Nous avons l’habitude d’assister à des rivalités entre clubs et leurs supporters, lors de derbys, de clasicos ou de matchs au sommet. Parfois certains clubs nouent des amitiés, sincères ou de circonstance, avec leurs homologues d’un autre club voire d’un autre pays. Mais un championnat ou s’affrontent deux alliances de trois clubs nommées Grande Triade et Trois Couronnes, il n’y a qu’en Pologne qu’on peut y assister. Footballski se penche sur cette alliance royale et amicale réunissant le Śląsk Wrocław, le Lechia Gdańsk et le Wisła Cracovie. Laissez vos boucles de ceinture à leur place, et bonne lecture.

Histoire du club

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1946-1977, du Pionier au premiers titres

L’après-guerre fut synonyme de redistribution des cartes en Europe, en l’occurrence de la Carte de Pologne. 2 ans avant sa fondation, Wrocław s’appelait encore Breslau et les pionniers du football de la ville étaient des élèves d’écoles militaires – le nom originel du club était d’ailleurs le Pionier Wrocław. Il fut renommé Legia Wrocław puis reçut plusieurs dénominations autour de WKS pour Wojskowi Klub Sportowy (club sportif militaire), avant d’ajouter l’emblématique Śląsk (Silésie) en août 1957 pour rappeler l’attachement historique à cette région de Pologne, même si la fin du communisme a débouché sur une séparation administrative de cette région en plusieurs voïvodies ou provinces (Wrocław est la capitale de la Basse-Silésie). Le club devint d’ailleurs Société Anonyme en 1997. Membres du Top 10 d’Ekstraklasa, les Wosjkowi (Militaires, surnom partagé avec le Legia Varsovie) totalisent 2 titres nationaux, 2 coupes de Pologne, 1 coupe d’Ekstraklasa et 2 Supercoupes. 11 apparitions en Coupe d’Europe les ont menés jusqu’en quarts de finale de C2 en 1977 face au Napoli de Juliano et Bruscolotti. Unique club majeur de la ville (le Polar et le Pafawag n’ont fait que de courtes apparitions en I. et en II. Liga), le Śląsk n’a pas de rivaux locaux comme peuvent en avoir presque chaque ville de la voïvodie de Silésie ; ce qui n’empêche pas le Derby de Basse-Silésie face au Zagłębie Lubin, actuel leader de I. Liga, d’être l’attraction régionale lorsqu’il survient. La plus grosse défaite à ce jour des Militaires reste d’ailleurs le 7-0 encaissé chez le voisin en 1992, tandis que leur plus gros carton survenait l’année précédente face au Silésiens du Zagłębie Sosnowiec. La gloire du club se nomme Mieczysław Kopycki, 289 apparitions sous le maillot vert et héros de la campagne 1976-77 débouchant sur le double exploit en Europe mais surtout en Pologne avec leur tout premier titre.

Entraîneur

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L’enfant du pays, de retour au bercail

Depuis le 24 février 2014, le Śląsk est entrainé par Tadeusz Pawłowski, l’enfant du pays. Né à Wrocław, il a joué au Śląsk de 1974 à 1982 et en a profité pour ramener au club un Puchar (coupe de Pologne), un titre et donc un quart de finale UEFA. Meilleur buteur de l’histoire du club avec 63 perles enfilées dont 16 en 1980 (2ème meilleur buteur de la saison), il a débuté sa carrière d’entraineur au Śląsk en 1992 avant de passer les 15 dernières années à entrainer plusieurs clubs autrichiens. Depuis sa prise de fonction, il est d’abord parvenu à maintenir le Śląsk en Ekstraklasa – alors même que le rival Lubin basculait en I. Liga – grâce notamment aux bonnes performances de la recrue Marco Paixão (16 buts, tiens donc). Cette année, Pawłowski fait plus que du bon boulot puisque son équipe est en embuscade à 1 point du Legia Varsovie et que Flavio Paixão, frère jumeau de Marco, mène la danse au classement des buteurs avec 12 réalisations en seulement 15 rencontres.

Onze-type

Mariusz Pawełek : de retour en Pologne après quelques piges en Turquie, tentées après ses 2 titres de champion en 4 ans avec le Wisła Cracovie qui lui avaient valu 4 sélection avec la Reprezentacja, il est clairement le premier choix de Pawłowski cette saison et tient lieu de modèle pour les deux jeunes gardiens remplaçants. 5 clean sheets en 15 matchs cette saison toutes compétitions confondues.

