C’est l’une des destinations les moins « sexy » d’Europe et pourtant, on a décidé de s’y rendre pour vous : Daugavpils ! Cette ville a la réputation d’être la plus russophone de Lettonie et également l’une des plus pauvres et des plus lugubres de l’Union européenne. Bref, c’est avec beaucoup de curiosité et d’envie d’exotisme que j’ai décidé de m’y rendre, en train, depuis Riga. Direction plein sud pendant 3h30 pour seulement 7,20 €, mais, malheureusement, sans wagon-bar. Surprise : le train est presque plein avec un public assez jeune qui rentre certainement pour le week-end rendre visite à la famille, et peut-être assister au match ?
Arrivé vers 11h00, je décide dans un premier temps d’aller récupérer les clefs de l’appartement que j’ai loué pour l’occasion car j’ai bien l’intention, une fois le match terminé, de goûter à la vie nocturne locale. Le coup d’envoi étant à 14h00, j’ai suffisamment de temps pour visiter le centre-ville qui, disons-le, est petit. Officiellement, Daugavpils est une ville de 110 000 habitants, mais elle n’en compte en fait qu’un peu plus de la moitié si l’on enlève les jeunes partis étudiés à Riga et les hommes partis travailler en Angleterre, Allemagne ou Norvège pour les plus chanceux d’entre eux. Bref, le seul lieu où j’ai pu déceler de la vie humaine en ce samedi matin, c’est au sein de l’incontournable marché central, couvert et bien achalandé.
A peine le temps d’avaler ma solyanka et de boire mon kefir que je prends un taxi direction le stade du BFC Daugavpils. Situé en périphérie proche du centre-ville, on pourrait le qualifier en un mot de « soviet » tellement la vétusté de l’infrastructure et l’environnement proche n’ont pas changé depuis plusieurs décennies. Côté pelouse, on a bien sûr le droit à un synthétique « des familles », plutôt récent quand même. Sur une partie latérale du stade se trouve une tribune non couverte avec des sièges quasiment neufs aux couleurs du club. Enfin, on note également la présence clairsemée de panneaux publicitaires dont certains sont fixés sur des supports en bois. Faut dire que le bois est la seule denrée exploitable dans la région.
Le match en lui-même oppose le BFC Daugavpils, dernier et déjà mathématiquement condamné à la relégation, au FK Jelgava, auteur des meilleurs résultats sur la dernière phase retour de championnat et toujours candidat potentiel au titre à deux journées de la fin. Comme attendu, les visiteurs dominent les débats et jouent l’ensemble de la première mi-temps dans le camp des Bleus, qui ne procèdent que par contre-attaque. Supérieurs à la fois techniquement et tactiquement, les joueurs du FK Jelgava ont la mainmise sur le match et la possession du ballon. Toutefois, à la surprise générale, les deux équipes rentrent au vestiaire à la pause avec un score nul et vierge. Le tout sous une pluie battante.
En seconde période, les hommes de Saulius Sirmelis (l’entraîneur lituanien du FK Jelgava) se montrent plus efficaces. Sur un long ballon de Marcis « bucheron » Oss (tout juste de retour d’Ekstraklasa) à destination de son partenaire Artjoms Osipovs, Jurijs Sokolovs (arrière droit du BFC Daugavpils) se troue, ce qui permet à l’ailier de Jelgava d’ajuster une merveille de centre à destination d’Andrejs Kovalovs (lui, le natif de Daugavpils) qui n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets. S’en suivent 40 minutes à sens unique marquées par la maladresse des visiteurs qui ne parviennent pas à aggraver le score, qui reste de 0-1 au final. Le FK Jelgava prend trois points synonymes d’espoir en cas de faux pas du Spartaks Jurmala… Sauf que dans le même temps à Riga, sur la pelouse du Rigas Futbola Skola, le Spartaks Jurmala assurait l’essentiel avec une victoire nette et sans bavure 0-2 qui lui permet de décrocher son premier titre de champion de Virsliga, neuf ans seulement après sa fondation.
A la fin du match, je décide de suivre les conseils d’un des rares supporters présents au stade en me rendant à la forteresse de la ville. Et bien m’en a pris. J’apprends que ce faste territoire (pouvant accueillir jusqu’à 6 000 hommes) fut érigé en 1810 par l’armée tsariste afin de contrer l’armée napoléonienne qui faisait route vers Moscou. Aujourd’hui partiellement rénové, le site abrite le musée des beaux-arts de la ville où sont exposés plusieurs œuvres de Mark Rothko, natif de Daugavpils. Le reste du territoire est plus triste et les ruines font face à des blocs résidentiels soviétiques encore habités. Il paraît qu’ici les logements sont gratuits pour ceux qui payent les charges (eau, électricité…).
Et la « night-life » me direz-vous ? Disons qu’on trouve de quoi s’occuper. La ville compte plusieurs bars et cafés sympas où la jeunesse locale a l’habitude de se retrouver. On y commande sa bière et son shashlik en russe et lorsque vient l’heure de la discothèque on se déhanche sur de la pop russe. Bref, mis à part l’absence de karakoke ,il y a tout ce dont on a besoin à DP City !
Les notes Footballski :
Standing du stade (1/5) :
Je mets une étoile pour les sièges neufs mais tout le reste (à commencer par les toilettes – cf. photo) est à changer.
Disponibilité des billets (5/5) :
On comptait une soixantaine de spectateurs en début de match, puis une dizaine seulement après la pause à cause de la pluie. Bref pas de quoi remplir une tribune latérale.
Tarifs (5/5) :
1,50 € le billet, payable uniquement en espèce et sans reçu. La recette étant placée dans un sac plastique blanc. Caisse noire me direz-vous ?
Ambiance (1/5) :
Je ne mets pas 0 pour récompenser les supporters de Jelgava venus « en nombre » (une petite trentaine je dirais). Côté fans local en revanche c’était vraiment le néant.
Risque (5/5) :
Non, là, pour le coup, vous n’avez pas grand chose à craindre.
Accessibilité et transport (2/5) :
Daugavpils faut quand même être super motivé pour y aller et le train n’est pas super confortable. Le stade en lui-même se trouve à 25 minutes de marche du centre-ville.
Boissons (0/5) :
Pas de buvette, pas de machine à boisson, rien ! Étonnant pour une ville au record d’alcoolémie en Lettonie.
Quartier environnant (1/5) :
Soviet, soviet et encore soviet, à l’exception d’une petite maison en bois typique de la région sur laquelle on peut y voir un panneau faisant apparaître le nom de la rue en écriture cyrillique (cf. photo).
Maxime Bonnet
Image à la une : © Maxime Bonnet / Footballski
Très intéressant! Malgré que je ne suis pas trop intégrée au monde de football, l’article m’a fait plaisir, surtout la partie qui parle de la ville soi-même:)