La première partie du championnat chypriote s’est achevée fin décembre au terme d’une mi-saison très acharnée en haut du tableau mais dans l’ensemble un fort contraste entre les différentes équipes du championnat. Un AEK Larnaca solide, un AEL Limassol métamorphosé, un tenant du titre pas au mieux de sa forme, un Anorthosis Famagouste décevant… Profitons de cette trêve hivernale pour faire le point sur ces six premiers mois de compétition.

L’AEK Larnaca leader

  1. AEK Larnaca – 39 pts
  2. AEL Limassol – 37 pts
  3. APOEL Nicosie – 37 pts

Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas vu un début de championnat aussi serré au sommet. Alors que les trois équipes se trouvaient à égalité à la fin de la 14e journée avec trente trois unités, l’AEK Larnaca a profité des faux pas de l’APOEL et de l’AEL lors des deux derniers matchs, pour se hisser à la première place du championnat durant la trêve.

Nous vous avons déjà prévenu en décembre dernier d’une montée en puissance de l’AEK qui avait terminé premier durant la trêve hivernale. L’histoire s’est de nouveau répétée ce décembre avec son sacre de champion d’hiver après sa victoire contre le Karmiotissa (3-0), dépassant de seulement deux longueurs ses adversaires, l’AEL et l’APOEL. Mais dès le début de l’été tout n’a pas été rose pour le club jaune et vert. L’AEK a du faire face à un grand nombre de départs : leurs deux gardiens de but Tono et Mateusz Taudul, l’attaquant chypriote Nestoras Mitidis ou encore le défenseur polonais Adam Marciniak. Côté arrivé, le club de Larnaca a renforcé son effectif avec la venue de deux joueurs chypriotes d’expérience, l’ancien gardien international d’Omonia Antonis Georgiallidis et l’ancien milieu de l’APOEL Costantinos Charalampides. A l’AEK, qui dit changement de joueur dit remplacement d’entraîneur. On assiste en juin du départ de l’espagnol Tomas Christiansen vers l’APOEL après deux ans de bons et loyaux services au club de Larnaca. A sa place, son compatriote Imanol Idiakez, auparavant entraîneur du Lleida Esportiu, équipe de deuxième division espagnole.

La saison 2016-2017 avait pourtant bien commencé pour l’AEK avec ses victoires aux trois premiers tours de qualification de l’Europa Ligue, avant l’élimination aux barrages contre le Slovan Liberec. Contrairement à son parcours sur la scène européenne, l’AEK débute merveilleusement bien le championnat. En effet, il fait un sans faute avec huit victoires en huit matchs, occupant logiquement la première place fin octobre. Cependant une défaite contre l’Omonia (2-1) en novembre et deux matchs nuls contre l’Anagenisi Derinias (0-0) et Doxa (1-1) le font ralentir dans son ascension. Sans trop de conséquences par la suite puisque l’AEK termine la première partie de saison avec deux victoires tandis que ses deux concurrents directs, l’APOEL et l’AEL, font match nul dans leurs deux derniers matchs. Ces faux pas permettent aux hommes d’Imanol Idiakez de finir seuls à la première place avec deux points d’avance sur l’AEL et l’APOEL.

L’AEL et l’APOEL en embuscade

Qui aurait cru en juin, après une septième place au classement l’année dernière, que l’AEL serait cette saison en lutte pour le titre ? Le club de Limassol est dans une toute autre dimension depuis l’arrivée à sa tête de Pambos Cristodoulou au début de l’été. Un habitué du club et du pays puisqu’il avait entraîné l’AEL entre 2011 et 2013 et se trouvait à la tête de la sélection nationale chypriote ces trois dernières années. L’AEL, non qualifié à une compétition européenne, a débuté sereinement le début de championnat. Accumulant trois victoires et un match nul en quatre matchs, l’AEL se hisse déjà fin septembre à la seconde place aux côtés de l’APOEL. Ces succès se poursuivent durant les prochains mois, puisque le club connait jusqu’à décembre sept victoires supplémentaires en onze matchs, dont une contre son adversaire direct qui fait de lui le seul club à avoir battu le club de Nicosie dans cette première partie de saison. Bien que l’AEL Limassol soit régulier durant ces six premiers mois, il connait en route trois matchs nuls et une défaite contre l’AEK qui lui font manquer l’opportunité de se retrouver à la tête du championnat.

