Énième duel en Ukraine entre le Shakhtar et le Dynamo. Retour sur cette saison 2018-2019 qui a vu le club de la ville de Donetsk l’emporter pour la troisième année consécutive.
Favori à sa propre succession, le double tenant du titre a de nouveau tout raflé en Ukraine en 2018/2019… ou presque. La saison avait en effet plutôt mal commencé pour le Shakhtar Donetsk avec une défaite en Super coupe face au Dynamo Kiev (0-1). Le club du Donbass s’inclinera ensuite une nouvelle fois face à son grand rival lors de la troisième journée (0-1) et ne prendra la tête du classement qu’à partir de la septième journée pour ne plus la lâcher ensuite. Cette défaite sur le terrain du Dynamo Kiev sera la seule concédée en championnat durant la saison par le Shakhtar qui aura survolé le championnat avec douze points d’avance sur son grand rival. Outre le championnat, le Shakhtar Donetsk a également remporté la coupe d’Ukraine. Ayant fait le plus dur en éliminant le Dynamo Kiev en quarts de finale (1-1, 4-3 t.a.b.), le champion en titre a ensuite battu deux équipes de l’étage inférieur sur la route de son sacre : le SK Dnipro-1 en demi-finales (2-0) et l’Inhulets Petrove en finale (4-0).
Taison, Marlos et Maycon ayant été absents plus ou moins longtemps sur blessure, c’est Júnior Moraes qui a été l’homme clé de la saison. Arrivé gratuitement du Dynamo Kiev, l’attaquant de 32 ans a marqué les esprits et terminé meilleur buteur du championnat avec 19 buts. Naturalisé ukrainien, il a aussi fêté sa première sélection au Portugal fin mars lors des éliminatoires de l’Euro 2020 (0-0). Sa naturalisation précipitée a entraîné une controverse sur son éligibilité qui a manqué de peu de coûter deux défaites sur tapis vert à l’Ukraine.
Le seul point noir de la saison du Shakhtar réside dans la faiblesse de ses résultats européens. Qualifié pour la Ligue des Champions et versé dans un groupe homogène où figuraient également Manchester City, Lyon et Hoffenheim, le champion d’Ukraine a raté de peu la qualification pour les huitièmes de finale. Sévèrement battu à deux reprises par le club anglais (0-3, 0-6), le Shakhtar s’est donné le droit de rêver après une victoire sur le fil en Allemagne (3-2) mais a raté le coche face à Lyon. Alors qu’il n’avait besoin d’une victoire face à Lyon pour passer le premier tour, le Shakhtar Donetsk a concédé le nul (1-1) dans des conditions dantesques. Reversé en Ligue Europa, le Shakhtar n’a pas fait le poids en seizièmes de finale face à l’Eintracht Francfort (2-2, 1-4).
Le Shakhtar Donetsk abordera la saison 2019/2020 en favori à sa propre succession. Il tentera de faire aussi bien sur la scène domestique en essayant cette fois de franchir le premier tour de la Ligue des Champions. L’effectif est resté plutôt stable avec aucune arrivée majeure et les départs d’Ivan Ordets (vers le Dynamo Moscou) et de Wellington Nem (prêté à Fluminense). Des jeunes comme Danylo Sikan ou Valeriy Bondar, membres de l’équipe d’Ukraine championne du monde des moins de vingt ans, devraient acquérir davantage de temps de jeu. C’est au niveau du staff que les principaux changements ont eu lieu : le Portugais Luís Castro est arrivé du Vitória Guimarães pour succéder à son compatriote Paulo Fonseca qui a signé à l’AS Rome.
La saison avait si bien commencé pour le Dynamo Kiev, vainqueur de l’ennemi héréditaire en Supercoupe avant d’enchaîner cinq victoires de rang et un nouveau succès face au Shakhtar. Installé en tête du classement à la mi-août, Kiev n’y reste que deux petites journées. La fin de l’été est rude avec un tour préliminaire de Ligue des champions face à l’Ajax à négocier en parallèle du championnat. Le Dynamo perd de gros points début septembre avec deux matchs nuls et une défaite à domicile face au Karpaty Lviv. Kiev retrouve sa place de chasseur derrière un Shakhtar qui ne fait pas d’erreur. Pire encore, le leader creuse l’écart après une défaite inquiétante au Stade Olympique contre un surprenant FK Lviv totalement désinhibé.
