La Croatie était considérée comme un des outsiders de la compétition, et malgré un jeu parfois léché et des stars dans toutes les lignes, elle n’est pas parvenue à tenir toutes les promesses placées en elle. Quelles sont les raisons de cet échec ? On en dénombre cinq.
1 – Des stars bien dessous de leur niveau
Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, le meilleur joueur Croate de la Coupe du Monde n’a pas été Luka Modric, ni Ivan Rakitic ou Mario Mandžukic. Tous les trois ont été plutôt moyens pendant toute la compétition, bien que capables de quelques fulgurances. Et comme l’a bien dit le journal croate Sportske novosti après l’élimination: « Quand Modric joue mal, c’est toute la Croatie qui joue mal ».
Le seul qui ait vraiment crevé l’écran est Ivan Perisic, le milieu droit de Wolfsburg. Il finit la compétition avec 2 buts et une passe décisive et a d’ailleurs été élu 2ème meilleur joueur du 1er tour par la FIFA. Il a été excellent contre le Cameroun comme nous l’avons relaté dans cet article. L’ancien du Borussia Dortmund devrait être un des acteurs du marché des transferts ; on parle de lui à Naples notamment.
2 – Une équipe qui se cherche trop tactiquement
Kovac a changé 3 fois son système en 3 matchs. En s’appuyant sur Modric et Rakitic, tous deux en numéro 6, il a d’abord titularisé Kovacic contre le Brésil en meneur de jeu ; puis Sammir contre le Cameroun. Aucune des deux formules n’a plu à Kovac, qui a décidé de titulariser Pranjic aux côtés de Rakitic en milieu défensif contre le Mexique, avec Modric en position plus avancée. Choix qui ne s’est pas avéré payant.
En basant tout son système sur les deux artistes que sont Modric et Rakitic, on pouvait s’attendre à un jeu tout en possession de balle et créativité mais ce fut loin d’être le cas. La paire se contentait souvent de longs ballons sur les ailes, car trop loin des actions. Modric, même titularisé en 10 contre le Mexique, n’a pas adressé une seule passe à Mandzukic pendant le match.
Kovac n’a donc pas su trouver de réponse à la principale question qui se posait avant la Coupe du Monde : comment organiser son milieu de terrain créateur ?
3 – Le manque d’expérience
A l’image de son équipe, Niko Kovač a seulement 42 ans et manque d’expérience au plus haut niveau. Il n’était en place que depuis Octobre 2013, juste avant les matches de barrages. Il n’avait jamais perdu un match en tant qu’entraineur avant la défaite 3-1 contre le Brésil. Mis à part Modric et Mandžukic peu de joueurs connaissent le très haut niveau international.
Même les plus expérimentés que sont Simunic ou Kranjcar n’ont jamais passé les poules en Coupe du Monde. Cela fait maintenant 16 ans que la Croatie n’a pas joué de 8ème de finale de Coupe du Monde, depuis Davor Suker et Vladimir Boban…
La Croatie a également beaucoup de jeunes talents. Kovačić n’a que 20 ans et devrait bientôt être titulaire à l’Inter, le défenseur Vrsaljko (22 ans) , Rebić (20 ans) ou encore Brozović (21 ans) qui sont tous promis à un brillant avenir. Mais tous ces joueurs ont besoin de mûrir, et cette élimination précoce fera partie de leur processus d’apprentissage.
4 – Le match du Mexique
Après une démonstration contre le Cameroun et un match contre le Brésil qui aurait pu se terminer autrement, la Croatie jouait sa vie dans la compétition contre le Mexique. Mais 3 buts encaissés en 10 min entre 72ème et 82ème minutes ont douché les espoirs de l’équipe au damier. Ils n’ont malheureusement jamais été en mesure de faire la différence et le Mexique est allé chercher la victoire alors qu’il n’avait besoin que d’un match nul pour se qualifier. La Croatie a fait une 1ère mi-temps correcte, avec la possession du ballon mais sans se créer de véritables occasions. C’est dommage, car avec une meilleure animation offensive, ils auraient pu le faire. Kovac a eu beau tenter le tout pour le tout en fin de match, en faisant sortir Vrsaljko puis Pranjic pour Kovacic et Jelavic (deux défenseurs out pour deux attaquants), mais la formation croate, déjà déséquilibrée, ne pouvait pas vraiment rivaliser avec une défense à trois sans repères.
Et comme un symbole des faiblesses de la Croatie, le jeune prodige de 20 ans Ante Rebic, après une bonne rentrée, s’est fait expulser pour une semelle dangereuse en toute fin de rencontre. Un joueur avec beaucoup de talent mais encore un peu tendre pour le très haut niveau. A l’image de l’équipe.
5 – La goutte d’eau
C’est peut être le détail qui a fait pencher la balance du mauvais côté. Que se serait il passé sans le penalty sifflé par l’arbitre japonais pendant le match d’ouverture contre le Brésil ? Les croates en parlent encore même si ce n’est sûrement pas une excuse valable pour expliquer la non qualification, cela reste dans les têtes. Les choses auraient sans doute été différentes s’ils avaient pu obtenir un bon résultat.
Et après ?
Tout n’est pas tout noir pour la sélection croate. Avec son effectif jeune et son grand potentiel, l’équipe peut nourrir de bonnes ambitions pour le Championnat d’Europe de 2016. Dans la poule de l’Italie, la Norvège, la Bulgarie, l’Azerbaïdjan et Malte, ils devraient se qualifier sans souci.
L’équipe sera sensiblement la même, en 2016 Modric et Manzukic auront 30 ans, Rakitic 28, et les jeunes auront emmagasiné un peu plus d’expérience.
Si Kovac parvient à régler ses problèmes tactiques, pas de doute que les croates auront une très, très belle équipe pour 2016.
Romain & Nicolas