Le football russe n’est pas avare en histoires loufoques, voire carrément surréalistes. L’une d’entre elles s’est passée il y a à peine un mois. Le Terek Grozny, club de la capitale tchétchène, venait d’engager un joueur atteint d’un cancer du cerveau sous l’impulsion du leader de la région russe, Ramzan Kadyrov. Récit d’une tragédie qui pourrait devenir un conte de fée pour Grigory « Gresha » Simonyan.
Choc violent contre un poteau
Il ne se souvient pas de la date exacte de l’accident. Vardan Simonyan, le père de Grigory, suppose qu’un incident sur un terrain de football, il y a trois ou quatre ans, serait à l’origine de la tumeur au cerveau contractée par son fils. Plus précisément, un coup à la tête résultant d’un choc violent contre un poteau aurait développé la tumeur au cerveau de Grigory. « Grisha n’a jamais joué à autre chose qu’au football dans sa vie » témoigne son père. « Le garçon a grandi en étant très technique tout en restant un bon équipier. Il adore les passes et le jeu collectif. Durant les dernières années, je l’ai souvent vu être supervisé par le CSKA et le Spartak Moscou. Mais quand Grisha est tombé malade nous avons seulement pensé à prier pour sauver sa vie et sa santé. »
Les priorités de Grigory Simonyan avaient aussi changé en tombant malade. Fini, le rêve de devenir joueur professionnel. Pour autant, le jeune homme avait un ballon dans sa chambre d’hôpital et jouait de temps en temps avec l’objet si cher à ses yeux. A ce moment là, il ne se doutait pas de ce qui allait lui arriver. Simonyan a eu sa première surprise le jour de ses 18ans quand Yuri Movisisyan, international arménien et joueur du Spartak Moscou, est allé lui rendre visite avec son maillot dédicacé. Un mois plus tard, il recevait une valise contenant un kit complet donné par le Terek Grozny à chacun de ses joueurs. L’adolescent atteint d’un cancer venait de signer un contrat en première ligue russe, et il se dirigeait vers l’Allemagne pour se faire soigner à la charge du club.
Un appel aux dons avant l’arrivée de Kadyrov
La situation de Simonyan a d’abord été mise en lumière par la journaliste sportive Katerina Kirilcheva, à la suite de laquelle une campagne caritative a été instaurée afin de recueillir des fonds pour le traitement. La campagne, nommée « Sauvez Grisha » a été lancée par le site sportif russe « Championat.com » et une association caritative, « Ciel Orange ». Le succès a été énorme : près de 100.000 personnes ont donné des fonds pour la campagne avec des dons allant de 30 roubles (0.60€) à 500.000 roubles (10160€). En plus de cela, 200.000 roubles ont été récoltées à l’occasion d’un concert de charité et l’école où il a étudié a recueilli 100.000 roubles. Des joueurs locaux (Shirokov, Ryazantsev et bien d’autres) comme étrangers (Javier Pastore du PSG ou Ricardo Alvarez de l’Inter entre autres) ont fait des dons et ont envoyé des maillots à vendre aux enchères.
La somme ciblée de 5 millions de roubles pour recevoir un traitement à l’étranger n’était pas encore atteinte qu’elle devenait inutile. Le président tchétchène Ramzan Kadyrov, également président du Terek Grozny à ses heures perdues, a eu écho de la maladie du joueur et s’en est emparé. Alors que 3, 3 millions de roubles avaient déjà été collectées en un mois et demi pour Simonyan, le Terek a décidé de payer le traitement et a demandé l’arrêt de la collecte de fonds. Sur son compte Instagram, Kadyrov a publié : « Je ne pouvais pas rester à l’écart et j’ai pris cette décision. Après sa guérison, Grisha fera ses débuts pour Terek » avant d’ajouter « Terek a signé un joueur très prometteur. »
Un espoir fou
L’opération s’apparente à un coup de communication de la part du satrape de Grozny. En revanche, pour Grigory Simonvyan, le contrat professionnel est aussi important que l’argent du traitement. Cela lui permet d’avoir la force de lutter contre la maladie pour poursuivre son rêve de toujours.
Le créateur de la campagne de dons, Samvel Avakian, a d’ailleurs bon espoir que Simonyan prenne le dessus sur la maladie et retourne sur un terrain de football. Quand il voit l’homme portant le numéro 59 du Terek jouer avec un ballon, Avakian « ne voit pas un malade mais un joueur qui se prépare pour jouer des matchs de football du Terek. ». Le papa de Grigory abonde dans ce sens : « Les médecins m’ont dit que 40% de la réussite du traitement dépendait de l’état émotionnel du patient. J’ai maintenant le sentiment que Grisha n’est pas malade du tout. Et même si j’essaye de l’interdire, il passe chaque jour une demi-heure à une heure et demie avec un ballon ». Espérons que Grisha remporte son combat pour pouvoir jouer 90 minutes en dehors de sa chambre, acclamé par son public.
SovietXav
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