecki lui fait même les yeux doux. Mais Lee et Ball, que le président a confirmé dans ses fonctions malgré la relégation, souhaitent s’appuyer sur le talent de celui qui est désormais renommé « Kinky » par les fans. Avec lui sur les terrains de championship, et le renfort d’un ses compatriotes et anciens coéquipiers Mikheil Kavelashvili, il est certain que cette saison ne sera plus qu’un mauvais souvenir et que les citizens pourront remonter aussi vite dans l’élite.  Noel Gallagher, en bon fan des citizens, reconnaitra son admiration pour le joueur, mais aussi tous les doutes qui pouvaient l’entourer et a une terrible anticipation :

« Le meilleur joueur que j’ai vu c’est clair, mais aussi le plus inquiétant. Après avoir vu son premier match, on se disait qu’avec lui soit on gagnait la coupe d’Europe, soit dans 5 ans on est en 4ème division ».

Malheureusement encore une fois l’épopée tourne au cauchemar, et ce sont pas moins de 3 entraineurs qui se succèdent sur le banc en 5 mois. Retrouvant enfin un peu de stabilité avec l’arrivée de Franck Clarke en décembre, le club termine la saison à une décevante 14ème place, bien loin des ambitions de début de saison. Pourtant Kinkladze s’obstine, impressionné par le soutien des supporters et décide de prolonger son contrat de 3 ans à Manchester City, devenant le joueur le mieux payé de l’histoire du club. La saison suivante confirme malheureusement que les difficultés sont bien plus profondes pour le club qui compte alors 40 joueurs sous contrat professionnel, dont de nouveaux compatriotes pour Kinky : Murtaz Shelia et Kakha Tskhadadze. Las, au terme d’une nouvelle saison catastrophique Manchester City est pour la première fois de son histoire relégué en 3ème division.

 « Nous devons vendre Kinkladze »

Cette fois-ci l’indulgence n’est plus de mise pour l’entraineur Joe Royle, arrivé en cours de saison et chargé de remonter le club l’année suivante. « Nous devons vendre Kinkladze » seront ses premiers mots à l’issue de cette saison 1997-1998. Un cruel aveu, mais cependant assez lucide, sur le fait que le géorgien ne peut s’épanouir que dans un système où le jeu tourne autour de lui, ce qui a déjà mené le club à deux relégations. Son manque d’agressivité au duel, son manque d’implication au pressing, tout cela n’est pas compensé par son talent individuel pour l’entraineur, qui décide de repartir de zéro avec son groupe. Le public de Maine Road sentant le vent tourner avait déjà organisé des adieux dignes de ce nom, en mettant notamment en place un « Kinky day » pour le dernier match à domicile de la saison, avec drapeaux, banderoles écrites en géorgien et chants à la gloire de « Gio ».

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L’heure n’est plus à la lune de miel. Kinkladze fait cependant de nouveau des heureux en étant vendu 5 millions de livres à l’Ajax, prié d’aller exercer ses talents dans un club bien connu pour sa tradition des milieux offensifs et créatifs. À Amsterdam il y retrouve son vieil ami d’enfance, Shota Arveladze, déjà star en Hollande après une saison à 25 buts en 31 matchs, dont trois triplés. Peu de risques cette fois-ci de problèmes d’adaptation, Kinkladze et Arveladze partageront la même maison le temps de son séjour à Amsterdam. Pour autant si l’adaptation de Kinkladze à la vie amstellodamoise s’avère plutôt simple, l’adaptation du joueur à l’Ajax se révèle des plus compliquées, et encore plus si Kinkladze attendait que l’Ajax s’adapte à lui. Désiré depuis longtemps par l’entraineur Marten Olsen, qui veut en faire le successeur de Jari Litmanen en partance au Barça, Kinkladze est arrivé à l’Ajax avec l’étiquette du coup de folie estivale, le club néerlandais étant très peu familier des transferts clinquants. L’échec du transfert du numéro 10 finlandais à Barcelone signera le début d’une saison compliquée pour le géorgien replacé dans un rôle d’ailier gauche, le poste de meneur de jeu étant intouchable. Pour la première fois depuis longtemps il ne joue plus dans un système tourné entièrement vers lui et est méconnaissable. Le départ de Marten Olsen durant l’hiver, critiqué pour ses mauvais résultats, signe la fin programmée de l’aventure de Kinkladze à l’Ajax, le nouvel entraineur Jan Wouters étant encore moins convaincu par la présence du géorgien.

