Le Big Four s’est affirmé en 2019 ! Les 4 places fortes du football kazakh actuel se sont battues jusqu’au bout dans un championnat trépidant… alors qu’un invité surprise a gagné la Coupe et disputera la première Coupe d’Europe de son histoire en 2020 ! Dans la rubrique nécrologie, on ne passera pas à côté d’une bien triste nouvelle concernant le FK Aktobe…
Astana champion au bout d’un suspens haletant
Ca y est, c’est tombé ! En gagnant son sixième championnat de suite, Astana est devenue l’équipe la plus titrée du pays, distançant Aktobe et Irtysh (5).
Pourtant, cette saison, le club de la capitale n’avait pas grand-chose à voir avec les saisons précédentes. Déjà, parce qu’il y a eu de nombreux départs en fin de saison dernière, et que les nouvelles recrues n’ont pas forcément apporté les mêmes garanties. A la mi-saison, le club a en plus continué à voir des éléments-clés partir (Kabananga, Anicic) rendant les choses encore plus compliquées…
Et on a vu le niveau d’Astana s’affaisser. L’équipe s’est mise à perdre des matchs alors que ses concurrents engrangeaient les points. Le 22 septembre, on a bien cru à la chute du champion quand Astana a subi sa septième défaite de la saison contre Zhetysu. Ordabasy, Kairat et Tobol ont bien eu l’occasion de breaker mais ils n’en ont rien fait, laissant le champion en titre à portée de fusil. Six victoires en sept matchs plus tard, alors que Tobol n’en gagnait aucun et que le Kairat perdait contre Astana, les Bleu et Jaune pouvaient récupérer leur titre.
Pour nous, le bilan d’Astana en 2020 est mauvais : piteux en Europe (malgré une qualification en phase de groupe – l’objectif – et une victoire contre une équipe B de Manchester United), moyen en championnat avec une qualité de jeu qui a bien baissé et ridicule en Coupe nationale même si ce n’était pas l’objectif. L’entraîneur est-il fautif ? On peut penser que oui, en partie, quand on compare son travail avec celui de son prédecesseur Stoilov.
La révolution ratée : Kairat Almaty
C’est la cinquième fois de suite que le Kairat termine à la deuxième place du championnat. Un classement que l’on n’aurait pas forcément prédit en début de saison, alors qu’on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre de la part d’un club qui s’annonçait en total renouvellement. On vous le disait l’an dernier, le Kairat avait décidé de prendre un tout nouveau virage, se focalisant sur les jeunes Kazakhs, désormais l’axe de développement du club. En effet, beaucoup d’entre eux ont débuté la saison. Mais après une victoire sur sept entre mi-avril et fin mai, ils ont rapidement laissé leur place à des étrangers plus expérimentés…
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. L’équipe s’est remise à marcher et le Kairat a fait une croix sur ses ambitions, sa nouvelle stratégie et ses grands discours.
Les Européens : Kaisar Kyzylorda et Ordabasy Shymkent
L’été prochain, des clubs européens auront le plaisir d’effectuer des voyages à Kyzylorda ou à Shymkent. Le premier cité a gagné la coupe du Kazakhstan, après avoir battu Tobol en demi-finales lors d’une belle fête populaire. En finale, le Kaisar était favori contre Atyrau, relégable. Pourtant, l’équipe a été forcée de batailler, menée 1-0 et réduite à 10 à la 70ème minute. L’égalisation arriva à la 88e minute, avant un but libérateur lors de la dernière minute de la prolongation ! Heureusement, d’ailleurs, qu’il y a eu la coupe pour sauver la saison du Kaisar, sixième du championnat, qui a fini la saison sur une série de neuf matchs à domicile sans victoire… Pour bien figurer en Ligue Europa (première participation de son histoire, après deux participations en Coupe d’Asie en 1999-00 et 2000-01), il faudra recruter et garder les leaders tels que Barsegyan, Marochkin ou Tagybergen…
L’Ordabasy Shymkent se retrouve logiquement (au vu de ses moyens) sur le podium. C’est le club qui s’est le plus renforcé sur le marché des transferts l’hiver dernier. On se disait qu’avec un effectif aussi intéressant, Ordabasy pourrait être une grosse surprise. Sauf que l’équipe n’a pas été régulière du tout, passant de victoires en impressionnant contre de grosses écuries à des défaites piteuses contre des équipes luttant pour le maintien. Il a même fallu que Tobol s’effondre totalement en fin de saison pour accrocher la médaille de bronze. Normalement (on dit bien normalement, car l’incertitude règne toujours autour de ce club), selon ce qui a été annoncé, les Sudistes devraient toujours être compétitifs en 2020.
