En ce mercredi 1er Juin 2016, je décide de me rendre à Liepaja pour assister au match au sommet de la Baltic Cup version 2016 : Lettonie vs. Lituanie. Les trois heures trente de route qui séparent Riga de la capitale du Kurzeme en bus ne sont pas des plus confortables. Il fait chaud et la qualité du réseau routier letton ne semble malheureusement pas vraiment avoir profité des nombreuses subventions européennes pourtant versées à cet effet. Une fois ces considérations terminées, j’arrive deux heures avant le match. Soit juste le temps d’aller savourer une mousse sur la plage qui se trouve vraiment à deux pas du Daugava Stadium. Elle est pas belle la vie ?

© Maxime Bonnet / Footballski
© Maxime Bonnet / Footballski

En ce jour ensoleillé, c’est la fête du football à Liepaja. La ville n’étant qu’à une trentaine de kilomètres de la frontière lituanienne, les supporters des deux camps sont venus en nombre. L’ambiance est bien évidemment joviale et fraternelle, les femmes et les enfants sont fortement représentés et les quelques cafés du parc menant au stade sont pris d’assaut. Personne ne veut rater cet événement sportif et festif dans ce coin de Lettonie qui représente une rencontre majeure en terme de suprématie footballistique régionale.

La ville de Liepaja n’est pas connue pour avoir toujours offert une vie facile à ses habitants. En 1941, l’Allemagne nazie y a exécuté des juifs par centaines et, fait très rare, les preuves de ce massacre ont été filmées et conservées.  Elles ont servi de preuve irréfutable lorsque fut venu le temps des jugements contre les acteurs de l’Holocauste. Plus récemment, lors de l’époque soviétique, Liepaja était connue pour sa prison de grande taille située dans le quartier de Karosta. Cette prison était une sorte de ghetto séparé de la partie historique de la ville par un canal équipé d’un pont amovible. Aujourd’hui, Karosta reste un quartier pauvre et triste où les logements sont gratuits pour ceux qui payent les charges (eau, électricité…).

https://www.youtube.com/watch?v=BaWUek-ER7w

La vidéo malheureusement fameuse

Historique et représentation de la coupe

La coupe des Pays Baltes, encore existante, se dispute sous forme de tournoi pendant quelques jours. C’est la compétition la plus ancienne qui réunit des équipes nationales. Sans doute l’ignoriez-vous ? En effet, c’est en 1928, lors de la première indépendance de l’entre deux guerres des états baltes que cette coupe fut créé. Organisée de nos jours tous les deux ans, années de coupe du Monde (première édition en 1930) ou de coupe d’Europe (1960), cette compétition est reconnue par l’UEFA (car incluse dans la « week of football » de l’UEFA malgré le droit d’effectuer cinq remplacements). Cette année, pour la première fois, les trois nations ont organisé en commun la compétition avec des matchs se déroulant dans trois villes, à savoir :  Klaipeda (Lituanie), Tallinn (Estonie) et donc Liepaja (Lettonie). Cette édition 2016 de la « Baltic Cup » fut synonyme de retour aux sources avec la participation unique des trois états Baltes, la Finlande (participant aux deux dernières éditions 2012 et 2014) n’ayant cette fois-ci pas été invitée. Enfin au niveau palmarès, la Lettonie avec sa victoire de 2016 compte désormais douze victoires, et mène la danse devant la Lituanie et l’Estonie qui ont respectivement dix et trois titres de champion.

Suprématie régionale et chance de titre obligent, les trois sélectionneurs ont tous fait appel à leurs meilleurs éléments. Classées respectivement 94ème, 103ème, 127ème, au classement FIFA (derrière des nations comme Nevis, les Iles Féroé ou encore le Qatar) l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie accordent de l’importance à cette compétition. Ceci permet ainsi aux amoureux de football de la région de pouvoir supporter leurs sélections nationales lors d’un tournoi. Il faut savoir qu’aucun des trois pays n’a jamais participé à la Coupe du Monde et que seule la Lettonie de Maris Verpakovskis (actuellement président du FK Liepaja) a eu la chance de participer à l’EURO au Portugal en 2004.

Le match Lettonie – Lituanie!

