La phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 est arrivée à son terme. Alors que la Croatie est la dernière équipe à s’être qualifiée, Footballski revient sur le parcours des équipes qu’on ne verra pas en Russie en juin prochain. Voici maintenant la République tchèque, qui dans un cycle de renouveau n’a pas su accrocher l’Irlande du Nord pour la seconde place.

LES RÉSULTATS

République tchèque – Irlande du Nord : 0-0
Allemagne – République tchèque : 3-0
République tchèque – Azerbaïdjan : 0-0
République tchèque – Norvège : 2-1
Saint-Marin – République tchèque : 0-6
Norvège – République tchèque : 1-1
République thèque – Allemagne : 1-2
Irlande du Nord – République tchèque : 2-0
Azerbaïdjan – République tchèque : 1-2
République tchèque – Saint-Marin : 5-0

Groupe C :

1. Allemagne – 30 pts
2. Irlande du Nord – 19 pts
3. République tchèque – 15 pts
4. Norvège – 13 pts
5. Azerbaïdjan – 10 pts
6. Saint-Marni – 0 pt

À l’annonce de la composition de ce groupe F, le scénario ne laissait que peu de doutes sur le futur à venir. Ce Groupe C, c’est un peu l’histoire du Club des Cinq sur les terrains de football. L’Allemagne se retrouve chez François. Aîné de tous, grand et fort, responsable et intelligent. L’Allemagne ne déçoit pas et sait gérer les choses. Pour preuve avec ses dix victoires en dix matchs. Intouchable. Et puis, il y a les cadets. Dont la Tchéquie.

Mais avant ça, il y a l’Irlande du Nord, principal concurrent des Tchèques. Un adversaire dur, rigide, ne laissant aucune place à la chance et prenant son destin en main. Des Nord-Irlandais qui ont posé de nombreux problèmes aux Tchèques – des Tchèques qui n’ont obtenu qu’un petit point de cette double confrontation. L’Irlande du Nord, c’est un Claude du football. Protégeant son territoire coûte que coûte, ne mentant jamais et possédant un caractère bien difficile, n’obéissant qu’à son instinct et sa personnalité. Une personnalité forte donnant tout le sel au pays.

La Tchéquie, de son côté, a déçu. En pleine reconstruction avec un nouveau sélectionneur, Karel Jarolím, la République tchèque a décidé de renouveler son effectif en s’appuyant sur sa nouvelle génération. Un choix obligatoire sur le papier, mais qui ne s’est pas avéré concluant dans l’immédiat. La faute notamment à un manque d’expérience, en atteste sa défaite face à l’Irlande du Nord, à Belfast, ainsi que des matchs nuls concédés face à cette même Irlande du Nord, mais aussi contre la Norvège et l’Azerbaïdjan. Des limites claires face aux concurrents directs ne permettant pas aux joueurs tchèques de voir plus loin que ces éliminatoires. La Tchéquie devient pour l’occasion la Annie du Club des Cinq, n’étant dangereuse qu’à quelques matchs et bien trop souvent timide et froussarde pour espérer mieux.

Enfin, la Norvège et l’Azerbaïdjan ont tous deux été titiller les deux équipes sus-mentionnées. Des concurrents devenant agaçants et difficiles à jouer, incarnant à eux deux Mick. Et puis, il y a Saint-Marin, a.k.a le Jean-Jacques-Loic du Club des Cinq. Passant pour l’occasion de machine à renseignements à machine à donner des points gratuits. 10 matchs, 10 défaites, 51 buts encaissés pour deux marqués.

LES RAISONS DE LA NON QUALIFICATION

Le talent est là. C’est indéniable. Tout le monde le sait, de l’entraîneur à la fédération en passant par tous les supporters tchèques. Malheureusement, le talent ne suffit pas toujours. Et ça, Karel Jarolím l’a bien compris. Arrivé pour prendre la succession de Pavel Vrba, Karel Jarolím avait, sur le papier, toutes les capacités requises pour prendre en main cette sélection tchèque tant l’ancien joueur de Rouen possède un CV béton. Ancien joueur international, Karel Jarolím – et plus généralement la famille Jarolím – fait partie du paysage footballistique tchèque depuis des années. Ses précédentes expériences en tant qu’entraîneur se sont souvent soldées par des réussites, que ce soit avec le Slavia Praha, le Slovan Bratislava, Al-Ahli et plus récemment Mladá Boleslav. À 61 printemps, on se disait que Jarolím était finalement le meilleur choix possible pour instaurer un renouveau dans la sélection et repartir sur de bonnes bases après une période Vrba à la fois concluante, mais laissant malgré tout sur sa faim. Après tout, en voyant les joueurs disponibles, on pouvait en attendre un peu plus. Mais voilà, si Jarolím a réussi en club, être sélectionneur n’est pas forcément le même métier et les obligations sont toutes autres. Une constatation qui n’a pas dû échapper au principal intéressé tant les critiques et interrogations furent importantes après les trois premiers de qualification de la sélection tchèque. Trois matchs se soldant par des résultats frustrants à domicile face à l’Irlande du Nord et l’Azerbaïdjan.

