Si le nom de Bölöni ne vous est pas inconnu, vous êtes peut-être surpris par ce prénom, Ladislau. En effet, le Laszlo Bölöni que nous connaissons en France est plus connu sous son véritable prénom en Roumanie, Ladislau. Nous allons ici retracer la carrière d’un joueur qui a autant marqué les esprits du côté du club de l’armée bucarestoise que du coté de l’Hexagone, véritable esthète balle au pied et entraîneur de talent.

Un joueur essentiellement roumain…

Ladislau Bölöni naît le 11 mars 1953 à Târgu Mureș. Issu d’une famille d’origine hongroise, il se destine rapidement au football et intègre l’équipe du Chimica Târnăveni, village voisin dès l’âge de 14 ans. Il filera ensuite dans le plus grand club de la région, le ASA Targu Mures. Il y évoluera pendant quatorze années, marquant la bagatelle de 64 buts en 406 apparitions sous leur maillot. Mais malgré son passage long et remarqué à Târgu Mureş (lui permettant ainsi d’intégrer un plus grand club), Bölöni est surtout connu pour sa carrière au sein du club militaire de la capitale, le Steaua București. Il ne jouera pourtant que quatre saisons sous le maillot steliste, mais cela suffira pour écrire sa légende et celle du club. En effet, Bölöni fait partie de cette génération bénie du Steaua qui a tout gagné : trois fois champion de Roumanie, deux coupes de Roumanie, une Supercoupe d’Europe et surtout la mythique Coupe d’Europe des clubs champions de 1985-1986, la seule détenue par un club roumain. Il disputera 97 matchs pour 24 buts sous le maillot rouge et bleu. Ces victoires au niveau européen lui donne une renommée mondiale, en plus d’un amour immodéré de la part des supporters du Steaua București.

boloni steaua
Ladislau Bölöni présentant la Coupe d’Europe au stade de Ghencea, Bucarest.

En équipe nationale, Bölöni signe des performances records, en étant le premier joueur roumain à dépasser les 100 sélections sous le maillot de la Națională. En marquant 25 fois en 108 sélections, il termine sa carrière internationale avec un ratio d’un but tous les quatre matchs, ce qui est admirable, surtout pour un milieu de terrain.

Mais Bölöni ne termine pas sa carrière en Roumanie. Attiré par l’Europe de l’Ouest, il ira signer des performances très moyennes en Belgique chez le Racing Jet de Bruxelles, et ira même jouer dans les championnats mineurs français à Créteil, puis Orléans. Si cette fin de carrière peut sembler un peu décevante, elle ouvre la voie à une nouvelle carrière en France pour Ladislau Bölöni : celle d’entraîneur.

… mais un entraineur de classe internationale.

Si Bölöni est aussi reconnu hors de Roumanie, c’est bien pour ses qualités d’entraineur. En effet, si sa carrière d’entraineur fut un succès dans sa globalité, il a failli en être autrement selon ses propres dires. « J’étais joueur en France quand le changement de régime a eu lieu en Roumanie. J’ai souhaité ne pas y retourner tout de suite. Mais il fallait faire vivre ma famille. Plus jeune, j’ai fait des études pour devenir chirurgien-dentiste. En France, pour valider mon diplôme il fallait repasser des examens. Je n’ai pas eu le temps et l’énergie. Soit je devenais chauffeur de taxi, soit entraineur de foot. J’ai préféré la deuxième option même si avant je disais que je ne voulais pas entrainer ».

Arrivé en France en 1988, il commencera à entrainer dès l’année de sa retraite de joueur en 1992, prenant les rênes de l’AS Nancy Lorraine pendant huit ans. Pendant ces quelques années, il n’arrivera pas à offrir au club une réelle stabilité, oscillant tous les ans entre la première et la deuxième division, dont il décrochera le titre en 1998. En 2000, il quitte son poste d’entraineur pour devenir sélectionneur de l’équipe nationale de Roumanie pendant un an, où il emmènera son pays jusqu’en quart de finale lors de l’Euro 2000. Par la suite, Bölöni prendra la tête du Sporting Lisbonne où il sera couronné de succès dès sa première saison, enchainant le titre de champion du Portugal, la Coupe du Portugal et même la Supercoupe du Portugal. De plus, Bölöni fera la promotion de jeunes joueurs du Sporting dont un certain Cristiano Ronaldo, accompagné de Ricardo Quaresma.

En 2003, il prend la tête de l’équipe de Rennes, où il signe pour trois ans. Avec une saison 2004/2005 très satisfaisante offrant la quatrième place du championnat aux bretons, Bölöni est reconnu en France pour ses capacités. L’un de ses meilleurs souvenirs en France : « C’est avec beaucoup plus d’expérience que j’ai rejoint Rennes où j’ai passé trois années merveilleuses. Il y avait une stratégie, un plan, des collaborateurs extraordinaires. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs ».

En 2006, il est appointé à la tête de l’AS Monaco, où il signera pour une année. Au final, une saison moyenne le poussera vers la sortie, ce qu’il regrette amèrement : « La plus grande désillusion de mon métier, c’est Monaco. J’y suis venu à un moment où c’était vraiment la ruine. Avant moi, c’était déjà la catastrophe. Après moi, ça l’a été également. J’ai beaucoup culpabilisé du fait de ne pas avoir réussi à Monaco. Quand j’ai vu que l’Italien avant moi (Francesco Guidolin), que tous les autres qui sont passés après comme Guy Lacombe n’ont pas réussi, ça m’a confirmé dans l’idée que si dans un club le triangle président-directeur technique-entraîneur ne fonctionne pas, le club est condamné. C’était le cas de Monaco ».

Bölöni avec Lens
Lens a eu la chance d’avoir un esthète en guise d’entraineur

Passé par le Qatar au sein de l’équipe d’Al-Jazeera, il enchainera les petits contrats, deux saisons en Belgique au sein du Standard de Liège, une en Grèce au sein du PAOK Salonique et retournera également en France pour entrainer Lens, alors en Ligue 2, qui voit son rival de toujours le LOSC s’offrir le titre de Ligue 1.

Il est depuis 2012 manager du Al Khor Sporting Club, au Qatar. Toutefois, Bölöni ne cache pas son rêve le plus profond, tout en restant réaliste : « Malheureusement, je ne pense pas que je puisse réaliser mon rêve qui est de pouvoir entraîner à n’importe quel niveau en Angleterre. J’aurais voulu entraîner en première ou deuxième Division. Je pense que j’ai très peu de chances de réussir ».

Bölöni fut un joueur intègre, qui a marqué son époque dans son pays et plus particulièrement dans son club du Steaua Bucureşti, mais surtout reconnu en Europe de l’Ouest et notamment en France pour ses nombreux postes pris en tant que coach, malgré les difficultés parfois rencontrées.

Hadrian Stoian

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