Pandémie oblige, c’est sans spectateurs et avec les seuls Daniele De Rossi et Rafael van der Vaart comme invités que s’est déroulé à Zurich le tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du monde 2022 dans la zone Europe.
Pour rallier le Qatar et tenter éventuellement d’imiter la Croatie, finaliste de l’édition 2018 en Russie, les sélections d’Europe de l’est doivent d’abord obtenir leur qualification. Il s’agira ici d’évaluer leur chances au vu du tirage au sort.
Pour rappel, nos sélections étaient réparties dans les chapeaux de cette manière :
Chapeau 1 : Croatie
Chapeau 2 : Pologne, Autriche, Ukraine, Serbie, Slovaquie et Roumanie
Chapeau 3 : Russie, Hongrie, République tchèque, Grèce, Finlande
Chapeau 4 : Bosnie-Herzégovine, Slovénie, Monténégro, Macédoine du Nord, Albanie, Bulgarie, Biélorussie, Géorgie
Chapeau 5 : Arménie, Chypre, Azerbaïdjan, Estonie, Kosovo, Kazakhstan, Lituanie, Lettonie
Chapeau 6 : Moldavie
(les équipes en italique ont participé à la Coupe du monde 2018)
Les 55 membres de l’UEFA ont participé à ce tirage. Les équipes ont été réparties dans cinq groupes de cinq équipes et cinq groupes de six équipes. Les dix premiers de chaque groupe sont qualifiés pour la Coupe du monde tandis que les dix barragistes seront rejoints par les deux meilleurs vainqueurs de groupe de la Ligue des nations 2020/2021 à ne pas avoir réussi à terminer à l’une des deux premières places de leur groupe. Il y aura ensuite des demi-finales et des finales (sur une seule manche) qui donneront le nom des derniers qualifiés.
Pour rappel, ces sélections d’Europe de l’est ont remporté leur groupe de Ligue des nations :
Ligue B : Autriche, République tchèque, Hongrie
Ligue C : Monténégro, Arménie, Slovénie, Albanie
Groupe A : Portugal, Serbie, Irlande, Luxembourg, Azerbaïdjan
Ce sera le groupe des retrouvailles pour la Serbie qui a affronté le Portugal (1-1, 2-4) et le Luxembourg (3-1, 3-2) lors des éliminatoires de l’Euro 2020 ainsi que l’Irlande lors de ceux de la Coupe du monde 2018 (1-1, 1-0). En crise comme en témoigne sa non-qualification pour le dernier Euro, la Serbie ne semble pas en mesure de contester la première place à un Portugal qui part largement favori. En revanche, les Beli Orlovi, qui s’étaient qualifiés directement pour l’édition 2018, sont favoris dans la course aux barrages : l’Irlande, son principal concurrent, traverse lui aussi une période de crise tandis que le Luxembourg et l’Azerbaïdjan sont largement à sa portée.
L’Azerbaïdjan, justement, ne devrait faire que de la figuration dans ce groupe où il est sans conteste sur le papier l’équipe la plus faible. Lors de la dernière Ligue des nations, il s’est montré incapable de battre le Luxembourg (1-2, 0-0).
À noter que le Qatar pourrait être intégré à ce groupe et affronter l’équipe exempt lors de chaque journée (en rencontres amicales).
Groupe B : Espagne, Suède, Grèce, Géorgie, Kosovo
Difficile d’imaginer la Grèce, la Géorgie ou le Kosovo accrocher ne serait-ce qu’une deuxième place. L’Espagne est une habituée des premières places en éliminatoires et n’a plus perdu en qualifications de la Coupe du monde depuis 1993 tandis que la Suède, quart de finaliste de l’édition précédente, est une valeur sûre.
