De retour à Varsovie pour la première fois depuis près de cinq ans, je ne pouvais pas manquer l’occasion de voir enfin évoluer les légionnaires locaux. Moi qui suis plus habitué aux terrains de l’ex-URSS, ou de la côte méditerranéenne, cela allait être ma deuxième expérience avec le football polonais après Zabrze et son stade Ernest Pohl en reconstruction.
Bien que nous nous dirigeons vers le printemps, c’est plutôt un retour vers l’hiver qui se précise en Mazovie, avec une météo ne cessant d’hésiter entre neige et pluie. Visiblement, c’est la pluie qui l’a emporté en ce dimanche soir pour ce match de haut de tableau entre le Legia et le Ruch. Après un court voyage avec le 174 vers Torwar 06 – oui, les Polonais aiment bien nommer plusieurs arrêts de bus de la même façon puis les numéroter… Extrêmement pratique -, il faut acheter son billet. Faute de numéro d’identification polonais, c’est son passeport qu’il faut montrer et qui ralentit grandement le processus d’achat (mais on ne reçoit pas de carte ici en temps qu’étranger).
Ce qui sera plus surprenant, c’est qu’on me redemandera mon passeport dix minutes plus tard à l’entrée du stade pour le comparer au nom sur mon billet. Sécurité extrême quand tu nous tiens… Le stadion im. Marszałka Józefa Piłsudskiego, car chez Footballski on aime la précision, et avouez que c’est quand même mieux que Pepsi Arena, lui, est quasiment plein, ce qui est plutôt remarquable par un temps pareil, mais pas étonnant pour le Legia.
Pour resituer ce match, il s’agit de la troisième journée depuis la reprise. Le Legia se trouve en deuxième position au classement et a déjà rattrapé quatre des cinq points qui le séparait du Piast Gliwice en pleine déconfiture. Le Piast a été battu à Gdansk la veille, et, ainsi, les joueurs de la capitale peuvent prendre la tête ce soir. En face le Ruch Chorzow se porte plutôt pas mal en cinquième position mais voudrait essayer de ne pas laisser s’échapper le top-4 devant. Pour ce qui est des compositions d’équipes, trois recrues sont titulaires dans le 4-4-2 du Legia : les deux arrières latéraux, Adam Hlousek arrivé de Stuttgart et Artur Jedrzejczyk prêté par Krasnodar ainsi qu’Ariel Borysiuk. Au Ruch, le 4-2-3-1 est classique et les rares recrues d’un mercato calme se trouvent sur le banc de touche au coup d’envoi.
Le coup d’envoi, venons-y. Après un hymne émouvant et les chants magiques du kop du Legia, c’est pourtant bien les visiteurs qui vont dominer. Dominer, oui, mais cela ne durera que dix minutes avant que les vagues des hommes de Cherchesov ne deviennent incessantes sur les buts de l’ancien portier du Slovan, Matus Putnocky. Le milieu de terrain du Legia étouffe complètement son adversaire alors que les recrues Hlousek et Jedrejczyk apportent sans cesse le surnombre. Il fallait bien cela pour ouvrir le score, car la paire d’attaquants n’est pas très en réussite. C’est à la 31eme minute que le Legia va ouvrir le score, lorsque l’infortuné Pawel Oleksy marque contre son camp. De la malchance donc même si on peut penser que sans cela, Prijovic (par ailleurs assez inexistant sur ce match) aurait poussé au fond le centre de Nemanja Nikolic. 1-0 donc à la mi-temps.
Au retour des vestiaires, c’est donc un peu la même chose. Ondrej Duda est lui intenable (mais en même temps on vous avait prévenu) et sort un match de classe internationale, avec en point d’orgue une frappe qui aurait mérité de finir mieux que sur la transversale. Ses coéquipiers ne vont eux pas traîner pour s’assurer de la victoire, car dès la 49eme minute, Hlousek reprenait victorieusement un corner dévié par Jodlowiec de la tête pour porter le score à 2-0. Dès lors, on pense que le Legia va dérouler pour creuser l’écart, mais Nikolic a été particulièrement maladroit alors que Prijovic n’a quasiment pas existé. Cela va donc laisser les joueurs de la capitale à la merci des contres des Silésiens. Ces derniers vont se montrer dangereux à quelques rares reprises mais cela ne permettra pas d’influer sur le score d’un match qui va permettre au Legia de prendre la tête du championnat.
Le stade se vide assez rapidement, et on retiendra, outre la place de leader, les chants continus du Kop malgré l’absence de tifo ce soir. Le jeu, lui, aura laissé à désirer même si la précision du Legia, même avec un tempo assez lent, aura suffi à démontrer la supériorité technique des Légionnaires sur une équipe faisant pourtant partie des meilleures d’Ekstraklasa. Si le suspense demeure dans ce championnat, une chose est sûre : on reviendra au Stade de l’Armée polonaise.
Les notes Footballski :
Standing du stade (4,5/5) :
Le stade est très beau, d’autant plus que ce n’est pas le stade principal de la ville de Varsovie. Le Legia bénéficie ainsi d’une superbe enceinte, ce qui enlève bien sûr un peu du charme habituel du ballon en Europe de l’Est.
Disponibilité des billets (2,5/5) :
Attention le stade est très rapidement plein même pour un match lambda par une mauvaise météo. En plus les étrangers doivent acheter à la billetterie pour des questions de sécurité et de présentation du passeport. Ce qui ne rend donc pas forcément la tâche plus aisée.
Tarifs (4/5) :
50 Zlotys en latérales, 45 + 5 car je suis étranger et je n’ai pas la carte du club. C’est raisonnable surtout pour un club dominant; mais enfin seulement 4/5 car on a déjà vu moins cher dans nos contrées.
Ambiance (4,5/5) :
La tribune ultra est en ébullition permanente alors que les chants de font ressentir également en latérales ou j’ai du voir le match debout – et je ne m’en plains pas – donc je donne une très bonne note. Mais qui en aurait douté au Legia ?
Risques (4,5/5) :
Vous pensez que j’exagère ? C’est la Pologne tout de même. Mais non, tout se passe bien. La présence policière ainsi que le standing du stade doivent renforcer ce sentiment. La sécurité outrancière, liée au contrôle exagéré de documents, doit également y participer. Si c’est sans doute un fléau pour le football vrai, au moins cela joue positivement sur cette note.
Accessibilité & Transports (3,5/5) :
Bon il faut trouver les bus depuis la ville nouvelle, voire depuis la vieille ville, ce qui n’est pas toujours aisé. Mais le stade est relativement bien desservi par ces mêmes bus qui passent toutes les dix minutes. De toute façon, le stade est quand même assez proche du centre pour une telle ville et il est possible de s’y rendre à pied.
Boissons (3/5) :
Je ne vais pas trop me mouiller, car avec le froid ambiant je n’ai pas eu l’envie de boire quoi que ce soit de rafraîchissant, mais de ce que j’ai vu en passant près de la buvette, cela n’avait pas l’air si mal. Et puis mes voisins avaient l’air de se régaler avec leurs divers sandwichs.
Quartier environnant (4/5) :
On est proche du centre comme je viens de le dire, et on se trouve quasiment sur les rives de la Vistule et à l’entrée du magnifique parc Lazienki. On fait donc largement pire. Mais comme on peut faire mieux également, voilà un 4 largement mérité pour le stade Jozef Pilduski.
Adrien Laëthier
Image à la une : © Adrien Laëthier / Footballski