Découverte de deux espoirs slovaques expatriés au Royaume-Uni, Marek Rodák et Ľubomír Šatka.

Marek Rodák

Marek Rodak, l'un des meilleurs espoirs slovaquesComme bien souvent en Slovaquie, Marek Rodák n’est autre que le fils de Marek Rodák et certainement petit-fils de Marek Rodák. Et dans l’est plus qu’ailleurs, le football est affaire de famille. Rodák père fut un honnête gardien de but en Slovaquie, à Bardejov et dans les clubs de Košice. Le fils sera donc gardien de but, mais la comparaison avec son père ne tiendra pas longtemps, tant le gamin semble promis à une carrière d’une toute autre envergure. En tout cas, il ne passera probablement jamais par la case Slovaquie, ayant déjà pris la direction des beaux quartiers du sud-ouest de Londres, au Fulham Football Club.

Après un rapide passage chez les juniors du MFK Košice, où son père a laissé quelques bons souvenirs, il connait ses premières sélections en Slovaquie U16. Marek Rodák attire l’attention des émissaires anglais et intègre le centre de formation du club londonien à l’hiver 2013.

Il faut dire que le jeune homme est talentueux. Surclassé à Fulham, il impose son mètre 88 dans les cages des différentes équipes de jeunes. Sa première demi-saison sera ponctuée par une victoire en Dallas Cup  avec les U19 et le titre en Barclays Premier League avec les U18. Ses performances précoces lui permettent de se voir offrir un contrat espoir en juin 2013.

Sa première saison complète sera également une belle réussite. Sans titre, mais avec une récompense à clé : intégrer le groupe professionnel pour la saison 2014/2015. Il patiente encore 6 mois avec les U21, trouvant le temps de marquer un but contre Aston Villa (dans la vidéo à 2’30) et d’arrêter plusieurs pénaltys, avant de faire sa première apparition dans le groupe professionnel le jour de ses 18 ans, contre Leeds United.

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Aujourd’hui, une seule façon de continuer sa progression, jouer. Parti chercher du temps de jeu en Conference South (6ème division), à Farnborough, on peut estimer qu’il aurait été plus facile de se faire une place dans son pays d’origine. S’il est clairement au-dessus du lot, l’espoir slovaque n’est pour le moment qu’une promesse de plus parmi la réserve du très prolifique centre de formation des Cottagers.

Lubomír Satka

Même taille, mêmes pays d’origine et d’adoption, voilà ce qui rapproche notre deuxième espoir du premier. Lubomír Šatka joue lui défenseur central et fait ses classes depuis ses 17 ans dans la réserve de Newcastle. Celui qui a pour modèle Mats Hummels et David Luiz, s’est immédiatement fait une place de choix dans le nord de l’Angleterre.

Lubomir Satka, l'un des meilleurs espoirs slovaques

« C’est un bon garçon, il est intelligent et ne se précipite pas, c’est surement le meilleur joueur de la génération 1995. Va-t-il s’adapter à l’exigence physique du football anglais ? Je l’espère, en tout cas il pourra compenser par son intelligence.  » Ladislav Peck – Ex-sélectionneur de la Slovaquie U17

Car au-delà de sa grande taille, qui lui donne un avantage logique dans le jeu aérien, c’est balle aux pieds que le gamin impressionne. Ou plutôt, ne se laisse pas impressionner. A tel point de son ancien manager Alan Pardew, se laisse aller à la comparaison avec l’idole locale, Fabio Coloccini.

« Peu importe son âge, Lubo est un joueur très calme, il a beaucoup de sang-froid et possède une excellente technique. C’est un grand espoir pour nous, nous croisons les doigts. »

Malgré cette comparaison flatteuse, il faudra attendre le départ d’Alan Pardew pour le voir jouer avec les Magpies. Le 3 janvier 2015, seulement 2 jours après le départ de Pardew vers Cystal Palace, Šatka revêt pour la première fois le maillot des grands, en FA Cup contre Leicester. Si Newcastle perd le match 1-0, c’est l’occasion pour « Šatky », d’engranger 58 minutes de jeu, de prendre un jaune et surtout de se frotter aux physiques rugueux évoluant sur les pelouses britannique.

Le manager par intérim, John Carver, semble lui faire confiance, on espère ainsi le voir sur le terrain le plus possible dans les mois à venir.

Pourquoi nos espoirs slovaques partent si tôt ?

Ce phénomène n’est pas nouveau et la plupart des équipes juniors de nos championnats sont pillées par les recruteurs, plus particulièrement britanniques. La tâche de ces recruteurs est cependant de plus en plus facilitée par la présence de nombreux intermédiaires, qui jouent les entremetteurs.

Lubomir Satka, l'un des meilleurs espoirs slovaquesPour Šatka, c’est l’agent Chris McGrath qui a initié l’idylle. L’agent anglais et sa femme slovaque se sont fait une spécialité de la détection de jeunes joueurs du pays, afin de les proposer aux clubs de Premier League et de Championship. Et la petite entreprise fonctionne; plutôt que d’achever leur formation en Slovaquie, ces jeunes joueurs choisissent donc de répondre aux sirènes de championnats plus réputés.

Il faut dire qu’avec leurs statuts de membre de l’Union Européenne, les espoirs slovaques sont des cibles de choix. En effet, si les récents déboires du FC Barcelone, interdit de recrutement suite aux transferts de joueurs mineurs, a quelque peu calmé les ardeurs des dénicheurs de talents, la loi FIFA consacrée à la protection des mineurs ne concerne pas les pays de l’UE. Il n’est même pas nécessaire de détourner les règles, en offrant un job aux parents ou logeant toute la famille.

Du côté des amateurs de football en Slovaquie, cet exode n’est pas toujours vu d’un mauvais œil, la fierté de voir un talent s’exporter l’emporte souvent sur tout le reste.

Nous ne souhaitons pas ici dénigrer ces jeunes talents ainsi que leurs agents, au contraire, nous leur souhaitons à tous des carrières réussies et pourquoi pas des retours triomphants au pays sous le maillot de la Repre. Il est toutefois regrettable que les pays qui voient naître ses talents perdent le privilège de les voir éclore sur leurs terrains.

Aurélien Paradowski

2 Comments

  1. Filip 24 janvier 2015 at 22 h 53 min

    Espérons que Rodak ne connaisse pas la mauvaise fortune de Matej
    Rondoš qui est resté à Southampton de
    2007 à 2009 avant de se blesser gravement au genou, avoir tenté de ressusciter
    sa carrière en Roumanie et à Jablonec et finalement jeter l’éponge. Même chose
    pour son coéquipier Andrej Pernecký gardien lui aussi qui a quitté les Saints
    après sa formation en 2010 et joue maintenant à Dunajská Streda

    Reply
    1. Aurelson 26 janvier 2015 at 11 h 33 min

      Je n’avais pas particulièrement suivi Rondoš et Perneckýmais c’est vrai que ces carrières vendent pas du rêve…Pernecký est même 2ème gardien à Dunajská Streda. On leur souhaite un autre destin! Par contre le potentiel de Lubo et Marek me semble un cran au dessus.

      Reply

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