La féroce bataille entre Maribor et l’Olimpija pour le premier championnat à suspens depuis des lustres nous a révélé quelques promesses intéressantes. Gorica, auteur d’un bon début de saison, est aussi justement représenté. Et contrairement à nos talents de l’an dernier, la plupart de ceux-ci vont rester en prva liga pour les plaisirs de vos papilles d’amoureux du football de l’est et slovène.
Retrouvez la totalité de nos espoirs de cette nouvelle saison et des précédentes éditions
Retour sur les espoirs de l’an passé
Les espoirs de l’an dernier en Slovénie avaient belle gueule. La plupart d’entre eux sont partis sous d’autres cieux comme Andraz Sporar qui est tout de même resté jusqu’en décembre, signant 6 mois époustouflants (17 buts en 18 matchs!) et lançant son équipe vers le titre de champion. A Bâle, il n’a pas joué en raison d’une grosse blessure. Benjamin Verbic, lui, a signé à Copenhague pour 1,2 millions d’euros. Loin de ses statistiques à Celje, il n’a marqué que 3 buts et 4 passes décisives en 26 matchs. Cette saison, la concurrence est encore plus forte et Verbic va devoir se montrer indispensable. Il en est capable au vu de ses qualités.
Luka Zahovic a signé l’été dernier à Heerenveen pour 700.000€. Malheureusement, en Eredivisie, il ne joua quasiment pas : 6 matchs en tant que remplaçant pour 0 but… Il joua plus avec les U21 avec lesquels il a marqué quelques buts. On attend du mieux pour cette saison. Son ex-coéquipier Petar Stojanovic a été transféré au Dinamo Zagreb contre 2 millions d’euros au mercato hivernal après six bons mois agrémentés de six passes décisives en onze matchs. Son temps de jeu correspondait à la bonne passe du club. Au Dinamo Zagreb, il est titulaire, mais n’impressionne pas encore. Cette année est charnière pour sa carrière.
Le défenseur Tilen Klemencic, lui, n’a pas bougé de Celje. Il a brièvement goûté à l’aventure européenne l’an dernier, mais sa saison aura été très difficile comme pour toute son équipe. Sa stagnation inquiète sur le niveau de son potentiel réel.
Espoirs de la saison
Dino Hotic (NK Krsko | 26.07.1995)
Notre principal espoir n’est pas un illustre inconnu pour les suiveurs du championnat slovène. Depuis quatre années, il figure dans le groupe professionnel du NK Maribor. Mais ce gamin de Ljubljana, qui a été formé avec Petar Stojanovic et quelques autres talents de la capitale, n’a jamais su saisir l’occasion de s’imposer. Depuis son premier match à 17 ans contre Triglav. Depuis ce match datant de 2013, il n’en joua que 13 autres sous le maillot Viole, la quasi-intégralité en tant que remplaçant. Il fallait donc changer d’air pour ce milieu que tout le monde s’accorde à définir comme talentueux. Lors du dernier mercato hivernal, Dino Hotic exprima son désir de jouer régulièrement et de progresser. Maribor lui proposa un prêt à Krsko, comme pour ses coéquipiers Vuklisevic, Pusaver et Kramaric, puisque les deux clubs ont des accords. Et ce fut une franche réussite. Hotic apporta Krsko à un nouveau niveau grâce à son excellente vision du jeu, son explosivité, sa vitesse et sa percussion : « Depuis que je suis gamin, je joue comme organisateur du jeu, j’aime prendre la responsabilité de la création.«
Et son histoire a commencé de la plus belle des manières avec une victoire 3: 0 dans le derby contre Krka. Plus tard, son coup franc très esthétique contre Koper (par cette occasion, son premier but en pro) fit le tour des médias nationaux et même d’au-delà. Hotic expliqua son plaisir d’avoir joué à Krsko pendant six mois : « Je suis satisfait, car je suis venu dans un seul but: jouer autant de matchs. Ainsi, je reviendrai à Maribor, où nous avons une forte pression, plus fort. » Avec les 13 matchs qu’il a joué, il a montré ses qualités et à porté Krsko qui a réalisé une brillante deuxième partie de saison (seulement 4 défaites).
