La phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 est arrivée à son terme. Alors que la Croatie et la Grèce devront passer par de périlleux barrages pour espérer décrocher leur qualification, Footballski revient sur le parcours des équipes d’ores et déjà assurées de ne pas être en Russie en juin prochain. Voici maintenant la Lituanie.

Les résultats

Lituanie – Slovénie : 2-2
Ecosse – Lituanie : 1-1
Lituanie – Malte : 2-0
Slovaquie – Lituanie : 4-0
Angleterre – Lituanie : 2-0
Lituanie – Slovaquie : 1-2
Lituanie – Ecosse : 0-3
Slovénie- Lituanie : 4-0
Malte – Lituanie : 1-1
Lituanie – Angleterre : 0-1

Groupe F

    1. Angleterre – 26 points
    2. Slovaquie – 18 points
    3. Ecosse – 18 points
    4. Slovénie – 15 points
    5. Lituanie – 6 points
    6. Malte – 1 point

La Lituanie aura montré deux visages durant ces qualifications pour la Coupe du Monde 2018. L’un plutôt prometteur en début de qualification et l’autre franchement décevant tout au long de l’année 2017. Les attentes étaient faibles tant le noyau  à la disposition du légendaire Edgaras Jankauskas semble manquer de talent. La campagne commence par la réception de la Slovénie qui est rapidement menée 2-0 via des réalisations de Fyodor Cernych et Vykintas Slivka. Malheureusement, les visiteurs finiront par égaliser via Bostjan Cesar à la 93e.

Le déplacement qui suit en Ecosse est également positif, Fiodor Cernych donnant l’avantage à la Lituanie mais James McArthur égalise à la 89e . Les fins de matchs se révèlent être un poison en ce début de parcours mais personne ne voyait la Lituanie tenir tête à ces deux nations. La troisième sera la bonne avec la réception de Malte qui s’incline sur des réalisations de l’incontournable Cernych et d’Arvydas Novikovas. Cinq points en trois matchs, voilà un début de campagne en fanfare.

Et puis ? Et puis plus rien…Le déplacement en Slovaquie en novembre 2016 tourne à la correction (4-0). S’en suit  une défaite tout à fait honorable à Wembley sur le score de 2-0 et une défaite tout aussi honorable 1-2 à domicile contre la Slovaquie avec un but de Novikovas pour sauver l’honneur. La suite est une véritable catastrophe. La réception de l’ Ecosse en septembre 2017 tourne à l‘humiliation (0-3), le calvaire se poursuit à Ljubljana (4-0), alors que le déplacement à Malte laissait espérer rendre un peu le moral aux troupes de Jankauskas, nouvelle désillusion avec un partage 1-1 marqué par un superbe but de Vykintas Slivka mais surtout l’abandon à Malte du seul point qu’ils glaneront en dix matchs et une prestation tout simplement horrible.

L’équipe a le bon goût de finir par une défaite par un seul but contre une Angleterre guère en jambe il est vrai et fortement décevante dans le jeu sur ces qualifications mais implacable d’efficacité. La Slovaquie peut « remercier » la Lituanie, Gordon Strachan reconnaissait amèrement que l’Ecosse avait perdu la bataille pour la deuxième place par la faute du nul concédé à domicile suite au but de Cernych.

Les raison de la non qualification

Chaque sélection est un véritable casse-tête pour Edgaras Jankauskas. Le vivier de joueurs disponibles n’étant déjà par large, il doit composer avec les méformes, les blessures, les refus de sélection et puiser largement dans des joueurs du championnat national, ce qui est un peu court pour faire bonne figure au niveau international. Au niveau des gardiens, l’emblématique Zydrunas Karcemarskas s’est mis en retrait de la sélection depuis de longues années. Après avoir explosé au Steaua Bucarest, son successeur tout désigné, Giedrius Arlauskis, a filé à Watford où il ne joue pas et est prêté à l’Espanyol Barcelone où il se montre catastrophique. Il tente de se refaire une santé morale au CFR Cluj. C’est donc Ernestas Setkus (ADO Den Haag puis Hapoel Haifa) qui est titulaire pour huit matchs, Emilijus Zubas (Bnei Yehuda) reçoit deux fois sa chance sans réellement convaincre.