La semaine suivante voit le clasico ukrainien prendre place à Kharkiv. Les deux équipes font globalement jeu égal et se dirigent vers un match nul quand Viktor Kovalenko, tout juste entré en jeu, décoche une frappe diabolique dans la lucarne de Denys Boyko. Une défaite cruelle qui marque le tournant de la saison : désormais, le Shakhtar n’est plus à portée de tir. Abattu, le Dynamo s’incline par la suite une quatrième fois, à Oleksandriya. Cette fois-ci, la situation est plus que préoccupante puisque le club de la capitale chute à la troisième place.
Le mercato hivernal est agité pour Kiev qui s’attache les services de l’attaquant espagnol Fran Sol pour palier la blessure d’Artem Besedin. Mais sa plus belle trouvaille, le Dynamo l’a fait au Pôle Emploi en signant Carlos De Pena, ailier uruguayen passé par Middlesbrough et libre de tout contrat. De Pena se montre tout de suite à son avantage sur l’aile gauche, faisant presque oublier Benjamin Verbic. Des performances étonnantes pour un joueur sans club depuis plus de six mois. Quoi qu’il en soit, Kiev ne lâche plus rien jusqu’à la fin de saison. Quatre nuls et six victoires en playoffs permettent au Dynamo de terminer l’exercice 2018/2019 à la seconde place. Une déception en soi, largement transformé en échec patent avec ces onze points de retard sur Donetsk.
Du côté des satisfactions, Viktor Tsygankov a parfaitement intégré son rôle de successeur d’Andriy Yarmolenko avec 18 buts et 13 passes décisives en championnat. Il faut aussi noter l’éclosion à l’arrière gauche du jeune Vitaly Mykolenko, pétri de talent. Les belles performances des jeunes du centre de formation ne doivent pourtant pas faire oublier les couacs de cette saison. Les Brésiliens Vitor Bueno et Tche Tche s’en sont allés après un passage fantomatique à Kiev, le crack danois Mikkel Duelund n’est toujours pas devenu un crack et le poste d’avant-centre laisse terriblement à désirer. La route semble encore longue pour devancer à nouveau le Shakhtar.
Finalement, pour ce qui est de la deuxième partie de la saison 2018-2019, le FK Oleksandriya n’aura pas pu suivre le rythme du Dynamo Kiev qu’il talonnait (trois petites victoires en quatorze matchs), mais qu’importe : avec cette troisième place qui assure au club une participation à la phase de poules de la Ligue Europa 2019-2020, Oleksandriya a plus que réussi sa mission ! Rappelons qu’Oleksandriya avait terminé à une décevante septième place la saison dernière et que la qualification directe pour les poules de la Ligue Europa lui évitera les désillusions des tours préliminaires de 2016 (c. Hajduk Split) et de 2017 (c. BATE Borisov). L’essentiel a été accompli en première partie de saison avec ces cinq victoires en six matchs, en octobre-novembre 2018 avec six victoires en huit matchs puis lors d’un sursaut en mars-avril 2019 avec trois victoires pour une courte défaite contre le Shakhtar Donetsk.
En attaque, les principaux artisans de la réussite de la saison ont été les milieux de terrain Yevhen Banada (30 apparitions, 9 buts), Kyrylo Kovalets (26 apparitions, 5 buts) et Dmytro Shastal (22 apparitions, 4 buts) davantage que l’attaquant Artem Sitalo qui a tout de même trouvé les filets deux fois plus souvent que la saison dernière (29 apparitions, 4 buts). Le défenseur Andriy Tsurikov, déjà buteur la saison dernière, a récidivé en marquant le triple de buts (24 matchs, 3 buts). En défense, le rôle important d’Anton Shendrik est à souligner, sans compter le gardien expérimenté Yuriy Pankiv qui a gardé les cages toute la saison.
Belle saison pour le FK Mariupol qui retrouvera l’Europe et s’évitera un tour préliminaire en ayant chipé la quatrième place au Zarya Lugansk lors de la dernière journée en s’imposant lors de la réception de ce dernier. La saison aura été marquée principalement par l’irrégularité des résultats. En effet, aucune tendance logique ne se dégage de l’intégralité de la saison où le FK Mariupol n’aura que rarement enchaîné deux résultats consécutifs. C’est au final la capacité du club à remporter des matchs serrés et à tirer parti de l’irrégularité de ses concurrents qui lui auront permis d’accéder à une belle quatrième place. C’est avec une équipe composée à la fois d’expérimentés comme l’attaquant Ruslan Fomin (auteur de 7 buts en 22 matchs) et de jeunes comme le milieu Oleksandr Zubkhov (8 buts en 22 matchs) ou l’attaquant Andriy Boryachuk (7 buts en 28 matchs).