La déception : Tobol Kostanay
Tobol était logiquement cité comme prétendant au titre 2019. Et c’est donc presque logiquement qu’on le retrouvait à la première place début octobre, alors qu’il restait cinq matchs à jouer. Trois défaites et un nul plus tard, les hommes de Kostanay se faisaient éjecter du podium.
Comme les années précédentes, la force de Tobol a résidé dans son organisation défensive, qui lui a permis de remporter de nombreux matchs. Et son principal manque a encore été offensif, malgré des joueurs talentueux. Cette saison n’a donc pas dérogé à la règle, et le replacement de Jaba Kankava en défense n’a pas aidé à faire le lien entre les lignes. Ce système est passé en KPL, mais pas en Europe puisque Kostanay s’est lamentablement fait éliminer par la Jeunesse d’Esch (Luxembourg) en ne marquant qu’un but à la faveur d’un csc en deux confrontations… Et quand on regarde la différence de budget entre les deux clubs, on peut avoir honte.
En championnat, les blessures se sont accumulées après l’été et le manque de profondeur a fini par se faire ressentir. C’est dommage, car pendant six mois, on sentait que quelque chose pouvait se passer à Kostanay. Maintenant que les fondations sont solides, on attend un peu plus de génie.
La belle surprise : Zhetysu Taldykorgan
Remonté en KPL en 2018, Zhetysu avait surpris en finissant sixième du championnat. On se disait que la deuxième année serait plus difficile, avec les pertes de quelques joueurs majeurs. Au contraire, Zhetysu a progressé en finissant cinquième derrière les quatre plus gros budgets !
Il faut dire que le club recrute parfaitement bien. En témoignent les arrivées du défenseur central Biélorusse Nikita Naumov, qui aurait très bien pu figurer dans le XI type de la saison de KPL, et de l’attaquant Bulgare Martin Toshev (9 buts en 14 matchs). Il faut aussi souligner le très bon travail du coach Dmitri Ogai, qui s’est appuyé sur une bonne assise défensive (deuxième meilleure défense du championnat) grâce à un collectif bien huilé. Cerise sur le gâteau, contre les gros, Zhetysu a souvent fait bonne figure. On verra l’an prochain si l’équipe arrive encore à palier des départs importants en recrutant intelligemment, le tout à la sauce Ogai !
Un mot sur les autres
Okzhetpes a réussi son retour dans l’élite, finissant septième sans jamais trembler. Le jeune coach Karpovich (38 ans) a su bien gérer un effectif cosmopolite (panaméen, brésilien, israélien, estonien, monténégrin, ukrainien, bulgare…). Une belle performance, alors que la défense n’a pas toujours été rassurante et qu’il n’y avait pas de gardien fixe : trois d’entre eux se sont partagé un temps de jeu quasi égal !
L’Irtysh Pavlodar a encore vécu des moments compliqués en coulisse, notamment quand son coach et citoyen d’honneur a été viré en cours de saison avec son staff et des joueurs. Heureusement, derrière, le coach serbe Milanovic a redressé la barre, avec l’appui des cadres Fonseca et Manzorro. Avec des résultats surprenants, comme une victoire 4-2 contre Karaganda (alors que Pavlodar était mené 2-0 à 25 minutes de la fin) et une victoire 5-0 contre un Kairat qui jouait le titre à l’avant dernière journée. La saison prochaine risque d’être compliquée, avec toujours des problèmes internes et un capitaine qui est parti sans être reconduit…
Les années de désespoir se suivent pour le Shakhter Karaganda. Le management du club continue de ne pas respecter ses fans en faisant tout pour jouer les matchs à Astana (enfin, Nur-sultan…) au lieu de Karaganda. Et le club continue d’engraisser des agents en engageant des joueurs au niveau limité qui ont les « bons » agents et en forçant des jeunes à prendre certains agents… Finalement, les miniers ont fini la saison avec deux nuls et huit défaites sur les dix derniers matchs. Triste.
