A partir de ce mardi, nous revenons sur la saison russe avec une belle quadrilogie, clubs par clubs qui suivra l’ordre final du classement. Cela succède à notre équipe-type que vous avez déjà pu découvrir. Aujourd’hui, zoom sur les quatre premiers du championnat 2014/2015: Zenit, CSKA, Krasnodar et Dinamo.
Zenit Saint-Pétersbourg [Premier – 67 points] par Karim Hameg
La saison
Pour reconquérir la RPL après deux deuxièmes places consécutives derrière le CSKA Moscou, le Zenit Saint-Pétersbourg s’est avant tout attaché à renforcer sa défense. Les arrivées de Javi García et surtout du vice-champion du monde Ezequiel Garay allaient dans ce sens. Le début de saison a été assez impressionnant avec huit victoires lors des huit premiers matchs, certaines étant particulièrement cinglantes (4-0 à Toula, 8-1 face au Torpedo ou encore 5-0 à Rostov). La première défaite n’intervient qu’à la 13ème journée (1-3 face au Terek). Après la trêve, le Zenit se contentera de gérer son avance tout en faisant tourner son effectif, coupe d’Europe oblige, pour marcher lentement vers un titre qui lui tendait les bras. Les matchs nuls face à des équipes théoriquement à la portée du Zenit s’enchaînent notamment. La délivrance arrivera lors de la 28ème journée avec un match nul (1-1) face à Oufa.
L’Europe
C’est clairement la grosse déception du côté de la capitale impériale: tout semblait pourtant bien démarrer avec une qualification pour la Ligue des Champions puis une victoire lors du premier match de poule sur le terrain de Benfica (2-0). Par la suite, le Zenit pataugera et manquera l’occasion de franchir le premier tour en s’inclinant à Monaco (0-2) lors de la « finale » d’un groupe qui semblait largement à leur portée. En Europa League, le Zenit éliminera le PSV Eindhoven puis difficilement le Torino pour finir par s’incliner face à Séville, futur vainqueur, en quarts de finale (1-2, 2-2), alors qu’ils avaient quasiment fait le plus dur.
Le positif
D’une part, la solidité défensive puisque le Zenit n’a encaissé que 17 buts en 30 matchs cette saison. L’influence de Garay s’est faite ressentir. D’autre part, la bonne gestion des matchs décisifs : ainsi, le Zenit a pris 13 points sur 15 possibles face aux autres équipes du top 4, le seul semi-échec intervenant à Krasnodar (2-2, 10ème journée).
Le négatif
Difficile de trouver du négatif dans une telle saison à l’exception de l’élimination piteuse en C1 mais il y a quand même également le parcours en coupe de Russie qui a quant à lui été tout simplement calamiteux avec une élimination en huitièmes de finale par l’Arsenal Tula (2-3 a.p.). Difficile enfin d’occulter une année 2015 marquée par des matchs joués au ralenti, le titre semblant déjà assuré.
Le coach
Arrivé en cours de saison dernière, André Villas-Boas a réussi en Russie là où il a échoué en Angleterre. L’entraîneur portugais est resté fidèle à ses idées avec son sempiternel 4-2-3-1 et assez peu de rotation en dehors des postes offensifs. Notons quand-même qu’il est critiqué de toutes-parts pour un fond de jeu jugé beaucoup trop faible pour un effectif de cette qualité, explications pour certains des performances du Zenit sur la scène européenne.
La polémique
Le match du titre face à Oufa s’est joué… à Saint-Pétersbourg, le stade du club Bashkir n’étant pas aux normes et qu’ils jouaient d’habitude à Saransk. À titre de compensation, le résultat final, un match nul (1-1) aurait été arrangé pour permettre tout à la fois au Zenit d’assurer son titre et à Oufa de faire un pas vers le maintien.
Le but
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CSKA Moscou [Deuxième – 60 points] par SovietXav
La saison
L’Europe
Encore une fois tombé dans le groupe de la mort en compagnie du Bayern Munich, de Manchester City et de l’AS Roma, le CSKA a fait bien mieux que la saison passé en jouant sa chance jusqu’à la dernière journée. Après une 1ère journée catastrophique et une défaite 5-1 sur la pelouse de la Roma, il était difficile d’imaginer que le CSKA irait tenir en échec puis battre Manchester City à l’Emirates ou mettre en difficulté le Bayern lors du match à Khimki. Les joueurs de Leonid Slutsky termineront logiquement a la dernière place avec cinq points mais l’impression générale aura été plutôt positive.
Le positif
Du coté des satisfactions, impossible de ne pas parler des recrues estivales : Roman Eremenko & Bibras Natkho, deux anciens du Rubin Kazan qui font désormais le bonheur du club de l’Armée. Le Finlandais et l’Israëlien meilleurs buteurs et passeurs du clubs se sont rapidement intégrés et ils ont tout de suite pris les commandes de l’équipe. Mention spéciale à Roman Eremenko, qui remporte le trophée de joueur de la saison et qui a illuminé le championnat et le jeu de son équipe par sa technique et sa finesse.
