Un second sacre consécutif pour le Spartaks Jurmala, une compétition très serrée en haut du classement, peu de buts et des paris sportifs litigieux, voici les grandes lignes de la Virsliga version 2017.
Après une saison 2016 marquée par le premier sacre de l’histoire du Spartaks Jurmala devant le FK Liepaja et Ventspils, on s’attendait à voir le même trio occuper le devant de la scène en 2017. Le champion de D2, le SK Babite prenait la place du relégué, le BFC Daugavpils. Pas de changement au niveau du schéma de la compétition, les huit équipes s’affrontant quatre fois durant la saison qui se déroule du 10 mars au 4 novembre, le dernier du classement étant relégué et l’avant-dernier devant disputer un barrage de promotion-relégation face au 2e de D2. Le champion est qualifié directement au deuxième tour des éliminatoires de la Ligue des Champions. Les équipes qui terminent deuxième et troisième, ainsi que le vainqueur de la coupe nationale sont-elles qualifiées pour disputer le premier tour des éliminatoires de l’Europa League.
Un championnat extrêmement homogène
Le championnat fut particulièrement disputé dans le haut du classement. Si le Spartaks à été en tête quasiment toute la saison, il se tenait dans un mouchoir de poche avec Ventspils, Riga FC, Liepaja et RFS. Les scores fleuves furent rares et les attaquants peu à l’honneur, signe que les équipes étaient d’un niveau sensiblement égal. En bas de classement par contre la situation fut figée pratiquement dés l’entame de la saison : Jelgava a quasiment été scotché à la 6ème place durant toute l’année, un cran au dessus du Metta/LU et un cran en dessous du groupe de tête. Metta/LU à occupé toute la saison la 7ème place donnant droit au privilège indésirable de jouer un barrage de promotion/relégation et Babite très rapidement exclu du championnat pour des problèmes de paris.
Les équipes de tête se tenant en quelques points jusqu’à la fin, tout s’est joué début novembre lors de la dernière journée. Le Spartaks ayant validé son titre de champion dans la semaine et Liepaja ayant remporté la coupe, le dernier suspens concernait donc l’attribution des places européennes. Le FC Riga était deuxième avec 37 points mais ne jouait pas suite à l’exclusion de Babite du championnat.. .L’occasion pour Ventspils et RFS qui comptent tout les deux 35 points de dépasser sur la ligne d’arrivée le FC Riga. Si la tache semble aisée pour RFS en déplacement chez la faible équipe de Jelgava, Ventspils se trouve dans l’obligation de battre le champion en titre pour accéder à l’Europe. Alors qu’on pensait qu’un Spartaks encore imbibé ne jouerait peut-être pas le jeu, c’est tout le contraire qui s’est produit, le champion s’imposant 2-3 à Ventspils. Plus surprenant le RFS s’incline 1-0 à Jelgava face à une équipe n’ayant plus rien à gagner…Le RFS peut néanmoins pousser un ouf de soulagement, la défaite de Ventspils préservant sa place d’européen.
Une compétition dans laquelle les clubs lettons devront faire bien mieux que cette année. Deux victoires sur dix matchs. Voici en effet le triste bulletin du football letton sur la scène européenne. Le Spartaks Jurmala n’a pas démérité face à Astana (0-1 ; 1-1) équipe au budget bien supérieur. Grosse déception pour Ventspils qui était élimé par Valur (0-0 ; 0-1). Pas de surprise pour Jelgava qui était logiquement dominé par Ferencvaros (0-1 ; 0-2). Enfin, Liepaja venait difficilement à bout de Crusaders (2-0 ; 1-3) avant de succomber face aux lituaniens de Suduva. Un bilan guère reluisant.
Le bilan par club
1er – JPFS/FK Spartaks Jūrmala – 46 points (Ligue des Champions)
Pour cerner la personnalité du champion, Maxime Bonnet expliquait dans nos pages : « le club, fondé par Spartaks Melkumjans, appartient en majorité (environ 70%) à l’agent de football russo-italien Marco Trabucchi via un fonds d’investissement allemand. Né d’un papa italien et d’une maman russe, ce quadragénaire était notamment l’agent du légendaire Andreï Shevchenko qu’il avait rencontré lors de son passage à Milan. Ce mélange des genres lui donne une réputation parfois sulfureuse et nous donne le droit de nous intéresser à ses velléités réelles quant au management du club letton. La rumeur dit que Marco Trabucchi utilise le club de Jurmala comme une plaque tournante afin de permettre à ses poulains de briller en Europe. Pourtant, quand on y regarde de plus près, l’effectif du Spartaks ne compte que très peu de jeunes joueurs étrangers, ce qui pourrait changer dans un avenir proche si la ligue de football lettone décide de changer la règle limitant le nombre de joueurs étrangers pouvant se trouver sur le terrain. »
Oleg Kubarev, le coach du premier titre étant repartit dans sa Biélorussie natale (Shaktyor Soligorsk), c’est le polonais Marek Zub qui prenait les rênes du club de la cité balnéaire. Avec un effectif peu modifié, Jurmala comptait bien ajouter une deuxième couronne à son palmarès… Et débutait la saison par une défaite d’entrée contre RFS et lors de la 5ème journée concédait le nul à la surprise générale à domicile face à la faible équipe de Babite pour enchainer avec une seconde défaite contre RFS. Si le club se reprend par la suite, le mois de juillet est marqué par une gifle assenée par Ventspils (4-0), suivie d’une nouvelle défaite (1-3) contre RFS. Le polonais Marek Zub est alors remplacé par le slovaque Jozef Vukusic. Le club connait ensuite un parcours quasi sans faute, excepté deux défaites dont une contre RFS, décidément la bête noire du Spartaks cette saison. Au final le club aura été en tête du championnat quasiment toute la saison, le titre est donc amplement mérité. Le grand homme de la saison est sans contestation le jeune russe Yevgeni Kozlov sacré meilleur buteur du championnat avec 13 buts.
