On a discuté avec Milos Dimitrijević, ancien joueur de Nantes, Grenoble et l’Étoile Rouge de Belgrade

La version 2018-2019 de la Ligue des Champions a placé l’Étoile rouge dans un groupe relevé, avec Naples, Liverpool et le Paris Saint-Germain. À l’occasion du duel franco-serbe de ce mercredi 3 octobre, Footballski vous propose cet entretien avec un joueur … franco-serbe : Milos Dimitrijević, natif de Belgrade, mais formé par le FC Nantes. De quoi évoquer pêle-mêle la formation nantaise, le football serbe, l’Étoile rouge, bien sûr, mais aussi les jeunes talents qui pullulent à l’Est, et le fameux Marakana, l’antre de Zvezda.

Tu es né à Belgrade. Comment s’est déroulée ton enfance ?

Je suis né en Serbie, oui, mais à l’âge de cinq ans, je suis allé en France. J’ai suivi mes parents, parce que mon père (Zoran Dimitrijević, NDLR.) était footballeur professionnel, et il a poursuivi sa carrière en France. De l’âge de cinq ans jusqu’à 22 ou 23 ans, je suis resté en France. Donc je peux dire que j’ai grandi dans ce pays. J’ai le passeport français, tous mes amis d’enfance dans l’Hexagone, donc je suis moitié-moitié !

Quels souvenirs gardes-tu, s’il t’en reste, de ces cinq premières années ?

J’étais très petit. Mon père a joué au Partizan Belgrade, mais aussi au Dinamo Zagreb, en Croatie. C’est très vague, même si, par la suite, je rentrais très souvent en Serbie lorsque j’étais en France, notamment pour les grandes vacances. Toute ma famille est ici, en Serbie.

Tu évoques ton père : avec son passé, tu n’avais pas trop d’autres choix que d’être footballeur, non ?

Si, surtout qu’il ne m’a pas spécialement poussé. Mais j’avais des qualités depuis tout petit, donc forcément, en allant avec lui aux entraînements, en regardant les matchs, j’ai continué. Et puis j’ai fait ma carrière.

« Ce jeu à la nantaise […] a marqué tous les joueurs qui ont joué à Nantes et qui ont connu cette formation. »

Où as-tu réellement commencé à jouer ?

Mon père a joué à Dijon, ensuite à Valence, dans la Drôme, et il a terminé sa carrière à Brive-la-Gaillarde, dans le Sud Ouest. C’était des entraînements comme quand tu es petit, quoi. Ça a démarré un peu plus sérieusement à Brive, la dernière ville où on était. Je me suis fait recruter à l’âge de 13 ans par le FC Nantes. J’ai démarré par le centre de préformation d’abord, puis le centre de formation. Tout le circuit classique qu’il y a en France pour les jeunes.

Quels souvenirs conserves-tu de ce passage à Nantes, l’un des clubs historiques du football français ?

Mes plus belles années ! J’y ai passé neuf ans, et que ce soit en préformation, formation, ou ensuite avec les pros, ça m’a beaucoup marqué. J’avais des qualités individuelles, mais c’est vraiment là-bas où j’ai appris à jouer au football, les bases du football et ce jeu à la nantaise qui, malheureusement, manque un petit peu aujourd’hui au FC Nantes. Ça a marqué tous les joueurs qui ont joué à Nantes et qui ont connu cette formation.

De là, tu rejoins Grenoble et son entraîneur Mécha Bazdarevic. Comment s’est passée votre relation ? Y-avait-il une ‘rivalité’ du fait de vos origines ?

Cela s’est passé très facilement. Il n’y a pas du tout de rivalité : sa femme est Serbe de Belgrade, et Mécha est quelqu’un qui vit depuis longtemps en France. Il a grandi et joué pour la Yougoslavie, donc c’était avant tout le même pays. Lui, il se considère également comme Yougoslave. Il connaissait très bien mon père, il y avait beaucoup de respect et d’amitié entre nous. De ce côté-là, il n’y a pas eu de souci.