Victoire 1-0 de l’AEL face à l’APOEL | © @RafaRomo1News

De leurs côtés, les joueurs de l’APOEL ont entamé très tôt leur saison avec les matchs de qualification pour la Ligue des Champions. Malgré un parcours correct dans les tours préliminaires, l’APOEL est tombé aux portes de la phase de groupe. Mais le club de Nicosie, entraîné depuis l’été par Tomas Christiansen, s’est tout de même qualifié aux phases de groupe de l’Europa Ligue. Pour combler le départ de l’attaquant argentin Fernando Cavenaghi  – auteur de vingt trois buts l’an dernier – l’APOEL a fait appel au Brésilien naturalisé belge Igor De Carmago en provenance du KRC Genk pour épauler Pieros Sotiriou à la tête de l’attaque. Le début de championnat de l’APOEL est un succès avec sept victoires et un match nul sur les huit premiers matchs de championnat. Cette forme de l’APOEL est également ressentie en Europa Ligue comme en témoigne ses victoires contre l’Olympiakos et l’Astana lui permettant de se retrouver à la tête du groupe B à la mi-parcours des phases de groupe.


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Comme l’année dernière, l’APOEL connait une méforme dans la deuxième semaine de novembre. Il enregistre deux défaites, en championnat contre l’AEL (1-0) puis en Europa Ligue contre Astana (2-1). Deux revers suivis d’un match nul contre l’Apollon. Des faux pas qui font chuter le club à la troisième place du championnat. Depuis décembre, l’APOEL enchaîne les victoires à l’image d’une attaque en pleine forme avec trois buts pour Pieros Sotiriou et deux d’Igor De Camargo, véritables héros contre l’Olympiakos (2-0) en Europa Ligue permettant à l’APOEL de finir à la première place du groupe. Cependant, le match nul lors de l’avant dernière journée de championnat contre l’Ermis (1-1) lui fait rater l’occasion de se retrouver à la première place aux côtés de l’AEK Larnaca.

L’Apollon et l’Omonia en retard

  1. Apollon – 31 pts
  2. Omonia – 31 pts

Six points seulement départagent l’Apollon et l’Omonia du troisième du trio luttant pour le titre. Ces deux clubs ont accumulé du retard mais n’abandonnent pas l’espoir d’une place européenne en fin de saison. Classé troisième durant les deux dernières saisons, l’Apollon Limassol reste un habitué du haut tableau. Mais cette année, les Galanolefki (Bleu et Blanc, surnom donné au club) n’ont pas connu le début de championnat qu’ils avaient espéré. En effet, l’Apollon connait trois défaites et trois victoires sur les sept premiers matchs du championnat, occupant alors la sixième place du classement avec dix points au compteur mi-octobre. Emmenés par un Fotis Papoulis très inspiré, actuellement deuxième meilleur buteur avec dix buts aux compteurs, l’Apollon Limassol enchaîne ensuite les victoires et les réussites avec six victoires et trois matchs nuls en neuf matchs de championnat d’octobre à décembre. Il occupe ainsi la quatrième place à la trêve hivernale avec trente-et-un points.

L’Omonia a de son côté connu un été mouvementé. Les Trifili (Trèfles, en référence au logo du club) nomment en juin un nouvel entraîneur, l’Anglais John Carver, ancien technicien de Newcastle, succédant à Vladan Milojevic. Le club de Nicosie a également fait face à un grand nombre de départs. Pour vous faire une petite idée, sept joueurs du onze de départ type de l’année dernière figurent parmi les départs. Parmi eux les défenseurs Romaric et Ivan Runje, les milieux Luciano Bebe et Nuno Assis, ainsi que l’attaquant vedette Andre Schembri auteur de dix sept buts l’an dernier. Pour combler ces importants départs, on assiste à l’arrivée en défense du brésilien Bruno Nacimento et de quatre grecs dont notamment un ancien de l’équipe nationale grecque Loukas Vyntra. Pour remplacer Andre Schembri en attaque, l’Omonia a fait appel à l’anglais Matt Derbyshire, de Rotherham United. Ce remue-ménage arrivé pendant la période des matchs de qualification pour l’Europa Ligue a impacté négativement le club de Nicosie. En effet, le manque de collectif et d’entente entre les joueurs étaient les raisons principales de leur élimination au troisième tour de qualification contre le Beitar Jerusalem.


