L’œil du recruteur revient et c’est toujours le même principe. Un rapport détaillé, technico-tactique d’un joueur de nos championnats, qui mériterait de jouer à un niveau un peu plus élevé qu’il ne le fait actuellement. L’occasion de vous faire découvrir un joueur que vous devriez voir dans un championnat plus huppé d’ici peu. Aujourd’hui, Athanasios Androutsos de l’Olympiakos.

Athanasios Androutsos

Nom complet : Athanasios Androutsos
Né le : 6 mai 1997 à Athènes
Pays : Grèce
Taille – Poids : 1.82 m – 75 kg
Poste (pied) : Milieu relayeur (droitier)
Autre(s) poste(s) : Milieu offensif
Club : Olympiakos – Superleague, Grèce
7 sélections, 0 but avec la Grèce U19 – 1 convocation avec les A

CARRIÈRE

À l’image de son grand ami Panagiotis Retsos, qu’on vous avait déjà présenté dans cette même rubrique, la carrière d’Athanasios Androutsos a véritablement commencé contre Arouca, un soir d’été où l’Olympiakos était dos au mur. Petit point de contexte : éliminé de la course à la Ligue des Champions face à l’Hapoel Be’er Sheva, le mastodonte du football grec se retrouve face aux Portugais pour disputer une place en Ligue Europa. Sur le banc, Paulo Bento a remplacé Victor Sanchez, qui n’aura duré que 47 petits jours. Et sur le match aller, il fait entrer le jeune Androutsos, 19 ans et 0 apparition en pros au compteur, pour 18 minutes de baptême du feu.

Une première réussie, et voilà comment ce pur produit des académies de jeunes de l’Olympiakos gagnera sa place dans la rotation de cet effectif très fourni, où il passera même devant des joueurs comme Esteban Cambiasso ou Alaixys Romao pour finir, à la fin avril, avec 30 apparitions toutes compétitions confondues sur sa feuille de stats. Sur la saison 2015-2016, il s’était déjà illustré dans la prestigieuse Youth League, en marquant contre Arsenal et en délivrant une passe décisive contre le Bayern, avec Vergos, Retsos, Manthatis ou encore Tsimikas.

Et lors de l’exercice précédent, il avait également participé à l’épopée du club du Pirée qui, en battant notamment la Juve et l’Atletico, s’était hissé jusqu’aux huitièmes de finale. On l’avait alors vu évoluer sur des potes différents (milieu offensif gauche ou droit), signe que sa palette est assez large et très intéressante. Pas forcément une surprise, donc, de le voir lancé par Paulo Bento sur cette saison 2016-2017, avec ses potes Manthatis et Retsos, voire Nikolaou. Mais le timing, lui, a un peu rompu avec les habitudes de ce club où percer en étant jeune et Grec est si difficile (si rare, aussi).

L’émergence de ce jeune talent illustre aussi la politique de formation de l’Olympiakos qui s’est structurée sur les dernières années, avec une amélioration considérable des installations, du scouting et de l’encadrement de ces nombreuses pépites qui peuplent la Grèce. Des pépites souvent contraintes à l’exil, au pays ou en dehors, pour glaner du temps de jeu et continuer leur progression. Mais le mandat de Bento, peu fructueux en termes de résultats, aura permis d’introduire ce nouvel élément dans les compositions d’équipe. Androutsos, lui, a parfaitement saisi sa chance. La récompense ? Une convocation en A, la première, lors du match crucial en Belgique (1-1) pour les qualifications du Mondial 2018. S’il n’est pas entré en jeu, il a sans doute pris ses marques pour l’avenir. Celui qui compte 7 sélections avec les U19, et 2 avec les U18, passera sans doute par la case des Espoirs avant de retourner chez les A. À moins qu’il ne continue à progresser aussi vite…

UTILISATION ACTUELLE

À 19 ans, et pour sa première véritable saison chez les pros, Androutsos a connu cinq entraîneurs différents (Marco Silva, Victor Sanchez, Paulo Bento, Vasilis Vouzas et Takis Lemonis). Ce qui suppose des systèmes tactiques différents, et des postes qui varient également. Son poste de prédilection est milieu relayeur, souvent placé devant une paire de deux milieux récupérateurs, étant en position centrale dans un 4-2-3-1 privilégié à l’Olympiakos. Ainsi, il peut faire valoir sa qualité technique pour orienter ou accélérer le jeu. Sur son premier match, il a même remplacé Chori dans un poste assez offensif de n°10, dans un 4-3-3.

