Temps de lecture 14 minutesOn a discuté avec Gary Coulibaly, ancien joueur de Bastia, Monaco et Levadiakos

Natif de Bastia, Gary Coulibaly (31 ans) a fait toute sa formation au Sporting, l’un des clubs phares de l’île de Beauté, avant de partir à Istres et Monaco, notamment. Après un crochet par la Belgique, il a débarqué en Grèce et à Levadiakos (Superleague) en septembre dernier. Venant tout juste de résilier, il raconte son expérience, mais aussi la sélection corse, et son passage sous les ordres de Claudio Ranieri dans un Monaco en reconstruction. Le tout, avec un fort accent corse.

Première question toute simple : pourquoi le foot ? C’était une évidence ?

C’est une passion démarrée à 3 ans. Il faut savoir qu’en Corse, c’est de toute façon le premier sport. Les garçons font du foot, c’est comme ça. Puis j’avais un père qui a été international malien, et qui était gardien de but. Donc je pense que j’ai vite pris la fibre.

La Corse, c’est une vraie terre de football ?

Ne serait-ce que pour la population, chaque année, il y a 4 ou 5 équipes professionnelles. Ça, ça veut dire beaucoup déjà. C’est vraiment une culture à part, je dirais. Il y a tellement d’engouement autour du foot… Quitte à, des fois, être un peu trop passionné. Mais c’est juste exceptionnel. J’ai eu la chance de grandir à Bastia pendant 20 ans, et ce furent 20 belles années.

Le Sporting, où tu as été formé, est LE club qui compte le plus pour toi ?

J’ai été formé là-bas, en effet, et j’ai réussi à y signer pro, donc c’est sûr que c’est mon club de coeur, ma maison. C’est toujours une grande fierté de parler de Bastia. Depuis tout jeune, ils ont su m’inculquer des valeurs qui m’ont permis de faire la carrière que je suis en train de faire.

C’est un club qui va un peu au-delà du football quand on en porte le maillot, non ?

Complètement. Quand on a le maillot de Bastia, ou d’une autre équipe corse, on est habité par ces valeurs que communiquent les gens et le club. Je pense notamment à des matchs où tu te sens inférieur à l’adversaire, mais justement, par rapport à ces valeurs, tu arrives à gommer certaines choses et à réaliser des performances extraordinaires.

Tu es donc à moitié Malien, et à moitié Corse. Un profil plutôt atypique !

Oui, c’est un vrai que c’est un mixe plutôt improbable, parce que ma mère est la Corse pure souche et mon père africain (rires). Mais j’ai grandi à Bastia, et c’est quelque chose qui ne m’a pas dérangé plus que ça.

Tu évolues aussi avec la sélection corse. Cela représente beaucoup pour toi ?

Il y a une personne, André Di Scala, qui a mis ça en place il y a sept ou huit ans maintenant, si je ne dis pas de bêtises. Il y a un engouement qui se crée autour de cette Squadra Corsa comme on l’appelle, et c’est toujours une fierté de revêtir ce maillot. C’est du pur bonheur. En fin de saison, tous les Corses se retrouvent. C’est bien de partager toutes ces expériences, entre ceux qui ont dû s’expatrier ou ceux qui jouent un peu partout en France. C’est vraiment une grande fête. Juste avant de rentrer sur le terrain, mettre ce maillot, ça représente tellement pour moi… C’est indescriptible ce sentiment de fierté qui m’anime.

Quel est ton regard sur l’actualité récente assez délicate du Sporting ?

Bastia, ça représente vraiment beaucoup de choses pour moi. J’étais vraiment content de les voir en Ligue 1, parce que le club s’est relevé depuis qu’il est reparti du National. Là, comme je l’ai dit, on est peut-être un peu trop stupide des fois, surtout dans des moments comme ceux-là. Quand je vois ce qui s’est passé à Furiani, je pense que ça dépasse carrément le cadre sportif. C’est plus de la bêtise qu’autre chose. Surtout, ces individus n’ont pas mesuré la conséquence de leurs actes. Aujourd’hui, c’est Bastia, et surtout le club, qui en paie les frais.