Le négatif
Coté déceptions, on regrettera le manque de caractère du CSKA dans les gros matchs du championnat. Huit défaites, c’est trop pour le double champion en titre qui par conséquent n’aura pas rivalisé longtemps avec le Zenit pour prétendre à un troisième titre en trois ans. De plus, le CSKA s’est mis en difficulté en étant incapable de gérer les matchs contre ses adversaires directs dans la lutte pour la Ligue des champions. Enfin, la demi-finale de coupe de Russie perdue contre le Kuban Krasnodar laisse un goût amer tant le CSKA n’aura rien montrer en terme de volonté pour aller chercher son ticket pour la finale.
Le coach
Leonid Slutsky a une nouvelle fois montrer qu’il était sans doute le meilleur entraîneur russe du pays avec ses forces et ses faiblesses. Si le jeu du CSKA n’a pas toujours été flamboyant lors des deux dernières saisons, cette année le CSKA a pratiqué un football bien plus offensif et spectaculaire, et à défaut d’avoir une base défensive très solide, les coéquipiers d’Alan Dzagoev terminent donc logiquement meilleure attaque du championnat avec 67 réalisations.
Le but
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FK Krasnodar [Troisième – 60 points] par Antoine Jarrige
La saison
C’est la belle surprise de cette saison 2014/2015. Déjà bien classé l’année dernière avec une bonne cinquième place synonyme de qualification pour la Ligue Europa, le club a récidivé cette saison avec une place sur le podium. Le Krasnodar s’est renforcé lors du mercato estival avec l’arrivée du portier Dikan mais également du milieu de terrain Izmailov. En championnat Krasnodar commence sur les chapeaux de roue avec quatre victoires et deux matchs nuls en disposant notamment du Spartak Moscou 4-0. Les deux défaites d’affilée à domicile contre le Dinamo et Ufa n’affaibliront pas le moral de troupes qui ne connaîtront que deux autres défaites contre le Mordovia et le Zenit avant la trêve hivernale.
Éliminé en coupe par le Krylia Sovetov, le club du Nord-Caucase n’a plus que le championnat pour terminer la saison. Quatrième à la reprise, les hommes de Kononov vont connaître une fin de saison époustouflante. En 18 matchs (matchs amicaux inclus), Krasnodar a connu la défaite… à zéro reprise ! Invaincu durant cette période, le club a réalisé une phase retour incroyable et était même qualifié en Ligue des Champions jusqu’à la 29e journée mais malheureusement pour eux le CSKA leur a chipé la place à la dernière minute de la saison… Une excellente fin de saison donc, qui leur permet de jouer la Ligue Europa pour la seconde saison d’affilée. Cette saison 2014-2015 est la meilleure dans l’histoire du club fondé en 2007 et nous promet un bel avenir.
L’Europe
Le club commence sa saison par les qualifications pour la C3 et se qualifiera pour les phases de groupe en éliminant les modestes Estoniens du Sillamäe Kalev, les Hongrois du DVTK et les Espagnols de la Real Sociedad (ex-pensionnaire de la coupe aux grandes oreilles la saison passée). Mais tout va se gâter en phase de poules où Krasnodar aura peu existé avec seulement six points mais avec une victoire de prestige à Goodison Park contre Everton.
Le positif
Côté satisfactions, on notera la superbe phase retour des taureaux malgré la blessure précoce de Joaozinho en février, mais aussi un football offensif et très plaisant à regarder. Ce qui pourtant ne leur fera pas délaisser les tâches défensives avec un ratio de buts encaissés inférieur à un but par match.
Le négatif
Coté déceptions, on regrettera le parcours européen du club qui aurait pu être meilleur, mais également en étant tâtillon les deux matchs nuls en fin de saison contre l’Amkar et le Torpedo alors qu’ils tenaient leur place en C1.
Le coach
Oleg Kononov a su tirer le meilleur parti de ses joueurs avec un style offensif loué dans tout le pays et au-delà. Sa première expérience en Russie est pour le moment réussie (il est Biélorusse et a entraîné surtout en Ukraine et dans le reste de la CEI). Tant et si bien qu’un certain nombre de supporters commence à le réclamer pour prendre la succession de Capello. Il aura également été capable de relancer certains joueurs comme notamment Roman Shirokov.
