Un projet enthousiasmant en tête du championnat, un Dinamo Tbilissi en embuscade, des rivaux qui se tirent la bourre et un ancien champion qui se la joue Arche de Noé, c’est 6 mois de football en Géorgie et c’est tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le football géorgien.

Saburtalo c’est costaud

Le « mini-barça géorgien » n’en finit plus de surprendre dans ce championnat. Le club fondé il y a tout juste 20 ans domine en effet le championnat de la tête et des épaules (14 victoires en 18 matchs) grâce à une bande de jeunes joueurs au jeu parfaitement huilé. Connu pour être une des meilleures académies de football de Géorgie les dirigeants de Saburtalo n’espéraient même pas en arriver à ce résultat aussi vite. Connu également pour être adeptes des préceptes de jeu du FC Barcelone ils régalent par ailleurs chaque week-end avec un jeu technique étonnement précis et un système de jeu parfaitement intégré par ses joueurs. Même après la perte de leur meneur de jeu Giorgi Kharaishvili, parti contre une somme record (2,5 millions) pour l’IFK Göteborg, Saburtalo a continué à dominer le championnat et compte 5 points d’avance sur le Dinamo Tbilissi à la trêve. Avec des pépites comme le gardien Kupatadze, le latéral gauche Lakvekheliani ou encore l’ailier franco-brésilien Vagner Gonçalves et une telle confiance emmagasinée, le club d’un quartier huppé de Tbilissi pourrait même envisager le titre à la fin du championnat.

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Le Dinamo Tbilssi et Dila Gori à la poursuite

Placé en embuscade à 5 petits points de Saburtalo le Dinamo Tbilissi semble s’être enfin racheté une stabilité depuis le retour de l’entraineur Khaka Katcharava à l’automne dernier. Surtout le Dinamo est redevenu cette pépinière de jeunes talents, encadrés par quelques vieux briscards. On aura ainsi eu droit sur ces 6 premiers mois au récital du chef d’orchestre Kiteishvili (22 ans), récompensé par un transfert estival au Sturm Graz, à l’émergence de Nika Ninua (19 ans) en sentinelle du milieu de terrain ou encore aux sprints rageurs d’un Akaki Shulaia (18 ans) décidé à brûler les étapes. Une jeunesse et un manque d’expérience malheureusement criant quand il s’agissait de remporter le dernier championnat sur un dernier match décisif, ou face au DAC Dunajska Streda au premier tour préliminaire d’Europa League. Malgré un match nul 1-1 en Slovaquie et l’avantage au score au match retour les dinamoelis se sont faire reprendre dans les dernières minutes et s’arrêtent prématurément, alors qu’ils ont peut être livré leurs meilleurs matchs européens des 5 dernières années. Qu’importe, en championnat le Dinamo Tbilissi parait le mieux armé pour remonter l’avance prise par Saburtalo.

Juste derrière on retrouve également un Dila Gori en pleine renaissance. Passé tout proche des barrages de relégation l’an dernier le Dila s’est structuré autour d’un effectif un peu plus expérimenté et à l’accent portugais. On retiendra de cette équipe notamment le prometteur ailier Leandro Ribeiro, formé à l’Internacional Porto Alegre, auteur de 9 buts en 15 matchs. Associé à l’ukrainien Mikola Kovtalyuk (10 buts en 18 matchs), cela nous donne une attaque à l’accent assez exotique, le tout renforcé au milieu de terrain par le Ghanéen Lamptey et le Kenyan Obiero.

Kutaisi, Chikhura et le Locomotive dans le ventre mou

Derrière ce trio de tête se situent 3 autres équipes aux parcours assez inégaux. Le Torpedo Kutaisi, champion en titre avait plutôt bien négocié son début de saison avant de caler un peu, puis de se relancer. On devrait néanmoins les revoir rapidement menacer le trio de tête. Les iméréthiens ont en effet réalisé un mercato très prometteur en recrutant notamment Marek Hlinka, milieu de terrain au profil de guerrier venu du Banik Ostrava, l’expérimenté latéral Levan Gegetchkori ou encore l’ex-future star Mate Tsintsadze, revenu à un niveau d’ambition un peu plus modeste. Surtout le Torpedo devrait engranger une belle confiance après leur parcours européen. Défaits avec les honneurs par le Sheriff Tiraspol en Ligue des Champions ils se sont ensuite amusés par aux Féringiens de Vikingur (7-0 en cumulé) et aux Albanais de Kukesi (5-2 à Kutaisi).

