Le 7 octobre 2017, Konstantin Sarsania, directeur sportif du Zenit Saint-Petersbourg, décédait subitement d’une thrombose à l’âge de 49 ans. Tour à tour joueur, entraîneur, directeur sportif, son parcours fut atypique entre Russie, France et Lituanie. Qui de mieux pour en parler que son ami et partenaire professionnel, Christophe Hutteau, agent de joueurs (notamment de Valbuena dans le passé, d’Ismael Bangoura, Vincent Gragnic, Kevin Boli à présent).

Honnêteté et travail

Après une modeste carrière de joueur, Konstantin Sarsania débarque à la chute de l’URSS finir sa carrière de joueur en France, dans de petits clubs (Dunkerque et Armentières). « Il parlait remarquablement bien le français et de nombreuses autres langues. Il n’avait gardé que de bons souvenirs de son passage en France. Il appréciait notre culture même si, souvent, et nous en rigolions ensemble, il me disait que nous, Français et Européens du sud, nous étions des artistes. » Christophe Hutteau est encore marqué par la perte d’un ami fidèle. « Lorsque j’ai été prévenu, je ne pouvais pas le croire. Je l’avais eu quelques jours auparavant au téléphone et nous avions commencé à envisager le mercato hivernal. J’ai été dévasté. Il n’avait pas 50 ans. Il venait d’être grand-père quelques mois auparavant. C’est totalement injuste. »

Leur rencontre date de la fin des années 2000. « J’ai été amené à rencontrer Konstantin il y a quelques années, alors qu’il était directeur sportif du Zénit la première fois, puis nous avons été de nouveau en contact, car proches d’un de mes anciens collaborateurs. Il était à ce moment-là à Atlantas. Nos rapports étaient devenus amicaux et nous nous appelions plusieurs fois par jour au moment des mercatos et au moins une fois par semaine le restant de l’année. C’est dire si nous avons appris à nous connaître. Il nous arrivait fréquemment de nous appeler en pleine nuit durant les périodes de mercato, car nous avions en commun de ne pas beaucoup dormir. » Une confiance mutuelle les unissait. « Lorsque Konstantin s’engageait, il n’était pas nécessaire de signer un document dans l’absolu. Bien entendu que nous étions amenés à contractualiser les dossiers, car c’est une règle et une exigence, mais je veux dire par là qu’il n’y avait pas d’entourloupes avec lui. J’aimais parler football avec lui, mais aussi d’une multitude d’autres sujets. C’était un garçon cultivé. »

© soccer.ru

Directeur sportif sur la Baltique

Si son parcours comme joueur fut modeste, il n’en est pas de même de sa carrière de directeur sportif qui le voit passer par le Zenit (2006-2009), Khimki (2009), le Dinamo Moscou (2010), la Fédération russe (2010), le Fakel Voronezh (2010-2012) avant d’opter pour un nom beaucoup moins prestigieux, l’Atlantas Klaipeda (2013-2017). « Je crois savoir qu’il est venu à l’Atlantas parce qu’il avait déjà envie de retrouver le terrain, après plusieurs années passées à la tête du Zénit comme directeur sportif. Il aimait le football, travailler avec de jeunes garçons d’une vingtaine d’années et les faire progresser. Il connaissait le propriétaire du club et a voulu lui donner un coup de main. Tout simplement. »

Durant cette période, Edvinas Gertmonas signe au Stade Rennais et Andrei Panyukov à l’AC Ajaccio, vu les liens privilégiés qui existaient entre les deux hommes. « Il me signalait les joueurs dont il pensait qu’ils pourraient faire une carrière à l’ouest ». Dans l’autre sens, Pascal Feindouno tentera un come-back surprenant et sans succès du côté de Klaipeda. Entre Sarsania et le petit club de la Baltique, la relation est fusionnelle. « Bien sûr qu’il aimait ce club et les gens avec lesquels il travaillait, sinon il ne serait pas resté. Vous pouvez me croire, ce n’est pas pour l’argent qu’il était à Atlantas. Je peux même vous dire qu’il me disait souvent qu’il dépensait son salaire en trajets en avion, car il rentrait plusieurs fois par mois à Moscou pour voir sa femme et sa famille. »

© atlantas.lt

Passer de clubs du calibre du Zenit au modeste Atlantas reste malgré tout surprenant. « Konstantin à l’Atlantas, c’était comme une erreur, une incompréhension pour beaucoup, car il jouissait d’une incroyable popularité en Russie. Il aurait pu gagner bien plus d’argent en acceptant les nombreuses offres qui lui étaient régulièrement faites par les grands clubs russes, mais il se sentait bien dans ce club d’Atlantas. C’était Monsieur Konstantin. »

A l’été 2017, Konstantin Sarsana était de retour dans le club de Saint-Pétersbourg. « Le Zénit, c’était un peu son club. Il y avait déjà travaillé de nombreuses années en tant que directeur sportif. Je n’ai donc pas été étonné le jour où il m’a appelé pour me dire qu’il revenait au Zénit, c’était d’autant plus vrai que chacun sait que le président de la Russie est originaire de Saint-Pétersbourg, qu’il est un supporter du club et comme je vous l’ai dit, Konstantin était très proche du pouvoir et des hommes importants en Russie. Il y avait comme une sorte de logique qu’il revienne au Zénit. »

Un retour malheureusement très court, trop court, avec son décès soudain le 7 octobre. Restent alors les souvenirs. Comme « les nombreux rires que nous avons partagés ces dernières années, même en pleine nuit, lorsque nous nous appelions pour parler. Je me souviendrai aussi longtemps le jour où il m’a appelé pour me dire qu’il était devenu grand-père. Il était heureux… »

Par Viktor Lukovic


Image à la une : © atlantas.lt

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