Né en région parisienne d’un père grec, Mathias Dimizas a d’abord effectué sa formation en France, avant de tenter sa chance en Grèce, au Panathinaïkos puis à Platanias, puis de continuer son tour d’Europe. L’occasion de retracer le film d’une carrière animée, marquée par la Serbie, l’armée, la galère en Bulgarie et la renaissance en France.
Commençons par le début : tu es né à Fontenay-aux-Roses, en Île-de-France. Quel est ton rapport avec la Grèce ?
Je suis né d’un père grec, en France, avant de grandir en Grèce, où on est parti quelques mois après ma naissance. On y resté quelques années, avant de faire un retour à la maison, en France.
Quels souvenirs gardes-tu de ton enfance en Grèce ?
Moi, je suis issu du Péloponnèse, à une heure trente de route au sud de Corinthe. Donc c’était fantastique. C’est l’authenticité à l’état pur. Et ça s’est conservé : c’est très naturel, très basé sur la natures, les choses fondamentales. On allait à la pêche, on sortait souvent le soir manger. C’est méditerranéen quoi. De très bons souvenirs.
Niveau foot, c’est là-bas que tu as tapé dans tes premiers ballons ?
Mes premiers ballons, je les ai tapés sur un stabilisé. Quand on est gosse, et qu’on a l’amour du football, on s’en moque, on joue n’importe où. Mais j’ai plus réalisé que le football devenait quelque chose d’important en France.
En France, tu es revenu où exactement ? Parce que tu as été formé du côté de Châteauroux…
Tout à fait. Je suis rentré, et j’ai joué dans un petit club de campagne, dans la région Centre. Châteauroux est venu me chercher, à l’âge de 13 ans.
Après ça, tu vas à Épinal puis Nancy. À quel moment tu t’es dit que ça devenait sérieux ?
À partir de Châteauroux, puisque les entraînements commençaient à devenir réguliers. Il commençait à y avoir une certaine pression, quelques enjeux. Tu te dois d’honorer le blason et le nom du club. Là, tu sais que les choses deviennent très sérieuses.
Au sortir de ton passage à Nancy, tu pars en Grèce, au Panathinaïkos. Comment cela s’est fait ?
Ce qui s’est passé, c’est qu’à l’époque, un agent s’occupait de moi, et il devait m’envoyer dans divers clubs français. J’ai été à un cheveu de signer à l’AJ Auxerre, à l’époque de Bernard David et de Guy Roux. Mais il y a eu un remaniement au niveau du staff, et la signature est tombée à l’eau. À partir de ce moment, j’ai contacté mes cousins en Grèce, et ils m’ont dégoté des clubs sur place.
Tu es retourné en Grèce avec des essais de prévus, ou en étant sûr de signer quelque part ?
Je suis parti en étant quasiment sûr de signer, parce que le niveau de la formation française et grecque n’est pas le même. J’ai fait une semaine avec les U20 du Panathinaïkos, avant de basculer avec le groupe de l’équipe première.
Comment étais-tu perçu en étant franco-grec, mais formé en France ?
C’est plus compliqué. Même si j’ai du sang grec, que mon père l’est entièrement, tu restes malgré tout un étranger. Au niveau des coachs, du staff, il y aura toujours plus de privilèges pour le local.
Qu’as-tu découvert au Panathinaïkos quand tu es arrivé, notamment par rapport à l’envergure du club ?
C’est totalement l’opposé de ce que j’avais connu. Déjà, pour rentrer au centre d’entraînement, il y a des gardes du corps, avec de grosses portes blindées. C’est un grand camp, avec plusieurs terrains. À l’époque, le centre était à Sparta, isolé d’Athènes, et un peu plus loin que l’aéroport. Il y avait des piscines, des villas dans le camp. Ce n’était pas accessible au public : il faut avoir des invitations ou être quelqu’un pour y parvenir.
Qu’est-ce qui est vraiment différent dans la formation entre les deux pays ?
Déjà, en France, c’est bien plus costaud athlétiquement parlant. On a de toutes les nationalités et de toutes les origines, avec un vrai melting-pot. En Grèce, il n’y a que du Grec, quasiment, avec quelques Albanais et des gens des pays de l’Est. C’est plus frêle au niveau du gabarit. Techniquement, en France, on nous apprend la technique pure : pied droit, pied gauche, contrôle, passe, transversales. En Grèce, ce n’est que la technique balle au pied. Ils aiment bien tripoter la balle, dans le style des Sud-Américains.
