La saison 2016-2017 de RPL tire son rideau rouge. Une saison une nouvelle fois riche en suspens que ce soit pour l’Europe ou la relégation. Tour d’horizon des différentes équipes, en passant par les tops/flops de l’année.
9ème – FK Rubin Kazan – 38 points
La saison
L’arrivée de l’entraîneur espagnol Javi Gracia en provenance de Malaga et un recrutement ambitieux semblaient être le symbole d’une nouvelle ère pour le Rubin Kazan. Malgré tout, les résultats ont tardé à se faire ressentir. Le début de saison sera véritablement catastrophique pour le club tatar qui devra attendre la sixième journée et la réception de l’Ural pour enfin connaître la victoire (3-1) . Irrégulier, incapable de prendre des points face au gros et capable de tomber face à des petits, le Rubin Kazan ne craindra jamais vraiment la relégation tout au long de la saison, mais il s’est installé dans un ventre mou dont il ne parviendra jamais à s’extraire. L’Europe, via le championnat, était devenue rapidement inaccessible.
Restait alors la coupe, une compétition que le Rubin a remportée en 2012. Après avoir passé les trois premiers tours face à des clubs de FNL, le club de Kazan tombera en demi-finale face à l’Ural (1-2). Il n’y aura donc pas de coupe d’Europe à l’issue de la saison pour le Rubin, encore une fois. Bilan de la saison : une triste neuvième place à onze points de l’Europe, dix petites victoires en trente matchs et une triste moyenne d’un but marqué par match. Ces mauvais résultats ont coûté sa place à Javi Gracia qui a quitté le club à l’amiable à l’issue de la saison. La révolution n’aura pas eu lieu.
La surprise
Il semblait perdu pour le football et ne semblait pas être en mesure de reporter un jour le maillot du Rubin Kazan. Et pourtant, Yann M’Vila est revenu progressivement sur les terrains. L’international français est réapparu sous le maillot du club tatar en entrant en jeu à six minutes du terme sur le terrain de Krasnodar avant d’être titularisé la journée suivante lors de la victoire (3-0) face au Krylya Sovetov Samara. M’Vila n’a ensuite quasiment plus quitté le onze de départ et lui qui était en fin de contrat à la fin de l’année 2016 a fini par prolonger au Rubin. Ce n’était pourtant pas gagné en début de saison.
Le coach
Javi Gracia n’aura pas eu le temps de s’imposer au Rubin Kazan, faute de résultats. Après une saison décevante, l’Espagnol et le club tatar se sont quittés à l’amiable. La saison prochaine, l’emblématique Kurban Berdiyev, le faiseur de miracles, celui qui a sorti le club de l’anonymat, devrait reprendre les rênes du club.
Les tops
La meilleure recrue du mercato estival du côté du Rubin Kazan aura incontestablement été Jonathas. Le Brésilien, arrivé de la Real Sociedad, a rapidement trouvé ses marques et signé une excellente première partie de saison. S’il a été moins brillant en 2017 qu’en 2016, il aura tout de même réalisé une première saison honorable en Russie.
Les flops
Recrue vedette du mercato estival, Alexandre Song aura traversé la saison 2016/2017 comme un fantôme. Titulaire en début de saison, l’international camerounais disparaitra progressivement du onze de départ et était même annoncé en Chine lors du mercato hivernal. Song réapparaitra finalement en fin de saison sans convaincre davantage. L’ancien joueur d’Arsenal et du Barça n’aura joué que seize matchs cette saison sans vraiment convaincre. C’est insuffisant pour un joueur de ce calibre.
L’avenir
Retour vers le futur du côté du Tatarstan avec le retour annoncé du magicien turkmène Kurban Berdiyev. Celui qui a fait du Rubin un club respecté en Russie comme en Europe va devoir redonner de sa superbe à une équipe sur le déclin depuis, justement, le départ de Berdiyev en 2013/2014.
Karim Hameg
10ème – FK Amkar Perm – 35 points
La saison
Englué dans le milieu du tableau toute la saison, l’Amkar finit à la dixième place. Les hommes de Gadzhi Gadzhiev avaient très bien débuté leur saison 2016/2017 avec 2 victoires et 2 nuls dans leurs quatre premiers matchs, avant de s’incliner lourdement 3-0 face au Zenit de Mircea Lucescu. Les très bonnes performances de Zaytsev notamment, en défense, expliquaient le très faible nombre de buts encaissé jusqu’à fin août !
Malgré cette lourde défaite face à l’un des prétendants au titre de champion de Russie, l’Amkar continuait sur sa très belle lancée pour ne pas perdre sur ses 6 qui suivirent. À noter la très belle victoire à l’extérieur à Grozny (1-3) avec encore une fois une prestation XXL de Zaytsev, buteur sur coup de pied arrêté ce jour-là. Malheureusement pour le club de Perm, l’arrivée de l’hiver a fait beaucoup de mal. Trois maigres victoires jusqu’à fin mars, voilà le bilan du club sur 5 mois. Malgré ces résultats en dent-de-scie, l’Amkar accrochait le nul 2-2 face au CSKA et perdait sur le plus petit des scores face au futur champion de Russie, le Spartak (1-0).
