Ce dimanche, on est partagé entre l’idée d’aller skier, les trains slovènes qui s’arrêtent toutes les cinq minutes dans des hameaux ou la chaleur du derby éternel. Un derby, c’est ce que tout fan de football veut vivre, alors il était temps de rejoindre Maribor depuis Ljubljana pour voir justement ces deux équipes s’affronter. Un détour par la ville tout d’abord, ville décevante pour moi, petite, calme même le week-end et avec un centre-ville très pauvre en attractions historiques.
Une ville quelconque d’Europe Centrale en somme, mais à peine ai-je pu finir ma bière verte que les écharpes violettes commençaient à fleurir aussi vite que les fourgons de police. C’est à ce rythme que la vieille ville allait s’animer et déjà les chants se faisaient entendre au loin alors que les pétards des Green Dragons ne cessaient d’exploser. Oui, on entend tout ; Maribor c’est petit et le stade n’est qu’à quelques centaines de mètres du cœur de la ville.
Il est donc temps de participer aux festivités et de se diriger ver le stade ! Billet en poche, réservé sur internet, annoté de mon nom, mon prénom, ma ville d’origine ainsi que ma nationalité. Tout semblait prêt, mais c’était sans compter sur l’étonnant dispositif de sécurité slovène. Oui, un dispositif de sécurité complètement fou, et je me dois donc d’en parler.
Le stade est ainsi en vue, le cordon de policier passé par le seul petit trou laissé de manière à filtrer les personnes, l’hélico en stationnaire aperçu, je me mets donc dans la file où l’on finit par m’expliquer que je dois écrire sur une autre partie de mon billet les mêmes informations une seconde fois, avec un plus mon adresse permanente et ma ville de naissance. Pas de souci ! Tout est prévu, et une jolie demoiselle se tient prête avec un stock de stylos.
Néanmoins il faut refaire la queue, passer le premier contrôle réalisé par le steward et tomber sur la sécurité qui va m’expliquer en slovène, agrémenté de quelques mots d’anglais, que je dois me rendre au point d’information qui se trouve assez loin de ma tribune. Sans explications. Une fois le fameux point trouvé, on va me donner un papier séparé où j’ai renseigné une nouvelle fois mon identité ainsi que mon adresse et ma nationalité pour la donner au fameux garde de sécurité qui va ensuite éplucher mon passeport avant de me laisser rentrer.
Et vous savez ce qui est le plus drôle dans tout ça ? C’est que la fouille au corps est archi-sommaire et que personne ne s’est enquis de savoir ce qui se trouvait dans mes poches ni pourquoi j’avais deux téléphones dont un en extrêmement mauvais état. La sécurité est forte mais pas forcément où elle devrait l’être et elle est avant tout exaspérante. Du coup, j’en profite pour retirer les critiques formulées la semaine dernière à l’égard du Legia.
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Maintenant que je suis installé et que les supporters adverses sont autorisés à rentrer dans le stade, le spectacle va enfin pouvoir commencer. Maribor avait préparé un tifo sur toute la longueur des gradins en habillant les spectateurs de plastiques violets et blancs. Effet garanti. Du côté des Green Dragons, on optait plutôt pour différentes bannières ainsi que pour les inévitables fumis. Du vert de partout, et les fusées qui vont atterrir sur le terrain peu après le coup d’envoi. L’arbitre ne semble lui pas perturbé par tout cela. C’est la même chose pour Nejc Vidmar, le jeune gardien de l’Olimpija.
Le match a donc pu commencer et il est temps de revenir sur les compos de départ : côté Maribor, on retrouve Novakovic au coup d’envoi mais encore d’autres recrues comme Kabha ou Rodrigo Defendi dans un 4-4-2 classique. Pour les visiteurs, c’est un 4-2-3-1 qui est au programme, les deux recrues « stars » Ekeke et Vidmar sont là, tout comme Radovic. Le Français Mimoun est lui sur le banc de touche. Ce match revêt un enjeu très important car à la trêve, le pays était persuadé que Maribor avait su se relancer et allait fondre sur son rival, amputé de Henty et Sporar, ses deux meilleurs buteurs partis à l’étranger. Mais la défaite surprise des Violet face au décevant Celje a remis le club de la capitale sur le chemin de ce titre attendu depuis si longtemps. La situation est donc claire, Maribor n’a quasiment plus le droit à l’erreur, et surtout pas ce soir.
Ce sont d’ailleurs les champions en titre qui vont dominer copieusement la première mi-temps après dix premières minutes poussives. Mais les centres et les coups de pied arrêtés sont calamiteux (si ce n’est pire) et malgré cette domination, Maribor ne se créera qu’une seule occasion franche qui sera vendangée par Novakovic. Ce qui lui vaudra les quolibets des ultras de l’Olimpija qui ne lui ont pas pardonné sa « traîtrise » : lui l’enfant de Ljubljana, formé au club et parti jeune à l’étranger, a fait le choix de venir finir sa carrière cet hiver chez l’ennemi juré alors même que son club formateur lui avait également proposé un contrat.
