Mon dimanche footballistique dans la capitale ukrainienne se prolonge donc, et cela, sans aucun répit vu que je suis déjà dans le taxi alors que le match de l’Obolon est en train de se finir. Taxi direction le centre-ville cette fois, et le NSK Olympiyskiy, anciennement Respublikanski Stadion.


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Des routes barrées, un grand détour et quelques embouteillages dus aux retours de week-end : voilà de quoi sera fait mon périple qui me conduit pourtant devant le stade à quelques minutes du coup d’envoi. Malheureusement, les Ukrainiens ne sont pas plus organisés que moi, et alors que le match s’apprête à démarrer, les files d’attente s’allongent aux caisses du stade. Une organisation au sommet donc, car les Babushkas qui y travaillent, et qui ne se soucient pas de l’expérience des spectateurs, font patienter ceux qui n’ont pas l’appoint. Enfin… Billet en main, et fouille sommaire effectuée, j’arrive donc à proximité de ma place après sept minutes de jeu. Sept minutes où il ne s’est donc rien passé, pas de regrets.

Quasiment à l'heure © Adrien Laëthier
Quasiment à l’heure © Adrien Laëthier

La chose la plus frappante est malheureusement la plus habituelle. C’est la cinquième fois que je me rends dans ce stade, la quatrième fois pour un match de championnat, et le constat est toujours le même : le stade est vide ! Et ce n’est pas parce que les gens sont bloqués aux caisses, mais plutôt parce que le Dynamo n’attire pas la population locale, même un dimanche en début de soirée. Environ 11 000 personnes ont pris place dans cette enceinte de 70 000 places qui va bientôt accueillir la finale de la Ligue des Champions (en 2018). Pourtant, le potentiel existe dans cette ville de plus de trois millions d’habitants, il suffit de voir certaines affluences pour les affiches contre le Shakhtar ou les matchs de coupe d’Europe : 67 000 il y a deux ans contre Everton mais seulement 36 000 contre Napoli quelques jours plus tôt.

Le problème est donc plus profond, il concerne le football ukrainien en entier dont le niveau du championnat est en chute libre. Mais encore plus exactement le Dynamo Kiev en lui-même, dont les supporters que j’ai pu rencontrer au cours de ces dix jours m’ont toujours fait part de leur incompréhension au niveau des performances de l’équipe et de l’implication des joueurs. Soyons clairs, les performances des joueurs du Dynamo ne satisfont absolument pas les fans du club, et ce malgré leur relative domination sur le football ukrainien depuis quelques années. Il me semble bon également de rappeler qu’une partie des ultras du club se sont engagés pour combattre sur le front de l’Est du pays, et ceci contribue également à faire baisser l’ambiance dans le stade. Néanmoins, le kop est relativement bien rempli et met l’ambiance avec de nombreux fumigènes et quelques petits tifos. À l’opposée, les fans du Zorya, sans doute des habitants de Lugansk réfugiés à Kiev à cause des évènements, sont une grosse poignée : entre cent et deux cents à la louche, car ils sont situés trop loin de ma position pour une meilleure évaluation.

Sur le terrain, le Dynamo aligne une équipe légèrement remaniée après la défaite contre le Napoli : Yarmolenko, Junior Moraes ou encore Sydorchuk ne sont pas dans le groupe. Le match apparaît donc à portée des locaux face à une équipe du Zorya, sans doute fatiguée après son match à Fenerbahçe où ils ont tenu la victoire jusqu’à la 97e minute. Favoris sur le papier, les hommes de Sergey Rebrov ne parviennent pourtant pas à se montrer dangereux au cours de la première mi-temps. Ils contrôlent le ballon quasiment tout le temps, mais les quelques occasions franches sont à mettre au crédit des Noirs. Le Dynamo donne l’impression de ronronner et d’attendre un but qui finira par tomber tout cuit alors que les visiteurs contrent, Mykyta Kamenyuka est intenable sur son côte gauche, mais ses coéquipiers sont parfois maladroits dans le dernier geste comme Edvard Sobol. C’est donc sur ce constat d’un match très ennuyeux dans un froid naissant que les vingt-deux acteurs rentrent aux vestiaires.

Le Zorya est surtout dangereux sur l'aile gauche  © Adrien Laëthier
Le Zorya est surtout dangereux sur l’aile gauche © Adrien Laëthier