Ce qu’on dit sur Bastia te semble en décalage avec ce que tu as vécu là-bas ?

Complètement. On peut être vraiment dans l’excès, mais bon… Allez, ça va être un carton rouge, un tacle un petit peu trop appuyé, un peu d’intimidation dans un duel. Mais Bastia, c’est aussi un grand respect, une terre d’accueil. De voir des gens qui envahissent un terrain pour aller en découdre avec l’équipe adverse, ça dépasse complètement ce que moi je connais de Bastia. L’éducation qu’on m’a donnée, ce n’est pas du tout en adéquation avec ça.

Après Bastia, tu files à Istres (2008-2011). Pourquoi ?

J’ai eu un peu de mal sur ma dernière année avec Bernard Casoni. J’ai décidé de partir, c’était le moment. J’ai fait ce choix après avoir passé une année sans jouer. Et il fallait que je me relance, donc j’ai signé à Istres, en National. Ça s’est super bien passé, parce que j’ai été papa là-bas, et on a fini champion, en montant en Ligue 2. C’était une année de transition, mais une super année.

Parsemain, c’est un stade un peu particulier…

(Il rit) Tout à fait. C’est un stade où il y a beaucoup de mistral. Je n’ai que de bons souvenirs là-bas, parce que c’était la première fois que je laissais ma terre natale. C’était vraiment une super expérience avec une montée en Ligue 2 à la clé. Mais il était trop grand pour la ville, pour nos supporters. On était à une demi-heure de Marseille, donc il n’y avait pas forcément trop d’engouement.

Entre les Bouches-du-Rhône et la Corse, tu dirais qu’il y a des ressemblances ?

Il y a beaucoup de Corses. Et puis ça reste un climat méditerranéen, avec des gens du Sud. Hormis l’accent, il y a quand même beaucoup de similitudes, notamment au niveau de la gastronomie, avec beaucoup de poisson, de plats à base de fruits de mer. Pour ça, je n’étais pas trop perdu.

Istres a déposé le bilan récemment. Tu as suivi un peu la chose ?

J’ai vu, oui. Ça, malheureusement, ce sont les aléas de chacun des clubs. Quand on voit de loin un club comme ça qui dépose le bilan, c’est sûr que ça fait mal au coeur, parce que ce sont des souvenirs de joueurs avec lesquels j’ai évolué, et des gens avec qui je me sentais vraiment dans une petite famille. Mais je suis persuadé qu’ils vont savoir repartir de l’avant.

Après Istres, tu débarques à Monaco lors de la saison 2011-2012, dans une équipe qui est alors dernière de Ligue 2…

Dans les derniers, très exactement. Monaco m’a acheté, parce que j’étais encore sous contrat. Moi, je n’ai pas hésité une seconde. Monaco, c’est quand même un club d’envergure, beaucoup plus prestigieux qu’Istres. Je ne me suis pas posé de question, et à la fin de l’année, je crois qu’on finit sixièmes (8es, NDLR), notamment avec une deuxième partie de saison exceptionnelle. C’était un grand tournant de ma carrière. Je me suis régalé.

Quand tu débarques là-bas, tu pensais participer à une des pages de l’histoire de l’AS Monaco ?

Honnêtement non, parce que ce n’était pas encore en projet. Quand je signe, même si Monaco était dans les derniers du classement, j’étais en train d’évoluer. Par rapport à Istres, je changeais de dimension, complètement. Après, ça s’est fait petit à petit. Les investisseurs sont arrivés l’année d’après, et on a vraiment senti le renouveau, un élan. Deux ans après, j’ai eu la chance d’être le vice-capitaine de Claudio Ranieri, quand même. C’est quelque chose d’exceptionnel. Ce n’était même pas changer de dimension : là, on avait changé de planète carrément.

