Nouvelle saison, nouveaux joueurs, nouveau champion, le championnat tchèque nous a réservé la saison dernière le retour en grâce du Slavia Praha. Un retour qui devrait se confirmer pour cette nouvelle saison – débutant ce vendredi – grâce à un recrutement XXL composé de joueurs de renom comme Rotan, Altintop ou Danny. Mais si le Slavia a agité le mercato, son grand rival, le Sparta, n’est pas en reste avec pas moins de 10 arrivées, dont Mavuba et Mandjeck en provenance de notre chère Ligue 1. Avant de début ces festivités, revenons sur la saison 2016/2017 en Tchéquie.


Cet article est une traduction autorisée par Chris Boothroyd, créateur du très bon czefootball.com, site de référence sur le football tchèque. Vous pouvez retrouver la version originale en suivant ce lien. Vous pouvez également retrouver Chris Boothroyd sur Twitter.


Prague contre Plzeň, une lutte pour le titre

La dernière fois que le Slavia Prague a été couronné champion de République Tchèque, ces derniers avaient quitté le Stade Evžen-Rošický, retournant chez eux, à Vršovice, afin de prendre résidence dans leur stade nouvellement construit, l’Eden Arena. Les années qui ont suivi ont été stériles pour le club : entre émeutes, crise financière, invasions de terrain, luttes contre la relégation et même des situations étranges, comme lorsque Milan Škoda fut positionné en tant que défenseur central improvisé.

Le destin faisant bien les choses, la venue de Rammstein en ville permit au Slavia de quitter temporairement son Eden pour retrouver le Stade Evžen-Rošický, huit ans après son titre en 2009 dans ce même lieu.

Sauf qu’il y a huit ans, cette source au titre était terminée bien avant la dernière journée et le Slavia pouvait déjà se permettre de sabrer le champagne avant la fin du coup de sifflet final. Cette fois-ci, le Slavia Prague savait déjà qu’il devait battre Brno pour s’assurer le titre de champion, tout autre résultat permettant au Viktoria Plzeň d’avoir la possibilité de gagner un troisième titre consécutif, un exploit non atteint depuis la domination des années 90 du Sparta.

La pression était sur les épaules des Rouge et Blanc du Slavia. Le Viktoria Plzeň, habitué aux victoires et opposé au Vysočina Jihlava lors de cette dernière journée de championnat, est rapidement allé de l’avant, marquant dès la quinzième minute grâce une frappe déviée de Marek Bakoš trompant Jan Hanuš, gardien du Vysočina Jihlava. La chance semblait alors sourire aux champions en titre.

Du côté du Strahov, le Slavia n’y était pas vraiment. Qu’importe si le but de Bakoš fut annoncé ou non, toute l’équipe pragoise semblait à ce moment-là nerveuse et ne savait que faire à chaque vue d’un maillot jaune de Brno. La panique commençait alors à gagner les rangs du Slavia, les plaçant dans une situation délicate. Le pire des scénarios était alors en marche.

Pendant 26 minutes, ce Slavia était hésitant, loin de ses bases, laissant à Brno l’occasion de se mettre en lumière – si l’on puisse dire, ces derniers ne faisant finalement pas grand-chose avec le ballon. Et puis, voilà que Jaromír Zmrhal se décidait à intensifier son jeu, avançant, centrant au second poteau et permettant à Michal Frydrych d’ouvrir le score d’une tête bien placée.

A ce moment, les espaces pouvaient s’ouvrir et les célébrations débuter. Stanislav Tecl poursuivait ce chemin vers la victoire avec un doublé, tandis que Ngadeu, lui, clôturait le spectacle avec un quatrième but. Quatre buts venant offrir le quatrième titre de champion de République Tchèque aux Červenobílí.

Une victoire méritée pour le Slavia, qui, sans aucun doute, était la meilleure équipe du pays depuis la venue en septembre de Jaroslav Šilhavý sur le banc de touche. Durant des années, ce poste d’entraîneur du Slavia fut un calice empoisonné pour beaucoup, mais Šilhavý a su apporter calme et stabilité au club. Tactiquement flexible, il a rapidement corrigé ses erreurs et a su remettre en cause la hiérarchie, n’hésitant pas à se passer de certains cadres quand il le fallait. Le tout pour le bien du groupe.

Sous Šilhavý, le Slavia a passé la saison invaincu en championnat, a surclassé le Sparta Prague à Letná et a battu Plzeň à l’Eden. Des victoires face à des rivaux s’avérant essentielles : la défaite du Sparta ayant fait renvoyer Zdeněk Ščasný de son poste, tandis que celle de Plzeň n’a fait qu’accélérer la fin de l’ère Roman Pivarník.

