Temps de lecture 3 minutesLe jet-lag et le football russe

Pas besoin d’être né de la dernière pluie pour savoir que la Russie est le plus grand pays du monde; étendu de l’enclave de Kaliningrad au détroit de Béring sur plus de 9000km le pays compte également onze fuseaux horaires! C’est à dire que quand il est 12h à Kaliningrad il est 22h dans le Kraï du Kamtchatka (région la plus à l’est)! Ce qui engendre de nombreux problèmes que ce soit au niveau politique mais également dans notre domaine footballistique.

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Les fuseaux horaires en Russie

Avant de rentrer dans notre domaine il est nécessaire d’apporter quelques précisions sur ce qu’est le « jet-lag » ou décalage horaire pour ceux qui ne parlent pas la langue de Shakespeare. Le jet-lag est une condition physiologique particulière qui fait suite à un voyage rapide à travers plusieurs fuseaux horaires, le voyage va totalement perturber notre horloge interne et principalement nos cycles de sommeil. Trois voyageurs sur quatre souffrent de ce syndrome, notre cerveau est totalement décalé et ne perçoit pas les informations extérieures correctement. De plus à partir de quatre fuseaux horaires traversés notre horloge biologique est totalement détraqué, il faut alors plusieurs jours voir plusieurs semaines pour retrouver un rythme de vie normal. La fatigue, les problèmes digestifs, les troubles du sommeil en sont les principales conséquences. Pour en rajouter encore une couche, les voyages d’est en ouest et inversement sont les moins bien supportés, problème qui se superpose donc au temps de trajet en Russie.

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Pas toujours facile de vaincre le jet-lag

Passons donc au football avec un exemple assez particulier pour vous présenter la situation. Le 14 novembre dernier en FNL (l’équivalent de notre ligue 2) le Baltika Kaliningrad club le plus à l’ouest de Russie se déplaçait sur la presqu’île de Sakhaline au nord du Japon pour y affronter le FC Sakhalin Yuzhno Sakhalinsk club le plus à l’est. Vous voyez où nous voulons en venir … Au programme pour le club de Kaliningrad un voyage de plus de 8 heures en avion et un décalage horaire de 10 heures! Certains spécialistes disent que pour s’habituer à une nouvelle heure il faut environ une journée par heure gagnée ou perdue, le calcul est rapidement fait le Baltika aurait du partir 10 jours plus tôt pour être en parfaite condition pour jouer. Une chose tout bonnement impossible puisque le club recevait 6 jours auparavant l’Anzhi à domicile … Vous voyez donc l’ampleur du problème pour la fédération russe pour organiser ces rencontres particulières. La seule solution pour le moment est de décaler les horaires de matchs, la rencontre s’étant disputée à 22h heure locale et donc midi heure de Kaliningrad … Pour la petit histoire la rencontre c’est terminée sur un score de 0-0.

L’exemple présenté est bien sûr un cas exceptionnel et est réservé à la FNL. En effet dans l’élite du football russe les extrêmes sont Saint Pétersbourg (ou Moscou) et Ekaterinbourg séparés de « seulement » deux heures ce qui permet aux joueurs de récupérer plus rapidement. En effet imaginez le Zenit disputant un match de compétition européenne en Angleterre en semaine et devant se déplacer au nord du Japon le week end … Les dégâts au niveau physique seraient considérables et les performances diminueraient. La FNL reste donc une exception car quand on descend dans les divisions on retrouve un regroupement des équipes par « régions » (mêmes si celles-ci sont de la taille de l’Europe voir plus) pour limiter les trajets qui coûtent très chers pour des équipes à petit budget.

Répartition des équipes de FNL

Pour lutter contre ce syndrome chacun sa méthode, les équipes de l’élite s’entourant des meilleurs médecins et nutritionnistes du pays pour obtenir les meilleurs performances malgré les trajets. La plupart du temps les équipes partent quelques jours avant le match (selon la durée du trajet) pour mieux s’adapter aux conditions sur place (en effet jouer à Ekaterinbourg en plein hiver ou à Krasnodar au bord de la Mer Noire l’été nécessite une préparation bien différente …). Réaligner l’horloge biologique avec l’horloge réelle est l’objectif principal que ce soit par une simple exposition à la lumière du jour, une alimentation riche en glucides et en protéines, ou encore l’utilisation de certains médicaments comme les somnifères ou la mélatonine permettent une adaptation rapide. Un rythme de vie impeccable, une santé parfaite et un bon staff sont donc les atouts principaux pour ne pas sombrer en Russie.

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Un Spartak Moscou-Sibir Novossibirsk dans les années 30 en transsibérien ça vous tente?

 

Antoine Jarrige

1 Comment

  1. Pierre-Julien Pera 27 juin 2015 at 14 h 18 min

    S’il est moins important, ce problème du jet-lag est néanmoins une donnée importante dans le groupe Est de la 3e division. Avec la présence de Sakhalin (sauf cette année, puisqu’il ont fait un tour en FNL), ce groupe couvre pas moins de 5 fuseaux horaires, ce qui est déjà important, d’autant plus qu’il s’ajoute à la grande longueur des trajets. Ce qui oblige la fédé a adopter une gestion particulière pour le calendrier, avec des matchs groupés par deux dans la semaine (genre mercredi et samedi). Chaque équipe joue deux fois à domicile, puis deux matchs à l’extérieur, dans des villes « proches » pour optimiser les trajets. Evidemment, ça ne prend pas les proportions que l’on a vu cette saison en FNL.

    C’est d’ailleurs dommage que Sakhalin ne soit pas parvenu à en profiter pour se maintenir cette saison. Les clubs de l’est du pays en tirent parfois un certain profit, avec un très gros pourcentage de victoires à domicile. Le Luch-Energyia Valdivostok en avait profité pour faire un tour en RPL il y a quelques années, avant de redescendre.

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