Tu évoques Ranieri. Comment est-il dans la vie de tous les jours ?

C’est quelqu’un de très respectueux. C’est vraiment ce qui m’a marqué : il est très carré dans le travail, et à côté de ça, il aime bien rigoler, il est toujours à l’écoute. Il est toujours partant pour partager de nouvelles expériences, de nouvelles façons de voir les choses. De par son palmarès… Avoir été son vice-capitaine, ça restera quand même l’un des pics de ma carrière.

Quand tu es vice-capitaine, tu t’imaginais que l’ASM allait devenir, quelques années après, la meilleure équipe de France et un demi-finaliste européen ?

Non, peut-être pas. Ça serait prétentieux de dire ça. Mais en tout cas, je sentais qu’il y avait une grosse ambition de revenir sur la scène européenne. Ils n’ont pas brûlé les étapes, ils ont su faire les bons investissements, prendre le temps. Aujourd’hui, ça porte ses fruits.

Après Monaco, tu migres sur Laval (2013-2014). Une question de temps de jeu ?

En fait, j’ai résilié mon contrat. Et comme c’était dans les derniers moments du mercato… J’étais resté six mois sans jouer, quand le club a accédé en Ligue 1. Il y a eu un sacré recrutement, avec Falcao, Moutinho, James Rodriguez, Toulalan, Abidal, et je n’ai pas eu de temps de jeu, parce que c’était très compliqué d’en avoir avec ce genre de joueurs. J’ai choisi de résilier fin janvier, et le seul club qui était encore dans les cordes, c’était Laval.

On progresse au contact de ces stars-là ?

C’est sûr que c’est quelque chose d’exceptionnel. C’est une expérience qui vous pousse à donner le maximum de soi-même. De toute façon, c’est soit tu es à 100% et tu essayes de te mettre au niveau, soit tu es ridicule. Le choix est vite fait. Quand tu as des joueurs comme ça dans un vestiaire, c’est juste exceptionnel de les côtoyer. Même sans faire un match en six mois, j’ai pris l’expérience de deux ou trois ans. La façon de travailler, la qualité… Ça ne fait que t’apporter sur tous les plans.

Qu’est-ce qui impressionne le plus chez eux ?

On voit que ce sont des joueurs qui ont quand même une qualité exceptionnelle et qui, au-delà de ça, sont d’une simplicité déconcertante.

Tu as signé à Ajaccio pour la saison 2014-2015, après ta pige à Laval. Pour un joueur formé à Bastia, ça ne t’a pas fait bizarre ?

Non, pas du tout. C’est vrai qu’il y a beaucoup de rivalité quand il y a ce match, des derbys assez chauds, mais au-delà de ça, ça reste ma maison, où que j’aille. Honnêtement, je n’y ai pas pensé. Ma femme était enceinte de ma deuxième fille, donc c’était bien de se rapprocher de la famille pour être un peu plus en sécurité. Puis bon, ça s’est super bien passé. Je n’avais aucune appréhension de rentrer à Ajaccio, parce que je pense qu’à Bastia, j’ai toujours respecté mes amis et le club.

Cette année, en Ligue 2, on va retrouver le Sporting et les deux clubs d’Ajaccio. Tu vas suivre ça avec attention ?

Ah oui, complètement ! Ça fait toujours plaisir de voir des équipes corses. On préfère les voir en Ligue 1, mais même en Ligue 2, il va y avoir de sacrés derbys. Au-delà de l’aspect de victoire ou de défaite, ça reste quand même une grande fête en Corse, donc il y aura encore un peu plus de fêtes !

Comment expliquerais-tu cette densité de clubs pros en Corse ?

