Entre problèmes avec les supporters et Euro 2016 complètement raté, la Russie aura vécu un mois de juin particulièrement agité. Avant même le début de ce désastreux championnat d’Europe, la Sbornaya avait reçu une très mauvaise nouvelle, du genre de celles qui risquent de fortement perturber la préparation de la Russie pour le prochain mondial à domicile.
9 juin 2016, à la veille du coup d’envoi de l’Euro 2016. Un communiqué, laconique, tombe sur le site de la FIFA :
À la suite de la décision prise par le Congrès de la FIFA en mai 2016 et confirmant l’admission du Kosovo et de Gibraltar en tant que 210ème et 211ème membres de la FIFA, ces deux associations sont en droit de participer aux qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018™ – l’UEFA étant chargée de déterminer la meilleure façon d’intégrer ces deux nations à la compétition préliminaire.
Ainsi, le Comité d’urgence de l’UEFA a décidé ce jeudi 9 juin que le Kosovo rejoindra la Croatie, l’Islande, l’Ukraine, la Turquie et la Finlande dans le groupe I, alors que Gibraltar rejoindra la Belgique, la Bosnie-et-Herzégovine, la Grèce, l’Estonie et Chypre dans le groupe H […].
Explications : les 12 et 13 mai 2016 a eu lieu à Mexico le 66ème congrès de la FIFA. À cette occasion, le Kosovo et Gibraltar ont été officiellement admis comme membres de la FIFA. Jusque là, la sélection kosovare n’avait le droit de disputer que des matchs amicaux sans pouvoir jouer son hymne ni afficher son drapeau alors que Gibraltar n’était reconnu que par l’UEFA. La sélection du petit territoire britannique figurait dans le groupe D des éliminatoires de l’Euro 2016 et avait perdu tous ses matchs dans un groupe comprenant notamment l’Allemagne et la Pologne, ne marquant que deux buts et en encaissant… 56.
Initialement, il était prévu que les deux équipes ne fassent leurs débuts officiels qu’à l’occasion des éliminatoires de l’Euro 2020, le tirage au sort des éliminatoires européens pour la Coupe du monde 2018 ayant déjà été réalisé. Le comité d’urgence de l’UEFA, qui chapeaute les éliminatoires du prochain Mondial dans la zone Europe, en a décidé autrement. En intégrant les deux derniers membres de la FIFA aux qualifications, elle a porté un coup très dur… à la Russie.
Un système initialement bien pensé
Le statut de pays organisateur n’est pas forcément enviable. En contrepartie d’une relative tranquillité, le futur pays-hôte doit s’habituer à l’absence de matchs à enjeu, ce qui peut s’avérer pénalisant au moment du coup d’envoi. Du reste, le fait de ne disputer que des matchs amicaux entraîne mécaniquement une régression au classement FIFA qui peut s’avérer elle aussi pénalisante au moment des tirages au sort.
Encore faut-il pouvoir disputer ces matchs amicaux et trouver des adversaires, une chose peu aisée quand toute la planète se dispute une qualification. Les éliminatoires de l’Euro 2016 ont été l’occasion de refonder le système en uniformisant les dates, ce qui a permis à la France (pays organisateur) de pouvoir affronter à chaque fois l’équipe exempt du groupe I, le seul à comporter cinq équipes. C’est ainsi qu’en 2014 et 2015 les Bleus ont pu affronter la Serbie, le Portugal, l’Arménie, l’Albanie et le Danemark.
Il était prévu d’en faire de même pour la Russie à l’occasion des éliminatoires de la Coupe du monde 2018. La Russie devait affronter les équipes du groupe H (Belgique, Bosnie-Herzégovine, Grèce, Estonie, Chypre) plutôt que celles du groupe I où figurait l’Ukraine. De quoi garantir à la sélection russe des matchs d’assez bon niveau dans l’attente de son Mondial. L’admission de Gibraltar et du Kosovo et leur inclusion dans les deux groupes à cinq équipes bouleversent les plans de la Russie.
Un calendrier à réétablir
La Russie ne pourra plus compter sur les équipes du groupe H et, pire encore, elle ne pourra pas affronter d’équipe européenne lors des dates internationales, toutes étant concernées par les éliminatoires de la Coupe du monde 2018. Inutile également d’aller chercher des équipes dans les autres confédérations puisqu’elles aussi sont concernées par les éliminatoires du Mondial, à moins d’affronter des sélections déjà éliminées mais au niveau plus que relatif.
Pour l’instant, la Russie n’est assurée de disputer qu’un seul match amical : en Corée du Sud en novembre. Le premier adversaire de la sélection russe cette saison n’est pas encore connu même si le nom de la Nouvelle-Zélande, championne d’Océanie, revient avec insistance. On l’aura compris, la Russie n’aura que peu l’occasion de se frotter à des adversaires de haut niveau d’ici la Coupe des confédérations qui se déroulera en juin et qui servira de véritable test à un an du Mondial.
À moins d’un mois de la reprise des matchs internationaux, la Russie est donc sans sélectionneur, sans adversaire désigné, le tout avec une équipe à reconstruire après un Euro désastreux. Le chantier est immense à moins de deux ans d’une Coupe du monde qui se déroulera à domicile.
Karim Hameg
Image à la une : © Flickr / Piotr Drabik