En défense, on retrouve beaucoup d’éléments de A Lyga : Vaidas Slavickas (Suduva), Egidijus Vaitkunas (Zalgiris Vilnius), Arunas Klimavicius (Trakai), Deividas Cesnauski (Trakai), Valdemar Borovskij (Suduva), Linas Klimavicius (Zalgiris Vilnius)  et des joueurs n’affichant pas des références impressionnantes comme  Freidgeimas (Pavlodar/ Okzhetpes Kokshetau), Edvinas Girdvainis ( Piat Gliwice/ Tom Tomsk), Mikuckis (Khabarovsk/ Tom Tomsk). Le meilleur défenseur, Vytautas Andriuskevicius (Portland Timbers) participe au début des qualifications avant de se retirer pour se consacrer à sa carrière outre-Atlantique et de finalement revenir pour la fin des qualifications, en vain…

Au milieu, la situation est identique. Des joueurs de A-Lyga : Mantas Kuklys (Zalgiris Vilnius), Vytautas Luksa (Zalgiris Vilnius). Et des  joueurs évoluant dans des compétitions sans beaucoup d’envergure : Zulpa  Tobol Kostanay), Karolis Chvedukas (RNK Split), Grigaravicius (Jelgava) Simons Paulius (FK Ventspils). Arvydas Novikovas (Bochum/ Jagiellonia Bialystok) sur qui on portait beaucoup d’espoir ne voit pas sa carrière décoller. Son coéquipier en club Fiodor Cernych (d’origine russe) aura été le buteur de l’équipe, on aimerait également le voir passer un cap dans un championnat plus relevé. Reste le sauveur à Malte, Vykintas Slivka, propriété de la Juventus et qui enchaîne les prêts (Gorica / Den Bosch / Ascoli / Hibernian FC) et semble encore un peu frêle pour ce niveau.

Devant, la situation est tout bonnement catastrophique. Le grand espoir, Lukas Spalvis, avait explosé au Danmark avec Aalborg ce qui lui avait permis un transfert au Sporting Lisbonne. Expérience sans succès, il ne joue pas et se  blesse sérieusement, et peine à revenir (il ne réussit pas les tests physiques à Rosenborg, faisant capoter son transfert). Il tente maintenant de se refaire une santé au FC Kaiserslautern. Il n’a donc quasiment pas joué durant cette campagne. Enorme tuile pour Jankauskas car derrière, c’est quasiment le néant.

Contre l’Angleterre, Darvydas Sernas était aligné en pointe. Le joueur du Zalgiris Vilnius à 33 ans, a sa carrière derrière lui et s’il empilait les buts en début de saison, il est à la peine comme son équipe depuis des mois. Sa doublure, Deivydas Matulevicius, après une expérience pas vraiment réussie en Belgique (Excelsior Mouscron) évolue cette saison avec Slivka en Ecosse au Hibernian. Là aussi, il ne parvient pas s’imposer et marque avec…la réserve. Nerijus Valskis affiche 30 ans, il n’a jamais été un premier choix et alterne les expériences à l’étranger rarement réussies et les retours en A Lyga pour se refaire une santé et empiler les buts. Suivant ce schéma, il a quitté Trakai pour jouer cette saison en Israël au Bnei Yehuda. Au final, c’est donc le capitaine Fiodor Cernych qui est le buteur de l’équipe.

Le tableau est donc bien sombre.

Les motifs d’espoir

Ne nous voilons pas la face, dans le contexte actuel, ils sont minces. Le bilan de la Lituanie en 2017, c’est sept défaites et un match nul contre Malte ! Deux buts marqués et 16 encaissés. Au classement FIFA, l’équipe a dégringolé à la 145em place entre Andorre et le Lesotho, le plus bas classement de son histoire.

