La Russie, ce sera sans eux #11 – La Biélorussie

La phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 est malheureusement arrivée à son terme.  Footballski revient sur le parcours de nos vinqt-quatre sélections assurées de ne pas être en Russie en juin prochain. Voici maintenant la Biélorussie, coupable d’une campagne de qualifications catastrophique.

Les résultats

Biélorussie – France : 0-0
Pays-Bas – Biélorussie : 4-1
Biélorussie – Luxembourg : 1-1
Bulgarie – Biélorussie : 1-0
Suède – Biélorussie : 4-0
Biélorussie – Bulgarie : 2-1
Luxembourg – Biélorussie : 1-0
Biélorussie – Suède : 0-4
Biélorussie – Pays-Bas : 1-3
France – Biélorussie : 2-1

Groupe A :

  1. France – 23 pts
  2. Suède – 19 pts
  3. Pays-Bas – 19 pts
  4. Bulgarie – 13 pts
  5. Luxembourg – 6 pts
  6. Biélorussie – 5 pts

Les attentes concernant le parcours de la Biélorussie pour ces éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 chez le voisin et meilleur ami / ennemi russe n’étaient pas bien hautes. Pourtant, la Biélorussie a quand même réussi l’exploit de décevoir en finissant dernière de sa poule, derrière le Luxembourg, contre qui elle n’a pris qu’un point. C’est dire la qualité des 18 derniers mois d’une Sbornaya alternant entre prestations encourageantes et catastrophiques selon les rencontres. On peut d’ailleurs observer que la Biélorussie a une tendance assez nette à se mettre au niveau de ses adversaires.

La preuve avec ce premier match encourageant, à la Borisov Arena, face à la France (0-0). On se dit alors que, même si la qualification est évidemment une douce utopie, la Biélorussie va pouvoir tenir son rang, prendre une dizaine de points et peut-être finir quatrième, pas loin de la troisième place. Si le match face aux Pays-Bas est lui aussi plutôt bon malgré le score (1-4), la Biélorussie va ensuite enchaîner les désillusions. Une seule victoire, face à la Bulgarie, deux matchs nuls et des défaites qui s’accumulent. Plus grave, le niveau de jeu faible et aucun joueur qui se révèle ou prend du galon. Cette campagne est un échec sur l’ensemble de la ligne alors qu’elle devait être – et était considérée par la fédération comme telle – celle du renouveau. Ce renouveau est reporté.

Les raisons de la non-qualification

La première raison est simple: les joueurs ne sont tout simplement pas assez bons pour prétendre se qualifier. Les joueurs évoluant à l’étranger ne jouent pas et arrivent sans rythme en sélection. Ceux qui jouent dans le championnat biélorusse font ce qu’ils peuvent avec leurs qualités mais sont bien trop courts. Si la Biélorussie a des joueurs probablement meilleurs que ses résultats ne le montrent, ceux-ci ne permettent pas non plus à la Biélorussie d’espérer une qualification pour une grande compétition. Le nouvel entraîneur, Igor Kriushenko, fait donc le pari de n’appeler que des joueurs qui jouent régulièrement, quitte à ce qu’ils soient moins bons que des Kislyak ou Filipenko. Les cadres deviennent donc des Politevich, Stasevich, Dragun et Maevski.

Le principal problème se trouve au poste d’attaquant. Aucun attaquant n’a la moitié du niveau nécessaire pour être compétitif au niveau international et cela pose un gros problème quand il faut marquer des buts ou bien même garder le ballon pour permettre au bloc de remonter. Kornilenko a pris sa retraite, Rodionov est trop vieux, Laptev est trop mauvais et Signevich ne progresse pas assez vite même s’il semble être devenu le meilleur espoir à ce poste. Quid d’Anton Saroka, qui apparaît comme une solution relativement crédible avant que quelqu’un d’autre n’apparaisse? Ce qui n’est pas gagné quand on voit les sélections de jeune.