Ce n’était pas en 2019 qu’on allait revoir Taraz sur le devant de la scène. Le club yo-yo du championnat kazakh n’arrive toujours pas à trouver de la stabilité malgré son potentiel, et le fait qu’il soit le point central d’un vivier de talents. Au final, les Sudistes ont galéré toute la saison pour finir l’emporter lors du playoff contre Akzhayik.
L’avant-dernier du classement, qui descend donc à l’échelon inférieur, se nomme Atyrau. On se demande d’ailleurs si le FK Atyrau est toujours un club de football. En faisant débarquer seize étrangers en 2019 (rappelons qu’il ne peut pas y en avoir plus de six à la fois sur le terrain – et pas plus de huit sur la saison -), la présidence de ce club doit avoir d’autres objectifs que le football et le développement des jeunes malgré une école de football intéressante.
La chute d’une légende : FK Aktobe
Pour nos lecteurs, la situation de cette légende du football kazakh n’est pas nouvelle. A force d’accumuler les dettes, les impayés et les propriétaires véreux, Aktobe a fini par se faire rattraper par la patrouille (la FIFA). Le but, cette année, était de repartir avec des jeunes et de stopper les frais. Le tout avec neuf points de retrait.
On a pourtant vu des choses intéressantes, avec des jeunes qui se sont révélés, notamment sur le front de l’attaque. Mais des faiblesses abyssales à certains postes (gardien, par exemple) et le manque évident d’expérience et de « muscles » a plombé l’équipe.
Dans cette histoire, une autre légende a mis un pied à terre. Samat Smakov, légende absolue à Aktobe (en tant que joueur du club et de la sélection), avait pris la présidence en fin d’année dernière, porté par les attentes de tout un peuple. Il vient d’être remercié suite à un audit montrant que les problèmes ne sont pas tous réglés (les dettes continuent de s’accumuler, les coachs des équipes de jeunes ne sont pas payés, etc.). Son manque d’expérience administrative est notamment pointé du doigt.
Espérons maintenant que le club pourra se purger et se relever en deuxième division. Et que le plus tragique soit enfin derrière…
Les nouveaux
L’an prochain, nous aurons le plaisir de suivre Kyzyl-Zhar, descendu en 2018 et, plus surprenant, un club qui se situe sur les rives de la Mer Caspienne : le Caspiy Aktau. Ce sera un vrai challenge pour ce club qui accède pour la première fois depuis 2001 à l’élite ! Pour le moment, le club a fait quelques travaux dans son stade, mais personne ne sait s’il aura le budget suffisant pour évoluer en KPL. A suivre.
Le joueur de la saison : Marin Tomasov
Le Croate a effectué sa meilleure saison à Astana, lui qui devait reprendre le leadership technique et de l’attaque. L’ailier droit de 32 ans a mis 26 buts cette saison, dont certains vraiment spectaculaires. En plus, il a 18 passes décisives au compteur. A tout moment, on sentait que la magie pouvait sortir de ses pieds. Un pur régal. Seul bémol ? Il a été blessé ou ménagé lors de rencontres importantes en Coupe d’Europe.
Le retour de l’Union Soviétique ?
Une décision importante a été prise lors d’une réunion du comité exécutif de la Fédération : les joueurs de football qui sont citoyens des États membres de l’Union économique eurasienne (UEEA) possèderont les mêmes droits que les Kazakhs. Cela concerne notamment les 8 joueurs étrangers qui ont le droit d’être inscrit à la KPL au cours d’une saison, et les 6 joueurs étrangers qui ont le droit d’être alignés dans le XI d’une équipe.