Quelle trace gardes-tu de ce passage au Panathinaïkos ?
Il n’a pas vraiment de joueurs qui m’ont marqué. Mais Jean-Alain Boumsong était mon grand frère là-bas, celui qui veillait sur moi. Je côtoyais des mecs qui ont gagné l’Euro 2004, comme Seitaridis. Je ne vais pas dire que c’était mon concurrent, parce qu’il n’y a pas match. C’est une star là-bas, et on jouait tous les deux latéral droit. Il y avait des joueurs sympathiques, des jeunes internationaux grecs.
Comment tu expliques, en ayant été sur place, que la Grèce ait pu gagner un Euro, sans que ça ait été un pays de top niveau européen ?
Moi je pense que ça a été une équipe de frères, de très bons amis, parce que je crois qu’ils sont actuellement toujours en lien. Ils ont été très soudés, très forts entre eux. L’amitié a pris le dessus sur les compétences, et les mecs étaient acharnés. Ils se sont donnés jusqu’au bout, et ça leur a réussi.
Finalement, tu quittes le Panathinaïkos après une seule saison…
Je pars au moment où Jesualdo Ferreira, l’ancien coach de Porto, s’en va.
Pourquoi ?
J’étais dans le groupe pro, et le problème est que Jesualdo Ferreira avait une culture du football étranger, mais celui qui a pris la suite, Juan Ramón Rocha, était l’entraîneur de la réserve. Déjà, c’était compliqué de me faire monter en pro, sachant qu’ils n’était pas trop pour vu que je venais de l’extérieur. Ils se sont dit : « Pourquoi un gamin qui vient de l’extérieur irait directement avec l’équipe première, alors qu’on a des jeunes de notre formation depuis des années ? » Ça n’a pas fait l’unanimité, et j’ai vu que ça ne sentait pas bon, donc je suis parti.
Comment expliques-tu que les gros clubs ont autant de mal à faire jouer les jeunes ?
Ils ont la pression, et ils n’ont pas confiance. La formation n’est pas celle qu’on a en France. Nous, on a des joueurs incroyables, avec des potentiels à l’état pur. Il y a trop de pression et d’enjeux en Grèce, sachant que les supporters ne blaguent pas donc ils n’ont pas le droit de faire de faux pas.
Au niveau des jeunes, il y avait quelques noms sympas, comme Kapino, ou Donis…
Donis, déjà, son papa est quelqu’un en Grèce. Il a coaché de sacrées équipes grecques. Kapino était un bon gardien de but, rien à dire. Chouchoumis était là aussi, avec Marinakis en latéral droit. Il y avait pas mal de bons petits jeunes. Mais ce sont des clubs où il n’est pas facile de rester.
Suite à ça, tu rejoins Platanias, avec une petite période sans club entre les deux...
Le directeur sportif a appelé ma mère, et dans un premier temps, je n’étais pas trop chaud pour y aller. Autant, le Panathinaïkos, c’était sur le continent, et j’ai mes cousins sur Athènes. Il y a une proximité avec ma famille. Platanias, c’est en Crète, à Chania… Je vais là-bas, pas de souci. Mais ça a été compliqué dès le début : on m’a fait attendre un temps exorbitant à l’aéroport. Pendant des heures et des heures, personne n’est venu me chercher. Je prends un taxi, je vais à l’hôtel, et je ne vois personne. Il n’était pas réservé à mon nom. Le directeur sportif le réserve. Déjà, ça commençait super mal. Dès cet instant, j’ai senti que c’était mauvais. Pas grave, je prends sur moi. J’intègre le groupe, je fais ce qu’il faut pour, et je joue un peu. Au bout d’un certain temps, je vois que ça commence à être compliqué au niveau des paiements. On me passe d’un hôtel à un sous-sol d’hôtel, et ça commence à devenir rustique, avec des conditions compliquées. Je ne comptais pas rester là-bas, et j’ai dit à ma mère que je rentrais à la maison.
