Alors que le froid arrive doucement sur la capitale géorgienne, les hommes de Vladimir Weiss, déjà éliminés, disputent leur dernier match à domicile pour cette campagne de qualifications. Bien sûr, il est déjà entendu que la Géorgie ne se qualifiera pas pour la première Coupe du Monde de son histoire chez le voisin russe, mais l’idée de gagner enfin un match n’a pas quitté les têtes géorgiennes après cinq matchs nuls et trois défaites lors de ces éliminatoires. A domicile, le bilan n’est pas bien meilleur, l’Irlande et la Moldavie sont repartis de la Dinamo Arena avec le point du nul tandis que la Serbie et l’Autriche se sont imposés. La seule satisfaction récente reste la claque (5-0) infligée à une bien morne Lettonie en match amical en mars.

Revenons assez vite sur le déroulement du match, que vous pouvez voir avec divers résumés. Les Gallois se sont procurés assez vite une première occasion mais la première mi-temps a été dominée plutôt largement par la Géorgie, qui ne se mit pourtant que très rarement en situation d’ouvrir le score. C’est d’ailleurs Loria, le portier géorgien, qui s’est mis en évidence en repoussant une occasion galloise d’une claquette peu académique mais efficace. La plus grosse occasion géorgienne est elle intervenue juste avant la mi-temps mais Kvilitaia, comme toujours, s’est montré maladroit de la tête et les équipes se sont séparées sur un score vierge alors que la Géorgie a montré un visage plutôt séduisant.

Malheureusement, dès le retour des vestiaires, Tom Lawrence, laissé tranquille aux portes de la surface, a ouvert le score sur une frappe que Loria aurait sans doute pu sortir. S’ensuivit un bon quart d’heure de domination britannique avant que la Géorgie ne recommence à se montrer. Malheureusement, les milieux et attaquants géorgiens ont pêché dans le dernier geste à chaque fois, comme sur l’ultime centre de Kakabidze dans les arrêts de jeu. Les Gallois l’emportent ainsi 1-0, faisant oublier leur unique performance à Tbilissi (battus 5-0 en 1994) et s’en sortent très bien même si on imagine mal une sélection avec un tel niveau de jeu se qualifier pour la Coupe du Monde. La Géorgie, elle, va pouvoir capitaliser sur sa performance tout en gardant à l’esprit de nombreux points à améliorer avant de se rendre en Serbie.

Les Gallois ont bien fait de venir en nombre. | © Adrien Laëthier

Revenons désormais sur les performances individuelles géorgiennes. Dans les buts,  le peu académique Giorgi Loria (Krylya Sovetov), pas toujours rassurant comme sur une frappe d’Aarom Ramsey a pourtant sauvé les siens à deux reprises et il peut se reposer sur ses deux oreilles car la concurrence de l’ancien Manceau, Giorgi Makaridze (Moreirense) ou des peu rassurants Nukri Revishvili (Dinamo Tbilisi) et Roin Kvaskhvadze (Torpedo Kutaisi) ne devrait pas pouvoir l’inquiéter.

En défense centrale, le duo Solomon Kverkvelia (Lokomotiv Moscou) et Guram Kashia (Vitesse Arnhem) est une des satisfactions de ce match. S’il ne s’agit pas forcément du duo le plus mobile d’Europe et qu’ils ont été ainsi mis en difficulté quand les Gallois sont passés au centre (notamment par le duo Ramsey-Lawrence). Ils se sont montrés très solide, notamment Kverkvelia qui a plusieurs fois arrêté les attaques galloises avec une grande sérénité. Sur les côtés, on retrouvait le petit Giorgi Navaloski (SKA Khabarovsk) à gauche, qui bien qu’extrêmement combattif s’est montré trop limité parfois dans les duels et n’a pas fait preuve d’une grande qualité de centre, ainsi qu’Otar Kakabadze (Gimnastic Tarragone), jeune et volontaire mais qui a manqué de précisions lors de certains de ces centres (comme dans les arrêts de jeu). Kakabadze s’est néanmoins montré très intéressant pour le futur.

Le milieu de terrain était emmené par l’emblématique capitaine, Jaba Kankava, sans club depuis son expérience mitigée en France. Même sans aucun rythme, il a été un des meilleurs géorgiens, toujours agressif et précis dans les tacles (quelques fois un peu au delà des limites), il a également été très efficace à la relance alors que Nika Kvekveskiri (Tobol Kostanay), chargé d’organiser le jeu, a grandement déçu notamment lorsqu’il s’agissait d’écarter le jeu sur les ailes (de nombreuses touches bêtes concédées). Plus à l’aise dans les passes courtes, le numéro 10 géorgien a également manqué de présence défensive et la perméabilité du milieu de terrain géorgien est sans doute la raison numéro une de cette défaite. Aux côtés de Kankava, on retrouvait également l’autre chauve, Valerian Gvilia (BATE Borisov) qui a répondu présent dans l’agressivité sans faire pour autant un grand match. Joueur à revoir dès ce soir. Jambul Jighauri (Vardar Skopje) et Davit Khocholava (Shakhtar Donetsk) sont rentrés en cours de match sans pour autant changer le cours de ce dernier. Jighauri a parfois un peu trop porté le ballon malgré des qualités techniques évidentes.

La domination géorgienne est restée stérile. | © Adrien Laëthier

Sur les côtés, en l’absence de Jano Ananidze (Spartak Moscou) et de Tornike Okriashvili (Krasnodar), il y avait un coup à jouer pour Valeri Kazaishvili (San Jose Earthquakes) et pour l’expérimenté Giorgi Merebashvili (Wisla Plock). Force est de constater que c’est raté autant pour le premier dont on attendait beaucoup suite à la forme qu’il avait ces derniers mois que pour le deuxième, qui aurait dû être rassurant en tant que (quasi) doyen de la sélection. Kazaishvili n’a pas été catastrophique pour autant et a bien combiné avec Navalovski mais il n’a pas apporté tout ce qu’on aurait pu attendre de lui (notamment le danger) alors que Merebashvili a traversé la match sans éclat aucun.

Devant, et c’est là que le bât blesse principalement, le jeune attaquant du Rapid Vienne, Giorgi Kvilitaia a tout raté pendant cette rencontre. Grand mais trop frêle face à la défense galloise, peu rapide lorsqu’il est lancé en profondeur, il s’est montré assez inutile pendant tout le match et a raté sa seule occasion, de la tête, peu avant la mi-temps. En fin de match il a été remplacé par Davit Skhirtladze (Silkeborg) qui s’est montré plus intéressant que Kvilitaia durant le quart d’heure qu’il a passé sur le terrain. On espère le revoir plus longtemps dans les matchs à venir.

La dernière « épreuve » pour la Géorgie est donc, dès ce soir, un déplacement en Serbie et l’enjeu ne sera pas le même pour les deux équipes car si la Géorgie veut démontrer qu’elle peut enfin gagner un match après des éliminatoires qui l’ont vu gagner en sérénité, la Serbie, elle, joue sa place en Coupe du Monde et une défaite pourrait tout simplement l’éliminer. Nous verrons si les deux jours de fête ont remonté le moral des troupes de Vladimir Weiss (Ce week-end, s’est déroulé la fête annuelle « Tbilisoba » qui correspond à l’anniversaire de la ville de Tbilisi) et nous verrons également si la tendance que j’ai noté pendant le match contre les Pays de Galles se confirme au niveau des joueurs.

Adrien Laëthier


Image à la une : © Adrien Laëthier

 

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