Du reste, les trois équipes de l’est présentes dans ce groupe restent sur d’énormes frustrations tant en Ligue des nations qu’en éliminatoires de l’Euro 2020. La Grèce pourra néanmoins tenter de se raccrocher aux branches de l’histoire : la dernière fois qu’elle figurait dans le même groupe éliminatoire que l’Espagne, c’était lors des qualifications pour l’Euro 2004. Les Grecs s’étaient imposés en Espagne, avaient remporté le groupe et avaient fini par remporter le tournoi.
La Géorgie figurait quant à elle dans le groupe de l’Espagne lors des éliminatoires du Mondial 2014 (0-1, 0-2) tandis que le Kosovo a surtout fait parler de lui en raison de sa non-reconnaissance par l’Espagne et des problèmes que cela pourrait engendrer.
Groupe C : Italie, Suisse, Irlande du Nord, Bulgarie, Lituanie
Revancharde après avoir raté l’édition 2018 et surfant sur une dynamique victorieuse depuis deux ans, l’Italie part favorite. Avec la présence dans ce groupe d’une équipe de Suisse qui a participé aux quatre dernières Coupe du monde et de l’Irlande du Nord toujours coriace, la Bulgarie et la Lituanie n’ont que peu de chances de terminer à l’une des deux premières places d’autant plus que leurs performances récentes n’incitent pas à l’optimisme.
À noter que la Bulgarie figurait déjà dans le même groupe que l’Italie lors des éliminatoires des Coupes du monde 2010 (0-0, 0-2) et 2014 (2-2, 0-1) tandis que la Lituanie avait affronté la Squadra Azzura lors des éliminatoires de l’Euro 2008 (1-1, 0-2).
Groupe D : France, Ukraine, Finlande, Bosnie-Herzégovine, Kazakhstan
À l’assaut du tenant ! Quatre équipes de l’est figurent dans le groupe de l’équipe de France championne du monde en titre. Cette dernière part bien évidemment favorite du groupe et elle ne devrait pas laisser échapper la première place. Le Kazakhstan semble quant à lui partir de trop loin et s’il devrait gratter quelques points à domicile en profitant de la fatigue du déplacement pour les équipes adverses, il ne devrait pas faire mieux que cinquième. Durant ces éliminatoires, il affrontera la France pour la première fois de son histoire.
Se profile donc une lutte pour la deuxième place entre l’Ukraine, la Finlande et la Bosnie-Herzégovine. La Zbirna, qui poursuivra son improbable histoire d’amour avec les Bleus, semble partir avec plus de certitudes que la Finlande et une équipe de Bosnie-Herzégovine en déclin depuis 2014 et qui a raté l’Euro.
Pour rappel, l’Ukraine a affronté l’équipe de France lors des barrages qualificatifs pour la Coupe du monde 2014 (2-0, 0-3) et s’est lourdement inclinée au Stade de France en octobre dernier avec une équipe décimée par le Covid-19 (1-7). La Finlande, si elle a battu la France la dernière fois qu’elle l’a affronté (2-0 en novembre 2020) s’est inclinée deux fois face aux Bleus lors des éliminatoires du Mondial 2014 (0-1, 0-3). Enfin, la Bosnie-Herzégovine avait affronté les Français lors des éliminatoires de l’Euro 2012 (0-2, 1-1) en livrant une très belle prestation à Saint-Denis.
L’Ukraine et la Finlande figuraient du reste dans le même groupe de qualification pour la Coupe du monde 2018 (victoires ukrainiennes 1-0 et 2-1) tandis que la Finlande et la Bosnie-Herzégovine étaient dans la même groupe lors des éliminatoires de l’Euro 2020 (victoire finlandaise 2-1 à Tampere et victoire bosnienne 4-1 à Zenica).
Groupe E : Belgique, Pays de Galles, République tchèque, Biélorussie, Estonie
La première place ne devrait pas échapper à la Belgique, leader du classement FIFA et troisième de la dernière Coupe du monde. La Biélorussie et l’Estonie, qui s’étaient affrontées lors des éliminatoires de l’Euro 2020 pour des résultats favorables aux Biélorusses (2-1, 0-0), ne devraient pas être en mesure d’accrocher une place de barragistes et devraient sans doute terminer aux deux dernières places du groupe.
