Loin de son Australie natale, Anthony Bakmaz vient de poser ses valises à Kaunas pour relever un nouveau défi. Une carrière déjà riche en découvertes après des passages en Croatie, Pays-Bas, Malte, Lettonie et maintenant dans un deuxième pays balte. Rencontre.
Que peux-tu nous dire de ta vie en Australie et de tes racines croates ?
Je suis né à Sydney de parents croates. Mon enfance était croate à la maison comme celle de la plupart des enfants venus de familles de ce pays. Je parle les deux langues parfaitement. J’allais à l’école et je jouais au football comme n’importe quel enfant normal en Australie. Plus je grandissais, plus le football devenait sérieux pour moi. J’avais vingt ans quand je suis allé pour la première fois en Croatie.
En 2013, tu pars donc en Croatie dans des petits clubs (Tresnjevka, Laduc).
Je suis parti m’entrainer en hiver avec une équipe de première division, le NK Zagreb (ndlr : le club a fait faillite et évolue désormais en D3). De là, j’ai eu envie de rester et de jouer au football en Croatie parce que j’ai apprécié l’expérience sur place et que je parlais déjà la langue. Je décide donc d’aller à Tresnjevka (D3) et de commencer mon parcours là-bas. Cela a été un grand apprentissage. J’ai dû composer avec des choses que je n’aurais jamais imaginées. Néanmoins, je suis content d’avoir joué avec de bons joueurs et d’avoir appris d’eux.
En 2015, tu pars pour l’Ajax amateur…
Les Pays-Bas sont un grand pays pour tout jeune footballeur. Ils accordent beaucoup d’importance à la technique et à la tactique. Bien que ce soit la troisième équipe, le coaching, les installations, les équipements, les terrains, le style de jeu étaient d’un très haut niveau. Je suis très heureux d’avoir passé une année à Amsterdam, qui est aussi une ville incroyable pour y vivre.
De là, tu rejoins St Andrews FC à Malte.
Je cherchais quelque chose de plus après Amsterdam. Je voulais jouer dans une équipe de première division. J’ai passé un test qui s’est très bien déroulé. Après six mois, je ne me sentais pas progresser à Malte et je n’étais pas très heureux avec tout ce qui ce passait et j’ai eu envie de partir et là j’ai eu la chance de joindre Jelgava.
Comment atterris-tu en Lettonie ?
La façon dont je rejoins Jelgava est assez intéressante. J’étais à Malte en train de préparer un match contre La Valette quand mon agent m’appelle et me dit que je dois être à Riga dans les 72 heures pour un match contre Ventspils. La situation était un peu risquée parce que si je ne signais pas avec Jelgava, je me retrouvais sans club et en même temps je ne voulais pas laisser la chance de jouer dans une plus grande équipe. En 30 minutes, je me suis arrangé avec St Andrews. Je ne voulais plus jouer pour eux et j’avais un billet pour Riga. Mon expérience à Jelgava a été fantastique. J’adorais jouer devant nos supporters. Malheureusement, nous ne leur avons pas donné beaucoup de victoires. Sur le plan personnel, j’ai joué beaucoup de matchs et grandi énormément comme joueur et personne.
Mais en 2018, tu rejoins la Lituanie et le Zalgiris Kaunas…
Tout est allé très vite. Je reviens de vacances et je suis prêt à jouer pour Jelgava. Andrius Velika (directeur sportif du Zalgiris qui depuis a démissionné) m’appelle pour le rencontrer à Kaunas. Sur le trajet jusqu’à Kaunas, je me disais que je perdais mon temps et que j’étais certain de vouloir être à Jelgava cette saison. Je ne suis resté que quelques heures à Kaunas. J’ai rencontré le coach, Mindaugas Cepas et Linas Pilibaitis (joueur du Zalgiris Kaunas, qui a marqué le but du FBK Kaunas éliminant les Rangers). J’ai discuté avec Cepas de sa vision du football et des ambitions pour la saison suivante. Sur le chemin du retour à Riga, j’étais certain de vouloir devenir joueur du Zalgiris Kaunas. J’ai discuté avec des joueurs lituaniens qui jouent en Lettonie, Mindaugas Grigaravicius, Evaldas Razulis et Rytis Leiluga de tout cela et j’ai pris ma décision encore plus facilement et maintenant je suis très heureux d’être à Kaunas !
De nombreux joueurs de Jelgava vont jouer en Lituanie cette saison. Comment expliques-tu cela ? Tu es toujours en rapport avec certains d’entre eux ?
Comment expliquer cela ? Je ne saurais pas dire. Je pense que du point de vue d’une carrière, nous avons franchi une étape en venant en Lituanie. Je suis très ami avec Gints Freimanis qui est maintenant à Atlantas. Je pense que cela va être très intéressant de se retrouver sur le terrain ! Même chose avec Kler Heh qui est à Jonava. Nous étions très proches à Jelgava. C’est un joueur talentueux. Je pense que le football lituanien va mieux lui convenir que le football letton.