Néanmoins, on imagine mal le FK Mariupol aller bien loin en Europe où il était déjà engagé cette saison. En effet, Mariupol avait franchi très difficilement le deuxième tour préliminaire contre les Suédois du Djurgårdens IF (aller à Stockholm 1-1 ; retour délocalisé à Odessa par l’UEFA 2-1 a.p.), puis n’avait rien pu faire contre Bordeaux au tour suivant (aller à Odessa 1-3 ; retour à Bordeaux 1-2). Aucun club ukrainien hors Shakhtar, Dynamo, Dnipro et Metalist engagé dans les préliminaires n’est parvenu à accéder à la phase de poules depuis que le niveau du championnat ukrainien a chuté à cause de la crise ukrainienne.
Le principal est assuré. Le Zarya Lugansk participera bien à la Ligue Europa la saison prochaine. En dehors de ceci, on regrettera que le Zarya ait autant manqué de constance jusqu’à symboliquement perdre la quatrième place du classement sur la ligne d’arrivée, comme une perte de contrôle sur le statut de troisième larron du championnat ukrainien post-Dnipro/Metalist.
Le Zarya Lugansk pourra principalement tirer sa fierté pour son beau combat lors des tours préliminaires de la Ligue Europa auxquels il a participé. Tiré d’abord contre le Sporting Braga, le Zarya a réussi quelque chose de beau en éliminant l’habitué portugais (1-1 ; 2-2). Malheureusement, le club de Lugansk n’a pu tirer parti du bénéfice du coefficient UEFA du club portugais puisqu’il est tombé sur le RB Leipzig comme s’il était sur les traces de l’Olympique de Marseille de 2017-2018. La double rencontre est particulièrement cruelle. Tenu en échec à l’aller à Zoporijjia en infériorité numérique (0-0), il ne perd sa qualification au retour en Allemagne que dans les tous derniers instants sur penalty (2-3). Le Zarya est ainsi passé à un rien de réussir joliment sa saison européenne, mais le sort qui lui était arrivé en 2014 face au Feyenoord a frappé de nouveau. Le reste de la saison n’a été qu’inconstance, pas loin d’ailleurs d’être encore plus marquée que Mariupol.
En Coupe, le Zarya était parvenu à se défaire de deux pensionnaires d’UPL avec le Desna Chernihiv et le FK Lviv, pour s’incliner bêtement contre l’Inhulets Petrove (1-2), deuxième division ukrainienne, aux portes de la finale. Encore plus inconstant en UPL, le Zarya n’a eu que pour seul coup d’éclat le redressement des résultats en novembre et décembre 2018 avec 13 points obtenus sur 15 possibles. Pour la saison 2019-2020, le Zarya Lugansk essayera de se qualifier pour la phase de groupe de la Ligue Europa – chose qui s’annonce compliquée – et de retrouver son podium en UPL, mais il devra gérer l’après Karavayev, grande star du club qui vient de rejoindre le Dynamo Kiev.
Grâce à sa fusion avec le Veres Rivne, le second club de Lviv a réussi l’exploit de passer de la D3 à la D1 en quelques jours. Les deux clubs, tombés aux mains du même propriétaire, ont tout simplement inversé leurs noms et leurs couleurs. La base du club reste quant à elle la même que celle du Veres Rivne.
Le début de saison est pénible pour Lviv qui peine à trouver ses marques et ne parvient pas à s’extirper du fond du classement. En revanche, les points pris le sont de manière intelligente et bien utile. Ainsi, Lviv se paye ses concurrents directs (Arsenal et Chornomorets) ainsi que le luxe d’humilier chez lui le Dynamo Kiev fin octobre. Lviv s’appuie sur une colonne vertébrale de talent. Volodymyr Adamyuk rayonne en défense quand son coéquipier brésilien Bruno se montre à son avantage avec 9 réalisations en championnats. Mais la trouvaille du FK est bel et bien l’autre brésilien, Lucas Taylor, prêté par Palmeiras. Véritable couteau Suisse, Taylor est au four et au moulin dans cette équipe, tantôt sur l’aile tantôt au cœur du jeu. Avec une équipe séduisante, l’ex Veres termine la saison régulière en fanfare avec trois victoires sur les cinq derniers matchs. Mieux encore, sa victoire sur le terrain de Chernigiv lors de la dernière journée permet à Lviv de gagner trois places au sprint et de se classer in-extremis dans le groupe Europe.