Pour sa première apparition en championnat, face à Levadiakos en décembre 2016, il a remplacé André Martins en tant que numéro 6. Le point de départ de son installation dans le onze titulaire. Progressivement, il est installé à ce poste de sentinelle, où son mètre 82 lui permet de répondre présent dans l’impact physique, tout en disposant d’une aisance technique pour son âge. Mais si Androutsos est si intéressant et prometteur, c’est qu’il a aussi évolué (avec réussite) à des postes un peu plus haut sur le terrain : ailier gauche ou droit, autant dans un 4-4-2 à deux n°6 que dans un 4-2-3-1 plus traditionnel. Et on l’a même vu occuper la pointe de l’attaque en Coupe, à Sparte. Sans oublier, donc, le poste de meneur de jeu qu’il a pu essayer en Ligue Europa, que ce soit face à Astana ou Osmanlispor, où il a délivré une merveille de passe décisive au retour.

Appel en profondeur, dribble, passe décisive : une vraie action de classe

Plus globalement, Androutsos est un véritable couteau suisse capable d’occuper quasiment tous les postes. C’est sans doute à ce poste oscillant entre milieu récupérateur et relayeur qu’il se fixera, puisque ses qualités physiques et techniques sont mieux exploitées là que sur l’aile de l’attaque, ou en tant que meneur de jeu. Paulo Bento ne s’y est d’ailleurs pas trompé, en en faisant un titulaire, à 19 ans, d’un club aussi instable que l’Olympiakos, avant que son limogeage n’entraîne une baisse du temps de jeu de son protégé. Un défi relevé avec brio par le jeune grec, qui se place comme un sérieux candidat à un poste régulier sur la feuille de match du club du Pirée. Et pas dans la section des remplaçants…

