En Carinthie, c’est pas trop la fête du foot, mais en cherchant bien du côté de la Regionalliga il y a quand même de quoi trouver son bonheur. En particulier au SAK Klagenfurt, en ce samedi 4 octobre, où j’ai décidé d’aller trainer mes guêtres. Petit compte-rendu à base de marché agricole, d’insultes slovènes et de main courante.

Je viens d’arriver à Klagenfurt pour des raisons obscures et il se pourrait que j’y reste un petit moment. Klagenfurt, capitale du Land de Carinthie, c’est 95 000 habitants et deux clubs de foot : l’Austria (cher à Jorg Haider) et le SAK – pour Slovenski Atletski Klagenfurt. Les deux formations évoluent loin des sunlights de la Bundesliga et batifolent en Regionalliga Mitte, soit l’équivalent de la troisième division. Klagenfurt n’est clairement pas une terre de foot, malgré l’érection du Wörthersee Stadion pour l’Euro 2008. Ce samedi, je décide de partir à la découverte du SAK qui reçoit le Sturm Graz Amateure.

Le SAK, fondé en 1970 par un groupe d’étudiants, est le club de la minorité slovène. A ma connaissance, le SAK Celovec (Klagenfurt en slovène) ne peut se targuer d’aucun succès majeur, mais son dessein est surtout communautaire, à savoir (dixit son site internet) rassembler les meilleurs footballeurs locaux issus de ladite minorité. Je tenterai d’approfondir les questions liées à l’identité et à l’histoire du club dans un prochain article.

Entrée des joueurs, au milieu des stands de saucisses
Entrée des joueurs, au milieu des stands de saucisses

Hier soboto, je déboule (à la bourre) sur les coups de 14h55 au Sportpark Welzenegg, une petite enceinte de périphérie dotée de la sacro-sainte main courante et même d’une (toute) petite tribune. Pour arriver du vestiaire au terrain, les 22 acteurs passent benoîtement au milieu des stands d’un petit marché agricole. Même pas le temps d’acheter une bière et se vautrer à la main courante que le Sturm ouvre déjà le score. Je ne suis pas surpris car le SAK est dernier au classement et vient de perdre 4-0 à dom’ face à l’Austria. Tout ça pour dire que je ne m’attends pas à du grand fussball.

Je passe la première mi-temps avec en face la petite tribune et ses trois rangées de sièges. Autour du terrain, l’atmosphère est paisible et ce sont les vociférations des entraîneurs, joueurs et arbitres qui constituent l’ambiance. Pas de kop, ni de regroupement particulier, mais on entend tout de même retentir quelques encouragements venant de la tribune : en dva SAK, le naprej gole dej ! Je n’ai pas encore eu le temps d’apprendre le slovène, toutefois je devine que ça doit vouloir dire « Allez le SAK, marque-nous un but ». Ou quelque chose comme ça. Je précise qu’autour de moi tout le monde ne parle pas slovène et que l’allemand a néanmoins droit de cité.

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Sur le terrain, le SAK prend courageusement le jeu en main et se crée deux belles occases. Le niveau n’est pas folichon, c’est physique avec forte prédominance du jeu aérien, mais je m’attendais à pire. Halbzeit : 0-1. C’est l’heure d’aller se reprendre une mousse, tandis que la sono crache de la variétoche slovène.

J’ai trop bouffé à midi, donc je renonce à ma bratwurst. Par contre, je pars me dégourdir les jambes en direction de la tribune où je me pose soleil dans la face (que c’est bon au mois d’octobre) pour la deuxième période. Je prends soin de me placer à côté d’un petit groupe d’habitués. En gros, la femme d’un des joueurs, le frère d’un autre, le frère du beau-frère, bref, une clique qui se connaît et qui se lâche sans vergogne. L’arbitre en prend savoureusement pour son grade, tandis que les jeunes simulateurs (ou supposés comme tels) du Sturm essuient régulièrement des invectives en slovène. Là on est bien et intérieurement je me marre.

Comme l’environnement m’est sympathique, je prends fait et cause pour le SAK, d’autant que les jeunes pousses de Graz ont des coupes dégueulasses et transpirent l’arrogance. Celovec finit d’ailleurs par égaliser et dans la foulée prend l’avantage, ce qui ravit évidemment mes nouveaux potes. Alors qu’on s’achemine vers un succès du SAK, le Sturm revient miraculeusement sur une remise en retrait façon passe décisive et un duel remporté face au gardien. On joue la 95ème minute. Dans le jargon, on appelle ça un bon fist. Les puceaux du Sturm ne s’y trompent pas et s’en vont provoquer mes voisins chambreurs, l’opportunité d’un dernier échange de quolibets. On frôle de peu la baston joueurs/spectateurs.

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Le biergarten continue à débiter, mais je me résigne à quitter les lieux avec la promesse d’y repasser prochainement. J’ai vécu une bonne après-midi de foot, qui s’apprête du reste à se poursuivre car en Autriche à 18h (comme en Allemagne ou même en Alsace) c’est Sportschau sur ARD. Dommage, on n’y parlera pas de Klagenfurt…

Paolo Bartolucci

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