En fin de saison, les hommes de Gadzhiev seront restés homogènes avec leurs prestations antérieures : de bons résultats, mais sans grande régularité malheureusement. De nombreux matchs nuls, aussi. Avant la dégringolade finale ! Sans aucune explication, sur ses 7 derniers matchs, le club enchaînait 6 défaites, ce qui venait gâcher un début de saison prometteur ! En panne offensive, la faiblesse défensive de l’ensemble de l’équipe était notamment mise en avant par les piètres prestations de Khomich dans les buts. Au final, cette dixième place donc, alors qu’on aurait pu, à juste titre, espérer mieux pour le club de Perm après de solides prestations en début de saison, jusqu’à fin novembre.
Les tops
Le défenseur Nikolai Zaytsev. Le non-plus très jeune défenseur de l’Amkar, notamment passé par des clubs en seconde division russe, a véritablement explosé cette saison. Malgré ses 28 ans et son manque d’expérience en première division russe, le défenseur a montré une panoplie de qualités très intéressante tout au long de la saison. Rapide, puissant et très bon de la tête, le défenseur russe a marqué le début de saison de son empreinte. Malheureusement pour lui, la lente descente aux enfers du club au niveau des résultats en seconde partie de saison a éclipsé ses bonnes performances des premiers mois.
Autre top de cette saison : Roland Gigolaev. Le milieu de terrain russe a réussi à hausser ses performances cette saison pour terminer meilleur buteur parmi les milieux de l’Amkar. Habile balle au pied, doté d’une bonne vision de jeune, Gigolaev a fait un bien fou au milieu peu technique de son équipe. Capable de jouer physique également, le milieu russe a pris les choses en main quand les résultats ne suivaient pas. Malgré les nombreuses défaites, il aura été un élément majeur du système de Gadzhiev cette saison.
Les flops
On ne retiendra pas un, mais un ensemble de joueurs, et c’est toute la ligne défensive de l’Amkar qui a failli. Malgré les performances intéressantes du défenseur central Zaytsev comme noté auparavant, Zanev, Milijkovic, Zanev, Idowu n’auront pas répondu aux attentes qui étaient placées en eux. Après la grosse gifle reçue face au Zenit (0-3), l’équipe a perdu en liant entre ses lignes défensives et son attaque. À noter la décision tout au long de la saison de Gadzhiev de ne pas changer ses joueurs. Choix pas payant ? Sans doute au vu des résultats de fin de saison. Sans doute aurait-il été plus judicieux de tester d’autres combinaisons. Cherenchikov n’aura joué en tout qu’un petit match. L’expérimenté défenseur russe aurait sans doute fait du bien dans les moments difficiles.
La surprise
L’attaquant autrichien Darko Bodul aura incontestablement été la belle surprise de cette saison du côté de l’Amkar. Né à Sarajevo, l’attaquant a déjà bien bourlingué. Passé notamment par l’Ajax, il a atterri l’été passé en provenance de Dundee. Choix qui pouvait donc paraître bizarre de Gadzhiev de recruter cet attaquant sans expérience précédente en première division russe. Mais quel choix payant ! 5 buts cette saison au total. Âgé de 28 ans, il s’est très bien adapté au niveau du championnat local. Solide dans les duels et tueur dans la surface de réparation, l’attaquant autrichien aura contribué à la bonne première partie de saison du club. Comme beaucoup de ses coéquipiers, il a nettement baissé de niveau après février. Il sera intéressant de voir quel niveau il pourra atteindre lors de sa deuxième saison au club, et surtout, si cela pourrait aider le club à viser plus haut.
Le coach
Arrivé fin décembre 2014 à la tête du club, Gadzhi Gadzhiyev a depuis alterné le bon et le moins bon. Le très bon début de saison de l’Amkar aura sans doute été le résultat d’une envie de l’entraîneur de développer un peu plus de jeu par rapport à la saison passée. Avec Dodul en pointe, le coach russe a misé sur sa recrue pour tirer l’équipe vers le haut. Ça a marché un peu moins de trois mois. De nombreuses victoires, dont la plus belle à Grozny face au Terek, auront récompensé ses choix tactiques, en alternant des fois en cours de matchs une défense à 3 ou 4. Malheureusement pour lui, le coach de l’Amkar aura sans doute payé son manque de créativité offensive quand l’équipe avait un peu plus de mal à avoir des occasions dans les surfaces adverses. À force de ne pas vouloir changer son 11 titulaire, Gadzhiyev s’est enfermé dans une logique en voulant se sortir de cette spirale négative à l’aide des mêmes joueurs. Ça n’a pas marché. Le manque de moyens ne l’aura pas aidé, aussi. Avec un banc peu fourni, il fut dur de trouver des solutions en février-mars, au début même de la crise de résultats. Une saison mitigée donc, à l’image des performances de son équipe.