C’est un peu la face cachée de la Grèce, avec beaucoup moins de sérieux qu’en France…
C’est totalement ça. Surtout que moi, je ne suis personne dans le milieu du foot. À l’époque, en Grèce, je n’avais pas d’agent, donc on me contactait directement. On a plus facilement fait de te berner, sans pression des agents ou de la FIFA. Quand tu es un petit jeune, on peut t’amadouer, te faire avaler presque n’importe quoi.
Il y avait quelques joueurs sympas à Platanias à cette époque…
Oui, en particulier Panagiotis Vlachodimos ! C’était un de mes collègues là-bas. C’est un très bon joueur.
Après cette expérience, tu migres au Luxembourg. Pourquoi ?
Pendant que j’étais à Platanias, un agent m’a appelé pour me proposer ce challenge. Vu que j’étais un peu dégoûté par ce que je venais de vivre, je me suis dit : « Pourquoi pas ? » J’allais aller tâter du ballon, et découvrir un autre pays. Ce n’est pas ce qui me fait peur d’aller de pays en pays, et de voir de nouvelles cultures. J’y vais, et je fais une année quasi-complète, sans aucun problème.
Le fait d’être parti de la Grèce sans avoir pu t’y imposer reste-t-il un regret pour toi ?
Bien sûr. Ça reste un regret, parce que je pense que s’il y avait eu les conditions pour, je m’y serais incrusté et installé correctement. L’encadrement et les gens autour ont une grande part d’importance dans tout ça, et quand tu es livré à toi même, c’est chaud. Surtout quand tu es jeune. Mais clairement, ça me fait mal, parce que la Grèce c’est mon pays, et j’y passe tout mes étés, avec ma famille sur place. Donc si j’avais l’opportunité de pouvoir y retourner, pourquoi pas. J’ai de gros regrets. Étant jeune, je devais signer à l’Olympiakos, et ça ne s’est pas fait parce que j’ai fait de la m…. comme un jeune. J’écoutais que mon cerveau. Je devais signer sous la houlette de Pedrag Djordjević et Andreas Niniadis, sauf que je me suis fait la malle et je suis rentré en France, pendant que le club me cherchait partout. Je me suis mis pas mal de membres de ma famille à dos à cause de ça.
As-tu retrouvé le goût du foot au Luxembourg ?
Oui, carrément, parce que j’ai rencontré de supers mecs, très sympathiques. Mon coach, le Croate Bernard Mladenović, était un mec de l’Est, et avec ces gens, on s’apprécie énormément quand on est Grec. On était assez proche, et il m’aimait bien, en me laissant m’exprimer. Ça m’a fait du bien. La plupart de mes collègues étaient des mecs qui sortaient de CFA, sans avoir connu de centre de formation ou d’effectif professionnel. Ils vivaient pas loin, vers Thionville, Nancy, Metz. Financièrement, ça leur rapportait toujours plus qu’en France.
Et après ça, tu reviens encore en France, du côté d’Orléans cette fois.
Ce qui s’est passé, c’est qu’en partant du Luxembourg, je devais signer en Grèce, à l’Iraklis. Malheureusement, ça ne s’est pas fait… En Grèce, d’un mercato à un autre, tu peux changer tout l’effectif, avec douze joueurs virés et un nouveau président qui ramène douze joueurs à lui. Il n’y pas de juste milieu, c’est tout ou rien. J’étais dans l’attente, et je voyais le mercato arriver à son terme. J’ai fait le choix de rentrer en France, et j’avais des amis à moi qui étaient footballeurs à Orléans. Ils m’ont fait venir là-bas. J’ai loupé un mois et demi de préparation, avant de prendre le train en route.
Cette nouvelle occasion manquée en Grèce est forcément un regret de plus. Ce fonctionnement local t’a-t-il surpris ?
Je le savais, parce que je sais comment ça fonctionne. C’est méditerranéen, balkanique, les pays de l’Est quoi. C’est une question de réseau, de relations. Ça fait le charme du pays. Quand on y est, on a mal, parce qu’on n’est pas payé et qu’on est confronté à des situations merdiques. Mais il y a un truc d’attirant dans ces pays, que ce soit la Grèce ou la Serbie : l’engouement, la saveur un peu envoûtante. Ça a été un regret pour moi de ne pas y être resté plus longtemps.