Pour moi, ce fut un petit peu difficile dans les premiers mois. Après avoir passé neuf ans au FC Nantes, c’est toujours délicat de changer d’environnement, de football. Lorsque j’ai signé à Grenoble, on était en Ligue 2. Forcément, ça ne joue pas pareil, il y a pas mal de différences. Mais j’ai réussi à m’adapter, puis on a fait la montée. J’ai joué ensuite en Ligue 1 avec Grenoble, ça a été vraiment une belle aventure avec l’arrivée du nouveau stade.

Dans l’effectif, il y avait beaucoup de joueurs originaires des Balkans. Quelle était votre relation ?

Mécha avait ramené quelques joueurs des Balkans, et on s’entendait tous très bien, bien sûr. On se côtoyait à l’extérieur de l’entraînement. Mais, à cette époque, même s’il y avait beaucoup de joueurs de talent, la principale qualité était vraiment l’ambiance dans l’équipe. On a réussi à faire cette montée, puis on s’est maintenu, et je pense que l’atmosphère entre les joueurs y était pour quelque chose. On ne faisait pas de différences, tout le monde était ensemble.

Est-ce que vous suiviez chacun le foot de vos pays respectifs ? Et est-ce qu’il y avait des petites rivalités sportives avec Vitakić et Rendulić, par exemple, qui n’étaient peut-être pas supporters du même club ?

Non. Vitakić et Rendulić sont des Serbes de Belgrade comme moi, et à l’heure d’aujourd’hui, on se voit pratiquement tous les jours, ou tous les deux jours. On joue au futsal ensemble, et on prend du bon temps ici, à Belgrade. Il n’y a jamais eu de rivalités.

Tu évoquais le fait que tu rentrais très souvent en Serbie : comment as-tu suivi le foot serbe depuis la France en grandissant ?

J’y étais connecté, bien sûr, mais lorsqu’on grandit en France, on suit plutôt le championnat local. Mes idoles, c’étaient plus des joueurs de Nantes, Marseille ou Paris. Je suivais le foot serbe de loin. Je ne connaissais pas tous les joueurs, et à cette époque, c’était une période difficile pour le football là-bas. Ce n’était pas trop médiatisé, et ils n’ont pas fait de grandes compétitions. J’essayais quand même de suivre.

« J’ai toujours été fan de l’Étoile rouge : j’ai connu les années 90, quand ils ont gagné la Coupe d’Europe et j’ai vibré avec ça. »

De Grenoble, tu pars en Serbie en 2010, au FK Rad. Comment cela s’est fait ?

Pour cause de blessure, j’avais arrêté pendant six mois, et ça avait été compliqué de retrouver quelque chose. J’avais fait ce choix de rentrer en Serbie et de signer au Rad, qui est un petit club de Belgrade, mais un club familial. Et ça m’a fait le plus grand bien, parce que je me suis refait une santé physique, d’abord, puis mentale, ensuite, en retrouvant ce plaisir de jouer. On a fait une super saison, en se qualifiant pour la Ligue Europa. C’était vraiment un exploit pour ce petit club. Il y avait beaucoup de plaisir aux entraînements, et une super ambiance aux matchs. Ça se reflétait dans les résultats, et ça a été vraiment une bonne période pour moi.

C’était la première fois que tu revenais aussi longtemps en Serbie ?

C’était vraiment une grosse différence. J’appréhendais pas mal, parce que, il ne faut pas se mentir, je n’avais jamais habité en Serbie, hormis pour les vacances. Ça avait été un gros changement, mais vu que toute ma famille est ici, avec aussi pas mal d’amis, j’ai réussi à vite m’adapter.

Qu’est-ce qui a été le plus gros changement ?

