Habituée à un cavalier seul du Zalgiris Vilnius, la A Lyga a vu l’émergence du Suduva Marijampole pour redonner de l’intérêt à un championnat qui en manquait cruellement. L’arrivée importante de joueurs francophones et étrangers au niveau plus élevé que précédemment vient également renforcer un championnat de Lituanie qui se déroule toujours néanmoins devant des affluences faméliques dans un pays où le basket est roi. Les six premiers mois de cette cuvée 2018 n’ont cependant pas manqué d’intérêt.

La saison 2017 s’était clôturée sur une surprise de taille avec le titre inattendu du Suduva, résultat d’un parcours impérial du club de Marijampole. Pourtant, à la mi-saison, le club ne semblait pas avoir son mot à dire dans la course au titre tant le Žalgiris semblait inaccessible et Trakai un niveau au-dessus. Le Suduva était alors en train de réaliser un magnifique parcours en Ligue Europa, sortant successivement le Shakhtyor Soligorsk, le FK Liepaja puis le FC Sion avant de tomber en barrage contre Ludogorets. Le club réinvestit alors une partie de ses gains européens et recrute le Français Jeremy Manzorro (Anorthosis), Sergio Semedo (Apollon Limassol), Rigino Cicilia (Port Vale), Choco (Lokomotiv Plovdiv) et Josip Tadic (Slaven Belupo). Dans le même temps le favori naturel, le Zalgiris Vilnius, s’effondre complètement à la surprise générale et connais une fin de saison catastrophique. Les deux confrontations entre Suduva et Žalgiris (deux victoires sèches 3-0 du Suduva) démontrent que la meilleure équipe de la saison se trouvait bien à Marijampole.

La carte du football lituanien est donc redessinée. Le Zalgiris Vilnius n’est plus l’unique prétendant au titre et le FK Trakai confirme depuis quelques saisons qu’il est une force vive du championnat. Atlantas, qui avait perdu son mentor en cours de saison, Konstantin Sarsania parti au Zenit (et malheureusement décédé de façon impromptue quelques temps après), semblait à la dérive mais réalise un recrutement à l’intersaison plutôt surprenant vu que les caisses sont vides, il s’agit bien d’un mirage comme nous le verrons un peu plus bas.

Derrière, Stumbras qui avait assez facilement sauvé sa tète dans les playoffs de promotion/relégation contre Banga  reste une éternelle inconnue. Jonava investit allègrement dans le but d’arracher une place en Ligue Europa. L’Utenis annonce dès la clôture de la saison son retrait d’une élite lituanienne pas assez rémunératrice qui profite au Zalgiris Kaunas, le relégué qui sauve du coup sa tête en A Lyga. Enfin, le FK Palanga, champion de D2, tentera d’éviter la relégation.

Comme nous allons le voir, quelques surprises vont se produire durant cette première partie de saison. Par ailleurs, l’excellent parcours des clubs lituaniens sur la scène européenne en 2017 demandait confirmation, l’amateur de football lituanien est comblé en 2018 !

Milos Miskov / ANADOLU AGENCY via AFP Photos

1. Suduva – 48 pts

La saison de la confirmation pour le champion de Lituanie en titre. Et pour l’instant, le Suduva tient son rang. L’effectif a peu bougé au mercato hivernal (hormis le départ du Français Jéremy Mazorro au Zalgiris Vilnius et la fin du contrat du défenseur Rafandah Abu Bakr). L’équipe apparaît même renforcée avec les arrivées du Chilien Gerson Acevedo (Ural, Kairat) et le Français Alassane N’Diaye venu d‘Odessa. Le Suduva est intouchable et doit attendre fin juin pour connaître sa première défaite, des mains du Zalgiris. Juste avant d‘entamer son parcours européen, le club perd deux éléments importants : Josip Tadic se fait voler sa voiture et déclare ne plus se sentir en sécurité en Lituanie et quitte le club et, peu après, le prometteur Karolis Laukzemis est vendu au Deportivo Alavés qui le prête directement en Croatie. Pour les remplacer, Suduva engage Mihet Topgacic et Guilherme Finkler, deux éléments vieillissants qui, pour l‘instant, ne convainquent pas entièrement. Très récemment le Monténégrin Jovan Čađenović (Borac) et l’Autrichien Daniel Offenbacher (Wolfsberger AC) sont également arrivés.

