Les autrichiens viennent de se qualifier avec la manière contre l’Ajax Amsterdam. Leader incontesté de son championnat avec 58 points, flamboyant sur la scène européenne, Salzbourg serait-il enfin la nouvelle place forte autrichienne que l’on attendait depuis le Rapid Vienne des années 90 ? Entre histoire récente, analyse de la stratégie du groupe Red Bull et décryptage du jeu alléchant de Salzbourg, Footballski revient sur l’émergence de ce club si particulier, né il y a moins de dix ans.
Un peu d’histoire
Comme vous le savez tous l’entreprise Red Bull tient son succès de ses boissons énergisantes. Depuis le début du XXIe siècle le groupe autrichien a cherché cependant à s’implanter dans d’autres activités notamment dans le sport : en Hockey sur glace avec l’acquisition du club de Salzbourg (2000), en Formule 1 l’entreprise rachète l’écurie Jaguar à Ford (2004, en moto-cross en s’associant à KTM (2009) et enfin le football. Red Bull détient actuellement 4 équipes : à New York en MLS, à Leipzig en 3ème division allemande, à Sao Paulo (le Red Bull Brazil un obscur club qui végète en quatrième division) et à Salzbourg, fief du groupe.
L’entreprise voulait garder une attache dans son pays d’origine si possible en récupérant une équipe ambitieuse avec une histoire. L’occasion est toute trouvée en juin 2005 avec l’Austria Salzbourg qui cède les droits du club au groupe Red Bull en Bundesliga. Pendant cinq mois les supporters historiques protestent en boycottant les matchs et en réalisant des manifestations devant le centre d’entrainement. Ils avaient peur de voir disparaitre définitivement l’identité de leur club. Aucune solution n’ayant été trouvée, les ultras dissidents ont décidé de refonder cet Austria qui existe toujours et évolue en Regionalliga West, équivalent du National chez nous. Red Bull s’approprie aussi le stade Wals-Siezenheim en lui donnant 12 000 places supplémentaires (31 895 sièges aujourd’hui) afin de lui permettre d’accueillir des matchs de l’Euro 2008.
Les premiers pas
Après ces difficultés extérieures (1 an de négociations tendues) le club peut enfin se structurer et mettre en place son équipe dirigée par deux légendes du football : Trapattoni comme entraineur et Matthaus en adjoint. Leur première équipe révèle un mélange entre jeunes autrichiens (Andreas Ivanschitz et marc Janko alors considérés comme les grands espoirs du pays) et des étrangers expérimentés (Kovac, Zickler et Lokvenc entres autres). Le retour sur investissement ne se fait pas attendre, le club est sacré champion dès sa première saison dans l’élite. Le club devient très vite une valeur sure du championnat : 4 titres en 7 saisons, 3 fois la 2ème place et une coupe d’Autriche.
Sur le plan européen c’est beaucoup plus mitigé, 5 fois les Red Bull Salzbourg ont participé à des tours de qualification en ligue des champions et à chaque reprise ils se sont fait sortir avant les poules (2007 : Chakhtar Donetsk, 2009 : Maccabi Haïfa, 2010 : Hapoel Tel-Aviv, 2012 : Dudelange et 2013 : Fenerbahçe), une sorte de malédiction s’est emparée de l’équipe dans la compétition la plus prestige du continent européen. En C3 le club n’a jamais fait mieux que deux 16ème de finale l’un face au Standard de Liège en 2010 (3-2) et l’autre face au Metalist Kharkov en 2012 (avec une fessée monumentale 8-1)
La saison 2013-2014
Après l’élimination en troisième tour de barrage de C1 face au Fenerbahçe le Red Bull Salzbourg s’est très vite remis dans le quotidien du championnat. A l’image du Bayern en Allemagne les hommes de Roger Schmidt écrasent la Bundesliga actuellement. Après 26 journées, le club compte 19 points d’avance sur le second le SV Grodig avec 24 victoires, 4 nuls et 2 défaites, 79 buts inscrits contre 19 concédés. C’est une véritable machine offensive qui écrase tous ses concurrents notamment les trois autres gros du championnat : le Rapid, l’Austria Vienne et le Sturm Graz cantonnés à des seconds rôles cette année. Un ton au-dessus chez lui, le Red Bull Salzbourg impressionne aussi la scène européenne désormais : un parcours parfaits en phase de groupes (Groupe C avec Elfsborg, Esbjerg et le Standard) avec 6 victoires en 6 matchs et une véritable démonstration face à l’Ajax Amsterdam en 16ème de finale.
Le onze type du Red Bull Salzbourg évoluant en 4-4-2 : Gulacsi – Schwegler Hinteregger, Ramalho, Ulmer – Kampl, Ilsanker, Leitgeb Mané – J.Soriano, Alan. Les deux ailiers Mané et Kampl se projettent très vite vers l’avant permettant à Soriano et Alan de ne pas trop désaxer et ainsi garder une forte présente dans l’axe. Il n’y a pas de grands noms dans cette équipes mais de nombreux jeunes avec du fort potentiel. Hinteregger et Ilsanker sont appelés à devenir les futurs patrons de l’équipe nationale autrichienne.