Ce Slavia Prague a dominé la concurrence de la tête et des épaules. La loi du classement ne ment pas, et cette édition 2016/2017 le prouve avec cette équipe en ébullition durant une bonne partie de la saison ; et ce malgré la présence d’un Viktoria Plzeň à deux points seulement, ces derniers n’ayant jamais été aussi dominateur que le club pragois. Pour preuve, Milan Škoda termine cette saison en tant que meilleur buteur du championnat et joueur de l’année, tandis que son collègue Muris Mešanović, lui, n’en est pas en reste avec douze buts en vingt-six matchs.

Evidemment, si le Slavia en est là, c’est aussi grâce à l’impact de CEFC China Energy sur sa fortune et puissance financière. Mais contrairement à d’autres opérations chinoises à l’étranger, les investissements ont été réfléchis et placés à des points stratégiques, notamment dans le but d’améliorer l’équipe tout en conservant les joueurs clés déjà en place, mais peut-être plus important encore, cette fortune nouvelle a également été utilisé dans le but d’acheter l’Eden Arena.

Malgré cela, tout n’était pas planifié. N’oublions pas ce début de saison embarrassent couronnée par une défaite 3-1 face au Levadia Tallinn lors d’un match d’Europa League, avant de se reprendre au match retour grâce notamment à un but de Gino van Kessel, recrue estivale onéreuse devenue l’un des flops du football tchèque.

Attaquant prolifique en Slovaquie avec Trenčín, ce dernier devait être la signature importante du Slavia avec un transfert s’élevant à un peu plus d’un million d’euros. Le but premier était de prendre la succession de Milan Škoda sur le long terme, la réalité fut tout autre. Une poignée de matchs et quelques mois plus tard, l’international de Curaçao fut poussé vers la sortie, du côté du Lechia Gdansk – où il est également un flop.

Ne supportant pas voir son concurrent s’activer de la sorte, le Sparta Prague n’a pas été en reste sur ce mercato 2016/2017 – une situation se confirmant d’ailleurs durant ce mercato estival pour la saison 2017/2018 – avec la venue de la légende constamment blessée Tomáš Rosický, comptabilisant pas moins de dix-neuf minutes de jeu durant la saison, mais également avec la venue d’un autre enfant adoré :  Václav Kadlec.

Transféré pour la coquette somme de 2,7 millions d’euros – un coût exceptionnel pour un tel championnat -, l’attaquant formé au club n’a jamais réussi à rembourser cet investissement. Cependant, cette signature permet de mettre l’accent sur la gestion hiérarchique du Sparta, la plupart des joueurs transférés n’arrivant pas s’adapter à cette équipe et à l’environnement du club.

Sans surprise, le club a connu une saison mouvementée sur son banc de touche. Défait dans le premier derby des S pragois de la saison, Zdeněk Ščasný fut le premier à devoir faire ses valises. Il fut remplacé par David Holoubek, qui n’a finalement tenu que quelques mois avant de perdre son poste. Ensuite, ce fut au tour de Tomáš Požár d’avoir ce rôle de capitaine de capitaine de navire. Encore loupé. Finalement, Petr Rada est arrivé à la demande de quelques membres du vestiaire. Problème, ce dernier venait tout droit de Příbram, bon dernier du classement.

Remplacé depuis par Stramaccioni, il était inévitable de voir le do-décuple champion de Tchéquie échouer à cette troisième place, loin devant ses rivaux, tout en devant subir les joies et festivités de son grand rival local, sans oublier ces performances européennes se terminant par une déconvenue en Russie, face à Rostov, avec une défaite quatre buts à zéro lors du match aller.

Jusqu’à la vingt-sixième minute du dernier match de la saison, le Viktoria Plzeň était en train de chanter à la gloire de son troisième titre de suite. Il est étrange de penser que si seulement une petite poignée de résultats avaient été différents, le club sponsorisé par Doosan aurait très certainement terminé en tête du championnat. Mais si les autres années, le club de Plzeň a toujours su aller chercher ses titres au talent afin de gagner l’étiquette du beau et méritant champion, cette année, la donne aurait été toute autre, bien loin de cette image valorisante.

Durant une grande partie de la saison, Plzeň a tracé sa route sans encombre. Roman Pivarník semblait bien adapté à la Doosan Arena, bien que le manque d’engagement du club ne l’ait pas aidé – constat que l’on peut également faire pour Dušan Uhrin Jr. et Miroslav Koubek.