Les supporters
Dans son stade vétuste du Stadion Zvezda d’une capacité de 17 000 places, les affluences auront varié au gré des résultats. Quasi plein pour le choc du début de saison face au Zenit, le stade aura été beaucoup moins rempli en fin de saison. Avec une moyenne annuelle d’un tout petit peu plus de 7 000 spectateurs par match, l’Amkar se situe là encore à la dixième place au niveau national, loin derrière le Spartak et ses 32 000 de moyenne. Peu connu pour être les plus chauds du championnat, les ultras de l’Amkar n’auront pas dérogé à la règle sur l’ensemble de la saison, la piste d’athlétisme autour du terrain et des tribunes ouvertes n’aidant pas pour se faire entendre.
L’avenir
Après cette saison en demi-teinte, l’objectif pour l’équipe du président Gennady Shilov sera à tous les coups de gagner en régularité. Cela a clairement fait défaut cette année, et seule une plus grande régularité permettra aux équipiers de Bodul de grappiller quelques places au classement. L’ajout de quelques joueurs de talent pourrait aussi aider l’équipe. Pour l’instant, peu de mouvements niveau mercato, mais, à coup sûr, il faudra se renforcer tant en défense qu’en attaque, afin d’espérer faire encore mieux, sous peine de peut-être batailler pour le maintien. L’effectif actuel étant déjà doté de quelques bons éléments, la mission des dirigeants ne sera pas de tout changer, mais gagner en qualité.
Robin Bjalon
11ème – FK Ural Iekaterinbourg – 30 points
La saison
Interrogé par la FIFA lors d’un reportage sur le futur stade, le président de l’Ural annonçait que l’équipe allait bientôt avoir un effectif capable de jouer l’Europe. Le moins que l’on puisse dire c’est que les supporters ont rapidement compris que cette saison 2016/2017 n’allait pas ressembler à la précédente.
Malgré une victoire inaugurale contre Ufa, le cycle aller du club d’Iekaterinbourg est bien compliqué. Avec neuf défaites, une défense passoire comme lors de ce 4-0 contre le CSKA, l’Ural était déjà barragiste au mois de décembre. Rajoutant des soupçons de matchs truqués, avec notamment une défaite 4-1 à domicile contre le Terek, et le club d’Iekaterinbourg était vivement critiqué en Russie. Tous les éléments étaient contre l’Ural, mais les jours sont finalement devenus meilleurs. Toujours en lice en coupe après avoir éliminé Chelyabinsk et l’Amkar, les oranges se déplaçaient à Krasnodar pour le premier match de la reprise en quart de finale de coupe. Mené 3-0, Ural va revenir à 3-3 et s’imposer aux tirs au but! Finaliste avec sa victoire en demi contre le Rubin, l’Ural va finalement tomber contre le Lokomotiv Moscou au cours d’un match qui terminera en bagarre générale … Le cycle retour part sur de bonnes bases, le club assurant quasiment son maintien rapidement! Malheureusement lors du premier match au Krestovski contre le Zenit, l’Ural se fait voler la rencontre et finit même avec huit joueurs sur le terrain! Ce match va laisser des marques et Ural ne remportera plus qu’un petit point lors des sept derniers matchs de la saison. Suffisant toutefois à lui assurer le maintien.
La surprise
Première surprise : le parcours en coupe. Grande première dans l’histoire du club, cette finale à Sochi a donnée des ailes au peuple orange. Le retour de Manucharian après six mois passés en Thaïlande fut également une belle surprise. L’Arménien, réalisant un cycle retour intéressant, se sera fait remarquer par son agression sur Ari lors de la bagarre en finale de coupe.
Le coach
Dans la continuité de la bonne saison 2015/2016, Skripchenko gardait la tête de l’équipe. Celui-ci démissionna suite à la défaite 4-1 contre le Terek, ce dernier voulant prendre du recul sur le football. Une décision incompréhensible pour le président Ivanov, d’autant plus que le Biélorusse rejoindra le banc du Krylia Sovetov quelques jours plus tard.
La succession sera faite par Tarkhanov qui avait déjà entraîné avant l’arrivée de Skripchenko. Revenant du Slavia Sofia, l’expérimenté coach russe réussira l’exploit d’emmener son équipe en finale de coupe.