La langue, il n’y avait pas de souci. Mais, incontestablement, c’étaient les installations, et puis le professionnalisme dans le football, j’ai envie de dire. Lorsque j’ai grandi et joué au FC Nantes, puis en Ligue 1, retourner dans le championnat serbe qui est un petit peu moins huppé… Il y a beaucoup de petits stades, de pelouses qui ne sont pas de super qualité. C’est vrai que ça change. Mais c’est bien, j’ai réussi à prendre beaucoup de plaisir.

Est-ce qu’on se redécouvre humainement quand on fait ce genre de choix, à savoir un retour aux racines ?

Oui, incontestablement. On retrouve le football que l’on pratiquait quand on était gamin, quand on faisait les déplacements en car à droite et à gauche. Ça m’a fait beaucoup de bien, ça m’a permis de repartir de l’avant dans ma carrière.

Après un petit passage en Italie, au Chievo Vérone, tu signes à l’Étoile rouge en juin 2011. Qu’est-ce que ça représentait pour toi ce transfert ?

J’ai fait six mois au Chievo, mais le Rad avait un accord avec l’Étoile rouge. Je ne suis pas resté en Italie, même si ça avait été six bons mois pour moi. Un club comme l’Étoile rouge, je ne pouvais pas refuser. Le coach, Robert Prosinečki, était un grand joueur, et est maintenant un grand entraîneur. Toutes les conditions étaient réunies.

Ton père a joué au Partizan. Est-ce que c’est quelque chose qui t’a suivi quand tu es arrivé à l’Étoile rouge ?

On m’en a beaucoup parlé. Ça avait été une surprise pour pas mal de monde, surtout les supporters du Partizan. Ou du moins, l’ancienne génération qui avait connu mon père. Moi, j’ai grandi en France, et je suivais le championnat serbe en général. J’ai toujours été fan de l’Étoile rouge : j’ai connu les années 90, quand ils ont gagné la Coupe d’Europe et j’ai vibré avec ça. Jouer pour un tel club, devant de tels supporters, je ne pouvais pas refuser. Et ça a été une super expérience pour moi.

Est-ce que tu t’es vite rendu compte, en arrivant, que tu débarquais dans un monument du football ?

C’est exactement ça. J’ai vu la pression d’un grand club comme nulle part ailleurs. J’ai joué à Nantes, à Grenoble, ça reste la Ligue 1, mais il y en a beaucoup moins. Ici, c’est vraiment un monument, comme tu l’as souligné. Chaque résultat et chaque match sont regardés par tout le pays. Un mauvais résultat peut vraiment mal se terminer. C’est une grosse pression, mais une bonne expérience. Je suis content d’avoir fait ce choix.

Tu évoquais aussi le foot serbe, pas vraiment médiatisé en France. C’est un peu ce dont tu t’es rendu compte en signant à l’Étoile rouge ?

Oui. Quand j’en discutais avec mes amis de France, ils ne connaissaient pas. Lorsqu’on vient voir un match ou un derby, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire. Les supporters, la passion qu’il y a autour des rencontres ou du football en général en Serbie, c’est incroyable. Un derby comme celui de Belgrade, il n’y en a nulle part ailleurs. Mais les gens commencent à s’ouvrir un petit peu plus. Il y a eu quelques joueurs français, comme Damien Le Tallec, qui a joué quelques années à Belgrade. Avec ces coupes d’Europe, ça permet de découvrir un peu la Serbie, les clubs de Belgrade, et surtout l’Étoile rouge.

« Quand le stade est plein, que tout le monde encourage et saute, lorsqu’on est en bas, dans le couloir, c’est assez intimidant. Ça peut jouer un peu sur le début de match. »

Au moment où tu y étais, c’était un peu une période de transition pour le club, avec quelques soucis financiers.