Suduva parvient de nouveau à créer l‘exploit en éliminant l‘APOEL Nicosie (3-1 ; 0-1) avec un triplé de l’attaquant de Curaçao, Rigino Cicilia. Au tour suivant, Crvena Zvezda se montre un morceau trop dur à digérer. Repêché en Ligue Europa, le Suduva écarte, dans un derby balte, le Spartak Jurmala (victoire en Lettonie 0-1 à l‘aller, et un triste 0-0 en Lituanie) qui offre maintenant l’occasion d’un match de prestige contre le Celtic. Suduva doit néanmoins se méfier en championnat d‘un retour d’un Zalgiris Vilnius en net regain de forme.

2. Zalgiris Vilnius – 43 pts

Après une saison 2017 catastrophique, on attendait un Zalgiris Vilnius revanchard en 2018. Grande lessive au sein du noyau en grande partie renouvelé avec les arrivées de Marquinhos (Astra Giurgiu), Marko Tomić (Radnički Nis), Jeremy Manzorro (Suduva), Georgas Freidgeimas (Okžetpes), Tomáš Malec (FC DAC 1904), Tomáš Šimkovič (Aktobe) et Louis Ogana (Braga B). Un nouvel entraîneur, Aurelijus Skarbalius, s’engage pour deux ans. Ancien joueur du club (1992-94) et international (65 sélections), il a ensuite passé la majorité de sa carrière à Brondby et s’est reconverti en entraîneur (Herflge, HB Hoge, Brondby, Viborg). Il s’occupait des jeunes de Brondby depuis 2015.

Hélas, les résultats sont extrêmement décevants et le Zalgiris loin d’être dominateur comme on pouvait l’attendre. Logiquement, Skarbalius est limogé et remplacé par Valdas Urbonas (Ekranas, Trakai, et champion l’année passée en Lettonie avec le Spartaks Jurmala), une valeur sure du championnat. Les résultats sont maintenant présents grâce notamment au Roumain Liviu Antal, retrouvé en attaque, mais la manière fait encore défaut et il subsiste un manque de concrétisation flagrant.

Le parcours européen est marqué par des qualifications logiques contre Klaksvik et Vaduz puis un match de prestige contre le FC Séville. Le match en Andalousie se solde par une courte défaite (1-0) qui laisse la porte ouverte à un exploit à Vilnius, mais Séville se montrera sans pitié en infligeant un cinglant 0-5 au Zalgiris au retour. Le club est maintenant tourné vers une course poursuite avec Suduva qui s’annonce intéressante.

3. Stumbras – 31 pts

Vainqueur de la coupe malgré un parcours en championnat de piètre qualité, le club des mystérieux investisseurs irlandais et du Portugais Mariano Barreto à la fois entraîneur, propriétaire, directeur sportif et agent soufflait le chaud et le froid. La saison 2017 à peine clôturée, cinq joueurs lituaniens annonçaient quitter le club et évoquaient une situation désastreuse tant au niveau financier que de l’encadrement. Baretto temporisait, en expliquant les problèmes de paiement par le départ soudain de deux investisseurs tout en indiquant que des solutions seraient trouvées afin de présenter une équipe compétitive en Ligue Europa.

Le début de championnat est désastreux mais le club se reprend peu à peu alignant six victoires sur ses sept derniers matchs. La Ligue Europa était l’occasion d’une confrontation contre l’Apollon Limassol, a priori beaucoup plus fort. Le match aller est joué à Alytus sous une pluie qui oblige l’arbitre à arrêter le match après pratiquement une heure. Le Géorgien Levan Matcharashvili offre la victoire à son équipe d’une superbe frappe en toute fin de match, un scénario incroyable. Au match retour, l’Apollon s’impose 2-0 mais le club aura rêvé. L’euphorie pourrait ne pas durer puisque l’on apprenait fin août que Barreto devenait « conseiller » au club portugais de Cova de Piedade, de quoi faire planer des doutes sur l’avenir de ce club sans âme.

