Après la finale de coupe remportée par Rijeka et la consécration pour le Dinamo en championnat, il est temps de faire les comptes de cette saison pour les clubs croates. Entre la direction que prend le Dinamo, la progression de Rijeka et les incertitudes à l’Hajduk, on ne s’est pas ennuyé cette saison en Croatie. Les trois grands clubs croates ont pris des directions opposées et ne terminent pas la saison avec les mêmes ressentis.
Dinamo Zagreb, le début de la fin ?
Le Dinamo Zagreb vient de célébrer son neuvième titre consécutif, record de longévité en Europe. Aucun autre champion du vieux continent ne peut se targuer d’un si long règne, bien que le biélorusse BATE Borisov ne soit pas si loin avec 8 titres d’affilée. Mais, au Dinamo, on ne trouvera pas grand monde pour fêter l’obtention du trophée. Et l’humeur triomphante des quelques éternels optimistes (aveugles?) s’est ébréchée après la double défaite en finale de la coupe. En 180 minutes, les hommes en bleu n’ont guère menacé Rijeka qui s’est imposé facilement 3-0, confirmant leur statut d’équipe très sérieuse.
Les célébrations à Maksimir sont de moins en moins nombreuses chaque année. Ce n’est pas la lassitude d’un champion sans concurrence, loin de là. Les fans ont atteint un point de non retour sur lequel on ne reviendra pas et l’atmosphère au club est assombrie par le nombre de blessés. L’incertitude est grande en vue de la Coupe du Monde où il est possible qu’aucun joueur de l’équipe championne de Croatie ne voit le Brésil, hormis Soudani qui est certain d’être sélectionné pour l’Algérie. Brozovic et Cop sont dans la liste des 30 de Kovac mais leurs chances de rester dans les 23 sont très restreintes.
La fin de saison sportive n’a donc pas été heureuse avec 3 défaites consécutives (2 en coupes, 1 en championnat), ce qui n’était pas arrivé au Dinamo depuis la saison 2004-2005. Alors, progression ou régression ?
En championnat, la formule a changé en passant de 12 clubs à 10 clubs. Pour comparer avec la saison dernière, prenons donc le pourcentage comme référence. Le Dinamo a remporté cette saison 77.1% des points en jeu, soit le même chiffre que la saison dernière dans la ligue à 12. Les Bleus ont marqué plus de buts par match (2.29 contre 2.06) mais en ont aussi encaissé plus (0.74 contre 0.61 l’an dernier). En coupe, ils n’ont pas gagné mais ont accédé à la finale contrairement à la saison dernière où ils ont été éliminés précocement par Zadar, l’automne venu. Mais ce qui a fait le plus de mal au Dinamo cette année est l’échec en coupe d’Europe. Non seulement ils n’ont pas réussi à se qualifier pour la si bien dotée Ligue des Champions, mais ils ont en plus réalisé un parcours absolument indigne en Europa League.
A l’heure d’aujourd’hui, difficile de savoir comment le Dinamo va évoluer la saison prochaine. Étant donné l’état de forme des joueurs, les dates de retour des nombreux blessés et tous les départs pressentis, plus de la moitié du 11 de départ devrait être modifié. Pour se qualifier pour la ligue des champions, qui sera l’objectif, le club devra recruter une dizaine de nouveaux joueurs et éviter le fiasco de l’été dernier qui a vu débarquer des recrues toutes plus inutiles les unes que les autres. Le manque d’aptitude des membres de l’équipe dirigeante a certainement eu des effets considérables sur le fonctionnement du club.
Rijeka, plus blanche la vie
Par conséquent, il est réaliste de s’attendre à ce que Rijeka puisse disputer le titre l’année prochaine. L’équipe a réalisé d’énormes progrès par rapport à la saison dernière et a atteint tous ses objectifs, les dépassant même en gagnant la Coupe et en atteignant la phase de groupe de l’Europa League où ils ont fait bonne figure en laissant une bien meilleure impression que le Dinamo. Cette saison, en championnat, Rijeka a obtenu 67.6% des points contre 53.5% l’an dernier, ce qui constitue une belle progression que l’on peut également constater au niveau des buts marqués (2 buts par match contre 1.39) et des buts encaissés (1 but par match contre 1.27 l’an dernier).