C’est ça. Ce n’était pas la meilleure période pour y aller, même si les résultats n’étaient pas si mauvais. Financièrement, l’Étoile rouge avait un gros déficit. C’était vraiment délicat pour tout le monde, et, forcément, ça pèse sur le club, les salariés, les joueurs. Malheureusement, les deux années où j’y étais, on n’a pas réussi à se qualifier pour les coupes d’Europe. On s’était fait éliminer par Rennes la première année, puis par Bordeaux la seconde. Un club comme l’Étoile rouge, il vit des coupes d’Europe. Financièrement, c’est quelque chose d’intéressant pour eux. Depuis, ça va beaucoup mieux, parce qu’ils ont joué la Ligue Europa l’année dernière, et la Ligue des Champions cette année. Tout le monde respire, et le club prend une nouvelle bouffée d’oxygène.

Comment expliques-tu ce retour vers les sommets ?

Il y a des gens compétents qui sont arrivés à la tête du club. Ils ont fait le choix de sacrifier un petit peu les résultats dans un premier temps pour donner la chance aux jeunes. Comme on le sait, il y a beaucoup de jeunes joueurs de qualité en Serbie. Ils ont réussi à jouer, à être bon, et le club a su les mettre en vitrine. En les vendant, ils se sont refait une petite santé financière. Le club commence à revivre de nouveau, c’est bien.

Concernant les jeunes talents, on sait qu’en Europe de l’Est, des derniers pullulent de partout. C’est ce que tu as découvert en retournant en Serbie ?

Tout à fait. Je suis resté dans le milieu du football, je vais voir pas mal de matchs, que ce soit en Serbie, en Croatie ou dans les Balkans, et il y a un nombre incalculable de jeunes talents, de gros potentiels. Maintenant, il faut vraiment avoir la chance d’être dans un gros club en Serbie, ou d’avoir l’opportunité de partir à l’étranger pour pouvoir continuer sa formation, progresser, et un jour jouer dans les grands championnats. Incontestablement, il y a des jeunes de qualité. Mais il faut les suivre, et leur donner une chance. Comme l’Étoile rouge l’a fait.

Il y a aussi ce stade, le Marakana, avec cette ambiance et ce couloir si particuliers. Est-ce que, selon toi, ça peut déstabiliser de très grands joueurs, y compris ceux du PSG ?

C’est vrai que ce stade a une grosse histoire. Ce tunnel, dont on parle, c’est vraiment quelque chose… Quand le stade est plein, que tout le monde encourage et saute, lorsqu’on est en bas, dans le couloir, c’est assez intimidant. Ça peut jouer un peu sur le début de match. Je me souviens que quand Rennes était venu, les joueurs avaient eu un petit peu de mal à se mettre dedans pendant le premier quart d’heure, parce que sur chaque action ou tacle, ce sont 60.000 personnes qui se lèvent. Mais une fois sur la pelouse, c’est le terrain qui parle, la qualité des joueurs. Là, en l’occurrence, on parle du PSG ou de Liverpool, avec des joueurs de qualité qui ont l’expérience de ces ambiances. Même si je pense qu’une ambiance comme à l’Étoile rouge, il n’y en a pas beaucoup dans le monde.

Comment as-tu réagi à ce tirage, et comment vois-tu cette phase de poules après ce nul encourageant face à Naples ?

Tout d’abord, j’étais très content du tirage. C’est une bonne chose pour l’Étoile rouge de jouer contre de tels clubs. Pour des jeunes joueurs qui ont réussi à se qualifier pour la Ligue des Champions, Naples, PSG et Liverpool, c’est, je pense, une belle expérience. C’est bien pour tout le pays de recevoir de telles formations, mais aussi pour se montrer. C’est un groupe très difficile. Le premier match est encourageant, avec ce nul, mais on sait tous que ça va être délicat.

Est-ce qu’il y a des joueurs dans cet effectif serbe qui t’impressionnent, ou en qui tu vois un grand futur ?

Il y a quelques individualités, même si je pense qu’aujourd’hui, la grosse qualité de cette équipe est dans le collectif. Ils ont un très bon coach, qui est également un bon tacticien, qui a réussi à les placer comme il faut. Ils sont solidaires, courageux, et ils ont de la qualité. C’est leur collectif qui a fait la différence jusque-là. Ils ont fait une bonne saison l’an dernier, avec la Ligue Europa. Ce n’est pas une équipe facile à jouer. Il y a de la qualité, avec par exemple Radonjić, qui a signé à Marseille il y a peu et qui est vraiment une grosse individualité. Il y a de très bons joueurs.