4. Trakai – 30 pts

Comme à son habitude, Trakai avait privilégié la qualité à la quantité au moment de former son noyau, parvenant à conserver sa star, l’ancien international russe Diniyar Bilyaletdinov. Un des rares transferts est le Belge Etienne Mukanya qui, après un départ en boulet de canon, est un peu rentré dans le rang comme son équipe. Le noyau trop étroit pénalise l’équipe qui se montre très inconstante. Résultat, Trakai se sépare de son entraîneur Oleg Vasilenko et le remplace par l’Espagnol José Antonio Vicuna, dit « Kibu ». En juin, le club a profite des problèmes d’Atlantas pour y récupérer quatre joueurs, tout en signant un second Belge, Kevin Ntika Bondombe (KVK Ninove).

La campagne en Ligue Europa est une réussite, Trakai éliminant les Gallois de Cefn Druids, les Kazaks de l’Irtysh Pavlodar avant de tomber logiquement contre le Partizan Belgrade. Reste maintenant à redresser la barre en championnat. Le club semble décidé à se donner les moyens de ses ambitions en recrutant plusieurs joueurs à la mi-août.

5. Zalgiris Kaunas – 27 pts

Sauvé en 2017 par l’exclusion de Silas pour des matchs truqués, le Zalgiris Kaunas, relégué sur le terrain, est sauvé cette saison par la décision d’Utenis d’abandonner le niveau professionnel pour repartir en D2 se consacrer à la formation. Avec un noyau toujours limité, le Zalgiris Kaunas fait pour l’instant mieux que les saisons précédentes. Le club a recruté le brésilien Joao Figueiredo venu de Belo Horizonte B qui pour l’instant montre de belles choses. Pour l’anecdote, le club aligne encore parfois le vétéran Ignas Dedura (40 ans, ancien du Spartak Moscou) qui à été remplacé par son fils Matas Dedura (16 ans) à l’occasion d’un match contre Trakai !

FK Atlantas / Facebook

6. Atlantas – 21 pts 

Suite au départ de Konstantin Sarsania, le doute plainait sur l’avenir d’Atlantas qui avait fini la saison 2017 de façon chaotique. A l’étonnement général, le club se montrait très actif au mercato hivernal, recrutant une équipe tenant la route comprenant le Belgo-Turc Anil Koc, ancien joueur du Standard de Liège. La question que tout le monde se posait dans le monde du football lituanien était de savoir avec quels fonds le club payait ses joueurs. Il faut noter également qu’une prestation curieusement catastrophique du gardien letton, Pavel Dorosev, dans un match contre le Zalgiris Vilnius avait suscité de nombreuses interrogations.

Au bout de trois mois, la réponse était connue : il ne les payait pas. S’en suit un exil massif du noyau ne croyant plus aux promesses du patron du club, Vacys Lekevicius, de trouver de mystérieux investisseurs russes, serbes, turcs. La fédération, pour permettre au club de trouver une solution, a reporté ses derniers matchs. Et, à la surprise générale, alors que tout le monde pensait que le club allait mettre la clé sous le paillasson, il vient de reprendre la compétition avec de nouveaux joueurs : le Belge Omar Diarra (Wiedenbrük), le gardien polonais Dawid Smug et des joueurs russes de divisions inférieures dont on ne sait toujours pas non plus comment ils seront payés.

7. Palanga – 19 pts

Le promu avait fait fort en recrutant Lukman Haruna, ancien de l’AS Monaco et du Dynamo Kiev. Hélas, s’il a montré de belles choses quand il était sur le terrain, le Nigérian est fragile et souvent blessé, le club vient donc de s’en séparer. Recrutement très francophone avec Waly Diouf (Leganes B), Yven Moyo (Stades Lavallois) et Brice Goupy venu d’une D3 roumaine. Waly Diouf a déjà plié bagages, pas totalement à l’aise sur les bords de la Baltique. Après un début de saison prometteur, le club est rentré dans le rang et devra sans doute lutter jusqu’à la fin pour éviter la relégation.

8. Jonava – 17 pts

Première partie saison catastrophique pour Jonava. Et pourtant, les ambitions étaient élevées en début de saison avec un staff portugais ainsi que le recrutement de valeurs sûres du championnat et de nombreux étrangers. Ce fut un échec total. Le propriétaire du club, désabusé, a laissé entendre qu’il pourrait revoir son investissement à l’avenir. Au mercato, ce fut logiquement la grande lessive, une équipe entière prenant la porte remplacée par des joueurs a priori moins forts. L’incertitude règne sur l’avenir à long terme du club.

Viktor Lukovic


Image à la une : FK Trakai / Facebook

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