Débarrassé de cette huitième place qui lui collait à la peau depuis l’automne, le FK Lviv se frotte au groupe de tête pour ces playoffs. Première déconvenue, son meilleur élément le brésilien Lucas Taylor est de retour à Palmeiras, son prêt étant terminé. L’ambiance n’est plus la même au côté des leaders et le FK enregistre huit défaites en dix matchs. Ses seuls points pris interviennent lors d’une victoire sur Oleksandriya ainsi qu’un nul contre Lugansk. C’est bon dernier du groupe Européen que se classe Lviv, mais avec une encourageante sixième place au général.
Troisième en 2017/2018 et à ce titre directement qualifié pour les phases de poule de la Ligue Europa, le Vorskla Poltava souhaitait poursuivre sur sa lancée en 2018/2019. Il n’y sera malheureusement pas parvenu, faute de régularité. Le Vorskla aura en effet alterné victoires et défaites et passé la majeure partie de sa saison coincé dans une sorte d’entre-deux, entre places européennes et deuxième partie de tableau. Il aura notamment réalisé une étonnante série de vingt matchs sans le moindre résultat nul (neuf victoires pour onze défaites après vingt journées) avant d’être tenu en échec sur les deux dernières journées de la saison régulière. L’un de ces résultats a eu son importance : c’est en concédant en toute fin de rencontre l’égalisation face à l’Arsenal Kiev (2-2) lors de la dernière journée de la première phase que le Vorskla Poltava a laissé échapper une place dans le top six et donc une qualification européenne.
La deuxième phase a heureusement été un peu plus sereine pour le Vorskla qui n’a jamais été réellement concerné par la lutte pour le maintien. Septième, le Vorskla Poltava a même décroché l’honorifique « trophée Prestige » pour la deuxième fois de son histoire après 2017. Le parcours en coupe a en revanche été plutôt décevant avec une élimination en quarts de finale par le SK Dnipro-1, futur champion de deuxième division (0-2).
Sur la scène européenne, le club de Poltava a été plutôt décevant. Sans surprise, il n’a pas survécu dans un groupe difficile où figuraient Arsenal et le Sporting Portugal (une victoire pour cinq défaites) mais il a décroché la première victoire de son histoire sur la scène continentale en s’imposant (1-0) sur le terrain de Qarabağ, fin octobre. Le Vorskla a également manqué d’un rien une victoire historique face au club de la capitale portugaise puisqu’il menait 1-0 jusqu’au temps additionnel avant de concéder deux buts en deux minutes et de s’incliner (1-2).
La saison prochaine, le Vorskla Poltava tentera d’être plus régulier pour, pourquoi pas, de nouveau goûter à l’Europe.
Promu pour la première fois de son histoire dans l’élite ukrainienne (à l’issue d’un barrage de promotion/relégation), le Desna Chernigiv n’avait d’autre objectif pour cette saison 2018/2019 que le maintien. Le Desna s’est acquitté de sa tache avec brio, en ayant même été un temps candidat aux places européennes. Il terminera finalement la saison régulière à la huitième place, à deux petits points de Mariupol, dernière équipe de la première moitié de tableau.
La deuxième partie de saison se déroulera elle aussi plutôt bien puisque le Desna ne sera à aucun moment concerné par la lutte pour éviter les barrages où la relégation. Il aura au contraire fait face jusqu’au bout au Vorskla Poltava dans la lutte pour le « trophée Prestige », ne cédant qu’à quatre journées du terme. Emmené notamment par les frères Denys et Artem Favorov, Oleksandr Filippov ainsi que Denys Bezborodko, le Desna Chernigiv a du reste atteint les huitièmes de finale de la coupe d’Ukraine, éliminé aux tirs au but par le Zarya Lugansk (1-1 a.p., 4-5 t.a.b.).
L’objectif de cette deuxième saison consécutive dans l’élite pour le Desna sera, à nouveau, le maintien.