Les Arméniens, Biélorusses et Russes, entre autres, entrent donc directement en concurrence avec les Kazakhs et on peut s’inquiéter pour la place des espoirs du pays sur le terrain. En revanche, cela aura forcément un effet sur les meilleurs joueurs kazakhs, qui ne pourront plus négocier leur talent à la hausse avec cette ouverture. Ce qui les obligera peut-être à partir ou à se battre tous les jours pour devenir meilleurs.
La sale expérience : Alkmaar – Astana
Aller à Alkmaar pour faire mon déplacement de l’année était une mauvaise idée. Une très, très mauvaise idée.
Comme de nombreux fans de football qui ont la chance de supporter une équipe disputant la phase de groupes de la Ligue Europa, j’attendais impatiemment le tirage au sort. 13h, je prends ma pause au travail pour suivre le streaming. Astana jouera donc contre… Manchester United, Partizan Belgrade et Alkmaar ! N’ayant pas envie de terminer comme Brice Taton et Old Trafford ne m’attirant pas du tout, ce sera Alkmaar. Bonus : c’est l’un des rares stades que je n’avais pas visités aux Pays-Bas !
Jeudi, jour du départ. L’avion s’envole de Bordeaux à 6 heures du matin pour atterrir à Lille, vu qu’il n’y avait pas de direct pour Amsterdam. Quatre heures d’attente à Lille pour prendre un bus. La journée paraît déjà longue quand j’arrive à Amsterdam. Bon, il faut prendre un ticket pour Alkmaar maintenant…
Mon What’s app vibre. Un message du groupe des Kazakhs qui font le déplacement. Ils rappellent l’adresse, oui bon ça va, je conna… Hein, quoi? Haags Kwartier 55, 2491 BM Den Haag ? Pourquoi le match est à La Haye ? Rapide recherche Google. Et bah ouais, le toit du stade d’Alkmaar s’est effondré il y a déjà plusieurs mois. Comment j’ai fait pour louper cette info ? Tous les rédacteurs de Footballski avait déjà eu vent de cette info. Sauf un : moi.
Je prends donc un billet pour La Haye et, après le match, il faudra que j’aille à Alkmaar, où j’ai bien entendu réservé mon hôtel. Heureusement, il n’y a pas de retard et j’arrive à H-2. Il vente, il fait froid mais je ne sais pas encore que le pire va venir. Il faut que je prenne un billet de tram hors de prix direction l’aéroport pour aller au stade. J’étais déjà allé dans ce stade d’ailleurs et je n’avais pas forcément envie d’y revenir.
Des Kazakhs sont déjà sur place. On prend les cartons et tout l’arsenal de supporter avant d’accéder au parcage avec le sac bien rempli (« désolé, j’ai pas eu le temps de le poser à l’hôtel avant »). Je suis un peu tendu, car il ne faut pas perdre après deux défaites contre Manchester et surtout Belgrade à domicile… Mais j’ai des doutes : les meilleurs joueurs comme Tomasov ne sont pas alignés, le club est en difficulté en championnat et veut se concentrer sur le titre.
Le début de match est sale. L’équipe B d’Astana ne touche pas un ballon. On a la sensation des tribunes que le pourcentage de possession est de 95/5. La prestation de joueurs cadres – ou censés être cadres – comme Janga (qui a un énorme salaire) ou Rotariu est catastrophique. La tornade néerlandaise trouve enfin le but (39e et 43e). 2-0 à la mi-temps et c’est largement mérité !
La deuxième mi-temps est du même accabit. C’est une parodie de match, on dirait une équipe de DHR contre une équipe pro. C’est à dégoûter du football. Après une possession totale et plein d’occasions non converties, Alkmaar marque quatre autres buts, tous dans le dernier quart d’heure.
Il y a même un stadier néerlandais qui se permet de chambrer. La plupart des Kazakhs sont partis énervés, en ressassant le dicton « le football est né en Angleterre, il est mort au Kazakhstan. »
Tête basse, très énervé, on reprend le train. Direction Alkmaar.
Damien F.
Image à la Une : © facebook FC Astana