Temps de lecture 4 minutesRetour sur la Supercoupe 2017 de Russie

Comme c’est la tradition depuis 2003, la Supercoupe de Russie ouvre la saison. Le Spartak Moscou, champion sortant, affrontait le Lokomotiv Moscou, vainqueur de la Coupe de Russie.

Ce dernier a eu l’honneur de remporter la première édition, en 2003, contre le CSKA, et de la gagner une deuxième fois en 2005 face au Terek Grozny. Finaliste à nouveau en 2008 et 2015, le Lokomotiv jouait ainsi sa cinquième Supercoupe. Contrairement à son adversaire du soir, le Spartak n’a pas eu la chance de gagner de Supercoupe durant son histoire, ni durant l’époque de l’URSS, ni après la chute du bloc, échouant par trois fois face au CSKA (2004, 2006, 2007). Pour leur quatrième participation, les Rouge et Blanc souhaitaient mettre un terme à cette malédiction.

Le stade

La Supercoupe a eu lieu cette année dans le stade du Lokomotiv. Longtemps jouée au Luzhniki, actuellement en rénovation pour la Coupe du Monde 2018, la Supercoupe est délocalisée depuis 2011. Le Stade Central du Lokomotiv a déjà accueilli la Supercoupe la saison dernière, et la retrouve cette année, les stades de Moscou étant tous indisponibles (l’Otkrytie Arena accueillait des concerts et le stade du Dinamo est toujours en construction).

Cela n’a pas empêché les supporters du Spartak de venir en nombre. Le Stade accueille ainsi plus de 24 000 spectateurs, meilleure affluence depuis 2011 et les 26 000 spectateurs au stade de Kuban pour le match Zenit-CSKA) mais très loin devant les finales de 2006 et 2007 entre le Spartak et le CSKA (43 000 spectateurs en 2006 et 45 000 spectateurs en 2007) et en 2008 entre le Zenit et le Lokomotiv, avec pas moins de 48 000 spectateurs.

Le match

Spartak XI : Rebrov-Eschenko-Dzhikiya-Boccetti-Kombarov-Fernando-Glushakov-Promes-Popov-Luis Adriano-Ze Luis (4-2-3-1)
Lokomotiv XI : Guilherme-Ignatyev-Pejcinovic-Kvirkvelia-Barinov-Denisov-Tarasov-Farfan-Miranchuk-Fernandes-Ari (4-2-3-1)

Massimo Carrera présentait l’équipe type de l’année dernière, sans Roman Zobnin, lourdement blessé lors d’un match de préparation avec la sélection russe avant la Coupe des Confédérations, et avec Luis Adriano qui a peu joué depuis son arrivée à cause de blessures. La recrue de l’été Petkovic, en provenance de l’Etoile Rouge de Belgrade, encore trop juste, c’est Eschenko qui prenait le côté droit de la défense.

Côté Lokomotiv, Yuri Syomin concoctait un 4-2-3-1 avec notamment la présence de Kvirkvelia, transféré définitivement depuis le Rubin Kazan. Ari, qui a vu son prêt prolongé cet été, se retrouvait en pointe face à son ancienne équipe.

La première mi-temps fut des plus agréables. Le Spartak mettait le pied sur le ballon, le récupérant assez haut grâce à un pressing intense face à un Lokomotiv jouant en contre. Ce sont d’ailleurs les hommes de Syomin qui eurent la plus grosse occasion de la rencontre sur une tête de Farfan qui toucha le montant d’un Rebrov totalement battu. Les Rouge et Blanc montrèrent un jeu huilé fait de renversements de jeu, de dédoublements sur les côtés et d’un Fernando toujours aussi essentiel au milieu de terrain. Mais les attaquants du Spartak manquaient de précision dans la finition. Il faut dire que sur la première période, le match était devenu un duel à distance entre Kvirkvelia et Dzhikiya qui montraient tout le bien que l’on pense d’eux !

Les deux équipes se séparèrent à la mi-temps sur un score vierge. Pour le premier match de la saison, on constata un jeu plutôt agréable à suivre, avec de l’engagement, des occasions franches et un jeu peu haché. En effet, l’arbitre de la rencontre, Vladislav Bezborodov, n’est pas un adepte du sifflet et préfère laisser jouer, faisant de la rencontre un match plus actif.