Edgaras Jankauskas garde la confiance de la fédération. Après avoir occupé le poste d’assistant au Lokomotiv Moscou et Hearts, son unique expérience comme coach principal date de 2014 à Trakai où il sera remercié faute de résultats. Peu d’expérience et peu de résultats donc. Si l’homme est une légende en Lituanie pour sa carrière en tant que joueur, nous n’en sommes pas là pour ce qu’il en est de sa carrière d’entraîneur. Si un bon début avait fait taire les voix discordantes, la fin de parcours navrante a fait ressurgir les doutes. L’absence de fond de jeux ou de motivation pour battre une équipe du calibre de Malte ne plaident pas en sa faveur.

Le poste de gardien est celui sans doute où les espoirs sont les plus grands. Outre un éventuel retour au niveau de Giedrius Arlauskis, la Lituanie compte une pléiade de  jeunes gardiens talentueux, Marius Adamonis (20 ans. Prété à Salernitana par la Lazio), Titas Krapikas (18 ans. Sampdoria U 19) ou encore Edvinas Gertmonas (21 ans.Stade Rennais). Problème : pour le moment aucun n’est titulaire dans une équipe première. On ne comprend pas quel est l’intérêt pour Gertmonas d’être 3e ou 4e gardien à Rennes au lieu d’emmagasiner du temps de jeux dans une équipe peut-être moins prestigieuse mais qui lui permettra d’acquérir l’expérience qui lui fait défaut.

En défense, la plupart des joueurs sélectionnés durant la campagne de qualification avaient dépassé la trentaine. A l’exception d’Andriuskevicius qui semble vouloir se remettre au service de la nation et affiche seulement 27 ans, le seul « jeune  » régulièrement appelé est Edvinas Girdvainis (24 ans), prêté par Piast Gliwice à Tom Tomsk. Il faudra donc une nouvelle fois se tourner vers le championnat local pour compléter les futures sélections.

Au milieu, les valeurs sûres sont Cernych et Novikovas dont on espère une évolution vers un championnat plus relevé que le polonais pour grandir. L’autre grand motif d’espoir est Slivka dont on espère qu’il puisse se servir de son expérience en Ecosse pour se projeter vers un championnat plus compétitif. Pour le , on comprend mieux la misère de l’équipe quand on aligne un joueur comme Mantas Kuklys  qui à 30 ans rayonne dans l’entrejeu du Zalgiris Vilnius mais avait peiné lors de son séjour en Belgique à Turnhout en D2 et D3…

Devant, les espérances vont vers un retour en forme de Lukas Spalvis qui n’a que 23 ans et tout l’avenir devant lui. Autre exemple de la misère actuelle, Jankauskas sélectionne le tout jeune Manfredas Ruzgis qui évolue au FC Kôln II et qui affiche 20 ans. Né en Allemagne, de parents émigrés, il est appelé depuis 2016 en équipe de jeune lituanienne, mais il n’a encore rien prouvé.

En conclusion,  à tous les niveaux, peu de certitudes et beaucoup de conditionnel. On se consolera en se disant que la situation ne pourrait pas être pire, quoique…

Et maintenant ?

L’inconnue est totale. Jankauskas survivra- t’il à de nouvelles prestations indignes comme celles de cette maudite année 2017 ? La Lituanie se dotera- t’elle enfin d’un stade digne de ce nom ? Les jeunes espoirs parviendront-ils à s’imposer ? Les surprenants parcours de Trakai et Suduva en Europa League avaient suscité une vague d’espoir que les piteuses prestations de l’équipe nationale ont vite fait oublier. Tout est à reconstruire.

Et quand rien ne va…La prochaine échéance est la Ligue des nations de l’UEFA 2018-2019 où la Lituanie évoluera en Ligue C, le coefficient UEFA lui donnant la dernière place en Ligue C. Les adversaires potentiels seront donc des équipes comme la Serbie,la Grèce, la Roumanie,la Hongrie alors qu’une place en dessous lui donnait l’occasion de se reconstruire plus tranquillement en affrontant des adversaires du calibre de Gibraltar, l’Arménie, Andorre… Le football lituanien risque donc de boire le calice jusqu’à la lie…

Viktor Lukovic


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