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Du côté du championnat, le club reste régulier et enregistre sept victoires dans les onze premiers matchs mais la défense reste souvent à désirer, encaissant vingt-deux buts durant la moitié de saison, soit une septième place au classement des défenses du championnat. On peut cependant noter une belle réussite des attaquants de l’Omonia puisque le club est classé troisième meilleure attaque avec trente-trois buts marqués. Un succès entre autre réalisé par Matt Derbyshire, actuellement meilleur buteur du championnat avec douze réalisations.

Le ventre mou

  1. Ermis – 22 pts
  2.  Nea Salamina – 20 pts
  3. Karmiotissa – 19 pts
  4. Ethnikos Achnas – 18 pts
  5. Anorthosis Famagouste – 18 pts

Ce n’est pas souvent que nous voyons autant d’équipes dans le ventre mou de ce championnat, qui rappelons le, contient treize équipes. Seuls quatre points séparent le sixième du dixième. Cette proximité donne aux clubs une situation instable puisqu’ils peuvent se retrouver facilement en haut du tableau tout comme se trouver au bord de la relégation.

L’Ermis respire

Après une saison catastrophique à deux doigts d’une relégation l’année dernière, l’Ermis va mieux durant cette première partie de saison. Après un été riche en recrutement pour le club avec l’arrivée notamment de l’attaquant mauritanien Dominique da Sylva, du milieu géorgien Irakli Maisuradze de l’Anorthosis ou encore le milieu belge Emmerik De Vriese de l’Ethnikos Achnas , l’Ermis espère se maintenir dans le championnat et éviter de revivre une nouvelle frayeur. Les deux premières journées de championnat s’annonçaient difficiles pour l’Ermis qui recevait les deux grosses bêtes de Nicosie : l’APOEL et l’Omonia. Deux matchs qui ont vu l’Ermis logiquement s’incliner. La déception ne restera que passagère puisqu’elle connaîtra par la suite la réussite. Sur les neufs prochains matchs, l’Ermis en gagne six. Cette forme permet au club de se maintenir dans le haut tableau. Mieux encore, l’Ermis rivalise face aux plus grands du championnat. Lors de leur deuxième confrontation en six mois, ils accrochent l’APOEL (1-1) et l’Omonia (2-2). Avec vingt deux points aux compteurs, le club peut respirer mais sans pour autant freiner dans ses efforts vu la forte proximité entre les différents clubs du mi-tableau.

Ermis s’incline face à l’Apoel fin août, avant de l’accrocher en automne | © Youtube Apoel FC

Un Nea Salamina et Karmiotissa superficiels

De son côté, Nea Salamina, qui a connu un beau parcours l’année dernière finissant sixième, n’a pas eu en ce début d’année un parcours aussi doré qu’il aurait espéré. Sur les sept premiers matchs du championnat, Nea Salamina compte quatre défaites et seulement une victoire. Par la suite, le club rouge et blanc empoche en chemin quelques points, plus précisément douze sur vingt quatre points possibles entre octobre et décembre permettant au club de stagner à la septième place.

Le Karmiotissa, promu cette année en première division, a réussi son pari de mi-saison : se maintenir dans le mi-tableau de la première division. Durant cette première partie de saison, elle occupe la huitième place du classement avec dix neuf points, totalisant cinq victoires, sept défaites et quatre matches nuls.