Paweł Zieliński : enfant du cru passé pro en 2009, il est passé par plusieurs clubs de DR avant de rejoindre le club phare de sa voïvodie natale en 2014 – pour y faire la saison de sa vie. Grâce à la confiance de son coach il est devenu titulaire sur son flanc droit ; sa propension à prendre son couloir lui permettront certainement de se montrer plus décisif et, qui sait, de marquer son premier but en pro.

Tomasz Hołota : défenseur central silésien formé à Chorzów, Hołek est passé par le Gieksa Katowice puis par le Polonia Varsovie, avant de rejoindre les rangs des Militaires. Depuis ses débuts en professionnel il a toujours marqué au moins un but par saison en championnat, voire parfois en coupe nationale ; espérons pour le Śląsk qu’il pense bien à ouvrir son compteur pour la saison en cours.

Piotr Celeban : joueur emblématique du Śląsk, le n°3 était des épopées 2009 (coupe Ekstraklasa) et 2012 (2ème titre) avant de rallier la Roumanie et le FC Vaslui – où il s’est fait remarquer en inscrivant son 1er but contre le Steaua et en étant élu meilleur joueur du club en 2013. Valorisé à 2 M€ sur le marché des transferts depuis son retour acclamé en Basse-Silésie cette saison. 10 sélections au total.

Dudu Paraíba : de son vrai nom Carlos Eduardo de Souza Tomé, ce natif du nord-est du Brésil s’est notamment fait remarquer au Widzew Łódź même s’il jouait au Mexique l’an dernier. Latéral gauche à la brésilienne, il sait aller bien au-delà du cliché et arpente son couloir gauche au point d’avoir été meilleur passeur du championnat en 2011. Titulaire indiscutable du quatuor défensif du Śląsk.

Lukáš Droppa : ancien U19 tchèque formé au Sparta Prague transféré cet été du Banik Ostrava, ce milieu de 25 ans est récompensé de ses efforts cette saison, en reléguant le vieux briscard Ostrowski et le prometteur Danielewicz sur le banc lors des rotations de Pawłowski au milieu de terrain. Un but cette saison mais un contrat qui expire en juin, l’avenir de Droppa s’inscrit donc en pointillés.

Tom Hateley : milieu défensif anglais de 25 né à Monte-Carlo, il a joué la majeure partie de sa jeune carrière à Reading avant d’arriver gratuitement au Śląsk au mercato d’hiver – un mois avant son coach actuel. Ce dernier lui fait confiance au même titre que son compère tchèque pour prendre place derrière le carré d’as offensif ; ses 2 passes décisives cette saison confirment la bonne intuition.

Sebastian Mila : arrivé en 2008 du LKS Łódź, passé entre autre par le Lechia Gdańsk et l’Austria Vienne, la star du club aux 32 sélections pour 7 buts fait partie de l’escouade triomphante de 2009 et 2012, les 2 derniers titres de son club de cœur. Avec 4 buts et 6 passes décisives en cette 1ère moitié de championnat, l’ex-capitaine du Śląsk pourra-t-il battre ses 9 buts et 21 passes de l’année du titre ?

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Sans Mila, le Śląsk n’en serait pas là

Mateusz Machaj : passé par 8 clubs à seulement 26 ans, l’autre régional de l’étape est arrivé cet hiver – en même temps que son coach – en provenance du club allié du Lechia Gdańsk. Souvent positionné entre les attaquants de pointe, soit comme un 9 1/2 soit en tant que milieu offensif à la pointe d’un losange soit comme avant-centre de circonstance, sa polyvalence et son flair sont ses meilleurs atouts.

Róbert Pich : cet ailier gauche de poche slovaque de bientôt 26 ans est arrivé en même temps que Machaj, même si son pedigree est légèrement supérieur à celui de son compère en attaque : 29 buts en 91 matchs pour le MŠK Žilina avec un doublé coupe-championnat en 2012 à la clef. Nul doute qu’il pourra augmenter son nombre de sélections (1 en U21) s’il continue comme ça avec les Militaires.

Flávio Paixão : le coup de bluff absolu. Débarqué cette année…d’Iran pour rejoindre son frère jumeau Marco, qui a explosé les compteurs la saison dernière avec 21 buts et un brassard de capitaine confié par Pawłowski dès son arrivée, il a « profité » de la longue blessure de son frère pour…s’installer comme titulaire indiscutable à la droite de l’attaque et enfiler 12 buts en 15 matchs. Les deux font la paire.