L’autre club engagé dans les compétitions européennes à savoir le Chikhura a d’ailleurs également réalisé une très belle performance en allant obtenir sa qualification lors du 1er tour sur le terrain du Beitar Jérusalem (2-1). Logiquement inférieurs à Maribor ils ont néanmoins donné du fil à retordre aux slovènes, en ne concédant deux buts que lors des 20 dernières minutes du match retour, et alors que sur une dernière occasion chaude ils auraient même pu arracher une égalisation et par la même la qualification. En championnat le Chikhura réalise ainsi une saison à l’image du club : stable, serein et modeste. Il faudra encore une fois compter sur le Chikhura jusqu’à la fin de la saison pour lutter avec les meilleurs.

Reste alors le Locomotive Tbilissi qui après un départ catastrophique (6 défaites sur les 8 premiers matchs) a complètement renversé la vapeur et vise désormais un peu plus haut. Malgré le départ de leur principal atout offensif Vato Arveladze, envolé vers le championnat polonais et le Korona Kielce, les joueurs de la capitale ont retrouvé un peu de stabilité défensive. Ce devrait cependant être encore un peu trop juste pour jouer les premiers rôles à la fin de la saison. Une ambition de jouer les premiers rôles que le FC Rustavi a vite mis de côté. Auteurs d’un recrutement très séduisant à l’intersaison avec notamment l’arrivée des éléments offensifs du Dinamo comme Mikeltadze et Kavtaradze, rejoints par Kvaratshelia en juin, ou encore le retour de Mate Tsintsadze de son calvaire polonais, on pensait le promu armé pour jouer le haut de tableau cette saison. Malheureusement si la mayonnaise a pris en début de saison il n’en est plus du tout de même 6 mois après. Tsintsadze et Gegtchkori partis donc à Kutaisi, Mikeltadze à l’Anorthosis et d’autres mouvements dans l’effectif ont eu raison du fragile édifice construit par l’entraineur. Reste donc à se concentrer sur le maintien d’ici la fin de saison.

Shulaia et Kiteishvili, la jeune garde du Dinamo Tbilissi – Erovnuli Liga.com

Une zone de relégation incertaine et le grand n’importe quoi de Samtredia

On l’annonçait en début de saison dernière, le mercato de Samtredia avait de quoi rendre assez sceptiques les suiveurs, avec l’arrivée d’une colonie de joueurs étrangers aux parcours tous plus improbables que les autres. Résultat une seule petite victoire en 20 matchs de championnat. Parmi ces joueurs arrivés à Samtredia, on a donc notamment cité Vincent Weijl, un hollandais passé par l’académie de Liverpool, la troisième division espagnole, la seconde division hollandaise et danoise, Hong Kong et l’USL américaine. Las, après 10 petits matchs, il rompt son contrat et rejoint un nouveau championnat, en Islande cette fois-ci.

Un nouveau pays pour le globe-trotter pour qui la Géorgie restera le « pire souvenir footballistique ». On n’en est pas loin pour Henri Ndong, ancien d’Auxerre et de Saint Étienne pour qui il y a « En général en Géorgie un problème de discipline tactique. Sans compter que beaucoup de joueurs ne se comportent pas en professionnel, en tout cas la majorité des joueurs avec qui j’ai joué à Samtredia. Pour ainsi dire il n’y avait pas de programme d’entrainement à Samtredia, en tout cas il changeait très souvent. J’aurais pu débarquer au stade et jouer le match sans préparation, il n’y avait aucun suivi des joueurs« . En conséquence, près d’une quinzaine de joueurs ont déjà rompu leur contrat avec le club champion il y a deux ans. Dur de construire pour la saison à venir. La lutte pour le maintien devrait donc se jouer avec le Kolkheti Poti, habitué de l’ascenseur et clairement en dessous cette saison, mais aussi le Sioni Bolnisi, qui a pourtant les moyens semble-t-il de faire de meilleures choses.

La minute Erovnuli Liga 2

La lutte pour la montée est toujours aussi passionnante, avec des équipes aux projets intéressants. On retrouve ainsi en tête le Dinamo Batumi, en passe de retrouver l’élite un an après sa descente. Alors que le club est un train de construire un stade de 20 000 places rappelons qu’ils sont près de 3000 à chaque match sur le petit stade de la base d’entrainement du club de la mer Noire pour voir les exploits de « l’autre Dinamo ». Un engouement populaire qui fera du bien pour l’Erovnuli Liga, d’autant plus quand ce nouveau stade sera construit. Juste derrière, les places pour les barrages devraient se jouer entre le FC Gagra, toujours placé ces dernières saisons, mais sans réussite, et le WIT Georgia, qui construit année après année un projet intéressant. Notons en revanche dans le bas du classement le Merani Martvili, tout proche de la montée l’an dernier et qui lutte pour ne pas descendre aujourd’hui.

Le XI des 6 mois

Ils auraient pu y être : Giorgi Kokhreidze (FC Saburtalo), Akaki Shulaia (Dinamo Tbilissi), Kvicha Kvaratskhelia (FC Rustavi)… 

Antoine Gautier


Photo de couverture : Erovnuli Liga.com

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