En parlant de la Serbie, tu décides d’aller au Dinamo Vranje après Orléans. Pourquoi ce choix ?
C’est simple : c’est le neveu de Dragan Stojkovic, l’ancien de l’OM, qui m’a approché pour me proposer ce challenge. J’ai dit que j’étais partant, avec grand plaisir, et j’y suis allé. J’ai été accueilli comme un petit frère. Bravo à cette équipe, parce que c’était fantastique.
Les Serbes et les Grecs sont très proches…
Ah oui, ce sont des frères. On est très liés, on s’aime énormément. C’est sans avoir réfléchi que j’y suis allé. Quand je suis arrivé, ils m’ont demandé d’où j’étais, et j’ai répondu que j’étais Grec. Ils m’ont dit de ne pas me faire de souci, que tout irait bien.
Sportivement, comment ça s’est passé ?
Plutôt bien. Les structures, comparé à la France, sont plus précaires, on ne va pas se mentir. L’avantage, dans les pays de l’Est, c’est que le logement et la nourriture sont pris en charge, donc ça veut dire que tous les jours tu manges au resto, et tu ne payes pas le loyer. Donc ça repose un peu le cerveau, tu t’occupes de tes entraînements et des trucs que tu as envie de faire à côté. Les installations étaient rudimentaires, mais quand tu as grandi dans ces pays-là, que tu connais tout ça, tu passes outre et tu ne fais pas attention. La ville, c’était terrible. La nuit dans les Balkans, c’est vraiment vrai ! Ça veut dire que le soir, ça s’anime, et là, tu as intérêt à être lucide. Tu as des bars, des boîtes, des choses qui bougent de tous les côtés. Une belle ambiance.
Le niveau du championnat, par rapport à la Grèce, comment était-il ?
Tout dépend des effectifs, mais il y a de très bons joueurs en Serbie. Le football serbe est extrêmement technique, et rugueux. Tactiquement, c’est autre chose. Mais c’est un bon petit football.
Pourquoi es-tu parti de Serbie, et qu’as-tu fait après ?
J’ai fait six mois à Orléans, six mois en Serbie, et après ça, je pars en Bulgarie. C’était un chaos total, et je tombe sur un coach qui a des tendances particulières. Je n’ai pas eu de bons souvenirs, voire pas du tout.
J’ai cru comprendre que ça avait été très dur pour toi…
Le logement était très précaire. J’ai des vidéos, et si je te les fais voir, tu vas dire que ce n’est pas possible. Heureusement, j’y suis allé avec deux supers amis, donc un qui un ancien du Mans et qui avait connu des sélections en équipe de France jeunes, et un autre qui était à l’AS Monaco. On était trois, soudés, parce que si tu es seul, c’est compliqué. Même si tu es fort, ce n’est pas facile du tout.
Il y a pas mal de Français en Bulgarie, comment faut-il faire pour avoir sa chance, être bon tout de suite ?
Ce n’est même pas une question de ça. Ça dépend du coach, s’il aime les étrangers ou non. S’il était d’accord pour que tu viennes ou pas, parce que c’est le président qui te fait venir, et si ça se trouve, l’entraîneur n’était pas au courant. Il y a pas mal de trucs comme ça qui se font. Ce ne sont pas des pays évidents, clairement.
Quand tu reviens à Vierzon, tu étais un peu dégoûté ?
Ah ouais, moi j’ai voulu arrêter le football. Je me suis posé plein de questions, pourquoi autant de péripéties ? J’ai craqué, et je suis parti dans un club amateur à côté de chez moi. J’ai dû racheter mon contrat en Bulgarie, et il m’a fallu deux mois pour pouvoir rejouer. Je suis retourné en DH, histoire de reprendre du plaisir. Le coach, je le connaissais de Châteauroux, et il y avait pas mal d’anciens coéquipiers de la Berrichonne. J’ai retaté du ballon du côté de chez moi, et malheureusement, à ce moment là, je me fais le genou. Une poisse pas possible !
Qu’est-ce qui t’a fait tenir, malgré ces déceptions et les plans foireux ?
Ce sont les personnes qui m’ont suivi, mon entourage, et pas mal de choses. Je me suis revu faire des trucs de fou sur le terrain, des dédoublements, des tacles, des centres. Je me suis dit que je n’étais pas mort.