Perfs européennes

Comme évoqué précédemment, le meilleur résultat du Śląsk en compétition européenne à ce jour reste la défaite en quarts de finale de Coupe des Vainqueurs de Coupe, en 1977 face au Napoli. Les campagnes des Militaires se sont essentiellement déroulées en trois phases : 6 participations en 7 ans de 1975 à 1983, 1 tour de C2 et puis s’en va en 1987 et 3 barrages de Ligue Europa de 2011 à 2013 – le dernier perdu contre Séville, futur vainqueur de l’épreuve. Cette année, le club semble bien parti pour retrouver au minimum les barrages de Ligue Europa l’an prochain et offrir aux spectateurs une campagne aussi honorable que celle du Legia cette année. À noter que les fans du club ont eu l’occasion de voir défiler quelques solides écuries européennes, comme le Napoli et Séville donc, mais aussi Helsingborg, la Real Sociedad, le Club Brugge, le Dynamo de Moscou ou encore Liverpool.

Stade

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Un stade municipal à l’échelle européenne

Encore un club dont le stade s’appelle Stadion Miejski, ou Stade Municipal. Normal me direz-vous, pour un club aux capitaux majoritairement détenus par les pouvoirs publics. Oui mais voilà, celui-là pèse 42771 places, soit le 3ème plus gros de Pologne après le Stadion Narodowy de Varsovie et le Stadion Śląski de Chorzów. Sorti de terre en avril 2009 et inauguré en Septembre 2011 en vue de l’accueil de matchs lors de l’Euro 2012 co-organisé par la Pologne et l’Ukraine, son histoire a idéalement commencé avec une victoire du Śląsk contre leurs amis du Lechia Gdańsk (1-0 but de Voskamp) avant d’assister au 2ème sacre en championnat de l’équipe résidente, glané sur le fil 1 point devant le Ruch Chorzów à l’issue de la dernière journée. Auparavant le club évoluait dans l’enceinte du Stadion Oporowska, 8346 places et actuel domicile de l’équipe réserve et qui aura tout de même accueilli un match des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010 contre la Slovénie (1-1, but polonais de Żewłakow alors à l’Olympiakos).

Ambiance à domicile

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« Prouve que tu ne manques pas d’ambition »

 

Le Śląsk dispose d’une base très solide d’ultras, dont la firme principale se nomme Silesia – les Szlachta (Nobles) pour les intimes – et fut l’un des précurseurs des clubs de supporters modernes en Pologne. Anti-communiste tendance extrême-droite comme la plupart de leurs homologues, ils ont été capables de faits d’armes notoires avant l’aseptisation imposée pour l’Euro 2012 et l’avènement du nouveau stade. Membre de l’alliance des Trzej Królowie Wielkich Miast (littéralement Trois Rois des Grandes Villes, a.k.a. Trois Couronnes) avec le Lechia Gdańsk et le Wisła Cracovie, le club compte quelques hooligans impliqués dans les événements de Wrocław de 2003. Une bagarre générale a éclaté aux abords du stade Oporowska lors de la réception de l’Arka Gdynia, membre de l’alliance ennemie de la Wielka Triada (Grande Triade) réunissant Gdynia (voisin de Gdańsk), Cracovia (rival du Wisła) et le Lech Poznań (autre poids lourd de l’ouest avec Wrocław). Bilan : défaite de la Triade, 229 arrestations, 120 inculpations, 100 condamnations dont celle à 10 ans de réclusion pour un hool du Wisła, reconnu coupable de coups et blessures ayant entrainé…la mort d’un hool de l’Arka. Cette prestation reste fort heureusement un incident isolé et les confrontations entre ces deux alliances restent toujours des événements incontournables du football polonais côté tribunes.

Forme du moment

Actuel 2ème d’Ekstraklasa à 1 point du Legia Varsovie, le Śląsk n’a connu que 4 défaites en compétition officielle depuis…l’arrivée de son nouvel entraineur l’hiver dernier. La défaite 4-3 face au Legia à la Pepsi Arena il y a 2 mois reste la seule défaite des Militaires en 13 matchs de championnat. Même lors du déplacement périlleux chez leurs amis du Wisła Cracovie, ils n’ont pas perdu leur sang froid (1-1 but de Paixão).  4ème attaque, 4ème défense et 3ème différence de buts, le dauphin du Legia vient de se qualifier pour les quarts de finale de Puchar Polski où ils rencontreront au printemps prochain…les Légionnaires de la capitale, pour un clash explosif où personne ne fera de prisonniers.

 

JGB

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