2ème – FK Liepaja – 37 points (Europa League)
Le club présidé par la légende lettone Maris Verpakovskis fait mieux que la saison précédente et remporte la coupe en battant en finale le Riga FC (2-0). Après une saison 2016 décevante, le club avait fait appel au géorgien Tamaz Pertia ancien coach du Skonto Riga pour relancer la machine. Finir second avec onze victoires et neuf défaites est peu courant mais reflète la réalité de ce championnat cuvée 2017 ou personne n’a vraiment impressionné et ou les buts furent denrée rare. En juin, le FC Metz prêtait Janis Ikaunieks pour renforcer l’équipe. Insuffisant cependant pour remettre en cause la couronne du Spartaks.
3ème – Riga FC – 37 points (Europa League)
L’ancien FC Caramba/Dinamo Riga réalise une bonne saison au niveau du classement malgré une gestion sportive toujours aussi exotique et termine surtout juste devant son voisin du RFS. La saison 2016 avait donné lieu à trois changements d’entraîneurs. 2017 sera encore plus prolifique ! Vladimir Volchek perd son poste avril, le letton Mihails Konevs tient jusqu’en mai ou il est remplacé par Yevgeny Perevertaylo qui est lui-même remplacé par Slavisa Stojanovic. En ayant dans son effectif des joueurs avec une belle carrière en équipe nationale tels Kaspars Gorkss, Olegs Laizans ou Arturs Zjuzins on peut néanmoins considérer qu’une gestion plus saine semble plus que souhaitable.
4ème – Rigas Futbola Skola – 35 points
Convié en 2016 à participer à la Virsliga suite à la relégation administrative du FC Skonto Riga et du refus du FK Valmiera d’accéder à l’élite du football letton pour des raisons budgétaires, le RFS bénéficie du soutien de la municipalité de Riga et dit on de son maire, Nils Uzakovs (russophone), qui serait supporter du club. Alignant un effectif assez expérimenté et majoritairement letton, le club est passé par le chas de l’aiguille pour obtenir une première et historique qualification européenne. Le lituanien Valdas Dambrauskas (ex Zalgiris Vilnius) sera aux commandes de l’équipe la saison prochaine, jeune et avec déjà une grosse réputation dans la Baltique, le club montre en l’engageant qu’il sera de toute façon ambitieux dans le futur.
5ème – FK Ventspils – 35 points
Epilogue catastrophique pour le FK Ventspils qui perd sa place européenne lors de la dernière journée… En poste depuis 2015 l’anglais Paul Ashworth n’arrive pas à concrétiser les grosses ambitions de sa direction. Pas de coupe d’Europe la saison prochaine, nul doute que l’intersaison sera agitée à Ventspils.
6ème – FK Jelgava – 29 points
Second en 2016 et ambitieux en début de saison, 2017 est une année à complètement oublier pour Jelgava. Saulius Sirmelis parti au Shakter Karagandy, Jelgava misait sur l’ancien sélectionneur national moldave, Alexandru Curteian qui tenait jusqu’en août avant de céder le relais au russe Ravil Sabitov, sans amélioration notable…
7ème – FS Metta/Latvijas U – 15 points
En 2016, Metta avait sauvé sa tête de justesse en barrage contre l’AFA Olaine. C’est le même adversaire qui est au menu en 2017 avec un résultat identique. L’essentiel qui était d’assurer le maintien est donc acquis. En 2018, l’ambition se limitera toujours à assurer la survie du club en Virsliga. Notons que le club a la particularité d’avoir l’un des centres de formation les plus intéressant de Lettonie, ses équipes de jeunes étant particulièrement performantes. Autre singularité, le letton est utilisé comme langue de communication au sein du club à la grande différence des autres clubs qui utilisent le russe.
8ème – Babite – 0 points (Exclu de la compétition)
Le club est exclu le 22 juin après que le système de détection de paris frauduleux de l’UEFA ait signalé que six de leurs matchs étaient suspicieux. L’équipe avait alors joué douze matchs, ponctués par dix défaites et deux nuls. Les résultats sont entièrement annulés et le club rayé de la carte. Notons qu’en 2015 déjà le FB Gulbene fut exclu du championnat au mois de juin pour la même raison. La fédération se montre intraitable sur un mal qui gangrène le football letton depuis longtemps, ce qui est plutôt positif.
Enfin en seconde division le Valmiera Glass VIA à facilement remporté le titre. Notons que le légendaire Skonto Riga à terminé à la 9ème place (sur douze) sous l’appellation RTU FC/Skonto Academy après une fusion avec le RTU FC… La grande époque est vraiment bien loin.
Viktor Lukovic
Photo de couverture : facebook Spartaks Jurmala