La République tchèque peut en revanche espérer concurrencer le Pays de Galles pour la deuxième place. La Reprezentace, qui n’a plus participé au Mondial depuis 2006, possède en outre un joker grâce à sa première place de groupe en Ligue des nations qui la place en position favorable pour une place en barrages même si elle ne parvient pas à terminer à l’une des deux premières places.
Groupe F : Danemark, Autriche, Écosse, Israël, Îles Féroé, Moldavie
L’Autriche, qui court après une participation en Coupe du monde depuis 1998, a un coup à jouer dans ce groupe F où figure le Danemark, la plus accessible des têtes de série sur le papier. Les Scandinaves, huitièmes de finalistes en Russie, partent néanmoins favoris. La sélection autrichienne semble quant à elle en position de force pour accrocher la deuxième place du groupe avec un léger avantage sur le papier sur l’Écosse et devrait de toute façon pouvoir participer aux barrages grâce à sa victoire dans son groupe de Ligue des nations.
L’Autriche retrouvera du reste Israël comme lors des éliminatoires de l’Euro 2020 (2-4, 3-1) et la Moldavie qu’elle a affronté durant les éliminatoires de la Coupe du monde 2018 (2-0, 1-0).
Seule équipe d’Europe de l’est présente dans le chapeau 6, la Moldavie ne devrait de toute évidence pas pouvoir terminer à l’une des deux premières places. Elle peut néanmoins croire en ses chances de terminer cinquième avec la présence des Îles Féroé, même si les performances faméliques des Tricolorii depuis le presque miracle du Stade de France en novembre 2019 poussent à considérer le contraire.
Groupe G : Pays-Bas, Turquie, Norvège, Monténégro, Lettonie, Gibraltar
Ce groupe s’annonce particulièrement difficile pour les deux représentants de l’est engagés. La Lettonie reste en effet sur deux énormes contre-performances lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 (cinquième) et de l’Euro 2020 (dernier). La sélection balte semble néanmoins en mesure d’éviter la dernière place du groupe. Elle a déjà affronté les Pays-Bas (0-6, 0-2) et la Turquie (1-1, 1-1) lors des éliminatoires de l’Euro 2016.
Le Monténégro semble quant à lui moins armé que la Turquie et la Norvège qui sont les deux favoris pour les barrages dans un groupe où les Pays-Bas font figure de grands favoris. Sa première place dans son groupe de Ligue des nations pourrait néanmoins lui ouvrir les portes des barrages.
Groupe H : Croatie, Slovaquie, Russie, Slovénie, Chypre, Malte
C’est le groupe des retrouvailles. La Croatie vice-championne du monde en titre part favorite de ce groupe et elle y retrouvera notamment la Russie qu’elle a éliminé en quarts de finale de sa Coupe du monde (2-2 a.p., 3-4 t.ab.) et la Slovaquie qu’elle avait battu à deux reprises lors des éliminatoires de l’Euro 2020 (4-0, 3-1).
La lutte pour la deuxième place s’annonce très serrée. Reléguée dans le troisième chapeau au moment du tirage au sort, la Russie a néanmoins ses chances de terminer barragiste voire de remporter le groupe. Néanmoins, la Sbornaya a de mauvais souvenirs récents avec ses futurs rivaux en éliminatoires de la Coupe du monde : en plus du quart de finale perdu face à la Croatie, elle a vu la Slovaquie lui barrer la route des barrages de la Coupe du monde 2006 (1-1 à Moscou, 0-0 à Bratislava ; les deux équipes ont terminé à égalité de points mais la Slovaquie s’est qualifiée grâce à son but inscrit à l’extérieur) et la Slovénie l’éliminer en barrages qualificatifs pour la Coupe du monde 2010 (2-1, 0-1), scellant la fin de la Russie version Hiddink qui avait atteint les demi-finales de l’Euro deux ans plus tôt.