La deuxième mi-temps repart à peu près sur les mêmes bases, sauf que les troupes d’Oleg Vernydub ne sont même plus dangereuses. La faute, peut-être, à la sortie du capitaine Kamenyuka légèrement touché et remplacé par le jeune Ivan Petryak, très maladroit dans ses touches de balle. Pour autant, le Dynamo Kiev ne va pas se montrer très dangereux pendant la demi-heure à venir, n’appuyant sur l’accélérateur qu’à une quinzaine de minutes de la fin, craignant de devoir repartir avec le point du match nul et de perdre pied dans la lutte qui l’oppose au Shakhtar pour la suprématie nationale. Les coups de pied arrêtés se multiplient, mais les Gladkiy, Buyalskiy et Gusev se montrent trop maladroits. Même l’homme providentiel Domagoj Vida va échouer à ouvrir le score et c’est lorsque les moins courageux s’apprêtent à quitter le stade que le Zorya va se projeter enfin vers l’avant. On joue la 93e minute et tous les Kievlyanye sont devant lorsque le Zorya récupère le ballon. Vida est trop court, et Petryak est lancé sur l’aile gauche, il fixe un Khacheridi pas très inspiré et trouve côté opposé Opanasenko que personne n’avait suivi sur le côté droit. Celui-ci loupe son contrôle de la poitrine, en bon défenseur qu’il est, mais Shovkovskiy hésite trop à sortir et l’ancien du Metallurg Zaporozhye parvient à glisser le ballon au-dessus du quadragénaire pour donner la victoire et la deuxième place au Zorya Lugansk.

Les visiteurs se congratulent et la photo parle d'elle-même  © Adrien Laëthier
Les visiteurs se congratulent et la photo parle d’elle-même © Adrien Laëthier

Le Dynamo est bel et bien troisième et va devoir désormais doubler son adversaire du soir avant de penser à un hypothétique titre de champion national et ça, les supporters l’ont bien compris car déjà bien loin du stade et quasiment dix minutes après le coup de sifflet final, on pouvait encore entendre les sifflets résonnants du stade depuis la rue Bolshaya Vasilkovskaya. Le Dynamo a perdu trois fois d’affilée à domicile et Rebrov a plus que jamais la pression. [Depuis ce match, le Dynamo s’est imposé à domicile ce week-end contre le Zirka Kropivinitskiy mettant fin à cette mauvaise série à domicile]

Les notes Footballski :

dynamo-zorya

Standing du Stade (5/5) :

Le stade est magnifique et cela m’impressionne à chaque fois, même si le dégradé de couleurs ukrainiennes des sièges agresse un peu la rétine. Un des plus beaux, si ce n’est le plus beau, stades de la galaxie Footballski.

Jugez plutôt  © Adrien Laëthier
Jugez plutôt © Adrien Laëthier

Disponibilité des billets (4/5) :

Il y a toujours des billets de disponibles, et on peut les acheter sur internet ! Pourquoi donc seulement 4 ? Tout simplement car le nombre de caisse est trop limité et cela me semble surréaliste de faire une telle queue lorsque le stade affiche moins de 15% de remplissage.

Tarifs (5/5) :

35 Gryvnias minimum, soit environ 1,10€. Personnellement, j’ai payé un peu plus (50) mais cela me semble dérisoire pour voir une équipe comme le Dynamo Kiev, c’est à peine plus que pour Obolon. Notons également que les places en C1 sont les moins chères de toute la compétition.

Ambiance (3/5) :

Une note clémente par rapport au remplissage du stade, mais les Ultras du Dynamo continuent de faire ce qu’ils peuvent pour enflammer le stade et ils sont toujours plus nombreux que dans beaucoup d’enceintes du continent. Malheureusement, cela n’empêche pas l’Olimpiyskiy de sonner très très creux.

Les Ultras font ce qu'ils peuvent au milieu des places désertes  © Adrien Laëthier
Les Ultras font ce qu’ils peuvent au milieu des places désertes © Adrien Laëthier

Risques (4/5) :

Un petit point d’enlevé, car la présence policière ne m’a pas semblé très forte dans un pays comme l’Ukraine où des incidents se sont déjà produits. Tant mieux, me direz-vous, et il n’y a pas lieu de s’inquiéter du tout en se rendant au stade, 4 restant une excellente note.

Accessibilité et transports (5/5) :

Le stade est situé à la sortie même du métro éponyme et cette station (comme le stade donc) se trouve en plein centre-ville, accessible à pied depuis n’importe quel site touristique ainsi que très bien desservi en bus. Quel bonheur de voir un stade moderne ne pas avoir perdu sa situation centrale dans une ville.

Boissons (3,5/5) :

Rien de bien alléchant. Une buvette, tout ce qu’il y a de plus classique dans ce genre de stade, pour des prix certes abordables pour nous, mais plus chers que ce que l’on trouve habituellement en Ukraine. Notons qu’ils ont eu la bonne idée d’abandonner depuis quelques années le système d’achat par carte spécifique et que les paiements en liquide sont de nouveau autorisés.

Quartier environnant (4,5/5) :

4,5 c’est vraiment pour être tatillon et montrer que la perfection est difficile à obtenir, mais la position centrale du stade dans la ville de Kiev fait qu’il y a tout ce qu’il faut autour : site touristique, restaurants, bars, cafés, centres commerciaux et aires de loisirs nocturnes. De plus, le quartier est plutôt joli et très proche des sites historiques de la capitale. Le NSK Olimpiyskiy s’inscrit donc sans aucun problème au milieu de votre week-end culturel.

Adrien Laëthier


Image à la une : © Adrien Laëthier

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