Sans grande surprise, tous nos espoirs croates de la saison jouent soit au Dinamo, soit à l’Hajduk, les deux grands clubs formateurs du championnat croate. Le Dinamo a été, bien entendu, mis en valeur grâce à son parcours en Ligue des Champions et son titre de champion national, tandis que l’Hajduk a fini troisième et n’a même pas accédé à la phase de poules d’Europa League. Cela ne l’empêche pas d’avoir de jeunes éléments très talentueux, au contraire, par exemple, de Rijeka qui forme peu et qui joue avec des joueurs achetés et plus expérimentés. Mais avant cela, revenons sur le parcours des espoirs que nous avions désigné l’an passé. Et autant vous dire que nous avions tapé dans le mille (ok, ce n’était pas bien compliqué !).
Retrouvez la totalité de nos espoirs de cette nouvelle saison et des précédentes éditions
Retour sur les espoirs de l’an passé
Marko Pjaca et Ante Coric ont connu un parcours relativement similaire, s’affirmant dans leur club et allant disputer l’Euro 2016 avec la Croatie. Le premier a joué 28 matchs de championnat, marquant 8 buts et délivrant 4 passes décisives. Il a également joué tous les matchs de Ligue des Champions. Impressionnant tous les observateurs, le dribbleur va partir du Dinamo cet été pour rejoindre un grand club européen. Le second a également disputé 28 matchs pour 4 buts et 5 passes décisives. Les deux joueurs ont confirmé les qualités vues la saison précédente, et ont progressé en prenant plus d’importance dans l’équipe.
Marko Rog a aussi confirmé au Dinamo après son année pleine de promesses au RNK Split. Plus gros transfert inter-croate, il était attendu au tournant et n’a pas manqué le rendez-vous. Il a joué 34 matchs de championnat et tous ceux de Ligue des Champions. Pas le plus décisif (3 buts, 4 passes décisives), il est indispensable au milieu de par son activité, sa disponibilité et son aisance technique. Il a aussi participé à l’Euro 2016 à l’instar de ses coéquipiers Pjaca et Coric. Il est attendu du côté de Naples pour que sa carrière prenne une nouvelle dimension.
À 18 ans, Nikola Vlasic a déjà 50 matchs de Prva Liga dans les pattes. Cependant, il s’est montré irrégulier lors de la saison 2015-2016, et n’a marqué qu’un but en championnat. Annoncé comme un leader, il n’a pas réussi à faire franchir un palier à son équipe, pas aidé par sa blessure au quadriceps qui lui a fait manquer les sept derniers matchs de la saison. On espère que son jeu gagnera en maturité la saison prochaine. Quoi qu’il en soit, il reste un joueur clé de l’Hajduk.
Notre dernier espoir était Filip Krovinovic. Attendu à l’Hajduk Split, il a surpris son monde en signant à Rio Ave lors du dernier jour du mercato estival. Sans lui, le NK Zagreb a complètement coulé, laissant penser qu’il jouait bien un rôle clé dans l’équipe. Au Portugal, il n’a que peu joué, se contentant de quelques bouts de matchs pour essayer de démontrer sa qualité. Il reste, à 20 ans, un gros espoir du club qui a pour ambition de le faire progresser et lui donner progressivement plus de temps de jeu.
Espoirs de la saison
Filip Benkovic (Dinamo Zagreb | 13.07.1997)
Filip Benkovic est un pur produit de la formation Dinamo. Lui qui a grandi à quelques minutes de marche du stade Maksimir est passé dans toutes les catégories de jeunes du club. Il est le seul élément de l’académie Dinamo à s’être révélé cette année, puisque les autres (Pjaca, Coric) avaient percé l’an dernier. C’est encore un jeune défenseur, intéressant, mais immature. Il est doté d’un bon jeu de tête, ce qui semble normal au vu de sa taille (1m94). Son style est plutôt rugueux, dur sur l’homme et ses tacles sont toujours propres. Il faudra tout de même attendre avant de savoir s’il sera le futur de la sélection croate.