Depuis l’entrée de capitaux privés dans le club et l’arrivée de l’entraîneur Matjaz Kek, Rijeka connaît une trajectoire ascendante. Avec une équipe composée de joueurs recyclés par le Dinamo et recrutés dans des clubs peu fortunés mais avec un bon centre de formation (Osijek, Varazdin) ainsi qu’avec quelques locaux et joueurs étrangers, les hommes en blanc obtiennent de brillants résultats. En outre, Kek a réussi à gérer le calendrier pour que ses joueurs soient le plus en forme aux moments importants.
La fièvre du football s’est emparé des habitants de la baie de Kvarner. Une belle ferveur populaire s’est crée avec des fans s’identifiant à l’équipe. Tout ce peuple attend désormais de franchir une nouvelle étape la saison prochaine. Toutefois, si l’histoire est extrêmement positive, la prudence est de mise. Les propriétaires de Rijeka ont investi beaucoup plus d’argent qu’ils n’en ont reçu. Outre Ivan Mocinic, les joueurs de l’effectif n’ont qu’une très faible valeur sur le marché. Le richissime bienfaiteur du club, Gabriele Volpi, n’aura peut-être pas envie d’investir plus et de prendre des risques. La suite nous dira si Rijeka sera capable de franchir une nouvelle étape dans les mois à venir.
L’Hajduk Split, une remontée progressive
Quant à l’Hajduk, statistiquement parlant, il a progressé mais pas autant que Rijeka. De plus, ils n’ont pas remporté la coupe comme la saison dernière et ont perdu lamentablement en tour préliminaire d’Europa League contre Dila Gori (Géorgie). En championnat, avec 57,4% de victoires contre 52,5% en 2012-2013, la progression est sensible. De même, on constate plus de spectacle sous l’ère Tudor avec plus de buts marqués (1.66 buts par match contre 1.36) ainsi que plus de buts encaissés (1.17 contre 0.94). Pendant la première moitié de saison, l’Hajduk a joué un très bon football, collant le Dinamo et dépassant Rijeka. Ensuite, plusieurs joueurs importants ont connu des baisses de forme et le jeu s’est délité. Des erreurs individuelles ont aussi plombé la fin de saison qui s’est soldée par 5 défaites en 9 matches.
Globalement, l’objectif a été atteint avec une qualification pour la coupe d’Europe. Cependant, la vraie valeur de la performance de l’Hajduk cette saison s’est située hors des terrains. Les véritables objectifs étaient en effet la stabilisation financière du club, un rapprochement entre supporters et membres du club, le développement des jeunes joueurs ou encore la construction d’un réel fond de jeu. Après être tombé plus bas que terre, Split a su se relever et de l’avis de tous, la reconstruction se passe bien.
Nous pouvons dire aujourd’hui que l’Hajduk Split a fait un grand pas vers ces objectifs. Le principal héritage de cette saison restera la synergie entre les équipes, les entraîneurs, la direction et les fans. Cela apportera un plus certain pour l’avenir et pour la suite de la reconstruction du mythique club. A quoi ressemblera l’Hajduk Split la saison prochaine ? Même à Poljud personne ne le sait. Mais la confiance et l’espoir sont présents. Tous les clubs ne peuvent pas en dire autant…
Les joueurs de la saison
Le journal croate tportal.hr a publié via le site site leur équipe type de la saison qui est révélatrice des performances des joueurs. Bien entendu, on ne trouve que les membres des 3 clubs du haut de tableau, qui accaparent les talents de la ligue. Le Dinamo est logiquement le club le plus représenté (6 joueurs) devant Rijeka (3) et Hajduk (2)
Damien Goulagovitch