Devant on retrouve deux buteurs aux destins atypiques. D’un côté Jonathan Soriano l’éternel espoir du football espagnol qui a été sélectionné dans toutes les catégories de jeunes de la Roja mais qui n’a jamais percé en club. Il a connu un parcours chaotique : Espanyol, Almeria, Ejido, Albacete et enfin Barcelone. Ce parcours chaotique l’a considérablement freiné dans sa progression, il régresse même en ne parvenant pas à convaincre en équipe première du Barça, se retrouvant ainsi dans l’équipe B évoluant en seconde division. C’est alors qu’il explose vraiment, inscrivant 48 buts en 62 rencontres. Il se fait alors remarquer par de nombreux clubs dont l’OM mais choisit en janvier 2012 de rallier l’ambitieux Red Bull Salzbourg. Comme disent les anglais il devient alors le Key Player de son équipe, il délivre une dizaine de passes décisives et inscrit 29 buts en 47 matchs. Avec la confiance de l’entraineur, le brassard de capitaine à certains matchs et un excellent ratio il semble enfin éclore à 28 ans. Cette saison encore il affole les compteurs avec 29 buts en 25 matchs toutes compétitions confondues (18 en Bundesliga et 11 en Europa League) . Des chiffres retentissants mais qui paraissent peu bouleversants dans un championnat décrit comme « inférieur ».
A ses cotés en attaque la présence d’un espoir brésilien Alan qui possède un profil ailier/attaquant capable ainsi d’occuper tout le front de l’attaque. Il a fait toutes ses classes à Fluminense (9 buts en 46 matchs) avant de s’envoler vers l’Autriche en 2010. Décrié pour son irrégularité, son hygiène de vie douteuse et ses blessures, Alan parvient tout de même à marquer 24 fois en 43 rencontres. C’est véritablement cette saison qu’il explose avec 21 buts en 21 matchs en championnat et 5 réalisations sur 11 rencontres d’Europa League. Dribbleur, percutant, presseur, buteur Alan est un véritable poison pour les défenses.
Quel style ?
Le modèle philosophique de jeu imposé par Schmidt est celui du Borussia Dortmund, dans toutes ses interviews l’entraîneur allemand ne s’est jamais caché de l’admiration qu’il portait à son compatriote Jurgen Klopp. De quoi il s’agit alors ? Effectuer un pressing très haut, être très vifs en contre, jouer en une-deux touches de balles sur ces situations, tirer sans se poser de question. Le 4-4-2 du Red Bull Salzbourg est assez impressionnant à ce niveau-là, les joueurs sont généreux dans l’effort et toujours au service du collectif. Le 18 janvier dernier les autrichiens ont disputé un match amical face au Bayern de Guardiola, tous les observateurs présents ont été bluffés tant les coéquipiers de Soriano ont marché sur ceux de Gotze (victoire 3-0). Malgré le caractère amical de cette rencontre il y a sans doute un déclic dans le vestiaire de Salzbourg, oui ils peuvent rivaliser avec de grosses écuries européennes.
Les deux matchs face à l’Ajax ont permis de voir toute l’étendue du collectif prôné par Schmidt : une équipe ambitieuse dans le jeu, impitoyable en contre et aussi la réussite qu’il faut comme le démontre ce fabuleux lob du milieu de terrain réalisé par Jonathan Soriano lors du match aller. ( http://youtu.be/KYiFPwBpnvE ). Cette rencontre était une véritable opposition entre deux styles : la possession traditionnelle selon l’école de l’Ajax face aux contres fulgurants de Salzbourg, les défenseurs hollandais ne semblaient pas préparés face aux attaquants du Red Bull qui se sont régalés à de nombreuses reprises en passant dans le dos des adversaires. Avec un pressing organisé très haut par les quatre éléments offensif, l’Ajax n’a jamais pu mettre en place son jeu.
La spécialité de Salzbourg réside ainsi dans les attaques rapides en s’appuyant sur les qualités athlétiques de ses attaquants. Ici Kampl réalise une merveille d’ouverture pour Sadio Mané qui profite de la naïveté du défenseur pour le prendre dans son dos.
Visiblement les joueurs de l’Ajax n’ont pas retenu la leçon ils encaissent pratiquement le même but décrit ci-dessus. Durant le match retour, Ilsanker récupère le ballon très haut, il lance immédiatement Mané qui est rentré dans l’axe afin de prendre la profondeur, sa rapidité fait la différence et permet à Salzbourg de faire le break.
Sur une situation de contre classique en seconde période, Salzbourg se retrouve à 5 contre 3 après une perte de balle de Blind. Les nombreux appels extérieurs ou dans l’axe sont de précieuses solutions pour le porteur de balle.
Sur le travail défensif effectué, une image démontre bien la qualité du pressing avec la volonté d’isoler le porteur du ballon, l’obligeant à balancer de longs ballons devant que Salzbourg pourra récupérer grâce aux gabarits de ses défenseurs.
Footballski vous a ainsi démontré la philosophie de ce nouveau venu dans le football européen impulsé par l’entreprise Red Bull. La domination rapide du championnat autrichien a été un véritable point d’ancrage aux véritables finalités du club : devenir un grand d’Europe. La maîtrise parfaite du 4-4-2 doublée d’un pressing de tous les instants et d’une efficacité redoutable en contre-attaque font de Salzbourg une équipe à surveiller dans cette Europa League. Nulle doute que l’on reparlera très vite de cette équipe agréable à voir jouer, pourquoi pas dès l’an prochain dans la coupe aux grandes oreilles …
Adrien Mathieu
Très bon article mais quelques erreurs comme l’avance en championnat qui est de 19 pts, le nombre de buts inscrit est de 79 en 24 matchs de championnats et 19 encaissés, puis Soriano en championnat n’a joué que 16 matchs et a inscrit 18 buts, et il en a inscrit 10 en 7 matchs de C3.
Bonsoir merci infiniment pour vos remarques j’ai confondu les stats de Salzbourg et de Soriano avec celles de l’an passé à la même période, j’ai modifié l’article en conséquence. Je vous remercie pour ces précisions.
Bonsoir merci infiniment pour vos remarques j’ai confondu les stats de Salzbourg et de Soriano avec celles de l’an passé à la même période, j’ai modifié l’article en conséquence. Je vous remercie pour ces précisions.
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