« Toute ma vie est liée avec le Dinamo. Je suis passé par toutes les catégories d’âge du club, et je me suis occupé de tous les rôles possibles dans le stade. De fan dans les tribunes à ramasseur de balle, en passant par les animations à la mi-temps. Maintenant, je peux dire avec fierté que je suis un joueur du Dinamo. Je ne peux même pas décrire à quel point je suis heureux.« , a déclaré plein de fierté Filip Benkovic en juin 2015, le jour où il a signé son contrat professionnel.
Et pourtant. Pendant quelques temps, Filip Benkovic avait refusé de signer un contrat professionnel avec le Dinamo, déclinant froidement toutes les offres de Zdravko Mamic. Lequel n’a que peu goûté à ce nouveau cas de rébellion contre sa puissance. Pour les premiers entretiens avec les représentants du Dinamo, il est arrivé avec … 7 personnes s’occupant de ses intérêts (probablement au courant de la façon dont Mamic fait signer des contrats). En réponse, Mamic les a jetés dehors et a suspendu le joueur pendant 6 mois, qui s’est ensuite entraîné avec les jeunes, mais n’a pas pu jouer le moindre match, même amical. Et comme le parrain du Dinamo est aussi celui du football croate, il a interdit le joueur de partir pour l’Euro U19 avec la génération dorée (Vlasic, Balic, Coric, Murić, Caleta-Car, Roguljić…) qui a fini dernière de son groupe, faute de défenseur au niveau… Bloqué légalement (Mamic est entouré d’une armée d’avocats et les contrats d’aspirants qu’il offre sont compliqués à casser), Benkovic s’est donc résolu à signer. Dès lors, il a été immédiatement promu en équipe première et a joué dès l’été son premier match contre Osijek. Sur l’ensemble de la saison, son temps de jeu (13 matchs) n’a pas été régulier. Il dépendait des blessures et suspensions de Schildenfeld et Sigali, au-dessus dans une hiérarchie qu’il n’a pas su renverser. Et encore heureux que Jozo Simuovic ait été vendu au Celtic. Filip Benkovic a aussi fait ses débuts en Europe pour la première fois face à Fola Esch (13 minutes). À noter aussi qu’il a joué 45 minutes contre le Bayern Munich lors de la déroute 5-0 des siens en phase de poules de Ligue des Champions.
Armin Hodzic (Dinamo Zagreb | 17.11.1994)
Comme tout jeune attaquant bosnien promis à un bel avenir, Hodzic a été surnommé le nouveau Dzeko. La grande majorité de ces joueurs disparaissent. Et c’est bien ce qui a failli arriver à Hodzic quand il est parti à Liverpool en 2011, à seulement 16 ans. Les Reds avaient vu juste en recrutant le recordman de buts en ligue de jeunes de Bosnie (dont 46 buts en une saison). Cependant, en raison de blessures et d’un problème avec son permis de travail, Hodzic est apparu seulement dans des matchs amicaux au cours desquels il n’avait jamais assez de temps de jeu pour prouver quoi que ce soit, malgré quelques buts inscrits. Heureusement, il eut la bonne idée de revenir au bercail, où il a été formé, à Zeljeznicar. En 2013/2014, il finit deuxième meilleur buteur du championnat avec 14 buts. Au lieu de faire le grand écart en revenant à Liverpool, il décida de progresser d’un cran en signant un contrat de cinq ans avec le Dinamo Zagreb. « La chose la plus importante pour moi est de jouer. Que signifie être un joueur de Liverpool si tu t’assois sur le banc ou dans les tribunes ? […] La chose la plus importante dans ma décision a été de savoir que le Dinamo donne de bonnes opportunités aux jeunes pour évoluer.« , déclarait-il.
Mais la malchance du jeune homme revint. Une blessure aux abdominaux et la forme étincelante d’Angelo Henriquez sont venues pourrir la première saison d’Hodzic au Dinamo : « Ce furent des jours horribles. Certains me prédisaient même la fin de ma carrière. Mais je n’ai pas laissé tomber, j’ai cru en moi, je me suis rétabli et après 7 mois je suis enfin de retour ! Vous savez, c’est dur pour un joueur quand il s’arrête une semaine, or j’en ai manqué 28… Heureusement que ma famille était avec moi. »
Mamic réaffirma sa confiance en lui, et la saison 2015/2016 commença bien mieux. Pour sa première titularisation en juillet, il inscrivit avec un triplé estival contre l’Inter Zapresic, agrémenté d’une incroyable bicyclette. Il continua sur ces bases durant toute la saison avec 13 buts en 17 titularisations. En Ligue des Champions, hors tours préliminaires, il ne joua que contre l’Olympiakos, en marquant tout de même un but. Mamic lui préférait des attaquants plus expérimentés pour des résultats peu concluants. Capitaine de la sélection bosnienne U21, il est également tout prêt de la sélection nationale de son maître Dzeko.