La première mi-temps a été engagée, Zajc et Matic ont paru très nerveux. L’Olimpija est bien rentré dans le lard des locaux plus techniques et les cartons ont commencé à pleuvoir sur le Ljudski Vrt. C’est d’ailleurs l’arbitre qui sera le plus sifflé lors du retour au vestiaire. Bizarrement, la seconde période va commencer bien différemment et ce sont les visiteurs qui ont la mainmise sur le jeu. Ekeke va même manquer d’ouvrir le score assez rapidement. Côté spectacle, c’est tout le virage sud de Maribor qui va s’embraser en fumis comme pour mieux répondre aux Green Dragons et c’est encore Vidmar qui va les recevoir dans sa surface de réparation. On notera également l’apparition d’un fumi en latérales, vite maîtrisé par le service d’ordre.
Maribor va ensuite se remettre dans le match mais ne va pas se montrer tellement dangereux et les contres de Ljubljana auraient pu faire plus mal si Radovic avait été plus inspiré. Les cartons jaunes, quant à eux, ont continué a pleuvoir sans interruption. La sortie de Damjan Bohar, meilleur joueur sur la pelouse, remplacé par Vrsic, qui n’a pas été oublié par les Green Dragons a enterré les dernières chances des locaux alors que l’Olimpija va tenir le ballon pendant quasiment trois minutes en fin de match. Une série de passes exceptionnelles qui tend a montrer que les Violet étaient épuisés et bien incapables de remporter ce match. Même si l’Olimpija a essayé de pousser dans les arrêts de jeu, le résultat nul les satisfait pleinement et maintient leur plus grand rival à six points.
Le match fut très plaisant et comme le veut le poncif, seuls les buts auront manqué. Il est tout de même temps de rentrer et de se préparer pour retourner a Ljubljana mais une chose est sûre : le football slovène, j’en redemande.
Les notes Footballski
Standing du stade (4,5/5) :
C’est typiquement le genre de stade que j’aime : moderne mais avec des dimensions raisonnables en accord avec la taille du club et de la ville. Confortable et douillet. Tout serait parfait si les toilettes n’étaient pas à l’extérieur et de cette fameuse marque de toilettes déplaçables. Et surtout s’il n’y avait pas qu’une seule cabine !!! Queue garantie après des litres de bière.
Disponibilité des billets (2/5) :
Bon je pense que vous avez lu ma description pour l’identification ? Je rajouterai ensuite qu’une bonne partie du site n’est disponible qu’en slovène ; ainsi si vous n’avez pas des notions de slave, ça peut devenir très difficile de comprendre comment personnaliser les places. En plus, c’était le derby et ainsi la rencontre s’est disputée à guichets fermés.
Tarifs (2,5/5) :
12 Euros la place. Bon, la Slovénie n’est pas le pays le plus abordable de l’ancien bloc de l’Est, mais on parle quand même d’un championnat peu relevé et les places sont parmi les plus chères de la galaxie Footballski. La moyenne quand même, car il faut prendre en compte qu’il s’agissait du plus gros match de l’année.
Ambiance (4,5/5) :
C’était un derby donc ça va de soi. Un demi-point tout de même de retiré car l’ambiance venait plutôt du parcage, ce qui peut laisser augurer de soirées plus mornes contre des adversaires plus modestes.
Risques (4,5/5) :
Je vous ai parlé de l’impressionnant dispositif de sécurité, comprenant même les hélicos de la police. Mais peut-être que tout ce boucan pour un match de football ajouté à l’écho des pétards des Greens Dragons peut quelque fois donner l’effet inverse. D’où le 4,5 seulement. Attention à ne pas faire peur aux gens juste par une présence policière délirante.
Accessibilité & transports (4/5) :
C’est en plein centre, donc on y arrive très vite à pied. En même temps Maribor est une très petite ville mais cela n’enlève rien au fait que le stade soit bien placé (si l’on compare à Celje notamment). Attention tout de même. Les transports publics sont catastrophiques en Slovénie et si vous logez un peu loin du centre, les bus ne passent très souvent que toutes les demi-heures voire toutes les heures (quand ils circulent le week-end).
Boissons (3/5) :
Une buvette en dehors des gradins non intégrée au stade. Des produits plutôt sympas mais rien d’extraordinaire. Un avis positif mais rien pour impressionner la galerie.
Quartier environnant (4/5) :
C’est très proche du centre donc c’est quasiment parfait même si ce n’est pas l’hyper-centre. Le point perdu vient sans doute de ma déception par rapport à la ville en elle-même. D’accord on est au centre-ville, mais a-t-il un intérêt en lui-même ?
Adrien Laëthier
Image à la une : © Adrien Laëthier / Footballski