Maintenant, Hotic est de retour en Styrie, où le club compte sur lui. Il faudra prouver à un niveau plus élevé que les légendes sur son talent n’étaient pas infondées.
Gregor Bajde (NK Maribor | 29.04.1994)
Un peu décevant sur le marché des transferts ces derniers temps, Maribor ne s’est pas trompé en enrôlant Bajde l’été dernier. La première grande étape de sa carrière commença par Celje où il se révéla petit à petit, jouant régulièrement et améliorant progressivement ses statistiques sans qu’elles soient incroyables. Assez cependant pour attirer l’oeil de Zahovic. Un transfert qui marquera sans nul doute le tournant de la carrière de Bajde. Au cours d’une saison décevante, le jeune attaquant inscrivit 13 buts en 29 matchs, se révélant redoutable d’efficacité dans la surface. Mais Bajde n’est pas qu’un renard des surfaces. A la base, il est même plutôt milieu offensif ou ailier. Il participe au jeu, combine avec ses partenaires et peut jouer avec un autre attaquant comme Marcos Tavares. Il a d’ailleurs marqué plusieurs buts dans lesquels il était au commencement de l’action et à la conclusion. L’efficacité qu’il a montré cette année est même nouvelle et a fait de lui un joueur indispensable aux Viole. Quelques buts imputables aux erreurs des gardiens ou à des défenseurs dribblés trop facilement gonflent un peu ses statistiques, mais il n’en reste pas moins redoutable.
Et en plus Gregor est un fan de toujours de Maribor comme il l’expliquait dans une récente interview : « Il n’y a pas photo, ma famille supporte le club depuis toujours bien que nous soyons géographiquement plus proche de Maribor. Mes parents et mes deux frères sont fans de Maribor, comme moi. Je ne jamais rien ressenti pour l’Olimpija. Je ne sais pas trop comment cette passion de Maribor est arrivée dans la famille. Probablement parce que c’est le club avec le plus de succès et de tradition du pays. » Il a également parlé de son rituel avant chaque match : « J’ai une habitude bien établie, quand je me réveille après le déjeuner, je vais dans la douche et je chante bruyamment «Naprej Viole». Cette chanson me donner une motivation supplémentaire avant d’aller au stade !«
Miha Zajc (Olimpija | 01.07.1994)
L’un des éléments clés du titre de l’Olimpija fut Miha Zajc. Ce dernier est l’exemple même du milieu offensif moderne. Il se distingue par une excellente qualité technique, un jeu de passe élégant et chatoyant, vision de jeu, et une belle précision sur coup franc. Et ses débuts dans le football professionnel ont été marquants : en 2012, pour son premier match, il est entré dans l’histoire de l’Olimpija comme le plus jeune joueur du club à avoir inscrit un doublé (contre Mura). Et ce fut le seul match qu’il joua cette saison-là… Son prêt se terminant, et devant le manque de jeu, il décida de partir. Acheté par le NK Bravo, il joua à Celje pendant un an et demi et accumula de l’expérience. Une expérience d’ailleurs pas complètement positive, il fut beaucoup critiqué à ses débuts à Celje de par son manque de puissance et son exaspérante habitude à éviter tout duel. Ces critiques touchèrent la sensibilité du natif de la région de Gorica, où il commença le football dans le petit club local de Bilje, comme Valter Birsa et Tim Matavz. Mais il se reprit et sa deuxième saison fut très belle. De quoi attirer les convoitises … de l’Olimpija et son directeur sportif Milenko Asimovic qui déboursa 400.000€ pour lui. Une somme considérable pour le club à l’époque.