Le but
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Dinamo Moscou [Quatrième – 50 points] par Adrien Laëthier
La saison
L’ancien club du NKVD a voulu frapper un grand coup cette saison avec un recrutement de qualité avec comme tête de pont Mathieu Valbuena qui sortait d’une bonne Coupe du Monde avec l’équipe de France. Il est accompagné notamment par Manolev, un autre Français William Vainqueur (ex-Nantes et Standard de Liège), Büttner en provenance de Manchester United ou encore Prudnikov, attaquant du Rubin Kazan. Avec Cherchessov aux manettes et très peu de départs significatifs (Voronin à la retraite), le ton était donné et il fallait jouer la Ligue des Champions l’an prochain et faire un bon parcours en Europa League.
La saison va d’ailleurs bien commencer avec une grosse victoire face à Rostov, suivie par une déconvenue face à un Spartak alors en forme. Mais le coup d’arrêt va arriver face au Zénit à qui ils disputent alors la première place: si les Moscovites vont mener assez vite 1 – 0 grâce à un bijou de Valbuena, le match sera perdu 3 – 2 et les ennuis vont commencer. Sortis en Coupe par le Shinnik, ils vont ensuite s’incliner face à deux équipes en méformes: le Rubin et le Loko contre qui ils menaient pourtant de deux buts. Le plus dur restait pourtant à venir avec une reprise hivernale horrible après avoir enregistré les départs de Noboa, Granat (plus surprenant) et des décevants Manolev (reparti à Kuban) et Prudnikov; et trois victoires seulement lors des treize dernières journées et des défaites cuisantes face à Amkar et Ural alors qu’ils pouvaient encore espérer la C1. Ils n’auront que la C3 (si le FPF les laisse tranquilles) et encore, grâce à une fin de saison liquide du Rubin Kazan. Cherchessov est discuté mais devrait rester alors que Kokorin n’a pu marquer que neuf buts tandis que leur meilleur buteur Kevin Kuranyi s’en va après de bons et loyaux services. Les bleus et blancs essayeront donc de se renforcer pour être à la hauteur de leurs ambitions. Sosnin et M’Vila ont d’ores et déjà signé, mais Yusupov et sans doute Denisov s’en iront.
L’Europe
En C3, tout aurait pu s’arrêter dès les barrages face à l’Omonia Nicosie mais Samba les a qualifié dans les ultimes minutes d’une tête salvatrice; alors qu’ils avaient déjà eu du mal face aux Israéliens d’Ironi Kiriat-Shmona. Paradoxalement, tout va bien se passer dans une phase de groupes qu’ils vont dominer avec six victoires contre le PSV, le Pana et Estoril. Longtemps éliminés en huitième de finale face à une vaillante équipe d’Anderlecht, ils feront une superbe deuxième mi-temps pour s’imposer 3 – 1 mais c’est bien à Naples que leurs rêves s’arrêteront, la faute à un triplé d’Higuain et à une inefficacité offensive qui s’est transmise du championnat à la Coupe d’Europe.
Le positif
Côté satisfactions, on notera tout d’abord, le très bon comportement de Mathieu Valbuena, meilleur passeur du championnat avec onze passes dès sa première saison, et élu par nos soins dans l’équipe type de l’année; mais aussi l’autre Français William Vainqueur, toujours au-dessus du milieu de terrain moscovite malgré des associations avec beaucoup de joueurs différents (Yusupov, Ionov, Denisov, Zobnin voire Zhirkov). Enfin on notera l’assise défensive Gabulov-Samba-Hubocan qui aura souvent permis de limiter les dégâts malgré un peu d’inconstance de la part de chacun d’eux.
Le négatif
Côté déceptions, c’est Kokorin qui l’emporte et qui n’a même pas pu gagner le pari que lui avait proposé une actrice de films aux mœurs libérés en cas de meilleure prolificité (devant le but, hein coquins); et il n’aura pas le droit à ses seize heures de sexe (mais il se rattrape bien de lui-même en général) et il aura également été du marasme de l’équipe de Russie en cette année 2015; ensuite il y a le recrutement Büttner, Manolev, Prudnikov; ces joueurs ne se sont pas montrés à la hauteur, et certains sont même repartis aussi vite qu’ils furent arrivés: seul Büttner est encore là mais n’a joué que huit matchs de championnat. Enfin, il y a la gestion des contrats, avec le départ surprenant de Granat au mercato mais également celui de Yusupov, jeune joueur du club. Ils s’en vont donc en fin de contrat chez des concurrents directs alors que le gardien remplaçant Shunin a failli en faire de même. Gestion sportive curieuse ouïs-je ?
Le coach
Le coach a fait ce qu’il a pu mais avec sa réputation, on aurait pu attendre bien mieux de Cherchessov, qui s’est même fait prendre à titulariser le fils du Président Rotenberg en lieu et place de Kozlov; provoquant l’ire de l’ingérable Denisov et sa mise à l’écart. Mention passable donc mais on attendra de le revoir l’an prochain pour le juger définitivement dans un club aussi spécial et maudit que ne l’est le Dinamo.
Le but
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Adrien Laëthier