Les tops
Arrivant tous les deux au mercato hivernal, Iljin et Bicfalvi ont fait beaucoup de bien au jeu d’Ural. Le premier marquant quatre buts lors du cycle retour, le second faisant du milieu de terrain son royaume. Le Zambien Chisamba Lungu a réalisé la meilleure saison de sa carrière sous le maillot orange tandis que Chanturia a réalisé un cycle aller d’un très haut niveau avec sa superbe technique. Sa rupture des ligaments croisés et son absence au cycle retour ont fait beaucoup de mal à l’équipe.
Les flops
Critiqués depuis de nombreuses saisons, les gardiens de but ont été une nouvelle fois un gros flop cette saison. Entre Arapov qui glisse sur le ballon et offre un but gag au Terek et Zabolotny pas exempt de tout reproche sur certains buts, il faudra recruter à ce poste cet été. Le défenseur central Fontanello, qui était pourtant dans l’équipe de l’année la saison dernière, a été fantomatique et s’en est allé pour le Kazakhstan cet hiver.
Les supporters
Avant dernière affluence de RPL, la SKB Bank Arena de 10000 places sonnait bien creux cette saison. Toujours fidèle, le groupe des Steel Monsters assurait malgré tout l’ambiance, n’hésitant pas à se déplacer aux quatre coins du pays. On peut tout de même se demander ce que cela va donner dans un futur stade de 35000 places …
L’avenir
Pavlyuchenko déjà parti, il va falloir recruter intelligemment cet été pour espérer quelque chose la saison prochaine. L’objectif sera bien évidemment le maintien et pourquoi pas un nouvel exploit en coupe. Avec un effectif jeune, l’Ural espère grandir au cours des années à venir.
Antoine Jarrige
12ème – FK Anzhi Makhachkala – 30 points
La saison
Il est loin le temps de 2012/13 où l’Anzhi se trouvait dans le peloton de tête. Après une relégation d’un an et un retour rapide en RPL, l’Anzhi Makhachkala flirte plus avec la relégation qu’avec les sommets. Après avoir fini barragiste l’année dernière, le club daguestanais a réussi à éviter le match couperet en finissant à la 12e place, à égalité de points avec Orenburg, barragiste malheureux de l’année. La victoire 1-0 face à Orenburg sera donc considérée comme LA victoire de l’année, une victoire qui coûte tout simplement le maintien. Bien maigre consolation…
Cette saison fut donc un chemin de croix avec seulement 7 victoires en 30 matchs. On retiendra la victoire nette et sans bavure 4-0 face au Zenit à domicile en novembre dernier en Coupe de Russie. À part ça ? Encéphalogramme plat…
La surprise
Malheureusement pas grande surprise dans cette saison à part cette victoire surprise contre le Zenit en Coupe de Russie qui a permis aux Daguestanais d’accrocher les quarts de finale.
Les tops
Le gardien Aleksandr Belenov est encore celui qui a tiré plusieurs fois Anzhi des difficultés avec ses arrêts en première partie de saison. Considéré comme un des meilleurs spécialistes des pénaltys il quitta le Daguestan pour Ufa durant l’hiver. Une perte pour Anzhi qui perdit aussi Bernard Berisha, joueur important de l’effectif, parti au Terek.
Les flops
Les cadres qui n’ont pas tenu leur statut comme Obertan ou l’international croate Ilicevic et de qui l’on attendait beaucoup plus. Les nombreux transferts, notamment du Spartak durant l’été comme Parshyvluk, Yakovlev ou encore Dmitri Kudryashov n’ont pas apporté la touche nécessaire pour pouvoir espérer mieux que le maintien.
Le coach
Les coachs, car cette année, il y en a eu 2. Le tchèque Pavel Vrba n’a pas pu passer les fêtes de Noël à Makhachkala et a été remplacé par Aleksandr Gregoryian qui a réussi le pari de maintenir le club en RPL. Un changement de coach lié aux mauvais résultats, mais aussi au changement de direction qui s’opéra durant l’hiver puisque Suleyman Kerimov vendit le club à Osman Kadiyev. Une nouvelle structure avec un nouvel entraineur et qui entraina un mercato important du côté d’Anzhi. Pas forcément facile de faire bien avec une nouvelle structure et de nouveaux joueurs.
Les supporters
Toujours les mêmes rivalités et les mêmes déplacements à risque pour les supporters du Daguestan. Les déplacements à la Anzhi Arena sont toujours compliqués et sont souvent source de surprises. L’affluence du stade reste assez faible au regard de l‘infrastructure. Pas de débordement particulier à signaler durant la saison.
L’avenir
La structure dirigeante peut s’atteler à la tâche et Grigiryan peut travailler un peu plus sereinement sur la saison suivante. Cependant, on a du mal à imaginer voir Anzhi se battre pour une place européenne l’année prochaine. L’objectif maintien sera surement l’objectif principal du club.
Vincent Tanguy
Image à la une : © Maksim Bogodvid / Sputnik via AFP Photos