Pourtant, le style des joueurs est complètement différent. Hodzic est plus dribbleur et possède un jeu tout en mouvement, quand Dzeko a plus un rôle de pivot. En revanche, les deux possèdent un sens du but assez aiguisé. Après cette saison 2015-2016 dans un club du standing du Dinamo, on peut dire que la carrière d’Hodzic est lancée. S’il évite les blessures et joue plus régulièrement, il deviendra la star du Dinamo, avant de le devenir dans un plus grand club. Et peut-être qu’un jour qu’il reviendra à Anfield. Pour faire un duo avec Dzeko ?
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Fran Tudor (Hajduk Split | 27.09.1995)
L’Hajduk est une pépinière de talents et voici un de ses meilleurs prospects. Fran Tudor, lointain cousin d’Igor, a grandi et étudié à Zagreb où il a passé quelques années de formation au NK Zagreb. En 2014, à 19 ans, il est parti en Grèce pour rejoindre le Panathinaikos, où il a fait connaissance avec Danijel Pranjic qui est devenu son mentor. Après une année à Athènes, il est retourné en Croatie et à l’Hajduk Split qui démarrait son nouveau projet. C’est là que le premier couac arrive. Tudor Senior décide de le reléguer en équipe B, et lui montre clairement qu’il ne compte pas sur lui. Ce nouveau coup dur, après une année très compliquée en Grèce où il n’a pas réussi à s’adapter, a fait réagir le jeune Fran. Patiemment, il a d’abord joué pour l’équipe B, quand le coach eut l’idée de lui donner un rôle plus offensif sur le côté droit. Ses qualités s’exprimant à merveille, il fut promu en équipe première et débuta contre Rijeka le 18 avril 2015, marquant un but au passage. Petite précision : Igor Tudor n’était plus l’entraîneur du club.
Tout changea avec la démission d’Igor Tudor, remplacé par Damir Buric. Le titulaire Leovac blessé, Buric décida de partir à la guerre contre Rijeka avec Tudor … qui marqua rapidement un but. Même si Rijeka gagna finalement 2-1, Tudor explosa. Depuis, il ne fait que progresser. Cette saison, il a joué 31 matchs pour 7 buts et 3 passes décisives avec, en point d’orgue, son but contre le Dinamo. Il est un pur joueur de côté avec son endurance incroyable. Tudor est capable d’enchaîner les courses d’un bout à l’autre du terrain. De plus, il n’abandonne jamais, et fait preuve d’une grande combativité, ce qu’adorent les fans de son club. Le jeune joueur a également fait ses premières apparitions dans l’équipe de Croatie U21 et a participé à la victoire écrasante contre l’Espagne 3-0.
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Josip Juranovic ( Hajduk Split | 16.08.1995)
« C’est une chance de la vie. Tous m’encouragent et me souhaitent bonne chance. » Tous, c’est toux ceux qui vivent avec le Dubrava, le club de ce quartier de l’est de la capitale croate, autrefois en première division croate. « Je suis un enfant de Dubrava, c’est ici que j’ai grandi avec mes deux frères, ma mère et mon père, Joseph Miroslav. On est tous du quartier, nés à cinq minutes à pied du stade. Je n’étais même pas né la dernière fois que le Dubrava était en prva liga. D’ailleurs cette année-là, ils ont joué contre l’Hajduk à la dernière journée… » Qui a d’ailleurs gagné le championnat lors de ce match.
