Après une saison aboutie avec Gonfreville (National 3 Normandie), David Bangala s’engage en Juillet 2020 avec le FK Pohronie, pensionnaire de Fortuna Liga. Une destination peu commune pour un joueur de 5e division française. De ses débuts au Havre AC à sa découverte du monde professionnel en Slovaquie, le milieu défensif normand revient pour Footballski sur ses premiers mois à Pohronie.

Bonjour David, peux-tu te présenter aux lecteurs de Footballski?

David Bangala: J’ai 23 ans et je joue actuellement au FK Pohronie, club que j’ai rejoint cet été. J’ai effectué toute ma formation du côté du Havre AC où je suis resté 6 ans avant de rejoindre Valenciennes. J’ai alors intégré la réserve qui jouait en National 2. Ma carrière s’est ensuite poursuivie au Stade Briochin (N2) puis à Gonfreville (N3) où je suis resté une saison avant de rejoindre le FK Porhonie cet été.

Tu enchaînes donc plusieurs clubs en quelques saisons…

Les débuts à Valenciennes ont été un peu compliqués, c’était différent du Havre où je venais de passer 6 saisons consécutives. La manière de voir le football était différente entre les deux clubs, je sortais un peu de ma zone de confort, l’entraîneur ne me faisait pas jouer au bon poste … La seconde saison a été bien meilleure, j’ai eu l’occasion avec le coach Delmotte de jouer à mon poste, d’enchaîner les rencontres ce qui est vraiment important pour la confiance. Malheureusement je ne parviens pas à signer pro derrière à Valenciennes, c’est alors que je rejoins le Stade Briochin en N2. Seulement quelques petits mois à cause d’un souci personnel qui me font revenir dans ma région. Je signe alors à Gonfreville (N3) avec le coach Rachid Hamzaoui qui m’a vraiment relancé, me permettant de faire une bonne saison sur le plan individuel, même si collectivement la saison a été plus compliquée.

Cette saison-là, Gonfreville réalise un gros parcours en Coupe de France, en éliminant notamment Saint-Brieuc (N2) à l’extérieur, avant de recevoir Lille au Stade Océane… Ce parcours t’a offert des opportunités ?

Oui bien sûr, la coupe aide car elle te met en valeur plus qu’en championnat, surtout en jouant une équipe de Ligue 1 comme Lille. Après les opportunités je suis allé les chercher… Je pense que sur l’ensemble de la saison mes performances étaient bonnes, je n’ai rien volé à personne, de toute façon lorsque tu joues à ce niveau-là, rien n’est donné sur un plateau, tu dois tout aller chercher, et saisir les opportunités lorsque tu peux le faire.

La saison se termine, et tu signes au FK Porohnie… Raconte-nous comment ça se passe!

A la fin de saison j’ai quelques touches avec des clubs de N2 mais rien de concret, on discute un peu avec quelques clubs. Puis j’arrive à avoir un contact avec un dirigeant du FK Pohronie, on discute, on discute, ils demandent à me voir… Je vais donc passer une semaine sur place pour rencontrer les dirigeants, au bout du 4e jour sur place on me fait une offre pour signer une saison pro. C’était mon objectif, j’ai toujours travaillé pour devenir joueur professionnel donc sans trop réfléchir je me suis lancé. C’était une nouvelle expérience, un nouveau pays, un nouveau football, pas de soucis (rires).

Gros changement donc, tu passes de la 5e division française à la Fortuna Liga, élite slovaque… Tu n’appréhendes pas certaines barrières?

Non, car le football est un langage universel (rires), sur le terrain on parle tous le même langage. Après dans la vie d’à côté c’est un peu plus compliqué mais ça m’a permis de travailler mon anglais. Je ne dirais pas que je parle très bien anglais (rires) mais j’ai énormément progressé, je comprends, je me fais comprendre facilement… Je n’ai pas eu peur car j’ai toujours rêvé de devenir pro et je touchais au but au moment de cette signature.

Tu arrives donc en Juillet dans une équipe assez internationale mais sans aucun français, comment se passe ton intégration?

Sans vous mentir c’était assez difficile, j’ai tout de suite beaucoup joué car j’avais la confiance du coach. Mais une petite blessure est arrivée fin Août qui m’a privé de terrain pendant un mois, c’est là que ça c’est compliqué mais je savais pourquoi j’étais là, je n’ai jamais douté de mes qualités, j’attendais juste d’avoir ma chance de nouveau pour la saisir. Concernant l’extra sportif, le club s’occupe de tout et c’est top, nous on a juste à être focalisés sur le terrain, ça se passe très bien, pas de soucis! (rires)

Effectif international avec 8 nationalités différentes. Communication qu’en anglais ou tu t’es initié au Slovaque?

On parle anglais en majorité, on arrive à se comprendre c’est l’essentiel, le coach parle anglais et slovaque donc pas de soucis là-dessus. Sinon je connais quelques expressions slovaques mais je ne dirais pas que je parle couramment la langue (rires). Elle est compliquée… (rires).

Tu arrives aussi en pleine pandémie de Covid-19….