Un mauvais recrutement estival combiné avec un hiver tout aussi mal géré, notamment dans la gestion de l’effectif, ont montré une nouvelle fois les problèmes sous-jacents qui ont touché le club et qui n’ont pas été traités de la meilleure des façons.

Si Pivarník peut être blâmé pour ces changements – et il y a matière à débat -, c’est finalement tout l’effectif de Plzeň qui a semblé perdre pied durant cette saison. Mais rendons à César ce qui appartient à César. Malgré un manque d’imagination sur le terrain, les joueurs ont toujours gardé un esprit conquérant, de gagnant, leur permettant de finir à la seconde position du classement. Un constat bien différent du bas de tableau.

Une lutte contre la relégation

De Slovácko, douzième, à Příbram, seizième, le bas de tableau de la ePojisteni.cz liga était sinistre. Autant le dire, toutes les équipes qui, à un moment ou un autre, ont été impliquées dans une bataille contre la relégation méritaient de l’être, certaines plus que d’autres.

Commençons déjà par le cas des Bohemians. Sous la direction de Miroslav Koubek, le Ďolíček n’a pas connu la joie de marquer un seul petit but lors de sept matchs d’affilés, et dix sans victoire. Malgré tout, le club a réussi à se maintenir.

Bohemka a connu une saison difficile, luttant pour sa survie après la perte de son trio Patrik Schick, Rafael Acosta et Jhon Mosquera lors du mercato estival. Mais personne ne pouvait s’attendre à ce que le club soit si mauvais sur une si longue période, et ce même si certains joueurs, comme Dominik Mašek et Siim Luts, ont commencé brillamment la saison, avant de s’effondrer avec le reste de l’équipe après l’hiver et Noël.

De manière révélatrice, l’attaquant Jan Holenda n’a trouvé le chemin des filets qu’à une seule reprise au Ďolíček avant d’être autorisé à quitter le club. L’ancien pensionnaire de Plzeň et Rostov a fait ses valises du côté de Prague, au Dukla, où il a réussi à trouver une moyenne d’un but tous les deux matchs.

Tandis que les Bohemians jouaient un football stérile, d’autres clubs essayaient de faire bonne figure. Si le Vysočina Jihlava a connu des passages horribles, les joueurs ont aussi su proposer de belles choses en enregistrant des victoires improbables face au Sparta, à Zlín ou encore Mladá Boleslav.

De manière chanceuse, Jihlava s’est sauvé, à égalité de points avec le Hradec Králové, quinzième et premier relégable. Bien trop faibles, ces derniers devront faire un tour en FNL durant le prochain exercice, mais peuvent malgré tout se réjouir d’avoir eu Radim Ottmar, l’un des véritables showmen de cette saison 2016/2017. Enfant du club, ce dernier, gardien de métier, n’a pas hésité à faire quelques prouesses acrobatiques sur sa ligne de but, gardant sa cage inviolée à quelques reprises.

Malgré tous ses efforts, Ottmar n’a pas réussi à sauver la saison de son club ; un « honneur » que l’on peut également attribuer à Aleš Hruška.

Il était une fois dans l’équipe nationale tchèque un nom revenant souvent : Aleš Hruška, un joueur considéré comme un gardien sûr, s’entrainement avec qualité et pouvant servir de dernier rempart dans les moments les plus critiques. Mais cette année, Aleš Hruška était tout le contraire de cette description, symbolisant la tendance auto-destructive de Příbram.

Le club de Středočeský a ainsi concédé pas moins de soixante et un buts au cours d’une saison parsemée d’erreurs. Dire que Příbram a mal commencé sa saison serait un euphémisme : défait à six reprises lors des six premières journées de championnat, le club a finalement réussi à sortir la tête de l’eau l’espace d’un match, face à Teplice, avant de sombrer une nouvelle fois, condamnant le club à la relégation dès Noël.

Quand Petr Rada a été tardivement intronisé, il y a eu comme une brève bouffée d’espoir autour de l’Energon Stadium. Cependant, dans cette courte période, Příbram et Jablonec se sont associés pour faire les gros titres des journaux, et pas forcément pour de bonnes raisons.

On peut ainsi se rappeler cette dernière journée de championnat, la saison dernière, où les deux clubs avaient semble-t-il conspiré pour jouer un nul qui, miraculeusement, suffisait à garantir le maintien dans l’élite de Příbram au détriment du Sigma Olomouc. La République Tchèque étant ce qu’elle est, ces acteurs n’allaient pas en rester là, continuant à alimenter la polémique avec des images montrant un Ivan Horník, de Jablonec, rieur et détendu avant un match pourtant si crucial. Des images venant jeter le discrédit sur le club et sur la crédibilité du match.