Saison très médiocre pour l’Olimpik Donetsk. L’autre club de Donetsk, délocalisé à Kiev et entraîné par l’emblématique Vyacheslav Shevchuk (depuis octobre 2018), a commencé la saison de façon irrégulière et s’est écroulé pendant l’hiver en ne gagnant pas un seul match entre le 21 octobre et le 23 avril. La fin de saison a néanmoins vu une amélioration avec trois victoires en cinq matchs contre l’Arsenal Kiev (2-0), le Karpaty Lviv (3-2) et les Chornomorets Odessa (2-1) avant de terminer invaincu les trois derniers matchs ; ces trois points ont eu leur importance puisqu’à un point près, l’Olimpik allait en barrages ! La saison a été plus intéressante en Coupe, bien que brève. Éliminant sans gloire le Zirka Kropyvnytskyi aux tirs aux buts (1-1, 5-4 t.a.b. ), l’Olimpik perd avec les honneurs dans le derby contre le Shakhtar disputé à Kharkiv en huitième de finale (2-3).
L’arrivée de l’attaquant sénégalais Matar Dieye à la trêve hivernale a joué un rôle important dans le sprint final et sept buts ont été inscrits par ses soins en treize apparitions, soit presque autant que l’attaquant principal Maksym Dehtyarov et ses huit buts en 30 apparitions. Le Français de l’équipe, Maxime Do Couto Teixeira, a été un titulaire indiscutable et a disputé un total de 27 matchs.
C’était écrit : à nouveau, le Karpaty Lviv allait lutter pour le maintien. Et ce qui était écrit s’est produit, avec une saison très difficile pour le club de l’ouest du pays. Quatrième à l’issue de la troisième journée, le Karpaty a passé le reste de la saison en dessous de la huitième place et a terminé la saison régulière à neuf points de Mariupol, sixième. Il terminera finalement à la dixième place, ne pouvant éviter les barrages de promotion/relégation.
Heureusement pour lui, le Karpaty Lviv a remporté le match de la peur. Un match en forme de derby face à un ancien habitué de l’élite : le Volyn Lutsk. Après avoir concédé le nul à domicile, le Karpaty l’a emporté sur le terrain de son adversaire au retour (3-1, transformée en victoire sur tapis vert 3-0 en raison des incidents qui ont émaillé la fin de rencontre). En Coupe d’Ukraine, le parcours du Karpaty s’est arrêté en quarts de finale avec une défaite aux tirs au but face à l’Inhulets Petrove, futur finaliste (1-1, 4-5 t.a.b.).
Un seul joueur se sera distingué positivement au cours de cette saison difficile : Maryan Shved. L’enfant du pays, revenu au bercail en 2017 après un passage raté de deux ans chez les jeunes du FC Séville, a terminé troisième meilleur buteur du championnat avec 14 buts et a assuré quasiment à lui tout seul le maintien de son club dans l’élite. Transféré au Celtic durant le mercato hivernal, Shved a été autorisé à terminer la saison avec le Karpaty même s’il n’a pas disputé le barrage, le club écossais ayant choisi de le faire revenir plus tôt que prévu pour faciliter son intégration. Le départ de Shved sera difficile à compenser pour le Karpaty Lviv qui aura également perdu Denys Miroshnichenko, parti disputer la Ligue Europa avec Oleksandriya. Une nouvelle saison galère s’annonce.
Les saisons se suivent et se ressemblent pour le Chornomorets. Sauvé de la relégation de justesse l’an passé après la faillite du FC Poltava, le club d’Odessa renouvelle sa performance avec une avant-dernière place au classement. Avec un effectif en partie renouvelé, l’exercice 18/19 commence plutôt bien pour Odessa qui s’installe dans le groupe de tête grâce à deux victoires sur les quatre premières rencontres plus un match nul intéressant face au Dynamo. Le vent aurait-il enfin tourné sur le port d’Odessa ? L’optimisme est de courte durée puisque le Chornomorets enchaîne neuf défaites de suite. Zéro point pris sur les mois de septembre et octobre. Le club chute de la cinquième à la onzième place. Oubliés les rêves d’Europe, l’objectif est dès lors d’éviter cette dernière place synonyme de relégation directe. La phase retour n’est guère plus reluisante. L’effectif se révèle bien faible pour la D1 et les marins n’enregistrent que deux victoires, face à l’Arsenal et au FK Lviv.