Justement, sur Radonjić : que penses-tu de ce joueur et de ses débuts un peu difficiles à l’OM ?

Pour moi, c’est vraiment un super joueur. Maintenant, le changement du championnat serbe à la Ligue 1 est vraiment énorme. Je ne suis pas surpris de ses difficultés au début. Marseille, ce n’est pas un club facile. Il y a pas mal de pression, et tu n’as pas beaucoup de temps pour t’adapter, même si pour lui, il va lui falloir quelques semaines, peut-être quelques mois pour le faire. Je suis persuadé qu’il a la qualité pour jouer en France et que ça va le faire. Il faut qu’il reste positif, qu’il soit courageux, et confiant, ça va venir.

En France, le football serbe a parfois mauvaise presse, entre les soucis de violence et de racisme. Trouves-tu que ce soit exagéré ?

Il n’y a jamais de fumée sans feu. En Serbie, les gens vivent le foot à 2000%. Chacun supporte son club, et dans tous les cafés ou les restos, il y a constamment des chamailleries en disant « moi je supporte ce club, et on est meilleur que vous ». Souvent, c’est pour rigoler. Mais des fois, ça va un peu plus loin, et il y a des discussions un peu plus musclées. Ceci dit, je pense que c’est un peu exagéré. Les derbys sont assez chauds, c’est vrai, parce qu’il y a les deux plus gros kops de supporters, mais c’est comme partout dans le monde.

Que ce soit en France, en Italie, en Argentine ou au Brésil, les matchs sont souvent risqués. Si toi tu vas voir le derby serbe en tant que supporter de football, en t’asseyant et en regardant ton match, tu ne vas pas avoir de souci. C’est un petit peu exagéré, même si en Serbie, peut-être plus qu’ailleurs, on vit le football un peu différemment. Et lorsqu’on supporte un club, on l’aime vraiment.

Pour en revenir à ta carrière, tu as migré vers l’Australie et le Sydney FC après tes deux ans à l’Étoile rouge. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

J’avais une période difficile à la fin de mon contrat à l’Étoile rouge, et j’avais envie de partir loin, de voir autre chose. Il y a eu cette opportunité en Australie, surtout à Sydney qui est une ville magnifique, et je me suis dit : pourquoi pas ? J’étais parti pour cinq-six mois, en me disant que j’allais voir, et au final, je suis resté quatre ans. Ça a été vraiment une super aventure footballistique, parce que j’ai eu la chance de jouer avec un joueur comme Del Piero. Puis j’ai participé à ce championnat qui est tout nouveau, parce que ça ne fait que dix ou douze ans qu’ils sont professionnels. Ils progressent d’année en année. Mais ce fut aussi une super aventure humaine ; tout le monde connaît la qualité de vie en Australie. Je conseille à tous ceux qui peuvent y aller, ne serait-ce que pour les vacances, de le faire, parce que c’est quelque chose qu’il faut voir. Une ville comme Sydney, pour moi, est l’une des meilleures au monde.

« Le fait d’avoir joué avec l’équipe de France était un honneur et un plaisir. Puis, ensuite, j’ai été appelé pour jouer avec la Serbie. Je suis fier d’avoir joué pour ces deux sélections. »

C’est aussi une ville avec une forte immigration venue de l’Est. Est-ce que tu l’as retrouvée sur place ?

Tout de suite ! Comme j’étais un joueur de l’Étoile rouge, tous les Serbes et les gens des Balkans sont venus voir les matchs. Ils sont devenus abonnés et j’ai gardé pas mal d’amis, que ce soit Australiens ou Serbes. Et Français aussi, parce qu’il y en a beaucoup. C’est multiculturel. Ça a été vraiment une super période.