En deuxième période, le Spartak continua d’avoir la possession de balle et se montra plus entreprenant, notamment par l’intermédiaire de Promes qui aurait pu ouvrir le score si Guilherme n’avait pas eu un réflexe énorme pour sortir une balle contrée qui allait droit dans les filets.

Le Lokomotiv mit Rebrov à contribution, notamment sur des frappes de loin. Mais au fur et à mesure que le temps s’écoulait, les cheminots devinrent moins dangereux, laissant le Spartak dominer la rencontre.

Les prolongations virent la nette domination des rouges et blancs et les difficultés à contenir les attaques rapides de Promes. Jusqu’à l’ouverture du score par Adriano sur une passe en profondeur de Melgarejo, nouvellement entré. Le Spartak réalisa le break sur une action individuelle de Promes qui marqua d’une jolie frappe. Le but sur coup franc de Fernandes ne changea rien.

Le Spartak gagnait sa toute première Supercoupe de son histoire, remportant son deuxième titre de suite. Quand on sait qu’il a fallu attendre 16 ans pour que les rouges et blancs retrouvent le chemin de la victoire… Mais il est clair que la méthode Carrera fonctionne. Bien préparé physiquement, solide dans la récupération et développant un jeu offensif, le Spartak est clairement un prétendant à sa propre succession.

La polémique

Que serait un match de football russe sans polémique. Et celle qui revient c’est évidemment l’arbitrage. Et plus exactement en deuxième période lorsqu’Adriano s’énerva contre Tarassov après un duel. Déjà sanctionné d’un carton, le deuxième aurait pu être sorti par l’arbitre mais Bezborodov en décida autrement et ne sanctionna pas le Brésilien. Cet épisode fut évidemment ressorti après le coup de sifflet final par les vaincus, notamment par Yuri Syomin qui refusa sa médaille et s’expliqua avec Sergey Pryadkin, président de la Ligue de football russe, directement sur la scène.

La polémique enfla sur les réseaux sociaux, ouvrant de nouveau le débat sur la nécessité de l’arbitrage vidéo. Ce débat ressurgit constamment, oubliant l’aspect sportif au profit des critiques sur l’arbitre. La vidéo sera-t-elle la solution miracle que tout le monde espère ? Rien n’est moins sûr. La coupe des confédérations nous a montré toutes les lacunes de la vidéo et ne remplacera pas l’arbitrage humain.

Le racisme de retour

A un an de la Coupe du Monde, le spectre du racisme refait surface. On le doit aux ultras du Spartak qui chantèrent un chant raciste à l’encontre du gardien du Lokomotiv Guilherme, Brésilien naturalisé russe et faisant partie de la sélection nationale, le traitant de singe n’ayant rien à faire en sélection.

Plus intéressés par les erreurs de l’arbitre, les médias n’en firent allusion que plus tard et pas au niveau que cela mériterait. Tant que les instances ne prendront pas le problème à bras le corps, rien ne changera. Les ultras du Spartak n’en sont pas à leur premier coup et la direction du club a laissé faire au regard des mauvais résultats passés. Difficile de croire en un changement à 1 an de la Coupe du Monde. Ou bien si, les ultras seront interdits de stade durant la Coupe du Monde, comme ce fut le cas durant la Coupe des Confédérations, mais les problèmes de racisme reprendront de plus belle après.

Dzhikiya pouvait-il jouer ?

Une autre polémique concerne la présence de Dzhikiya sur le terrain. Sanctionné d’un carton rouge lors du dernier match de la saison passée contre Arsenal Tula, le défenseur rouge et blanc avait-il le droit de jouer la Supercoupe ? Une polémique qui peut faire couler encore beaucoup d’encre. La Commission de discipline se réunira le 19 juillet pour régler le cas « Dzhikiya. »

Vincent Tanguy et Adrien Morvan


Image à la une : © Dmitry Golubovich / ANADOLU AGENCY via AFP Photos

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