Le football en Roumanie est plein de bouleversements chaque jour. Alors que lundi, c’est papa Becali qui faisait le show; on apprenait mercredi que le Dinamo Bucarest pouvait disparaître…
En effet, le Dinamo a été rattrapé par le fisc roumain et le club doit 450 000€ à l’Etat roumain. Cela a dû être la goutte d’eau qui a fait déborder la vase de Ionut Negoita, le président et financeur principal du club, qui a écrit une longue lettre.
« J’ai repris le Dinamo Bucarest au mois de mars l’an dernier. C’était avant tout une décision de coeur, j’ai senti que je devais sauver ce club. Et je l’ai fait, le Dinamo a obtenu par deux fois la licence nécessaire pour rester en Liga I.
L’effort a été énorme et l’investissement a été supérieur à 14M€. Par rapport aux années qui ont précédé, malgré des dettes énormes liées à une DECENNIE CRIMINELLE dans l’histoire du Dinamo, j’ai réussi à amener l’équipe à une quatrième place, alors que cela faisait bien longtemps que le Dinamo n’avait pas connu une aussi bonne position.
Je parlais d’une décennie criminelle dans l’histoire du Dinamo, parce que ce club a été VOLE de diverses manières tout au long de cette période, que ce soit des épisodes clarifiés au jour d’aujourd’hui ou d’autres qui se sont réglés derrière des portes fermées. Certains transferts ont mené à des contrats avec des joueurs ou des contrats commerciaux forts préjudiciables pour le club, mais très avantageux pour certains actionnaires et leurs entreprises. Le résultat de ces VOLS a été extrêmement dur et sensible: un club pénalisé par ses dettes financières, sans aucune chance pour le futur.
Je dis ces choses avec un goût amer que seul un dinamoviste de bon coeur peut avoir, un qui a tout risqué pour sauver ce club.
Depuis plus de 6 mois, je cherche un partenaire ou des hommes disposés à acquérir le Dinamo. Ceux que j’ai rencontré m’ont expliqué clairement: ce club doit d’abord guérir de son cancer, avant de pouvoir entamer des discussions sérieuses.
La conclusion unanime est, qu’au jour d’aujourd’hui, la seule solution pour le futur du Dinamo est de repartir de zéro et réorganiser complètement le club en partant d’une banqueroute.
J’ai cherché toutes les solutions possibles et ait espéré jusqu’au dernier moment. Ce qui s’est passé récemment a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, l’évènement qui m’a convaincu que ce club n’a aucun avenir sans une réforme radicale. Une nouvelle dette de plusieurs millions de lei est apparue de nulle part. Je parle de cette taxe non payée par le club ces cinq dernières saisons.
Quasiment chaque semaine de l’année qui s’est écoulée, ce genre de dettes liées au passé sont apparues et le moment est venu pour le club de vraiment savoir l’importance des VOLS qu’il a subi dans la décennie passée.
J’exprime à nouveau mon ouverture quand à la possibilité de vendre ou gérer ce club avec un partenaire qui pourrait faire plus que je ne peux pour le DINAMO.
Ne comprenez pas que j’abandonne le Dinamo. Tout en débutant ce processus, je reste aux côtés de l’équipe et soutiendrai son fonctionnement. Et je continuerai à chercher des solutions pour redresser la situation.
Pour certains, qui ne comprennent par la proportion du VOL vécu par le Dinamo, aujourd’hui peut être un jour triste. Je veux assurer à tous les dinamovistes que ce jour est celui de la renaissance. C’est le premier jour du futur pour le Dinamo. Le seul futur qui peut exister – celui où nous devons savoir souffrir pour apprécier la fin, celui où nous devons comprendre que pour guérir, il faut traiter le problème. Même si ce traitement est très douloureux. Aujourd’hui, plus que jamais, tous les hommes du Dinamo doivent resserrer les rangs. Le Dinamo va redevenir ce qu’il était jadis. Mais nous ne réussirons qu’uni. »
Le lendemain, Mircea Lucescu, figure mythique de la grande période du Dinamo, a tiré à boulets rouges sur Negoita et les hommes politiques: «Ca m’attriste de perdre une équipe que l’on doit aider, que ce soit au niveau politique, local… On ne devrait pas laisser l’équipe aux mains d’aventuriers. Ceux qui investissent pendant 2-3 ans et ne réussissent pas à gagner de titres, à gagner d’argent, finissent par abandonner l’équipe et le club disparaît.»
Pour être honnête, il est bien dur de savoir ce qu’il va advenir du club, 18 fois champion de Roumanie. A court terme, tous les meilleurs joueurs devraient être vendus dont le grand espoir Rotariu. On reprenait goût aux derbys de Bucarest qui commençaient à redevenir équilibrés mais cela aura fait long feu. Espérons que le Dinamo n’aille pas aux cimetières des éléphants du football roumain, rejoignant le Poli Timisoara ou l’Universitatea Craiova…
Tristan Trasca
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