Comment s’est passé ton arrêt du football et le basculement vers l’après-carrière ?

C’était vraiment un choix, parce qu’il me restait encore un an de contrat à Sydney. J’aurais pu continuer, et j’avais des opportunités pour rester là-bas, dans d’autres clubs. Mais j’ai eu une belle opportunité en Europe pour une reconversion, du coup j’ai décidé d’arrêter. J’avais 33 ou 34 ans, et à un moment donné, il faut bien stopper. J’ai eu la possibilité d’aller vers une reconversion dans laquelle j’allais prendre du plaisir et rester dans le milieu du sport et du foot, ce que je voulais. C’était l’idéal. Le fait de rentrer en Europe m’a aussi fait du bien, parce que quatre ans en Australie, ce n’est pas simple : on est un peu à l’autre bout du monde. Lorsque j’ai regardé l’ensemble, c’était le bon moment pour arrêter.

Cette reconversion, de quoi est-elle faite ?

Avec deux anciens footballeurs qui ont joué avec moi à Nantes et le docteur Fabrice Bryand, qui a été au FC Nantes et en équipe de France sous l’ère Laurent Blanc, on a créé et breveté un dispositif électronique pour l’entraînement en occlusion, qui s’appelle MAD-UP Pro. C’est une nouvelle méthode d’entraînement qui est utilisée beaucoup aux États-Unis et en Angleterre, et qui commence à arriver en Europe. Elle s’utilise en rééducation et aussi en performance. On est le premier dispositif au monde à être autonome et sécurisé. On va aider tous les sportifs en général, que ce soit dans le foot ou les autres disciplines. Ceux qui ont eu des blessures et qui ont besoin de retrouver leur autonomie musculaire le plus rapidement possible. C’est vraiment une super reconversion, avec une super équipe. Et ça se passe très bien.

En allant voir pas mal de matchs, est-ce que tu fais la passerelle entre la France et la Serbie pour de jeunes talents, ou c’est juste de la passion ?

Un petit peu des deux. J’aime beaucoup aller voir les jeunes en Serbie, parce que je prends du plaisir à regarder des jeunes qui me font ‘rêver.’ J’ai beaucoup d’amis en France qui sont dans des clubs, ou agents, donc je leur donne des tuyaux et j’en aide pas mal. Je donne la possibilité à ces jeunes, peut-être, de partir à l’étranger et progresser. Puis, d’un autre côté, j’aide ces clubs, qui n’ont pas forcément une vision de toute la situation ici, à pouvoir trouver un jeune talent qui va pouvoir faire leur bonheur.

Tu as connu les deux sélections de jeunes, que ce soit avec la France (U18) et la Serbie (U21). Est-ce que c’est une fierté ?

C’est vrai que c’est une belle histoire, parce que j’ai grandi en France. Le fait d’avoir joué avec l’équipe de France était un honneur et un plaisir. Puis, ensuite, j’ai été appelé pour jouer avec la Serbie, et aussi pour les A, mais je me suis malheureusement blessé avant la sélection. Je suis fier d’avoir joué pour ces deux sélections, qui sont quand même des sélections où il y a beaucoup de qualité, et où ce n’est pas facile d’être appelé.

Pour finir, quel serait le souvenir marquant ou l’anecdote que tu retiendrais de ton passage footballistique en Serbie ?

Il y en a beaucoup ! Mais incontestablement, ce sont les victoires qu’on a eues dans les derbys. J’en ai gagné quelques-uns, et à chaque fois, c’est … (il marque une pause). C’est difficile à expliquer, mais lorsque tu joues pour l’Étoile rouge et que tu gagnes un derby, c’est comme si tu gagnais la Coupe du Monde. Vraiment, tu rends tous les gens heureux. C’est incroyable. C’est délicat à expliquer, mais chez nous, gagner un derby, c’est quelque chose de fort. Et j’ai eu la chance d’en gagner quelques-uns.

Martial Debeaux


Image à la une : JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

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