Résultat logique en fin de période avec la victoire 2-1 des locaux (la Lettonie) grâce à des buts signés Arturs Zjuzins (joueur du Gazovik Orendurg récent champion de FLN, l’équivalent de la deuxième division russe) et Artjoms Rudnevs (Hambourg SV – Allemagne) côté letton pour un but de Fedor Cernych (Jegiellonia Bialystok – Pologne) côté lituanien. Ce sont pourtant les visiteurs qui se sont montrés les plus dangereux en premier en touchant deux fois les montants (barre transversale puis poteau) sur deux frappes successives à la 29ème minute. Cette action fut la seule vraiment notable d’une première mi-temps marquée par une faible intensité de jeu et de nombreuses approximations techniques. En deuxième période, Marians Pahars (le sélectionneur letton) décide de sanctionner les joueurs les moins en forme et procède donc à deux changements immédiats : au retour des vestiaires, Aleksejs Visnakovs (Rigas Futbala Skola – Lettonie) remplace Igors Tarasovs (Jegiellonia Bialystok – Pologne) et  Arturs Zjuzins (premier buteur) remplace Roberts Savalnieks (FC Riga – Lettonie). C’est à la 49ème minute que le match s’emballe avec une énorme occasion côté Lituanien pour Lukas Spalvis (Aalborg BK – Danemark) qui n’ajuste pas correctement sa tête alors qu’il était pourtant seul à sept mètres des cages gardées par le gardien letton, Andris Vanins (FC Sion – Suisse). Ce dernier a la bonne idée d’effectuer une relance rapide qui prend ainsi en défaut le bloc lituanien. Cela permet  à A. Zjuzins d’ouvrir le score sur un contre rudement mené avec l’aide d’A. Rudnevs. A la 69ème, c’est justement lui, le controversé A. Rudnevs qui de la tête et en deux temps permet à la Lettonie de faire le break. Après vingt-cinq minutes de lutte acharnée, les lituaniens reviennent au score grâce à une belle frappe de l’extérieur du droit de F. Cernych à l’entrée de la surface de réparation où le gardien letton (A. Vanins) aurait dû mieux assurer.

© Maxime Bonnet / Footballski
© Maxime Bonnet / Footballski

Dernière chose à noter, le remplacement de Janis Ikaunieks (FC Metz – France), emprunté et peu inspiré pour son retour à Liepaja, par son frère aîné Davis qui fêta donc sa première sélection avec les A. Ce dernier avait fini meilleur buteur de Virsliga la saison dernière et s’apprête à rejoindre le club tchèque du Vysocina Jihlava pour un prêt payant avec option d’achat.

Pour infos, les autres résultats de la « Baltic Cup » version 2016 sont :

  • Lituanie Vs. Estonie : 2-0, joué le 29 mai 2016 à Klaipeda
  • Estonie Vs. Lettonie : 0-0, joué le 4 juin 2016 à Tallinn

Classement :

  1. Lettonie – 4 points
  2. Lituanie – 3 points
  3. Estonie – 1 point

Evaluation Footballski :

Standing du stade (3/5) :

Une étoile pour la plage qui se trouve à proximité, une étoile pour la pelouse naturelle (rare dans le coin) et puis une étoile pour la tribune officielle couverte : le reste c’est un stade d’athlétisme de Lettonie…

Disponibilité des billets (5/5) :

Pas de file d’attente malgré l’importance de l’événement et suffisamment de sièges disponibles.

Tarifs (2/5) :

10 € pour un billet en tribune principale, ce qui fait cher comparativement aux 2 € – 3 €  payés habituellement pour assister à un match de championnat.

Ambiance (3/5) :

Ca dépend de ce qu’on aime mais je récompense la présence des fans lituaniens un mercredi soir et également l’ambiance de fête qui régnait dans et aux abords du stade avant et après la rencontre.

Accessibilité et transport (2/5) :

Liepaja c’est quand même « le trou du cul du monde » mais le stade  est accessible à pied du centre-ville et de la gare routière.

Boissons (3/5) :

À la buvette du stade des bières sont en vente à un prix raisonnable (2 € – 3 € la pinte)  mais le choix est limité.

Quartier environnant (5/5) :

Un stade qui se situe entre un parc fleuri et la plage ça n’a pas de prix, surtout au mois de juin !

Maxime Bonnet


Image à la une : © Maxime Bonnet / Footballski

1 Comment

  1. Bruno 22 juin 2016 at 10 h 05 min

    Superbe billet, enfin un article où l’on apprend des choses!
    Juste un truc: on supporte sa femme, son patron, etc. mais on SOUTIENT sa sélections nationale.

    Reply

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