Grèce-772

C’est une véritable leçon de football que les Nord-Irlandais nous ont offert mardi soir dans un stade Karaiskaki sinistrement silencieux. Un point sur neuf, c’est le bilan peu folichon de l’Ethniki Omada version Ranieri dans ces qualif’ de l’Euro 2016. Dans l’histoire de l’équipe nationale grecque, il faut remonter aux qualifications de la Coupe du Monde 1974 pour retrouver pire début de compétition… Pourtant, il y a trois mois, à l’annonce officielle de l’arrivée du technicien italien à la tête des Galanolefki, nul n’aurait imaginé pareil scénario. Mardi soir, à l’issue du match, les têtes étaient basses, les mines déconfites et les fans et médias allumaient l’élégant Claudio dans tous les sens. L’occasion pour Footballski de se pencher sur la situation de l’équipe nationale grecque… tentative d’analyse.

Responsabilité de la Fédé

Suite à la décision de Fernando Santos de stopper son expérience avec le Bateau Pirate à l’issue du mondial brésilien, la Fédération s’est mise à la recherche d’un nouveau sélectionneur capable de rendre plus « attractif » le jeu de l’Ethniki Omada. De nombreux noms ont été cités mais le choix final s’est arrêté sur le coach expérimenté italien, Claudio Ranieri. A cet entraîneur qui a laissé des traces positives partout où il est passé, la Fédé a demandé de faire de la sélection grecque une équipe offensive au jeu séduisant. On peut dès lors se demander pourquoi vouloir à tout prix changer une formule qui a fait ses preuves depuis maintenant 10 ans. Dans son histoire et depuis l’exploit de l’Euro 2004, la Grèce n’a, en effet, jamais eu de résultats aussi satisfaisants. Malgré un football peu attrayant, voire ennuyeux, les Galanolefki se sont qualifiés pour toutes les compétitions internationales depuis 2004 (à l’exception du mondial 2006).

Ranieri mis en cause

C’est bien connu, un coach en football a un rôle ingrat. Quand tout va bien c’est souvent du fait du talent des joueurs mais quand tout va mal, c’est sur lui que ça retombe. Or dans ce cas-ci Ranieri est coupable. Coupable, d’une part, d’avoir mésestimé le potentiel de l’équipe nationale grecque et d’autre part, d’avoir voulu tout changer dès le départ (sans même prendre la peine d’organiser un match de préparation pré-qualif). Depuis qu’il est en charge de la Grèce, Ranieri semble bricoler une ébauche d’équipe en apportant à chaque fois sa touche de fantaisie. Lors du premier match par exemple, contre la Roumanie, il a ainsi titularisé d’entrée de jeu le jeune Mandalos fraîchement débarqué à AEK (D2 grecque). Aussi talentueux et prometteur soit-il, c’était présomptueux de la part du coach italien de croire qu’un garçon si peu expérimenté au niveau international aurait pu être le dépositaire du jeu grec.

Claudio Ranieri
La victoire c’est par la… Claudio Ranieri arrivera-t-il à guider son équipe vers la qualification?

Plus de joueurs capables de faire la différence

Depuis les retraites internationales conjuguées de Katsouranis, mais surtout de Karagounis, la Grèce ne possède plus de joueurs capables de faire basculer la décision en sa faveur. En effet, quand tout allait mal on pouvait encore compter sur le bon vieux « Kara » pour apporter toute sa niaque, sa vista, sa créativité (notamment pour gagner de bons coup-francs ) et sa précision sur phases arrêtées pour remporter la décision dans les rencontres à l’issue incertaine.

Manque de joueurs créatifs

Le point précédent est en lien avec celui-ci. Dans le milieu de terrain, la Grèce ne possède pas (ou pas encore) de joueurs créatifs de haut niveau. Kone, Samaris, Maniatis, Tachtsidis sont tous de bons milieux travailleurs et/ou récupérateurs mais ils n’ont pas la créativité nécessaire pour amener le ballon rapidement vers l’avant de manière à créer des espaces et des occasions de buts pour les avants. Des joueurs comme Mandalos et Kolovos seront amenés à prendre ce rôle mais ils n’ont pas encore le niveau international pour ce faire.

Méforme de joueurs cadres

Ce point touche une grande partie de l’équipe. Lors des deux derniers matchs Ranieri a du se passer de la présence de Holebas, Christodoulopoulos et Kone. C’est beaucoup pour une sélection qui manque cruellement de vitesse d’exécution. De plus des Torosidis ou Maniatis jouent en dessous de leur niveau affiché à la Coupe du Monde, sans parler de Mitroglou qui n’est plus que l’ombre du joueur qu’il était il y a un an quand il martyrisait les défenses en Grèce et en Europe ! Enfin, des joueurs comme Samaras et Salpingidis sont sur le déclin et leur expérience ne compense plus leur manque de niveau.

Bref, il est beaucoup trop tôt pour juger le travail du coach Ranieri. Il lui faudra du temps pour changer le visage de cette équipe nationale grecque qui a (définitivement ?) perdu son identité. Tout n’est pas encore perdu. Mais il faudra un résultat positif contre les îles Féroé et espérer que la sauce prenne pour viser le sans faute jusqu’à la fin des qualifications. Après tout, lors des éliminatoires pour l’Euro 2004, les Hellènes avaient débuté par deux défaites de rang. La suite on la connait. Pour cela, il vaudrait mieux que les Dieux soient à nouveau avec les Grecs.

1 Comment

  1. Maillarbaux 20 octobre 2014 at 17 h 00 min

    Nul n’aurait parier pareil scénario… il faut voir, le jeu proposé par la Grèce, depuis 10 ans maintenant et la victoire ( extraordinaire ) à l’euro 2004 était basé sur une défense impénétrable et une attaque, certes peu en vue mais diablement efficace, Rehagel puis Santos ont ouvert la voie, et le changement radical par Ranieri doit tout réapprendre au footballeur Grec, difficile en 1 mois ou deux de changer 10 ans d’habitudes, certes ennuyeuse mais diablement efficace, il faudra le temps à cette sélection Grecque qui… j’en ai peur, va mettre du temps à se relever de ce changement brutal, sans compter les départs des cadres cités plus haut, il y a du talent et une solidarité à toute épreuve dans cette équipe, mais il va falloir les retrouver en utilisant maintenant… d’autres moyens.

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