L’Anorthosis, entre crise et désillusion

L’Anorthosis connait une moitié de saison très décevante, à l’image de cette dixième place au classement, le pire début de saison dans l’histoire du club. Dès l’été, l’Anorthosis perd un grand nombre de ses joueurs : les défenseurs Razak Nuhu et Costantinos Laifis parti à l’Olympiacos puis prêté au Standard de Liège, le milieu Andrea Orlandi transféré à l’APOEL ainsi que trois attaquants : Andreas Makris transféré à Warsall, Efthimis Koulouris parti au PAOK Salonique et Toni Calvo au Véria. Le nombre important de départs et le manque de cohésion dans la nouvelle équipe dû au manque de temps est peut-être la cause du départ très mitigé du club de Famagouste. Ce dernier n’enregistre qu’une victoire sur les huit premiers matchs du championnat. Cette situation très délicate n’a pas plu aux supporters et encore moins aux dirigeants, qui ont remercié leur entraîneur Antonio Puche fin octobre. Il est alors remplacé par l’israélien Ronny Levy, un habitué du club puisqu’il a déjà entraîné l’Anorthosis de 2011 à 2013. Cette série noire continue, aux mois de novembre et de décembre, le club natif de Famagouste n’empochant que sept points sur les vingt-et-un possibles. Trop peu pour espérer grimper au classement.

Gabriel Moura | © anorthosisfc.com.cy

La lutte pour le maintien

  1. Aris Limassol – 11 pts
  2. Doxa Katakopias – 10 pts
  3. AEZ Zakakiou – 9 pts
  4. Anagennisi Derinias – 4 pts

Pour rappel, les deux derniers du championnat sont directement relégués en deuxième division. A la fin de la première phase finale, les quatre dernières équipes du championnat s’affrontent en Play offs. Le dernier du Play off est lui aussi relégué en deuxième division.

L’Aris qui avait fait un beau parcours l’an dernier, finissant septième, n’enregistre durant cette première moitié de saison que deux victoires et occupe alors la onzième place avec onze points. De son côté Doxa Katakopias est loin d’être à son meilleur niveau. Malgré une neuvième place l’année dernière et l’arrivée au milieu d’Albert Serran de l’AEK et Tiago Gomez du Nea Salamina, Doxa n’a pu gagner que deux rencontres et a connu dix défaites durant cette première moitié de saison. Une situation difficile pour le club qui devra se ressaisir pour espérer s’éloigner de la zone rouge. L’AEZ Zakakiou est lui aussi dans le même cas. Ce club fraîchement promu n’a connu qu’une seule victoire, lors de la première journée, et n’a par la suite concédé que des défaites et des matchs nuls, se plaçant fin décembre à la treizième place avec neuf points. Enfin, l’Anagennisi Derinias, bon dernier avec seulement quatre points aux compteurs, souffre. Et cela se voit dans les statistiques : trente-trois buts encaissés et seulement douze de marqués. Peu pour espérer rivaliser avec les autres équipes qui luttent également pour le maintien.

Comme vous avez pu l’imaginer, malgré sa richesse, le championnat connait des disparités encore importantes entre les différentes équipes comme en témoigne les différents écarts de point entre les clubs du haut tableau et de ceux qui luttent pour le maintient. Et cela se remarque en jetant un coup d’œil au classement, trente-cinq points séparent le leader AEK Larnaca la lanterna rouge Anagennisi Derinias. On peut malgré tout conclure une note positive. Les succès qu’enchaîne l’APOEL en compétition européenne et la compétitivité qui existe entre les équipes dans le haut tableau montrent la bonne progression du championnat chypriote et des signes encourageants pour les années à venir.

Le top 5 des buts

  1. Rayo, Anorthosis vs. AEZ (à 3’00)

https://www.youtube.com/watch?v=TaQyWpKMQRA

  1. Brigido, Anagennisi Derinias vs. Omonia (à 1.13’)

  1. Chambos Kyriakou, Karmiotissa vs. Apollon (à 3’31)

https://www.youtube.com/watch?v=S5D4iCQpPPI&t=152s

  1. Jorge Larena, AEK vs. Aris (à 0’28)

https://www.youtube.com/watch?v=AeDdWEn7leo

  1. Tsampouris, Nea Salamina vs. Omonia (à 4’21)

https://www.youtube.com/watch?v=LoY4dZz2tU4

Stephane Meyer


Image à la une : © FB AEK Larnacas

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