Au-delà de l’aspect technique ou tactique, nous avons vraiment des valeurs qui nous font nous surpasser, repousser les limites plus loin que celles que l’on connaît. Et c’est ce qui permet de faire des résultats, d’obtenir des accessions en Ligue 1. Il y a vraiment une euphorie qui peut s’emparer quelquefois de l’équipe, et il n’y a pas de limite. Comme on le dit souvent, on respecte tout le monde, mais on n’a peur de personne (rires).

Pour en arriver à la Grèce, comment as-tu débarqué à Levadiakos ? Tu sortais d’une saison en Belgique, à Waasland-Beveren.

C’est ça, complètement. J’avais fait une saison en Belgique, et je voulais encore bouger parce qu’on ne s’est pas mis d’accord sur les termes d’une prolongation de contrat. Et puis au dernier moment, fin août, on m’a proposé Levadiakos. Je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Que ça pourrait être une autre expérience. J’ai pris des renseignements auprès de François Modesto, et de deux ou trois autres joueurs aussi que je connaissais. Il s’est avéré que ce fut une saison très compliqué. Là, pour être honnête, j’ai résilié mon contrat. (Il souffle). Il y a quelques bons souvenirs quand même, il ne faut pas cracher dessus. Les matchs face à l’Olympiakos, au Pana, où tu vois des stades vraiment de grandes qualités, en jouant contre de gros joueurs. Au-delà de ça, j’étais plus dans un club trop familial, avec peu de moyens. Et à la fin de la saison, on s’est rendu compte que le recrutement et notre envie n’ont pas suffi.

Quand tu avais demandé les renseignements sur le club, quels avaient été les retours ? Parce que c’est un club qui était destiné à jouer le maintien…

Ils avaient fait l’effort de prendre trois ou quatre joueurs français, donc je m’attendais vraiment à une saison un peu mieux que ça. Mais c’est vrai que ça a été compliqué du début à la fin. En termes d’installation, de thérapie, on était quand même un cran en dessous des autres. Ça a été vraiment une saison compliquée. J’avais signé deux ans, mais c’est pour ça que j’ai choisi de résilier mon contrat.

C’est un environnement où, finalement, le joueur doit s’occuper de plus de choses…

Voilà, c’est ça. Il faut savoir qu’on est à une 1h20 d’Athènes, donc si on a besoin de soins spécifiques, il fallait faire les aller-retour à chaque fois. Ce n’est pas forcément la meilleure manière de se soigner, ou d’être préparé. On a des infrastructures vraiment en dessous. Notamment un terrain d’entraînement sans salle de musculation. Pour certains, ça peut paraître un détail, mais pour moi, habitué à ça, j’avais l’impression d’avoir légèrement régressé.

Toi qui as connu Monaco, tu descendais quelques planètes en dessous à Levadiakos, pour reprendre ton expression ?

Dans la vie, on fait des choix. C’est un peu la situation qui les dicte. Pour moi, en tout cas, ça en était un mauvais, que j’assume complètement, hein. Je ne dis pas que je n’ai pas joué. Mais mentalement et physiquement, ça a été une année éprouvante.

Et Livadia, la ville, c’était comment ?

Ça reste une belle région, avec une station de ski super côté tout près, Arachova. Il y a deux trois endroits sympas à visiter. C’était une bonne situation. La ville en elle-même est assez petite et sympathique, mais c’est sûr que comparé à Athènes ou Thessalonique, ça ne fait pas le poids.

Les ambiances que tu évoquais, ça reste le point positif ?

Complètement. Sur le niveau, j’ai été surpris, parce que c’était un super niveau, avec des joueurs très techniques, beaucoup de Sud-Américains. Que de bons souvenirs dans le jeu et les stades. Pour le petit clin d’oeil, on préférait aller jouer à l’extérieur, plutôt que de recevoir (rires).

Il y a eu beaucoup de mouvements dans votre effectif, beaucoup de nationalités aussi. Ce fut dur pour créer un collectif ?

