Temps de lecture 3 minutesLe football dans les RSS – #20 la Biélorussie : Depuis l’indépendance

À moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) Républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique, avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Cette semaine, nous parlons de la Biélorussie. Épisode 20 : l’état du football en Biélorussie depuis l’indépendance.

Au « pays aux yeux bleus », le football bénéficie d’un déficit de popularité vis-à-vis du hockey sur glace…comme dans beaucoup de pays d’Europe de l’Est. Depuis 23 ans qu’il est au pouvoir, Aleksandr Loukachenko a fait construire pas moins de trente arènes de hockey. En comparaison, il a fallu attendre 2014 pour voir la Borisov Arena sortir de terre. Dominé par le BATE Borisov, et à moindre mesure le Dinamo Minsk, le championnat national n’attire que très peu d’étrangers.

Le Bate Borisov, ogre sur la scène nationale

Depuis son indépendance en août 1991 avec Stanislav Chouchkievitch à sa tête, la Biélorussie est outrageusement dominée par un seul club, le BATE Borisov. Créée en 1992 par la « AБФФ » (ABFF, le nom de la Fédération biélorusse de football), la Vysshaya Liga oppose chaque année seize clubs. Le champion de Biélorussie se qualifie pour la Ligue des champions de l’UEFA alors que les 2e et 3e du classement final obtiennent leur billet pour la Ligue Europa.

Cette année, et malgré une lutte acharnée avec le rival du Dinamo Minsk, c’est encore une fois le BATE Borisov qui a été sacré champion de Biélorussie, soit son douzième titre d’affilée depuis 2006, son quatorzième au total depuis l’indépendance du pays. Créé en 1973 sous le nom de « Berezina Borisov » et vainqueur trois fois de la ligue de la République soviétique socialiste biélorusse en 1974, 1976, et 1979, le club disparaît en 1984 avant de renaître en 1996 avec Anatoly Kapsky comme président du club et Yuri Puntus sur le banc (jusqu’en 2004). Depuis, il a vu des joueurs comme Mateja Kezman (2011-2012), ou encore Sergei Krivets (passé par le FC Metz, en France), défendre ses couleurs. Depuis 2014, le club évolue à la Borisov Arena, antre aussi de la sélection nationale.

Club le plus populaire du pays dirigé d’une main de fer par Alexandre Loukachenko depuis 1994, le Dinamo Minsk essaye de titiller le BATE, sans grande réussite malgré sept titres de champion depuis l’indépendance du pays et la création du nouveau championnat national. Lors de l’ultime journée de la saison fin novembre, le Dinamo s’est facilement imposé à domicile face à Vitebsk, équipe du ventre mou (4-1), mettant la pression sur le club des usines d’équipements électriques pour autotracteurs de Borisov, le nom complet du BATE.

Il faut l’égalisation dans les ultimes secondes du match sur la pelouse de Gorodeya pour arracher le titre cette fois-ci. Grâce à ce match nul trois buts partout, le BATE Borisov conserve son titre à la différence de buts ! Les supporters du club de l’oblast de Minsk peuvent remercier Mirko Ivanic, l’attaquant serbo-monténégrin de 24 ans formé au FK Vojvodina en Serbie, auteur du but de la délivrance après un cafouillage dans la surface adverse. Les joueurs d’Alyaksandr Yermakovich, en poste depuis octobre 2013, sont donc assurés de jouer les barrages de la Ligue des Champions l’an prochain. Une très bonne nouvelle pour ce club qui ne vit pas de l’argent d’un oligarque-sponsor, mais bien d’une gestion contrôlée des finances du club.

La sélection nationale en pleine reconstruction

Avec Alexandr Hleb au sommet de son art dans ses rangs il y a quelques années, la sélection bénéficiait d’une valeur ajoutée énorme pour tout le groupe. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. La situation actuelle de la « Sbornaya » biélorusse est très décevante. Arrivée dernière du groupe A de qualifications à la Coupe du Monde en Russie avec cinq petits points, derrière le Luxembourg et la Bulgarie notamment, la campagne 2016-2018 a très largement refroidi les supporters de la sélection nationale. La Biélorussie n’a rien d’un ogre : l’équipe n’a pris qu’un point contre le Luxembourg ! Après un désaccord sur fond de prolongation de contrat entre Aleksandr Khatskevich et la fédération de football, c’est Igor Kriushenko, passé en tant que joueur par le Dinamo Minsk et le Neman Grodno dans l’ouest du pays, qui reprend la tête de l’équipe en mars dernier.

Egalement entraîneur du Torpedo Zhodino qui compte l’attaquant talentueux Dmitriy Rekish dans ses rangs, Kriushenko a depuis quitté le club de l’ouest de la Biélorussie pour se concentrer uniquement à son poste de sélectionneur national. Depuis sa nomination, Kriushenko a utilisé pas moins de 20 joueurs en à peine plus d’un an ! Son équipe manque de stabilité. A l’inverse, certains joueurs ont été mis de côté. Face à la France en octobre au Stade de France, le quatuor offensif Stasevich – Karnitskiy – Kovalev – Saroka avait manqué de réalisme.

Le prochain objectif sera de se qualifier pour l’Euro 2020. Les qualifications approchent, mais d’ici là il reste une année (le tirage au sort pour les phases de groupe des éliminatoires aura lieu le 2 décembre 2018 à Dublin). Une année donc pour faire un travail de fond et sortir des jeunes talentueux accompagnés de joueurs plus expérimentés. Voilà la mission de Kriushenko.

Robin Bjalon


Image à la une : © Maxim MALINOVSKY / AFP

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