Le premier mois des playoffs est tout aussi décevant avec deux points pris sur douze possibles. Pire encore, le Chornomorets glisse à la dernière place du classement. Alors que l’humiliation se profile, Odessa se cherche un héros. La ville de Richelieu (petit fils) est récompensée de ses prières. L’attaquant Islandais Árni Vilhjálmsson, arrivé en prêt de Pologne dans les dernières heures du mercato, sort de l’ombre pour inscrire 7 buts en 10 rencontres. Le Chornomorets s’impose à Chernigiv, chez le leader du groupe, avant de battre le Karpaty, le Vorskla (alors premier du groupe) et de nouveau le Desna Chernigiv. Odessa sauve sa tête in extremis lors de l’avant dernière journée avec une belle série de trois victoires de suite. Un moindre mal avec cette avant dernière place qui offre tout de même au club la chance de se maintenir en affrontant le Kolos Kovalivka, second de Persha Lyga.
Malheureusement pour eux, les marins d’Odessa laissent passer leur chance lors du match aller avec un nul à domicile. En ballotage défavorable, l’avant dernier d’UPL s’incline (2-0) à Kovalivka, le petit village de 1500 âmes qui accède donc à l’élite en condamnant par la même Odessa à une relégation qui lui tendait les bras depuis deux ans.
De retour dans l’élite après une faillite en 2013, l’Arsenal Kiev connait un début de saison mouvementé. Les arrivées prometteuses de Denys Balanyuk, Vladyslav Alexeev, Pavlo Orikhovskyi ainsi que l’entraîneur Fabrizio Ravanelli laissent rapidement place à la déception. Quatre défaites de suites en ouverture de saison place le promu à la dernière position du championnat, qu’il ne quittera plus jamais. S’en suit une correction cinq à zéro par Lugansk avant que Ravanelli ne quitte son poste. L’intérim est assuré par Viacheslav Groznyi avant qu’Igor Leonov, ancien coach des U19 du Shakhtar ne prenne le poste. La perte de l’attaquant Sergiy Gryn, de retour de prêt à Donetsk puis transféré au Danemark n’arrange pas la situation du club qui patauge en fond de classement. L’Arsenal n’enregistre que trois petites victoires et trois nuls à la fin de la saison régulière.
Les playoffs sont à peine de meilleure facture pour le second club de Kiev qui s’impose quatre fois sur les cinq premières confrontations. Le défenseur central Sergiy Vakulenko se montre à son avantage en cette deuxième partie de saison mais ne peut éviter la relégation de son club. Les cinq derniers matches de la saison se ponctuent par trois défaites et deux nuls et condamne le promu à la dernière place synonyme de descente immédiate. Pire défense et pire attaque du championnat avec un goal average de -30, l’Arsenal Kiev est logiquement rétrogradé en deuxième division. Pour preuve des difficultés du club, c’est le défenseur central Sergiy Vakulenko qui termine meilleur buteur de la saison avec 7 réalisations. Des statistiques peu reluisantes pour ses camarades.
Depuis sa relégation, l’Arsenal Kiev n’a pu remplir les conditions financières nécessaires à sa réinscription. Le club est actuellement en faillite et devrait retourner au niveau amateur.
XI de la saison
Dominateur de la tête et des épaules, le SK Dnipro-1 s’est adjugé la Persha Liga après avoir monopolisé la première place depuis la seconde journée. Avec la meilleur attaque de la ligue, et de loin, le second club de la ville de Dnipropetrovsk confirme ses progrès fulgurants ces deux dernières années, 21 victoires en 28 matchs et son ticket pour la D1 en poche.
Le second spot revient au Kolos Kovalivka. Dauphin inattendu, la toute petite ville de la région de Kiev a glaner son droit d’entrée après avoir terrassé le Chornomorets Odessa en barrages d’accession. En revanche, le dénouement n’a pas été heureux pour le Volyn Lutsk (3e) qui a échoué face au Karpaty Lviv lors de ces mêmes barrages. La défaite (0-3) à domicile n’est pas passée auprès des supporters qui ont envahi le terrain de colère. Nouvel échec pour le Volyn qui n’arrive toujours pas à retrouver l’élite. Un résultat bien dommage quand l’on sait que le club de l’ouest ukrainien s’est vu retiré six points au cours de la saison pour un transfert non payé, en l’occurrence, celui du Serbe Ivan Rogac (Rad Belgrade).
Rémy Garrel, Philippe Ray & Karim Hameg
Image à la Une © Shakhtar Donetsk