(Il hésite) Non, je ne dirais pas ça. On s’entendait tous bien, on parlait anglais. Mais je pense que c’est un peu la saison noire cette année, où les résultats n’ont pas été là dès le début. J’ai connu trois entraîneurs, chose que je n’avais jamais connue dans ma carrière. Ça prouve bien qu’à un moment donné, il y avait quelque chose qui n’allait pas. On essayait toujours de renverser la tendance, de chercher les points à améliorer. Une saison comme ça, avec autant d’incertitudes, de malchance, de résultats négatifs, c’est la première fois. Mais ça restera une bonne expérience, hein. J’ai préféré résilier et ne pas faire une deuxième année comme ça.

Ça fait mûrir un exercice comme celui que tu as vécu ?

Oui, on essaye toujours de se poser la question quand ça va mal, de renverser la tendance, en essayant de gagner un match, de basculer dans une spirale positive. Et cette année, en cherchant de partout, on n’a pas trouvé cette euphorie qui aurait pu nous faire basculer la situation dans certains matchs. Avec du recul, c’est un constat d’impuissance. Mais je n’ai jamais rechigné à la tâche. J’ai toujours continué à travailler jusqu’au bout. L’important c’était de ne pas lâcher. Malgré ça, ça n’a pas suffi.

Le propriétaire, Giannis Kobotis, a une réputation sulfureuse hors de la Grèce, on va dire. Tu étais au courant de la chose avant d’arriver ?

Complètement. C’est quelqu’un avec qui j’ai eu de très bons rapports, du début jusqu’à la fin. C’est l’un des rares que je voudrais remercier, d’ailleurs, parce qu’il a toujours été là pour moi. Quand j’ai eu besoin de quoi que ce soit, c’est quelqu’un sur qui j’ai pu compter. D’ailleurs, quand je suis allé résilier, on a pris le temps de bien parler tous les deux, de vraiment faire le point sur la saison. Il a vraiment été sympa avec moi, donc je ne comprends pas trop cette réputation. La seule chose que je lui dire, c’est merci pour ce qu’il a fait pour moi. Il a toujours été correct. C’est une personne pour laquelle j’ai du respect.

Il faut vraiment être sincère avec ces gens-là, non ? Sinon, ils peuvent en profiter, et rendre l’expérience difficile.

On m’a toujours inculqué des valeurs de respect et de franchise. C’est ce qui dicte ma vie jusqu’à aujourd’hui. J’ai toujours été comme ça, et je le serai toujours. Je n’ai pas eu plus de soucis que ça en Grèce. En tout cas, s’il y avait une personne que je voudrais remercier là-bas, c’est lui. Au début, déjà, il m’a fait venir. Même quand ç’a été difficile, il m’a toujours respecté, ainsi que ces engagements. Donc je ne peux rien dire de négatif sur lui.

Tu as aussi découvert un championnat assez particulier dans le fonctionnement, avec plein de matchs rapprochés en janvier, par exemple. Ça change de la France, où tout est carré, non ?

C’est vrai que ce n’est pas l’anarchie, mais presque. Quand on a vu à quelle date débutait le championnat … On attend toujours des décisions. C’est toujours remis à demain. Ce n’est pas évident de s’adapter. Surtout, c’est toujours au dernier moment, notamment avec la ligue grecque qui n’est pas aussi réactive que la Française, si on peut dire ça comme ça. Mais après, c’est juste une question d’adaptation.

En France, on a souvent l’image d’un championnat grec aux décisions arbitrales étranges. C’est quelque chose que tu as ressenti ?

Quand il y a le grand club contre le petit club, il y a peut-être des décisions qui sont prises un peu plus facilement que d’autres, je dirais. Mais on a vu des petites équipes battre des grandes, et ça n’a pas fait scandale. Je pense que c’est un peu de la paranoïa (rires). En tout cas moi, je le ressens comme ça.

