Temps de lecture 4 minutesRoumanie Euro 2016 : Anghel Iordănescu, le pari de la nostalgie

Sélectionneur de cette équipe de Roumanie à l’Euro, Anghel Iordănescu jouit d’une popularité incontestable dans le pays. Ancienne légende du football en tant que joueur, Iordănescu a su s’immiscer dans tous les compartiments de la vie sociale roumaine. Portrait d’un sélectionneur pas comme les autres.Roumanie

Iordănescu, le joueur

Si les performances sportives du joueur le rendent hors-normes, c’est bien son attachement à son club et à son pays qui ont fait entrer Iordănescu dans la légende.

Sa carrière commence extrêmement jeune, intégrant le centre de formateur du Steaua București à l’âge de 12 ans seulement. Il deviendra professionnel quelques années plus tard en 1968 au sein de cette même équipe. Il fera parti de l’équipe préfigurant la génération dorée roumaine et steliste. Il y évoluera en tant que titulaire jusqu’en 1982, raflant avec le club bucarestois deux championnats et quatre coupes de Roumanie. Dès 1971, Iordănescu entre dans l’équipe nationale de Roumanie. Il y restera pendant dix ans, pour inscrire un total de 26 buts en 64 sélections. Il sera même premier adjoint de l’entraîneur et joueur en même temps, raflant la coupe d’Europe en 1986. Ses 115 buts sous le maillot steliste font de lui un serviteur honorable du club et un joueur roumain respecté dans tout le pays. Après un passage rapide en Crète au sein de l’OFI Creta pendant deux ans Iordănescu met un terme à sa carrière de joueur à l’âge de 34 ans. C’est à partir de ce moment que le joueur va s’inscrire dans la légende roumaine.

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Une carrière d’entraîneur diversifiée

Son statut d’international et sa longévité au Steaua lui a permis dès l’année succédant sa retraite sportive de rentrer dans le monde du management dans son club de cœur. En effet, la saison mythique du Steaua 1985-1986 voit Iordănescu suppléer Emerich Jenei lors de la victoire en finale de coupe d’Europe face au FC Barcelone. Fort de ce succès et sous la demande populaire des supporters, il prend la tête du Steaua dès l’année suivante. Il s’offre comme premier trophée la Supercoupe de Roumanie dès son intronisation. Au cours des quatre années passées à la tête du club, il gagnera trois championnats et deux coupes de Roumanie et sera présent pour la finale de Coupe d’Europe perdue face au Milan AC (0-4).

Mais Iordănescu sait qu’il va devoir engranger de l’expérience pour pouvoir prétendre à des postes plus prestigieux. Il abandonne donc son Steaua de toujours pour aller rejoindre Chypre à la tête de l’Anorthosis Famagouste, où il échouera de peu durant deux saisons finissant à la seconde place. Mais cet exil fut de courte durée, et en 1992 Iordănescu reprend la tête du club de la capitale roumaine. Et le succès est au rendez-vous, le titre étant remporté par ses hommes dès cette saison.

© Alex Grimm - UEFA/UEFA via Getty Images
© Alex Grimm – UEFA/UEFA via Getty Images

C’est en 1993 que Iordănescu se voit attribuer la sélection de l’Équipe de Roumanie pour la première fois. Et les résultats ne se font pas attendre : alors que la Roumanie traverse une passe difficile au niveau européen et international, Iordănescu qualifie son équipe pour les Coupe du Monde 1994 et 1998 ainsi que pour la Coupe d’Europe de 1996. C’est un tour de force mémorable qui a permis à l’équipe roumaine d’exister de nouveau internationalement. Pourtant en 1998 les dirigeants décident de se passer des services de Iordănescu, qui va lui aller entraîner une autre équipe nationale, celle de la Grèce. Mais les résultats sont décevants, et Iordănescu quitte son poste. S’en suit alors des piges de maximum deux ans en Arabie Saoudite (excepté la saison 2000 au Rapid București) du coté de Al Hilal, Al Ain et Al Ittihad. Afin de ne pas se faire oublier du grand public et de son pays, Iordănescu reprend les rennes de l’équipe nationale roumaine entre 2002 et 2004. Mais les résultats encore une fois ne sont pas au beau fixe, et l’incapacité de se qualifier pour l’Euro 2004 ferme une nouvelle fois les portes de la sélection à Iordănescu. Cela marque un tournant dans la carrière de Iordănescu, et après quelques temps passés en Arabie Saoudite, Iordănescu semble tourner le dos au football pour s’intéresser à un autre domaine.

Le personnage politique

Dès lors, Iordănescu se lance en politique. Il se présente en tant que candidat aux élections du Sénat sur les listes du PSD (Parti Social-Démocrate) dans le județ de Ilfov en tant que quatrième candidat. Les votes ne seront pas suffisants pour lui permettre d’accéder directement au poste de sénateur. Plus tard, la démission de Teodor Filipescu permet à Iordănescu de prendre sa suite pour les dix mois restants de son mandat. En 2008 il se représente à Ilfov et est cette fois-ci élu. À la fin de son mandat, celui-ci se retire de la vie politique mais apporte son soutien à la campagne présidentielle du candidat PSD Traian Basescu en 2009.

Il s’est aussi illustré dans la vie politique de la Fédération Roumaine de Football en soutenant ouvertement son ancien coéquipier Gheorghe Popescu face à Viorel Moldovan à la présidence de la fédération. Aujourd’hui interrogé sur le sujet suite à sa nomination comme sélectionneur de l’équipe de Roumanie avec Viorel Moldovan en premier adjoint, Iordănescu ne semble pas entretenir de rancœur envers son collaborateur :

 » Je veux que vous compreniez que Viorel Moldovan et moi ne faisons pas parti d’un camp. Je ne me retirerais jamais personnellement de la « génération dorée ». Nous serons toujours spirituellement connectés, je les respectent et je serais toujours lié à vie à eux. Mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas le droit de continuer mon travail au sein du football roumain. Je n’ai trahi personne. »

 

La FRF a pris un risque en offrant le poste de sélectionneur pour l’Euro à Anghel Iordănescu, lui qui n’a pas entraîné depuis 2006 pour prendre la suite de Pițurcă. La nostalgie de ses années 90 est bien présente, et c’est à lui de montrer qu’il saura être décisif pour permettre aux roumains d’atteindre les objectifs fixés. Il semble que le destin de la Roumanie dans cette compétition repose entièrement sur lui.

Hadrian Stoian


Image à la une : © Clive Mason/Getty Images

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