PROFIL

  • Mesurant 1,82 m, Androutsos est dans la bonne moyenne pour un joueur évoluant à ce poste. S’il manque sûrement un peu d’épaisseur pour véritablement s’imposer dans des duels très physiques, contre des adversaires rugueux comme ça a pu l’être parfois en Superleague, il a encore une marge de progression intéressante sur cet aspect-là de son jeu. En prenant un peu d’épaisseur, il deviendra encore meilleur à la récupération de balle, ainsi que dans le duel aérien.
  • Longiligne, il dégage une vraie impression d’élégance balle aux pieds dans ce poste de milieu relayeur qui sied parfaitement à ses qualités, sans doute plus qu’en simple sentinelle. La tête haute, il est doté d’une excellente vision du jeu, qu’il n’hésite pas à utiliser pour changer d’aile, créer des décalages en profitant des appels de ses ailiers. Ou en trouvant son attaquant en profondeur.
  • À 19 ans, il a fait preuve d’une énorme maturité pour gratter des minutes, puis une place de titulaire dans un club si exigeant et instable, le tout avec une nécessité permanente de résultats et des supporters plus que bouillants. Il a déjà goûté à la Ligue Europa, en allant jusqu’en huitièmes de finale. Une bonne première saison d’apprentissage.
  • Droitier, il a démontré (cf.le premier GIF) qu’utiliser son mauvais pied n’était pas du tout un problème pour lui. Au contraire : il s’en sert presque aussi bien que son droit. Utile pour fluidifier le jeu et placer des contres en cas de récupération haute.
  • Dans le comportement, il a aussi dégagé une grande impression de sérénité, pas du tout perturbé par la pression d’être titulaire à l’Olympiakos à 19 ans, et de passer devant un joueur comme Esteban Cambiasso. Il s’est d’ailleurs nourri des conseils de l’Argentin, et de ceux de Luka Milovijevic (parti à Crystal Palace depuis), son ancien capitaine, pour gagner un peu d’expérience et de vice.
  • En termes de jeu, il a évolué dans une équipe qui domine la quasi-totalité de ses matchs, et qui a donc la possession qui va avec. Mais il s’est aussi frotté à de solides adversaires, que ce soit en Grèce (PAOK, AEK, Pana), ou en Europe (Young Boys, Besiktas, APOEL), le contraignant à évoluer dans un registre un peu plus défensif.
  • Offensivement (cf.ci-dessous), il sait sentir les coups, et se placer où il faut. S’il n’a marqué qu’un but en championnat, il participe souvent aux actions, notamment dans la préparation des mouvements offensifs de son équipe.
Placement, finition : Androutsos a déjà de beaux atouts
  • Sans être une mobylette, Androutsos n’est pas un joueur lent. Il n’est que très rarement pris à défaut dans ce domaine. Et il arrive même, sur sa prise de balle ou un contrôle orienté, à mettre le coup de rein qu’il faut pour se défaire du marquage adverse. La preuve ci-dessous face à Westerlo, en préparation estivale.
Contrôle orienté, accélération puis plat du pied. Simplicité et efficacité maximales.
  • Bien qu’il soit tout jeune, Androutsos vient de vivre plusieurs saisons en une. Première préparation avec le groupe pro, but en amical, 5 entraîneurs différents, débuts officiels en Ligue Europa, premier but en championnat, titre, première convocation chez les A : de quoi remplir le CV de belle manière, à tout juste 19 ans.
  • En ne prenant que 4 jaunes sur ses 30 apparitions, il est un joueur « propre », ce qui est plutôt appréciable à cet endroit du terrain. Son très bon sens du placement lui permet de n’être que très rarement en retard ou dépassé sur des actions adverses, lui évitant d’avoir à faire faute pour récupérer le ballon.

ÉVALUATION

À 19 ans, Athanasios Androutsos sort donc d’une saison à 30 apparitions, couronnée d’un titre de champion de Grèce et d’une première convocation avec les A de la sélection grecque. De quoi placer tout le potentiel d’un joueur qui a prolongé son contrat au début du mois d’octobre (jusqu’en 2021), ce qui montre, aussi, tout l’intérêt que place le club dans sa jeune pépite. Sans être celui qui brille le plus dans son équipe, ni le nom le plus clinquant, il a affiché une grande sobriété, aussi bien dans son jeu que son attitude. À l’écoute, il a bénéficié des conseils avisés de joueurs comme Cambiasso ou Chori Dominguez qui, la trentaine déjà bien entamée, ont distillé bon nombre de précieux conseils à leur jeune protégé. Couvé également par le club, qui n’a pourtant pas hésité à le lancer dans le grand bain, il a pu progresser et enchaîner dans un semblant de sérénité, bien qu’il ait connu 5 coachs différents depuis cet été.

Bien côté, Androutsos n’est clairement pas à vendre. 19 ans, Grec, du coin, il représente ce tournant que veut prendre l’Olympiakos dans sa politique sportive en lançant des jeunes formés au club, qui seront sans doute amenés, si l’on regarde les exemples Retsos et Manthatis cette saison, à peupler le onze du Pirée très prochainement. Une formation de qualité, avec des infrastructures qui le sont tout autant. Ceci dit, en cas d’une belle offre, cela pourrait changer un peu la donne. Bien qu’ayant réalisé de belles ventes récemment, l’Olympiakos n’est pas forcément en mesure de refuser des offres dépassant les 10M. Et à cet âge, au vu de sa saison et de son potentiel, il n’est pas loin de les valoir.

Cibles types : Monaco, Dortmund, Munich, Inter, Séville, Atletico
Prix : 8-10.000.000 €
Rapport qualité / prix : Très bon
Note du joueur : B
Note du potentiel : A+

Martial Debeaux


Image à la une : © novasports.gr

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