L’entrée dans le troisième millénaire ressemble à un long calvaire pour la carrière du joueur qui atteint les 27 ans et a perdu sa place en équipe nationale, et se morfond en envisageant un retour à Manchester City, qu’il sait assez improbable dans les conditions actuelles. Après une saison où il dispute à peine 12 bouts de matchs avec l’Ajax il s’entraine provisoirement avec l’équipe réserve au début de la saison 1999-2000. Un retour en Angleterre se précise alors, et malgré la pression des supporters de City, c’est bien à Derby County, d’abord en prêt pour 6 mois puis sous forme de transfert définitif qu’il atterrit, le club cassant lui aussi sa tirelire de façon exceptionnelle pour attirer le crack (3 millions de livres). Mais diminué par les blessures et le manque de confiance des entraineurs, il donnera peu l’occasion de voir son talent aux visiteurs de Pride Park la première saison, où le club se maintient de justesse…avant de subir une nouvelle descente en Championship, la 3ème de sa carrière. La descente est un coup dur pour le club, plombé par une dette abyssale et qui cherche donc à se défaire de ses plus gros contrats. Mais Kinkladze n’est pas de cet avis. Lui qui a signé un contrat pour 3 saisons veut aller au bout de son engagement avec le club…qui ne compte plus sur lui et l’écarte du groupe pour les 5 premiers matchs, avant de se rétracter et de le rappeler pour assurer une place dans le ventre mou du championnat en fin de saison.

Cette saison laisse place à une longue période sans club, pratiquement un an et demi, avant de se voir proposer deux derniers challenges en forme de retraite avortée. Il est tout d’abord rapatrié par son ancien coéquipier en équipe nationale et lui aussi ancienne star d’un club anglais, Temuri Ketsbaia (qui a joué de 1997 à 200 à Newcastle)  pour une pige d’une saison à l’Anorthosis Famagouste, où il remporte un championnat et joue quelques matchs de qualifications pour la Ligue des Champions. Des performances qui lui permettent ensuite de finir par une saison au Rubin Kazan, où une succession de blessures forceront enfin la fin de sa carrière.

Fidélité et loyauté

10 ans après son arrivée à Manchester City, Kinkladze met donc fin à une carrière que tout le monde voyait destiner à s’écrire dans les plus grands clubs européens. Un destin frustrant en somme, comme d’autres l’ont vécu avant lui et comme d’autres le vivront également. Mais il y a peut-être plus à retenir d’une telle carrière, c’est le fait que Kinky n’ait jamais été plus aimé que quand il était en difficulté. Par sa démonstration de fidélité aux supporters, à Manchester City il est rentré dans les esprits peut-être bien plus que s’il avait marqué 35 buts dans une saison. Avec ses inspirations, la légèreté avec laquelle il jouait avec sa balle, il était la parfaite antithèse du footballeur que l’on s’attend à trouver dans un tel championnat, encore moins en seconde et troisième division.

« Giorgi Kinkladze ne ressemblait pas à un footballeur. Il a rarement joué non plus comme un footballeur. Dieu merci pour ça. » Stephen Tudor. City Watch.com

Avec Temuri Ketsbaia, les frères Arveladze et bien d’autres, il représentait également un aspect important pour ses concitoyens, celui d’un pays qui pouvait aussi réussir. En 1996, alors que la Géorgie était en ruine à peine sortie de la guerre civile, il avait consacré une bonne partie de son salaire revu à la hausse, à racheter et remettre en ordre le club du Lokomotive Tbilissi, afin de soutenir le football local, les économies qu’il envoyait chaque mois constituant l’équivalent de la moitié du budget du club.

Finalement à travers la chronologie de la carrière de Giorgi Kinkladze se dessine le cours d’une époque : les années 1990 l’ont consacré, avant que la crise n’arrive et le relègue au rang d’investissement mal placé à l’entrée des années 2000, pour finir par une révolution pacifique, le temps de la réflexion et des choix. Avec toujours dans sa tête, quelque part, un petit coin de ciel bleu.

Antoine Gautier


[1] Cité dans « Kinkladze the perfect n°10, David Clayton. Pour tout connaître de la vie et de la carrière de Giorgi Kinkladze.


Image à la une : © bbs.hupu.com

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