Après ce retour amateur, tu migres vers Chambéry. Un nouveau départ ?
Pour t’expliquer : après m’être fait le genou, j’ai eu énormément de mal à revenir. J’ai eu une phlébite, une embolie pulmonaire, et j’aurais pu y passer. Après ça, j’ai craqué et arrêté le foot pendant un an. Entre temps, je suis allé dans l’armée, avec les Chasseurs alpins, où j’y ai fait quelques mois. Mais je me suis dit que ce n’était pas possible, et que c’était totalement à l’opposé du football, qui me manquait. J’ai résilié mon contrat à l’armée, et je me suis refait une santé à Chambéry, où le coach avait entendu parler de moi, m’a pris sous son aile et m’a fait bosser. J’avais pas mal de poids à perdre, et j’ai réalisé une première partie de saison pleine. Ça commençait à devenir intéressant, j’étais relancé par des clubs de seconde zone à l’étranger, et des agents. Ça me donnait espoir. En janvier, on m’appelle pour me proposer d’aller en Suède ou en Roumanie. J’étais à deux doigts de partir à l’étranger, et au dernier moment, Ajaccio m’appelle. Apparemment, j’avais été observé en France et à l’étranger, par M. Massa et M. Léonetti, qui est à Marseille maintenant. Donc ils m’ont fait venir là-bas.
Quand on regarde ton parcours, tu n’es jamais resté plus d’une saison au même endroit, non ?
Ça fait longtemps que ça ne m’est pas arrivé. Si j’avais pu rester plus dans certains pays, je l’aurais fait. Mais je n’étais pas dans des endroits faciles. Rares sont les mecs qui restent longtemps dans ces pays.
Là, actuellement, tu es à Ajaccio. Ton contrat arrive à échéance ?
Voilà, je suis en fin de contrat à Ajaccio. D’ailleurs, quand je suis arrivé là-bas, je me suis blessé, avec une fracture de fatigue et une pubalgie.
À 26 ans, comment vois-tu la suite ?
Ce qui est sûr, c’est que je ne lâche pas le morceau comme ça. Je n’abandonne pas. Maintenant, je ne rêve pas de folies, je reste lucide, mais je sais que j’ai des cartes à jouer, et je vais les jouer jusqu’au bout. Tu sais, dans le football, ça peut aller vite d’un sens comme dans l’autre. On n’est pas à l’abri d’une surprise, d’un truc sympathique. Je reste ouvert, et si je dois repartir vers les pays de l’Est ou ailleurs, ça sera avec grand plaisir.
Comment expliques-tu le déclin du football grec ?
C’est vrai que je ne suis plus trop le football grec depuis que je suis parti, mais c’est simple : quand tu as des problèmes financiers, de corruption de matchs, au bout d’un moment, ça dégoûte et ça ne donne pas envie aux joueurs d’y aller. Les impayés, ça ne motive pas non plus. Les joueurs doivent se décarcasser pour le président. Ce sont pas mal de paramètres qui font que le championnat est en perdition.
Penses-tu qu’il pourrait y avoir plus de passerelles entre la Grèce et la France, mais dans l’autre sens ?
C’est plus compliqué de la Grèce à la France. Un joueur de DH, de CFA 2 en France, il peut s’en sortir en D2 grecque. Un bon joueur de CFA peut aller en D1. Mais dans l’autre sens, c’est plus délicat. On n’a pas la même méthodologie du football. Le joueur français est vraiment complet. Le Grec, c’est un Méditerranéen. Là-bas, il fait chaud, tu bosses moins durement physiquement. La culture, c’est aller à la plage, au café, sortir beaucoup. En France, c’est plus carré, plus professionnel.
Pour finir, aurais-tu une anecdote de tes passages à l’Est à nous raconter ?
Des anecdotes, il y en a plein. Mais que des choses positives. J’en ai toujours rigolé, mais en Serbie, j’ai fréquenté des anciens internationaux, des anciens du Partizan ou de l’Etoile Rouge. C’étaient des ravagés, des fous ! En Grèce, pareil. Ce sont des bons mecs. En Bulgarie, on était à trois, donc on a rigolé dans notre souffrance.
Martial Debeaux
Image à la Une : © DR