Jablonec, donnant ces trois points à Příbram, sauvant le club de la relégation ; cette situation, tout le monde semblait l’accepter au vu du manque d’effort de tous les acteurs. Tous à l’exception des bookmakers faisant de Příbram un outsider à 8/1. Naturellement, cette victoire souleva de vives réactions, spéculant sur les dérives liées aux jeux d’argent. Encore une fois, ces événements à Střelnice posaient plus de questions que de réponses.

Un milieu de tableau médiocre

Les équipes de milieu de tableau ont été très médiocres lors de cette édition 2016/2017, rendant la chose fascinante et imprévisible en tout point.

Prenez le Slovan Liberec, par exemple. Après avoir subi un processus de reconstruction, Liberec a débuté sa saison de façon désastreuse, perdant face à Mladá Boleslav et Zlín, et ne faisant pas mieux que des matchs nuls face, à domicile, face à Jihlava et et Brno. Priorité du club compte tenu de sa situation financière, l’Europe était également un élément clé de cette saison.

Mais alors que le club pouvait, durant les autres années, profiter d’une profondeur de banc permettant de jouer sur les deux tableaux, cette fois-ci, Liberec n’a pas su tenir. Des résultats calamiteux, couplés à des spéculations envoyant l’entraîneur du club, Jindřich Trpišovský, du côté du Sparta, ont fait échouer lamentablement le triple champion national, loin des espérances européennes à la trêve hivernale. Pire encore, le club se trouvait à deux points seulement de la zone de relégation, tout en possédant la pire attaque du championnat. Rien de réjouissant avant d’entamer l’année 2017.

Heureusement, la nouvelle année est propice aux changements et aux bonnes résolutions. Les rumeurs envoyant Trpišovský au Sparta dissoutes, le Slovan Liberec a a pu avancer et monter peu à peu les échelons pour retrouver le Dukla et Jablonec dans une zone de confort en milieu de tableau.

De son côté, Zlin s’est une nouvelle fois éloigné de la course au titre après une quinzaine de matchs, voyant leurs meilleurs joueurs débauchés par de plus grands clubs et devant jouer à l’économie durant la seconde partie de saison. Sixième au classement, les hommes de Bohumil Páník ont néanmoins réalisé une performance remarquable, à quatorze points de la zone de relégation. Ajoutons à cela une victoire en Coupe et Supercoupe tchécoslovaque, et vous avez là une saison remarquable.

Loin de la course au titre, une dernière bataille s’est jouée pour la quatrième place synonyme d’une place en Europa League. A ce petit jeu là, c’est Mladá Boleslav qui l’emporte au détriment de Teplice.

Si l’équipe la plus déconcertante et frustrante recevait un prix, Mladá Boleslav aurait remporté ce prix sans sourciller. Certes, le club de Bohême centrale a dû revoir tous ses plans suite à l’appel de la fédération tchèque de football pour faire de Karel Jarolím le sélectionneur de l’équipe nationale. Remplaçant de ce dernier, Leoš Kalvoda n’a pas convaincu et a pris la porte après une série de mauvais résultats. Autre coach, même constat, Martin Svědík, ancien pensionnaire du Baník Ostrava dont vous vous souvenez peut-être des prouesses réalisées avec la sélection espoirs tchèque, n’a pas convaincu. Ce qui aurait dû être une balade tranquille vers la quatrième place s’est finalement avéré être une course nerveuse caractérisée par de rudes affrontements.

En comparaison, Teplice était une bouffée d’air frais. Après un départ moyen des hommes de Daniel Šmejkal, les Skláři ont progressé de semaine en semaine pour finalement entrer dans la lutte pour la quatrième place. Entre un Jan Krob revenu en force, et un Martin Filo auteur d’une saison incroyable, on se disait que l’Europa League était tout à faire possible pour ces derniers. Malheureusement, une défaite face au Dukla dans la dernière journée du championnat les a privé de cette quatrième place synonyme d’Europe.

Dans l’ensemble, le championnat tchèque 2016/2017 nous a proposé une bataille au titre passionnante, une lutte pour le maintien qui l’est tout autant, des résultats chocs et un grand nombre de rencontres excitantes. Entre un Slavia plein aux as et dominateur, un Sparta déterminé à corriger ses torts et un Viktoria Plzeň de retour dans le passé en retrouvant son iconique coach Pavel Vrba, la future saison débutant aujourd’hui devrait nous promettre un spectacle tout aussi bon. Si ce n’est plus.

Chris Boothroyd, traduit et modifié avec autorisation par Pierre Vuillemot


Image à la une : © Slavia Praha

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