Arriver à Liski, c’est arriver dans un autre espace-temps. Back in the 80’s dietka et donc forcément Back in the USSR. Le club de foot local, lui, est même resté coincé quelques décennies plus tôt au niveau des infrastructures. C’est pourtant un club répondant à toutes les fulgurantes grandiloquences du football russe contemporain qui s’y déplace cette semaine : le Dinamo Moscou. Petite présentation de cette réécriture de Micromégas à la sauce Russkaya Ducha.

Liski c’est pas glamour mais c’est authentique

Liski c’est pas glamour mais c’est authentique.
La Russie 2.0

Le quartier de la gare de Liski est sans doute le coin le plus excitant de la ville. Gare au pluriel devrait-on préciser puisque la ferroviaire jouxte la routière (permettant d’accéder aux villages avoisinants moyennant quelques heures et quelques roubles). Viennent ensuite s’ajouter au périmètre une place pour picoler pour les gopniks (sortes de lascars à la russe) et le Rinok (marché). Voilà, une fois que vous avez vu ça, comment dire….

Témoin privilégié d’une histoire version post-seconde Guerre Mondiale durant laquelle le pays rêvait à la suprématie planétaire idéologique avant de déchanter, la bourgade détient tous les stigmates du (violent) retour sur terre effectué dans les années 80. Chef-lieu de sa sous-préfecture mais construite autour d’industries se développant dans la région, son architecture y est en conséquence aussi joyeuse qu’une chanson de Vladimir Vysotsky. Des blocs et des blocs, et si vous êtes chanceux, une place de temps en temps. Restent les fiertés locales : le lait (produit à grande échelle dans la région) et les transports ferroviaires ! Liski est en effet un nœud de passage plus important que la grande sœur Voronej. On a les fiertés qu’on peut… En conséquence le club local fut logiquement placé sous l’égide des trains et baptisé « Lokomotiv » Liski.

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Il prépare un truc là…

Dérivé du grand frère de Moscou, le Lokomotiv Liski ne marcha pas vraiment dans les glorieux pas des cheminots moscovites en shorts. Pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau palmarès, quelques coups dans des divisions inférieures et une vie passée dans l’ombre du Fakel Voronej. Pas glamour, on vous l’avait dit.

Réception d’un géant national

A l’opposé du spectre de la gloire se trouve le Dinamo Moscou. Se plonger dans son incroyablement riche histoire c’est se trouver face à une finale européenne (1972),  face à un ballon d’Or (Yachine) et même aller à la rencontre de grandes figures du régime comme le terrible chef de la police politique sous Staline, Lavrenti Beria ou le poète Maxime Gorki. Un brin plus glamour que le lait et les chemins de fer de Liski, non ?

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Valbuena en pleine « spéciale » l’an dernier

Puis bien sur, pour les Français, le Dinamo Moscou c’est avant tout le dernier club de Valbuena. Symbole de la dernière phase du club mais aussi de sa déchéance ultra-rapide puisque « malenkiy vélociped » s’en est déjà allé. On vous en parlait là et depuis les choses ne se sont pas arrangées. C’est la débandade : tout le monde se barre ou se prépare à se barrer ! Dernier en date ? Vainqueur qui a suivi Valbuena et est repassé à l’Ouest (AS Roma).

Si le club semble se diriger vers un bis repetita de l’épisode Anzhi Makachkala, il s’agit tout de même de pondérer. Tout d’abord, l’effectif comporte encore quelques têtes d’affiches (l’excellent Kokorin par exemple) et puis ne démérite pas en championnat (septième place actuelle). Cela reste donc une montagne quasi infranchissable pour les (faibles) renards de Liski.

UN MATCH TELLEMENT RUSSE

Liski contre Moscou, c’est aussi une certaine idée de la Russie projetée à travers un match de football. L’économiquement faible province de Voronezh qui accueille les riches moscovites. Au-delà de l’habituel rejet provincial envers la capitale, on reste fidèle au pouvoir central à Liski. Pas de visée indépendantiste (autant qu’on puisse en avoir encore en Russie) ce qui selon certaines rumeurs dans le coin expliquerait la faiblesse des subventions publiques pour la région en comparaison de celles alloués au Tatarstan, par exemple.

Vous vous souvenez du slogan du Dinamo époque soviétique ? « Le pouvoir en mouvement », y’aura un peu de ça. On extrapole beaucoup, il est vrai. Cela restera avant tout un match de coupe qui peut revêtir diverses significations mais qui dépendra exclusivement de ce qu’il se passera sur le terrain.

Le charme de la coupe, vous le connaissez déjà à la française, succombez à la version russe. D’autant que la chaîne officielle du Dinamo vous l’offre sur Youtube !

Mourad Aerts

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