Tu évoquais le niveau. Tu as pu te mesurer à quelques bons joueurs en Grèce…

Bien sûr. Je pense aux clubs comme l’Olympiakos, le Pana, qui sont des équipes qui évoluent en Europa Ligue chaque année, avec des joueurs de qualité. C’était bien de se mesurer à eux, et c’étaient des équipes vraiment plaisantes à affronter.

Les francophones à tes côtés, c’était important ?

C’est toujours plus facile de s’adapter quand on a des Français autour de soi. Moi j’avais ma famille sur Athènes, parce que mes filles y vont à l’école française. Heureusement que j’avais ça dans les moments difficiles. Après, c’est sûr que d’aller au restaurant, de parler français et d’oublier l’anglais ainsi que les deux ou trois mots de grec qu’on apprit sur le tas, ça fait toujours plaisir.

La crise en Grèce, tu as pu la percevoir ?

On le ressent, oui. Moi je suis très bord de mer et plage, de par mon lieu de naissance. Et on voit des plages un peu jonchées de déchets, pas trop entretenues, par rapport à un manque de moyens. Mais sinon, ça reste quand même un pays exceptionnel. Nous, on a bien profité. Une vie assez cool, à la Méditerranéenne, avec de bonnes températures. Personnellement, ça reste une super expérience pour nous.

Tu établirais des parallèles entre la Corse et la Grèce ?

Ça reste typé méditerranéen, avec beaucoup de similitudes gastronomiques, là aussi. Au niveau paysage, aussi. Sinon, au niveau de la vie, c’est vraiment à la cool. Au café le matin, tranquille. Il y avait deux ou trois points qui reflétaient la Corse.

Et au niveau du football ?

Moi, j’ai grandi à Bastia. Quand on parlait de derbys, ça avait une telle importance ! Rien que de dire le mot derby, il n’y a même pas besoin de causerie plus motivante que ça. En Grèce, je ne l’ai pas tant ressenti que ça. Les matchs étaient assez cools, tranquilles. Je n’ai pas ressenti la même intensité, la même envie d’aller en découdre sur le terrain.

Tu as 31 ans. Comment vois-tu ton avenir ?

On va prendre le temps de souffler, déjà. De digérer, de bien profiter des vacances. Là, j’ai fini sur une bonne note avec la sélection corse, où j’ai pris beaucoup de plaisir. Maintenant, je vais attendre de voir avec mon manager les opportunités qui se proposent à moi, et on prendra le temps de la réflexion. Aujourd’hui, il y a d’autres impératifs que quand j’avais 20 ans, notamment au niveau de mes enfants, avec une école française. Ce sont des critères comme ça qui sont très importants pour moi. On prendra la décision de trouver le bon club au bon moment. J’ai la chance d’avoir une famille extraordinaire, et une femme exceptionnelle qui me suivra où que j’aille. Donc nous n’avons pas peur !

Cette expérience à l’étranger t’a plutôt donné envie d’en refaire une, ou de rentrer en France ?

Honnêtement, de rentrer en France. Tout est beaucoup plus carré que ce que j’ai pu connaître jusqu’à présent. Sans critiquer les autres pays que je ne connais pas, mais pour la droiture des choses, ça me ferait du bien de rentrer en France.

Pour finir, si tu avais une anecdote à ressortir de ton passage en Grèce, ce serait quoi ?

Les huit premières défaites d’affilée ! Je n’avais jamais connu ça dans ma vie. J’avoue que c’est une chose complètement folle pour moi, n’y étant pas habitué. Psychologiquement, ça fait mal. C’est la chose qui m’aura marqué, et presque traumatisé ici. Dans la vie on fait des choix. Et moi, j’assume à 100% ce que je fais. Donc je me suis dit : « maintenant, tu y es, il va falloir finir du mieux possible. » L’état d’esprit, c’était de ne pas lâcher quoiqu’il advienne.

Martial Debeaux


Image à la une : © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

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