Après avoir débuté en équipe senior slovène contre la Macédoine, il a prolongé son contrat avec l’Olimpija jusqu’en 2019. Une décision appréciée autant par le joueur qui veut gagner des trophées que par le club: «Il est un exemple remarquable de l’athlète exemplaire sur et en hors du terrain. Miha a évolué à l’Olimpija et continuera à progresser avec nous» , a annoncé le directeur sportif Ranko Stojic, ajoutant que l’Olimpija continuerait à mettre en œuvre la stratégie consacrée aux joueurs de football formés sur place. L’offre alléchante du Legia Varsovie a même été refusée. Ce n’est pas une problème pour ce lecteur de Daniel Goleman autant attaché à l’Olimpija qu’il « n’aime pas la cupidité et l’ignorance.«
Blessing Eleke (Olimpija | 05.03.1995)
Non, Blessing Eleke n’est pas un «idiot noir», comme son coach l’avait qualifié avant d’être licencié. Cet élève de la Flying Sport Academy de Lagos (comme Ezekiel Henty, qui est était à l’Olimpija l’an dernier) a fait le bon choix en tentant l’aventure en Slovénie, à Gorica. En passant d’abord par Sassuolo, un « homme blanc d’Italie » l’ayant repéré à l’académie. Après un mois, le président du club italien, peu satisfait, lui ordonna de partir en Slovénie. Les débuts en Slovénie sont difficiles : « Lorsque j’allais dans la rue, les gens riaient et demandaient: «Qui est ce gars noir? Qu’est-ce qu’il fait ici?» Je ne pouvais pas trop répondre. Mais je pensais : tu vas voir ce que je fais ici.«
Effectivement, après six mois tonitruants et 12 buts marqués, il aide Gorica à créer la sensation en haut de tableau. Et les slovènes commencèrent à le voir différemment : « Maintenant, les gens m’arrêtent, ils me tapotent les épaules, me demandent comment je vais, comment je me sens! » l’Olimpija le recrute en janvier pour 800.000€, une somme considérable en Slovénie. Il faut dire que l’Olimpija a les moyens et c’est tant mieux pour le Nigérian qui a aussi des ambitions. « C’est une opportunité parfaite pour moi », comme il le résumait très bien au moment de son transfert. A Ljubljana, dans une tenue similaire à celle des Super Eagles, il a marqué 4 buts en 10 matchs et a gagné le titre de champion. Lors de cette nouvelle saison 2016-2017, il vient de marquer à chaque match contre Trencin pour ses débuts en Coupe d’Europe. On ne sait pas si Eleke porte des elekes autour du cou, mais ce qui est sur c’est que ce fervent croyant (il prononce le mot Dieu dans chaque phrase) est promis à une belle carrière.
Grega Sorcan (Gorica | 05.03.1996)
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Il est rare qu’un gardien de but soit titulaire à 19 ans. C’est pourtant ce qui est arrivé à Grega Sorcan. Après avoir débuté à Triglav, son chemin l’amena au Chievo à 17 ans : « Pour moi, je peux dire que cela m’a beaucoup aidé. Vous arrivez à être indépendant . Puis les entraîneurs italiens sont réputés pour leur excellent travail. » A ce moment-là, pourquoi être parti du Chievo pour rentrer en Slovénie un an et demi plus tard ? « Je voulais être le troisième gardien de la première équipe, mais on ne me l’a pas garanti. Je voyais qu’au Chievo, je n’allais pas me développer assez rapidement. En collaboration avec les agents, nous avons cherché la meilleure solution. C’est là qu’est apparue la possibilité de départ à Nova Gorica, que j’ai accepté. Pour l’instant, je suis très heureux. Il semble que le choix ait été excellent, je joue beaucoup.«
Bien que Greg Sorcan n’ait pas été directement le premier gardien de Nova Gorica, il l’est devenu au fil de la saison grâce aux matchs où il a eu l’occasion de se montrer. Son agilité, ses bons réflexes et son positionnement ont convaincu son coach de changer la hiérarchie. Ainsi, il joua 28 matchs en championnat, soit quasiment une année pleine où il a pu progresser. Sa force mentale, à 19 ans, est aussi à louer, car il accepta de jouer même quand il n’était pas payé, la situation financière de la ville rose n’étant pas rose. Bébé Handanovic deviendra grand.
Damien Goulagovitch
Image à la une : © NK Olimpija
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