Le moment clé de la vie de Josip remonte à 2014, lorsqu’il jouait au Dubrava, en troisième division. Cette année-là, il remporte la compétition Nike Chance pour les joueurs amateurs, et gagne le droit de se battre pour être repéré dans l’équipe de la Nike Academy. Il ne réussit pas à figurer parmi les 5 chanceux et retourna là où tout a commencé. Sans aigreur, ce grand fan de Luka Modric et Leo Messi est nominé comme meilleur joueur de la première partie de saison en Treća HNL et attire l’attention de l’Hajduk Split. Début 2015, il signe avec et peut arrêter ses études dans la nutrition alimentaire pour se concentrer sur sa passion. À l’Hajduk, il commence en équipe B, mais en avril, déjà, il monte en équipe première et joue son premier match lors d’une défaite à domicile 2-1 contre Rijeka.
Si ses idoles sont Modric et Messi, ce n’est pas un hasard. Juranovic est petit et léger (1m70 pour 64 kg). L’ancien milieu de terrain défensif est reconverti arrière droit et dépanne parfois en défense centrale. La politique de l’Hajduk fondé sur les jeunes lui a permis de s’exprimer la saison dernière pendant laquelle il a joué 31 matchs avec le maillot blanc. Polyvalent, il peut jouer milieu comme latéral sur les deux côtés ou encore défenseur central. Très tenace, il a aussi des qualités de relance intéressantes. Passé d’amateur à titulaire dans l’un des plus grands clubs du pays, il pourrait se reposer sur ses lauriers et ses acquis. Mais Juranovic est un travailleur et garde la tête sur les épaules : « Contrairement à beaucoup de jeunes joueurs, je ne pense pas à l’étranger. Mon souhait est de remercier l’Hajduk pour leur confiance. » Voici un espoir que l’on ne perdra pas en vol, et qui tiendra la dragée haute dans les années à venir.
Elvir Maloku (Hajduk | 14.05.1996)
Né à Rijeka, Elvir Maloku a toujours eu un lien fort avec sa région où il a débuté au football. Ses performances dans les petits clubs locaux l’ont mené dans les équipes de jeune du HNK Rijeka, où il a fini meilleur buteur du club en U17. Ses performances attirèrent l’œil de l’Hajduk qui le signa en 2003 avec son frère Trojan. Il débuta dès le mois d’août 2013 contre le Lokomotiv. Un adversaire qui lui rappelle de bons souvenirs puisqu’un an plus tard, il ne devait pas disputer le match contre eux. Il fut appelé d’urgence à venir au stade en raison de la blessure de Susic. Arrivant au stade, il fit irruption dans les vestiaires, se changeant, entrant en jeu et marquant un but !
Un autre moment fort de sa carrière fut son premier derby de l’Adriatique contre Rijeka, sa ville : « C’est vraiment spécial pour moi. Rijeka m’a fait grandir et progresser. Mais j’ai eu l’occasion de partir pour jouer avec les pros. Rijeka a toujours été et restera ma ville. Je suis né ici et tous mes amis y vivent. Beaucoup d’émotions vont se mélanger, mais quand le match commencera, je les laisserai de côté. Je suis professionnel, je joue pour l’Hajduk et je vais aider mon équipe à ramener un résultat. »
Rien dans la vie d’Elvir Maloku n’a pourtant été simple. Il travaillait dès son enfance pour aider sa famille d’origine albanaise, très pauvre. Le football lui a d’abord servi d’exutoire, avant de devenir une nécessité pour vivre. Ce qui se ressent aujourd’hui dans sa maturité et sa persévérance. Après ses deux premières saisons passées sur le banc lors du passage d’Igor Tudor, Damir Buric l’a relancé en 2015. Titulaire au début, puis à nouveau sur le banc en raison de performances peu convaincantes, il n’a pas encore prouvé qu’il était capable de devenir un leader de l’équipe. Très athlétique, il est souvent performant en tant que joker de luxe pour donner du rythme quand les défenseurs adverses sont fatigués. Habile des deux pieds, il se situe plutôt parmi les dribbleurs et possède une lecture du jeu intéressante. Sa force de frappe est aussi intéressante.
Côté international, il a fait partie des équipes de jeunes croates et albanaises. Il a fait savoir qu’il souhaiterait porter les couleurs de l’Albanie, et joue actuellement pour les espoirs albanais. Maloku a fait ses débuts il y a déjà trois ans. Gageons que cette nouvelle saison soit pour lui celle de l’explosion. Il en a les qualités footballistiques et mentales.
Damien Goulagovitch
Image à la une : © KARIM SAHIB/AFP/Getty Images