Pour appuyer ces dires, référons nous à un article paru sur le site iSport.cz, site dé référence au pays de Kundera. Suite à l’élimination des leurs, ces derniers ont réalisé de courtes interviews avec différents protagonistes et acteurs du football local. Ainsi, quand on demande à Horst Siegl, ancien international tchèque, le pourquoi de la non-qualification à la Coupe du Monde, la réponse cible rapidement un homme : le sélectionneur. « L’excuse de la nouvelle génération n’est pas valable. Nous avons échoué face à des équipes comme la Norvège et l’Irlande du Nord, surtout à domicile. C’est aussi la question de savoir si l’entraîneur a choisi les bons joueurs. Ceux qui devaient former la colonne vertébrale de cette sélection ne jouent même pas dans leurs clubs respectifs »lance ainsi l’ancien canonnier du Sparta Praha, ajoutant que « Karel est un bon entraîneur, expérimenté et qu’il devrait continuer [l’aventure]. Un autre changement ne profiterait à personne. »

Autre réponse intéressante, plus tactique cette fois, proposée par Vlastimil Palička, ancien joueur et entraîneur de football plus ou moins reconnu en République tchèque. Ce dernier rappelle l’incapacité de l’équipe à marquer des buts. Un problème persistant depuis quelque temps déjà, tout en soulignant le jeu bien trop lent de la sélection, du fait de joueurs ne se déplaçant pas sans le ballon et n’arrivant pas à être les premiers sur le ballon, là où tout devrait se jouer pour proposer un jeu intéressant. « Jarolím n’a pas réussi à stabiliser l’équipe. Cela me rappelle un peu le Sparta et ça prend plus de temps pour une sélection nationale. […] L’entraîneur a essayé trente et un joueurs, maintenant il va choisir son noyau dur. […] Cela ne doit pas se terminer [pour Jarolím]. Au contraire, il devrait profiter du temps qu’il a pour les prochaines échéances. Il est suffisamment expérimenté et rusé pour le faire », termine Vlastimil Palička.

LES MOTIFS D’ESPOIR

Les motifs d’espoir sont finalement nombreux. Paradoxalement, Karel Jarolím est finalement peut-être le plus gros de ceux-ci et cette non-qualification, si malheureuse soit-elle, ne possède pas que des aspects négatifs pour le football tchèque et le futur de la sélection nationale. Jarolím est un bâtisseur à qui le temps importe. Lui demander d’exaucer des miracles à la seconde n’est pas de son ressort et ne le sera jamais. Encore moins les soixante ans passés et une vie marquée par le football et une philosophie de jeu claire. S’il a été critiqué pour les résultats du terrain, peu de suiveurs du football tchèque se permettent de critiquer l’Homme et ses capacités. En attestent les quelques avis cités ci-dessus.

De plus, ce grand connaisseur du football tchèque et du championnat local a pu tâter le terrain, essayer de nouvelles choses et tester de nombreux joueurs durant cette campagne de qualification. Si le groupe fut rajeuni, il est désormais question de trouver un noyau dur sur lequel s’appuyer. Un noyau dur devant s’incarner par une nouvelle génération faisant peu à peu son apparition sous le maillot de la sélection nationale tchèque. Exit les Tomas Sivok, Michal Kadlec, Lukáš DroppaTomas Hořava voire Lukáš VáchaPetr Mareš et autres Jan Kopic et Josef Šural, la sélection s’écrit dorénavant avec une colonne vertébrale rajeunie faite de joueurs comme Vladimir DaridaPavel KadeřábekMichael Lüftner, Tomas KalasTomáš SoučekJaromír Zmrhal, Antonín BarákJakub Jankto et surtout Patrik Schick, homme-clé pour le futur de la sélection et le bien de l’attaque tant ce secteur de jeu fait peine à voir. De même, quelques jeunes pousses du championnat pourraient bien se faire une place d’ici là, que ce soit Michal SáčekMichal TrávníkMartin Graiciar ou Tomáš Chorý.

ET MAINTENANT ?

Place au terrain ! Le principal défaut du football tchèque est que l’on aime bien trop souvent discuter au lieu d’agir. On le sait, la fédération est depuis des années l’ennemi numéro 1 de nombreux supporters et groupes ultras, l’extra-sportif prenant alors une place parfois démesurée dans l’actualité locale. Aujourd’hui, pour aller de l’avant, la stabilité doit être de rigueur et l’homme menant le navire est finalement le meilleur capitaine possible. Un capitaine possédant un réservoir de joueurs intéressant afin de voir l’avenir sous les meilleurs auspices et s’amarrer avec succès pour la prochaine échéance : l’Euro 2020.

Pierre Vuillemot


Image à la une : © Facebook / Česká fotbalová reprezentace

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