Le changement d’entraîneur en pleine campagne n’a sûrement pas aidé non plus. Exit Aleksandr Khatskevich, en froid avec la fédération sur une éventuelle prolongation de contrat, et bienvenue Igor Kriushenko en mars dernier, un temps à la fois sélectionneur national et entraîneur du Torpedo Zhodino avant de se consacrer à temps plein sur son nouveau travail. Depuis, onze matchs, une seule victoire et huit défaites, des choix parfois étonnants et pas de réelle révolution. Kriushenko tente de lancer une nouvelle génération mais la mayonnaise a du mal à prendre. Depuis plusieurs rassemblements, des joueurs comme Gordeychuk, Bressan et Shitov ont été mis de côté alors qu’ils jouent en club, ne sont pas trop âgés et sont bien meilleurs que certains appelés.

Les motifs d’espoir

Difficile d’entrevoir des motifs d’espoir quand on termine dernier derrière le Luxembourg. On peut néanmoins donner le bénéfice du doute à Igor Kriushenko et se demander ce que le sélectionneur moustachu pourra faire sur une campagne de qualifications du début à la fin – s’il n’est pas viré entre-temps. Comme écrit plus haut, Kriushenko tente de faire confiance à une nouvelle génération de joueurs biélorusses qui jouent en Biélorussie afin de leur faire passer un cap. Régulièrement, Kriushenko appelle de nouveaux jeunes joueurs afin de les tester au plus haut niveau. L’idée semble d’être de reculer pour mieux sauter.

Ainsi, lors du dernier rassemblement pour les amicaux de novembre, Pavel Sedko, jeune ailier du Dynamo Brest de 19 ans, a été appelé pour la première fois. Même chose pour Vladislav Klimovich (21 ans) ou Pavel Pavlyuchenko (19 ans) qui remplaçait Denis Scherbitski (21 ans), le gardien du BATE Borisov. Régulièrement, ce genre de joueur a une chance de se montrer au niveau international et on assiste à un vrai brassage avec l’espoir que certains se révèlent (Berezkin, Evdokimov, Pavlovets, Aliseyko, etc). 17 joueurs ont ainsi fait leur première apparition avec la Biélorussie sous Kriushenko. En neuf mois ! Mais contrairement à la Macédoine par exemple, il n’y a pas encore de génération dorée qui arrive en Biélorussie. L’objectif est pourtant d’en trouver onze, mais les motifs d’espoir à court terme ne sont certainement pas nombreux.

Et maintenant ?

Une vraie bonne question. Il est désormais logique de laisser du temps à Kriushenko. Son contrat vient d’ailleurs d’être prolongé pour deux ans, avant deux matchs amicaux catastrophiques. La Biélorussie ne manque pourtant pas d’excellents entraîneurs qui exercent en Ukraine et en Russie (Dulub, Kuchuk, Goncharenko, Skripchenko) et selon la presse biélorusse, Kriushenko était le dixième choix (!!!) mais il semble aujourd’hui impératif de lui donner une chance. Il a plutôt fait du bon travail avec Zhodino. Mais même ses déclarations ne sont pas très optimistes : « Il faudra beaucoup de temps pour que la Biélorussie ait de bons résultats. »

« Kriushenko avait parlé de l’équilibre entre la qualité de jeu et les résultats, écrit tribuna.by. Au final, nous n’avons rien. » Le plus compliqué sera de donner une identité à cette équipe qui en manque cruellement. La Biélorussie se doit également de retrouver une solidité défensive comme elle en avait sous Stange, Kondratiev et Khatskevich. Avec 25 buts encaissés en 11 matchs, celle-ci a volé en éclats. Tout ce qui a été construit a été détruit. Les Biélorusses sont dans le chapeau 4 de la Ligue des Nations et pourraient avoir un coup à jouer. Rien n’est toutefois sûr après avoir perdu contre le Luxembourg.

Quentin Guéguen

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