Les matchs sont à huis-clos, on subit des tests Covid plusieurs fois par semaine et avant les matchs, ce n’est pas une période facile… Lorsque je suis arrivé, les matchs n’étaient pas encore à huis-clos, seulement une jauge donc il y avait quelques supporters dans les stades, ça donnait un peu d’ambiance. Mais rapidement le huis-clos total est revenu… C’est dommage car les stades sont beaux, j’aurais aimé jouer dedans avec des supporters et de l’ambiance car c’est aussi pour ça qu’on joue au foot mais voilà, la situation sanitaire est ainsi, il ne faut pas pleurer sur notre sort, simplement attendre des jours meilleurs.

Deux autres français (Thomas Heurtaux et N’Zeyi Elie-Gael) ont également rejoint Pohronie cet hiver, c’est un plus d’avoir plusieurs francophones dans l’équipe?

Automatiquement tu te sens mieux. L’arrivée de Da Silva Adler lors du mercato hivernal rajoute un autre francophone en plus des deux que tu as cité, c’est cool, tu as plus de repères!

Tu constates une grosse différence d’infrastructures entre ce que tu as connu en France et ce que tu découvres à Pohronie en arrivant?

A Gonfreville j’avais déjà la chance d’avoir des infrastructures de qualité. De niveau N1 je dirais, un synthétique de qualité, plusieurs terrains, une salle de musculation, un complexe…Concernant Pohronie, c’est un petit club professionnel mais ça reste très correct au niveau des infrastructures, plusieurs terrains de très grande qualité, on voit que c’est un club qui grandit et qui a des ambitions pour le futur. Globalement, les infrastructures sont très très correctes pour travailler dans de bonnes conditions.

La Fortuna Liga est un championnat avec des disparités assez importantes entre les équipes de tête (Slovan Brastislava, Dunajska…) et le reste du championnat, ça se ressent sur le terrain?

Lors du match aller contre le Slovan on s’incline 2-1, le match retour on s’incline à nouveau, 1-0 cette fois en ratant un penalty dans les dernières minutes. Oui il y a une différence c’est sûr mais sur le terrain je ne l’ai pas ressenti comme ça. J’ai senti une équipe du Slovan, certes avec des qualités mais pas une énorme différence de niveau. Après oui, on voit qu’il y a beaucoup plus d’expérience, que ce sont des joueurs de qualité mais je n’ai pas senti une équipe qui allait nous rouler dessus. (rires)

La D1 Slovaque, ça équivaut à quel niveau de jeu en France selon toi?

Hmmm… Je dirais la Ligue 2. Après les grosses écuries du championnat comme le Slovan Brastislava ou Dunajska pourraient jouer en Ligue 1 et se maintenir. Concernant le jeu les équipes sont très agressives sur le second ballon, c’est là qu’il faut être bon. Sinon les grosses cylindrées ont un jeu basé sur la possession et les autres équipes un peu plus sur le second ballon. Mais je pense que le jeu est quand même plus physique ici qu’en France, les contacts sont plus rugueux…

Dans la ville, les gens suivent beaucoup le club? On te reconnaît dans la rue?

Ça nous arrive assez régulièrement de nous arrêter pour faire des photos avec les supporters, c’est sympa, c’est différent pour moi qui n’ai pas connu ça dans les clubs où j’étais avant mais c’est cool. D’une certaine façon mon statut a changé, maintenant tu as aussi le regard des gens à gérer lorsque tu te déplaces, ce que tu n’as pas forcément en France.

Pohronie est pour le moment 2e du groupe de relégation qui se compose de 6 équipes pour 2 places de relégués. Les 6 clubs se tiennent en 4 points… Avec en plus, le club historique Ruzomberok en difficulté, tu la sens comment cette fin de saison?

Oui je pense que le club va se maintenir, on a eu plusieurs renforts très intéressants au mercato qui nous ont fait du bien. Je pense que dans les prochaines années le club pourra même viser un peu plus haut que le maintien, c’est un club qui se structure bien avec de belles ambitions. Mais il ne faut pas s’enflammer, il faut déjà se maintenir cette saison, il reste 9 matchs donc la route est encore longue. Ce groupe relégation est de toute façon très homogène et relevé comme on le voit avec Ruzomberok qui se retrouve en position délicate cette saison, personne ne se détache, ce sera à nous de faire le boulot.

Tu es actuellement blessé depuis Février…

Oui je me suis fait les ligaments croisés donc je suis rentré en France afin de me faire opérer mais je garde le contact avec le staff et mes coéquipiers. La saison est terminée pour moi, maintenant j’ai confiance en mes coéquipiers qui vont se maintenir. Le retour sur les terrains ne se fera que la saison prochaine pour moi.

Toujours à Pohronie?

Je ne sais pas encore. J’ai signé 1+2 ans, donc on va faire un point avec les dirigeants à la fin de saison. Ça va dépendre de plusieurs choses, notamment du maintien du club mais si tout se passe bien je serai encore à Pohronie la saison prochaine. Maintenant il reste encore du temps avec de nombreux matchs, tout peut aller très vite dans le football donc je suis focalisé sur la fin de la saison et nous verrons ensuite ce qu’il adviendra.

Merci à David Bangala pour sa gentillesse et sa disponibilité

Hugo Lebleu pour Footballski

1 Comment

  1. Anonyme 26 mars 2021 at 11 h 47 min

    J’adore ces interview ! Merci beaucoup

    Reply

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