La saison 2017 de Jelgava à été mauvaise. Tu l’expliques comment ?
C’est une question que je me pose moi-même. Beaucoup de gens me le demandent, mais honnêtement je ne sais pas quoi répondre. Si je dois pointer quelques éléments, les blessures, les conditions d’entrainement étaient des choses qui n’allaient pas.
Jelgava a rencontré Ferencváros en Ligue Europa. Un grand moment ?
Un rêve qui devient réalité ! Enfant, je regardais la Coupe UEFA à la télévision et finalement y participer est quelque chose de génial. Ce qui n’était pas génial en revanche, c’était notre prestation. Nous n’étions tout simplement pas assez forts. Ils étaient très bien organisés avec de bonnes individualités. Tactiquement nous étions extrêmement pauvres…
Ton opinion sur le football letton ?
Très direct, physique, pas mal de bons joueurs techniques, mais à certains niveaux, ils sont bloqués dans le passé…
Comment était ta vie à Jelgava ?
Géniale ! Jelgava est une petite ville tranquille. J’ai vraiment beaucoup apprécié. J’ai appris à parler letton, rencontré ma copine et plein de gens cools, ce qui a rendu ma vie très facile. J’aime vraiment beaucoup Jelgava et la Lettonie.
A Jelgava, tu as joué avec Rafael Ledesma, qui est très connu dans le football lituanien (ndlr : joueur majeur du FBK Kaunas de la grande époque)…
Je ne réalisais pas du tout qu’il était connu en Lituanie avant de venir à Kaunas. Rafa est talentueux et très doué techniquement. Il m’a beaucoup aidé sur le terrain. C’est vraiment une chouette personne avec qui je parle encore. Nous avons passé beaucoup de temps en dehors du terrain à Jelgava. Ça ne me dérangeait pas de courir pour lui pour récupérer le ballon, car c’est un magicien (sourire).
Le Zalgiris Kaunas était normalement relégué en fin de saison. La place de l’équipe en D1 n’a été confirmée que tardivement. Tu n’as jamais douté ?
Pas du tout. J’étais très confiant sur le fait que nous allions réussir à garder notre place en A-Lyga.
Quelle est l’ambition du club cette saison ?
L’ambition est d’être dans les quatre premiers. Aussi simple que ça !
Qu’est ce que tu peux nous dire sur le Zalgiris Kaunas ?
Les terrains d’entrainement sont le FM Tauras et le centre NFA (centre de la Fédération). L’équipe commence doucement à se former. Je pense que le plus important est dans le fait de comprendre comment chacun d’entre nous joue. Nous avons engagé de très bons joueurs comme Pilibaitis, Mamaev, Snapkauskas et Sirgedas. À chaque entrainement, tout le monde vient dans la bonne humeur. Le coach est probablement le meilleur que j’ai jamais eu et cette pré-saison probablement la meilleure que j’ai effectuée. Le coach est quelqu’un pour qui j’ai envie de me battre, je n’ai jamais eu ce feeling auparavant.
Ton sentiment sur la ville de Kaunas ?
Je n’ai pas encore été beaucoup dans le centre. La plupart du temps nous avons entrainement deux fois par jour donc je rentre juste à la maison me reposer, cuisiner ou discuter avec des amis. Ma vue sera meilleure quand la neige sera partie !
La différence entre la Lituanie et la Lettonie ?
Les langues ! Je pense qu’il n’y a pas autant de gens qui parlent anglais ou russe en Lituanie.
Personnellement, quelles sont tes ambitions ?
Je veux juste voir jusqu’où je peux aller dans le football, c’est quelque chose qui me motive et me porte. À quel niveau je ne sais pas, on verra. J’aime travailler dur tous les jours sur le terrain tout simplement !
Comment te décrirais-tu point de vue football ?
Je laisse les gens autour du terrain se faire une opinion…
Ton cousin est Anthony Seric (ancien international croate passé par Brescia, la Lazio, le Panathinaikos, Besiktas…), c’est bien ça ?
Il est la raison pour laquelle j’ai commencé le football ! Je le suivais quand j’étais jeune et je collectionnais ses maillots. Je tentais de faire des choses comme lui sur le terrain, comme des vilains cartons jaunes aussi. Il a eu une carrière brillante en étant pris dans la sélection pour trois Coupes du Monde, des matchs en Serie A, Ligue des Champions, Coupe UEFA. Pas mal, non ?
Nous remercions Anthony Bakmaz pour avoir pris le temps de répondre à nos questions et nous lui souhaitons bonne continuation avec le Kauno Zalgiris et dans sa carrière !
Viktor Lukovic
Image à la une : © facebook.com/ FK Kauno Zalgiris