La Slovaquie et la Slovénie, qui lutteront pour la deuxième place, se croisent quant à elle à nouveau en éliminatoires de la Coupe du monde après 2010 (victoires slovènes 2-1 et 2-0 ; la Slovaquie a remporté le groupe et la Slovénie, deuxième, s’est qualifiée à l’issue des barrages) et 2018 (victoire slovène 1-0 à Ljubljana et victoire slovaque 1-0 à Trnava ; la Slovaquie a terminé en tant que plus mauvais deuxième et n’a pas participé aux barrages tandis que la Slovénie a terminé quatrième).
Loin de cette lutte acharnée pour les deux premières places, Chypre semble condamné à faire de la figuration. La sélection insulaire figurait déjà dans le même groupe que la Russie lors des éliminatoires de l’Euro 2020 et elle s’est inclinée à deux reprises (0-1, 0-5).
Groupe I : Angleterre, Pologne, Hongrie, Albanie, Andorre, Saint-Marin
Habituée aux qualifications directes, la Pologne aura cette fois fort à faire avec la présence dans son groupe de l’Angleterre. Robert Lewandowski, seize fois buteur lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018, et ses coéquipiers ne partent pas favoris face aux quatrièmes de la dernière Coupe du monde et il leur faudra bien gérer les confrontations directes pour espérer accrocher la première place. La Pologne figurait dans le même groupe que l’Angleterre lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 et elle n’avait pas réussi à s’imposer (2-2, 0-2).
Révélation européenne de l’automne, qualifiée pour l’Euro 2020 et promue dans l’élite de la Ligue des nations, la Hongrie peut espérer créer la surprise et sera le principal concurrent de la Pologne en vue d’une place de barragiste. Les Hongrois auront du reste la possibilité de se qualifier pour les barrages en tant que vainqueur de leur groupe de Ligue des nations.
Pour l’Albanie, les choses s’annoncent plus difficiles mais cette dernière a comme la Hongrie remporté son groupe de Ligue des nations et a donc une chance d’accéder aux barrages par cette voie même si le fait d’avoir remporté son groupe en Ligue C constitue pour elle un handicap.
Groupe J : Allemagne, Roumanie, Islande, Macédoine du Nord, Arménie, Liechtenstein
Malgré sa méforme actuelle, l’Allemagne part largement favorite du groupe J. Les concurrents des champions du monde 2014 sont soit eux aussi en méforme soit trop inexpérimentés.
La lutte pour la deuxième place s’annonce quant à elle ouverte. La Roumanie, l’Islande et la Macédoine du Nord peuvent notamment prétendre aux barrages. Les Roumains sont les favoris de par leur présence dans le chapeau 2 mais ils traversent une passe difficile avec notamment une non-qualification pour l’Euro 2020 dont ils sont l’un des pays hôtes. C’est l’Islande, son principal adversaire dans la lutte pour les barrages, qui l’avait éliminée (1-2).
Surfant sur une dynamique positive avec une troisième place historique en éliminatoires de l’Euro 2020 et surtout une qualification pour la phase finale, la Macédoine du Nord et sa génération dorée peut elle aussi prétendre à la deuxième place.
L’Arménie semble quelque peu en retrait mais elle peut jouer les trouble-fêtes. Ses souvenirs face à ses adversaires dans ce groupe sont mitigés : elle s’était en effet effondrée face à la Roumanie lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 (0-5, 0-1) mais elle a terminé devant la Macédoine du Nord lors de la dernière Ligue des nations (défaite 1-2 à Skopje, victoire 1-0 à Nicosie où se déroulait le match retour pour raisons de sécurité) et obtenu l’accession en Ligue B. Cette accession pourrait du reste permettre à l’Arménie d’accéder aux barrages.
Karim Hameg
Image à la une ©Footballski