L’Arménie-Portugal du 13 juin sera le premier match en tant qu’entraineur de la sélection arménienne pour Sargis Hovsepyan. Actuel entraineur du FC Pyunik (et champion), il prit en mars dernier les rênes de la sélection arménienne par intérim, héritant d’une équipe marquée par des mois de galères sous l’ère Bernard Challandes. Le flop total de ce coach suisse a laissé des traces dans les esprits tant par les résultats que par le jeu. En effet, les supporters arméniens s’étaient habitués à un jeu où l’attaque était le maitre mot. Cette équipe d’Arménie qui, sous la direction de Vardan Minasyan entre 2009 et 2013, mis des 4-0 à la Slovénie et au Danemark, battu la République-Tchèque 2-1 ou accrocha un 2-2 en Italie n’est que l’ombre d’elle-même. Elle avait même failli se qualifier pour la toute première phase finale de son histoire.

Hovsepyan sur le banc du Pyunik
Hovsepyan sur le banc du Pyunik

Sous Challandes le jeu était moribond, désolant et digne de la Ligue 1. On attend et on prie. La défaite 1-0 contre le Portugal en fut le symbole. L’équipe arménienne découvrant la couleur des gants du goal portugais qu’à la fin du match, au moment de serrer la main de ses adversaires. De son côté, Sargis Hovsepyan, fort de 131 sélections entre 1992 et 2012, est une légende du football arménien post-URSS, voire même de l’histoire du football arménien dans sa globalité. Sa carrière est honorable, mention passable dirons-nous, avec une très grande partie passée dans le club phare arménien, le FC Pyunik. Seul un intermède de cinq années au Zenit Saint-Petersbourg entre 1998 et 2003 et une saison au Torpedo Metalurg l’ont éloigné de sa terre natale.
Sargis Hovsepyan n’a pas marqué le football russe, ni même le football mondial. Arrière droit, il n’était pas doté de capacités techniques incroyables. Rares sont les arméniens pouvant certifier l’avoir vu réaliser un centre. Encore plus rares sont ceux qui l’ont vu en réussir un. Tactiquement, il se retrouvait souvent dépassé face aux grosses équipes. Loin de moi l’idée de dresser un tableau noir de ce bon Sargis; le problème tactique étant récurrent en Arménie. Beaucoup de joueurs de la sélection n’ont pour expérience que le championnat arménien, dont le niveau est équivalent à la CFA2 pour comparaison. Sargis n’a pas énormément de choses pour lui, mais il possède le plus important : le cœur. Sur un terrain, il donne tout, compensant ses carences techniques et tactiques par sa volonté de réussir, de vaincre pour l’Arménie. Il a aussi ce rôle prépondérant à une équipe : celui de boss, de motiver, manager ses coéquipiers. Il était entraineur avant de l’être. Alors, oui, Sargis est ce joueur de sélection qui marque une petite nation du football, qui l’aide à grandir.

Première sélection arménienne et Hovsepyan, debout à gauche du gardien

Sa carrière internationale commence le 10 octobre 1992, à Yerevan, pour un match historique contre la Moldavie. Le score de 0-0 est anecdotique. En effet, ce match est le premier match de l’histoire de la sélection arménienne. En 1994, quand le capitaine de l’équipe Harutyn Abrahamyan se blessa lors d’un match contre la Belgique, Sargis hérita du brassard pour ne plus jamais le quitter pendant les 18 années qui suivirent. Ce capitaine exemplaire tant sur le terrain qu’en dehors a connu plus de défaites, d’humiliations que de victoires. Qu’importe. Il accomplit son rôle de leader du mieux possible en intégrant dans l’équipe des dizaines et dizaines de jeunes. Véritable relais entre l’entraineur et les joueurs, Sargis avait cette aura naturelle permettant à l’équipe de se surpasser au nom de l’Arménie.

A 39 ans, Sargis Hovsepyan prend sa retraite sportive face à la Lituanie, le 12 novembre 2012, après 699 matchs dans sa carrière pour vingt-quatre  buts (et deux d’entre-eux en sélection) dont un magnifique contre la Belgique en 2010. Un départ dans un semi-anonymat qui ne pouvait pas s’arrêter là, il ne pouvait en être autrement et le voir prendre les rênes de la sélection arménienne après tant d’années à le faire sur le terrain n’est que logique. Sargis Hovsepyan vient de convoquer sa première liste en vue du match contre le Portugal, et il s’est montré intransigeant. Arsen Beglaryan, gardien de but du FC Pyunik, en a fait les frais en étant viré de la sélection pour un retard. Cela peut faire rire à la lecture, certes. Il faut cependant savoir qu’en Arménie, la nonchalance est partie intégrante de la mentalité et de la vie : Ara Hakobyan, catastrophique attaquant de notre sélection dans les années 2000, buvait vodka et fumait cigarettes sur cigarettes les jours de match sans aucune sanction. Voir de la rigueur est presque quelque chose de nouveau pour nous, mais pas très étonnant venant de ce nouveau sélectionneur exemplaire.

L’Arménie espère qu’Hovsepyan saura transmettre à ses joueurs la rigueur qui était sienne

En espérant du jeu et du combat, les supporters arméniens souhaitent à Sargis une aussi longue longévité en tant que coach qu’il le fut en tant que joueurs.

 

Antoine K

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